³⁰ | ⌫

³⁰ | 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚃𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎

¹³ ⁰⁸ ²⁰²⁴
²⁰²⁴

⁴⁴⁹⁵ ᵐᵒᵗˢ
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|• 𝓑𝓸𝓷𝓷𝓮 𝓛𝓮𝓬𝓽𝓾𝓻𝓮 •|







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LEE JENO

10 et 14 Janvier











PAS UN SEUL BRUIT, les rideaux fermés, le néon éteint. Il n'y a pas de lumière à l'intérieur même si dehors, de toute manière, il ne fait pas très jour. Mes parents sont là, dans le salon, je le sais mais ici aussi, je ne les entends pas. Ma porte est fermée, verrouillée, scellée de l'intérieur, même la lumière du couloir, elle n'arrive pas à s'y faufiler.

Mon buste est droit, appuyé sur le dos de mon lit, mes jambes croisées l'une sur l'autre. La chaleur qui se dégage des réacteurs nucléaires de mon ordi portable me réchauffe quelques minutes les cuisses.

C'est mon ordinateur, pas celui de ma mère ou de mon père alors pourquoi est-ce que j'ai peur d'y taper quelques touches ?

Pourquoi est ce qu'il n'y a aucun bruit dehors, dans ma chambre mais que mon coeur, stressé, bat à cent à l'heure. Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tout ce que je vais taper sur cette stupide machine va être réenvoyer à la NASA ou, pire encore, directement dans la boîte mail de mes parents ?

J'essuie mes mains, moites, tout contre la couverture noire de mon lit. J'inspire une première fois mais bizarrement, mon expiration elle s'étend en deux temps, en valse avec les battement de mon cœur.

Je fixe mon écran : la page chrome, vierge et ouverte en grand. Pas d'historique mais quelques recommandations sur le côté, des news intéressantes qui apparaissent en tâche ci et là.

Rapidement, d'un léger toucher, je tape sur les touches de mon clavier. C'est quand les lettres assemblées les unes après les autres s'affichent dans la barre de recherche que j'appuie sur entrer sans même y relire la phrase inscrite.

Ça ne prend que quelques secondes, un flash qui m'écrase à la milliseconde où la page s'est chargée. Des liens qui s'agitent en bleus turquoises, des images à peine cachées et mon cœur qui s'arrête finalement.

J'attrape la souris, la glisse frénétiquement jusqu'au bout de la fenêtre, d'un clic rapide tout se ferme. Mes yeux paniquent, stupidement, je regarde chaque recoin de ma chambre pour voir si quelqu'un s'y serait caché.

Putain. L'ordinateur se ferme d'un coup sec, je l'attrape et le jette sur le lit, il rebondit à peine avant de se figer sur les draps.

Là, il n'y a plus de lumière, vraiment plus aucune lumière.

L'halo de l'ordi s'est éteint à l'instant où l'écran s'est rabattu sur le clavier.

Mon mur est blanc, lisse et vaste. Il n'y a pas de poster, il n'y a pas de cadre, juste une armoire qui s'y adosse qui s'y appuie comme sur un vieil ami.

Sans lumière, en réalité, le mur il est grisâtre.

Je me retourne sur mon lit, d'un geste rapide sans faire attention à l'ordinateur que j'ai bousculé. Ma tête tombe sur mon coussin, le visage écrasé sous mes mains.

Je soupire longuement, le cœur battant.

Qu'est-ce-que je venais de chercher ?

Est-ce que je suis devenu fou ?

Silence radio, sommeil profond.

Il y a cette silhouette, allongée sur le dos, collée aux draps comme à un deuxième corps. Ce regard, le sien aussi, plaqué dans le mien; comme si, en fait, cette silhouette ci, c'était la mienne et que cette autre, c'était la sienne.

Il y a cette main, ces doigts mesquins qui s'invitent là où l'on ne voit pas. Pourquoi mes mains, à moi, elles sont sur lui ?

Avec lui, qu'elles sont, depuis le début, faites pour lui,

Pourquoi cette main, c'est la mienne ?

Et ce corps, c'est le sien ?
















La porte est grande ouverte, ceux du devant de la classe sont déjà installés, certains sortent encore leurs quelques stylos de leur trousse. Je passe par le côté, mon sac sur le dos je fais en sorte de ne pas marcher sur les sangles de ceux qui sont par terre. Il y a quelques sourires qui me sont adressés, mais les regards retombent immédiatement sur la silhouette de la professeur qui traverse l'entrée de la classe derrière moi. Elle a un tas de copies entre les mains et quand elle finit par les poser sur son bureau, je suis déjà à ma place, mon sac sur le côté et mes affaires sorties.

Elle balaye la classe du regard, les filles qui traînent encore à l'arrière et ceux qui bifurquent à leur place en entendant la seconde sonnerie. Tout le monde est là, même Jaemin putain.

Elle dit bonjour, se plie jusqu'à sa sacoche posée au pied du pupitre, elle sort d'autres feuilles et son manuel, sa minuscule trousse en faux cuir et son stylo rouge.

Même Jaemin est arrivé avant moi et lui, il avait l'air plus réveillé que moi. Il est tout devant, devant le bureau de la prof, il ne dort pas, regarde le tableau en ardoises. Quelques mèches de ses cheveux repiquent vers le haut, son col est mal enroulé, défait par son écharpe qu'il venait sans doute d'enlever.

Madame Choi quitte la hauteur de son pupitre, ses doigts s'incrustent à l'intérieur de son livre duquel elle nous lit la page à voix haute. Avant de me rendre compte que j'ai oublié mon livre sur le bureau de ma chambre en sortant précipitamment ce matin, la plupart des élèves ont commencé à faire tourner les pages. En arrière fond, la professeur qui résume le dernier cours dans les grandes lignes.

Jaemin galère à trouver la page, il jette une rapide oeillade au type qui travaille à côté de lui, et en un regard il semble enfin avoir trouvé le numéro demandé.

         —       Tu veux mon livre ? J'en ai deux de toute manière.

Mon visage pivote vers ma camarade de classe, brune aux yeux bruns, une barrette rose dans les cheveux et le fameux livre qu'elle me présente puis qu'elle dépose sur mon bureau avant même que je ne lui sourit en remerciement.

Quand elle a fini son résumer, madame Choi remonte sur l'estrade, une craie à la main, elle écrit le titre.

Jaemin a pioché son stylo, c'est rare qu'il écrive au stylo. Habituellement, il prend toutes ses notes au crayon à papier, prêt à tout effacer à la fin de la journée. Tiens, sa chemise aussi, elle n'est pas droite. Il y a quelques pliures. Juste quelques pliures. Et je me demande pourquoi, dans un coin de ma tête, je viens de me voir lui enlever cette foutue chemise ?

Dans un son à l'unisson, il y a eu le bruissement typique d'une page qui se tourne. Je me suis dépêché de la tourner à mon tour, madame Choi déjà en bas à traverser les allées faites par le rangement des tables.

Et ce qui est drôle c'est qu'inconsciemment je n'avais pas écouté un traître mot de ce qu'elle venait de dire.

Fallait que je demande,

Fallait vraiment que je demande.

Treize heures pile, cinq minutes avant mon prochain cours. Et je suis partout sauf au lieu de mon prochain cours. Je suis devant les vestiaires, le regard perdu sur le gazon du terrain de foot. L'herbe y est terne mais un peu verte, tondue à ras il y a les lignes blanches qui délimitent le terrain de jeu. Personne n'est dehors, je peux pourtant voir la foule d'élèves qui s'impatiente devant les portes transparentes du gymnase à écouter les dernières instructions de leur professeur.

Treize heures zéro deux, la porte en métal du préfabriqué des vestiaires s'ouvre. Une légère fente qui se referme aussitôt Jaemin sorti. Ses yeux s'ouvrent en grand et ses sourcils se froncent. Je me cale à côté de lui, une main sur la bandoulière de mon sac, l'autre au chaud dans l'une de mes poches.

Jaemin m'adresse finalement un sourire en repositionnant convenablement son sac sur ses deux épaules.

       —      T'es pas en cours ?

Il a les cheveux encore plus emmêlés que ce matin, son col lui par contre a été refait convenablement.

       —      Je voulais te parler.

Étincelle subite dans son regard qui se transforme en coup d'œil moqueur, amusé. Ça, ça ne change pas à d'habitude.

       —       Ah ouais ?

Jaemin me prend le bras, il l'enroule du sien, coince nos coudes l'un contre l'autre comme un vieux couple marié le ferait. Sans que je ne réagisse, il commence à s'avancer en faisant grincer les palets du petit chemin.

Sur le terrain, derrière, il y a le gymnase qui s'est ouvert et la troupe d'adolescents qui en est sortie. Ils font des rondes en courants, je sais aussi qu'il doit y en avoir une poignée d'entre eux qui se sont tournés vers nous, juste pour voir ce qu'on faisait sans même le faire exprès ou intentionnellement.

       —       T'as beaucoup de choses à me dire récemment toi.

Il ne me regarde pas quand il dit ça, en réalité lorsque Jaemin prononce des paroles susceptibles de me faire rougir, il ne me regarde pas. Il le dit dans le vent simplement d'un air moqueur.

Et c'est peut-être qui me donne tout le temps du courage, savoir que qu'importe ce que je vais dire, Jaemin ne déposera pas ses yeux dans les miens pour me répondre. Pour lui, rien n'est sérieux.

Rien n'a l'air jamais sérieux.

       —       Tu veux venir chez moi ce soir ?

Ça ne le surprends pas, la preuve, il enchaîne immédiatement :

       —       Pour faire les devoirs ?

Mais ici aussi, il le dit en ricanant. Je me demande si un jour, il me répondra d'un air sérieux, sans sourire espiègle, sans mimique légère. Est ce que c'est possible, au juste, qu'un jour j'ai une conversation sérieuse avec lui ?

       —       Non... Fin si mais pas spécialement...

Il resserre mon bras, le colle presque à sa poitrine, exagérément appuyé contre moi.

Puis il éclate de rire, un mouvement rapide d'épaule pour replacer une énième fois son sac.

Finalement, peut-être qu'il n'y a jamais rien eu de sérieux à tout ça.

Quand son rire se tait, je lui jette un coup d'œil et ses lèvres presque entrouvertes et prêtes à dire quelque chose se ferment en un coup de vent. Il lâche mon bras, aussi, et de deux simples pas il s'éloigne calmement de moi.

Je reste un instant confus, perdu à dévisager son visage qui reste impassible. Il ne me regarde pas, ne sourit pas. Plus.

Je comprends finalement ce qu'il vient de se passer quand la silhouette de Hye-sun débarque de derrière l'un des bâtiments. C'est la première fois qu'elle n'est pas entourée de quelqu'un, c'est la première fois que je la vois seule sans personne derrière elle. Elle arrive en marchant, son haut droit, sa jupe plissée, ses collants drapés et ses chaussures cirées.

Boum. Boum. Boum.

Ses sourcils passent du froncement à un trait droit. Ses lèvres, elles, passent, au contraire, d'un trait droit à un sourire ouvert sur sa dentition parfaite.

Pourquoi mon coeur bat il ?

Ses yeux bifurquent sur Jaemin une infime seconde puis retombent sur moi comme si de rien n'était.

       —       J'te cherchais, Lee Jeno !

Elle insiste sur le "Lee", amenuise sa fausse colère avec le "Jeno" qu'elle essaye de sortir joliment de ses lèvres.

Jaemin passe sur le côté, il fait un signe de main gentillet à Hye-sun et ne m'adresse pas un regard quand il part vers l'entrée du bâtiment.

       —       Ce matin t'arrives en retard et là tu traînes au lieu d'aller en cours !

Pourquoi est-ce qu'il ne m'avait pas salué, moi ?

Pourquoi est-ce qu'il doit marcher comme ça, pourquoi est ce que sa chemise doit être aussi mal fermée, mal lissée, mal tirée.

Pourquoi est-ce que j'avais envie de lui retirer sa foutue chemise ?
















Il y a, sur le petit écran accroché à côté de la porte d'entrée fermée, la silhouette de Jaemin, penché en arrière et les mains dans les poches. Il ne regarde pas droit dans la caméra et son visage est figé sur le portail fermé. Il porte une longue écharpe bleue, drapée autour de son cou, un sac sur le dos, pas celui de cours, celui-là est plus léger.

J'appuie rapidement sur l'un des boutons du boîtier. En panorama, je peux voir Jaemin se réveiller de sa torpeur, ses pas lents qu'il dirige vers le chemin sans faire attention au portail qui se ferme tout seul aussitôt qu'il l'a traversé.

Je ferme les yeux.

Un instant, la caméra de devant s'est déjà éteinte et quand j'ouvre la porte, Jaemin est à seulement trois pas des marches du perron. Il marche lentement et ses yeux, ils ne tombent sur moi que lorsqu'il me jette un regard, entré dans la maison, son écharpe qu'il déroule d'autour de son cou puis qu'il coince entre ses bras.

       —       Je savais pas si je devais venir ou pas du coup...

Je le regarde, le laisse parler. Je n'ai rien à dire, juste à écouter.

       —       Mais bon j'suis quand même là.

Il est là, oui, comme en début d'année à cette table où il y avait tout le monde et Jaemin aussi. Il est là, devant moi au pas de ma porte, juste à l'entrée de chez moi.

Il passe à côté de moi, fait disparaître lentement son sourire, son écharpe qu'il garde inconsciemment collé contre son torse, je me retiens de lui demander s'il veut que je la lui prenne. Il a l'air de vouloir la garder, c'est ce que je me dis lorsqu'il la garde sur lui même arrivé à l'étage où il s'est posé sur mon lit son manteau tout juste enlevé et délaissé sur le côté.

Mais son écharpe bleu, il l'a gardé avec lui, convenablement pliée en quatre et déposée d'abord sur ses genoux puis à l'intérieur de son sac.

Mais ce qui me désarme le plus, c'est quand Jaemin se penche vers ce même sac et qu'il en sort un manuel, quelques feuilles et une chemise en plastique sur laquelle s'appuyer pour écrire.

Et c'est ce qu'il fait, écrire.

Sans me jeter un regard de plus, il s'est juste penché vers sa feuille vierge pour y inscrire quelques chiffres et quelques équations.

Je me tais, ne dis rien.

J'avance juste jusqu'à mon bureau où je m'installe, une main sur le front à me demander ce qu'il vient de se passer. Jaemin n'a pas l'air d'aimer travailler même s'il écoute en cours, est ce qu'il fallait que je dise quelque chose ?

Habituellement c'est lui qui parle plus que moi, pourquoi là, spécialement maintenant, il restait silencieux ?

Je soupire, récupère à mon tour l'un de mes cours, le plastique du cahier frôle sur la table, je pioche un stylo qui tinte contre les dizaines d'autres entassés dans un pot en plastique.

Quand je me rends compte que je n'ai rien à écrire, je le pose sur le côté, en parallèle à mon cahier ouvert.

J'allais vraiment réviser, ?

Je m'arrête un instant, le dos droit que je dresse vers ma fenêtre. Il n'y a pas de reflet sur cette dernière, juste une vue entièrement propre sur l'extérieur. Je vois le portail d'entrée d'ici, j'aurais pu attendre Jaemin d'ici si je ne savais pas déjà qu'il allait venir.

Et c'est bizarre que de me dire qu'il est dans la même pièce que moi mais qu'on ne dirait pas.

Je me tourne vers lui, ma chaise ne bouge pas, c'est juste mon regard qui se déplace jusqu'à lui.

Je le vois de dos, comme dans certains cours. Ses épaules penchées vers son cahier qu'il a l'air de feuilleter. Il porte un haut noir à manche longue et serré. À vrai dire, ça coupe un peu l'image décontractée qu'il a avec son jogging.

Son dos, en tout cas, y est moulé. Affreusement pour ne pas dire irrésistiblement.

       —       Jaemin ?

Il arrête tout mouvement, pose son regard sur moi. Ses feuilles à l'abandon sur ses cuisses, comme si en parlant j'avais tout mis en pause.

       —       On peut essayer ?

Jaemin garde un air neutre, face pâle et blanche. Aucune surprise, aucune réaction. Un tableau figé qui ne change pas. Ce n'est pas la Joconde, même ses yeux ne bougent pas.

Et pourtant, sa voix m'apparaît plus prise au dépourvu qu'il n'en a l'air.

       —       Quoi ?

Comme d'habitude mais peut être plus fortement aujourd'hui, mon coeur commence à faire des siennes. Je me lève de ma chaise, la fait rouler jusqu'à ce qu'elle soit collée au meuble.

Jaemin me regarde toujours, sauf que là, son sourire mesquin refait surface. Avant que moi-même je ne puisse le faire, il a déjà dégagé sur le côté les affaires de cours qu'il avait sur lui. Il a tout laissé tombé sur le côté, sur le grand tapis de ma chambre.

Il a posé ses mains sur le bord du lit et s'est penché en avant : ses épaules mises en relief, ses clavicules légèrement plus présente.

Suffisamment proche de lui, je me pose sur le lit, tourné vers lui. Ses sourcils se froncent, il rend toutes ses expressions exagérées, même ce sourire, même son regard.

       —       Si ça te dégoute, que ça te gêne ou que tu trouves ça bizarre, tu me dis d'arrêter.

Jaemin est surpris, ça se voit réellement cette fois-ci à son expression. Il est sans doute surpris que je réutilise exactement les mêmes mots qu'il avait utilisés.

Peut être en réalité que ces mots je me les redis à moi mais que je me fais passer pour courageux en les lui disant à lui.

Il se retient de dire quelque chose : ses lèvres se sont entrouvertes une minuscule seconde puis se sont re-clauses l'instant d'après. Il voulait se moquer, dire une connerie, ça se voit à son sourire mais pourtant il n'a rien dit. Il a juste bougé son visage de haut en bas. De bas en haut.

Une inspiration, une expiration.

Je descends mes mains jusqu'à attraper le haut de Jaemin par l'ourlet du bas. Il n'a pas rechigné lorsque je l'ai tiré vers le haut et qu'il a lui-même levé ses bras pour que je puisse lui enlever le vêtement.

Pourtant, il a un peu frissonné.

Torse nu, j'ai fait balayer les yeux de ses pecs au fondement de sa taille, le bout de son sous-vêtements qui dépasse de son bas. Le contraste étrange entre sa peau pâle et le tissu plus sombre de son autre vêtement. Il y a ce trait, ce trait de je ne sais quel muscle ou partie du corps qui tranche finement sa taille, l'aspect plat de son ventre.

      —      Jeno.

Surpris, mes yeux remontent jusqu'aux siens. Sourcils tirés, encore. Mais ici le plus remarquable ce sont ses joues, rougies.

Brutalement, mon cœur s'excite, mon ventre palpite et je deviens sans doute rouge à mon tour.

J'appuie délicatement sur ses épaules comme sur une poupée en porcelaine, aussitôt, il se retrouve allongé sur le dos et sur le lit.

Rictus de surprise, ses bras toujours le long de son corps.

Je fais passer ma première jambe au-dessus de son corps, m'installe au-dessus de lui sans pour autant le toucher ou ne serait-ce que l'effleurer. Il ne bouge pas, c'est moi qui le fait. Je me penche vers son ventre, y dépose un premier touché du bout de mes lèvres. Léger, comme si j'embrassais le vent et pas sa peau dénudée.

Je remonte mon visage en direction du sien, ses yeux déjà dans les miens, il regarde ce que je fais, peur être même qu'il se demande ce que je suis en train de foutre.

Je quitte son regard, me baisse une seconde fois vers son torse, je me retiens d'inspirer puis d'expirer. Faut que j'arrête aussi d'essayer de calmer les battements de mon cœur, de toute manière ils repartent sans cesse au galop.

Je laisse mes lèvres glisser le long de sa peau, à chaque baiser, mon nez frôle quelques-uns de ses grains de beauté. Je monte un peu plus haut, un peu trop haut pour ne pas être gêné mais je garde le visage baissé. Je coince maladroitement l'un de ses boutons de chair entre mes lèvres. Quand j'y glisse ma langue, Jaemin en profite pour surélever brutalement son bassin qu'il fait entrer en contact avec le mien. Mes yeux grimpent jusqu'à son sourire, vers le léger son qu'il sort de ses lèvres et qui me donne le tournis.

Il tire sur mon haut, ses mains accrochées de part et d'autre de mes côtes.

Je comprends le message et me retire le t-shirt.

Curieux, je lui lance un énième regard, et au lieu de me sentir gêné en sentant qu'il me regarde de haut en bas, je me sens bizarrement satisfait.

Jaemin approche sa main de mon ventre, il y dépose l'un de ses doigts en regardant où il touche. Puis, il en dépose trois. Phalanges par phalanges il déplie sa main entière qu'il pose à plat. Mon corps frissonne mais c'est le fait que je contracte qui le fait sourire.

Il plonge ses billes noires dans les miennes. Rien ne s'arrête mais rien n'avance non plus.

Samedi 14 janvier

C'est la date qui est inscrite, "ouverte" entre guillemets sur le calendrier de Jaemin, accroché au dos de sa porte fermée. Il y a quelques jours notés de rouge ou de bleu. Celui-là, celui-ci l'est. Il est entouré au stylo noir, fluoté d'une large trace violette. En plus petit, en réalité, en tout petit, il y a écrit : «Anniv papa».

Je reconnais son écriture et je sais qu'ici, ce n'est pas la sienne. Même si je le vois de loin, de très loin et que c'est écrit en tout petit, en vraiment petit.

Donc, c'est l'anniversaire de son père.

Son père n'est pas là, c'est drôle, parce que moi j'y suis.

Je suis sur son lit, en plein milieu de sa chambre et sur ses draps gris tachés. Je l'ai aidé à enrouler en boule la plupart des draps qui recouvraient il y à quelques secondes son lit, il les a jetés dans la pièce d'à côté en allumant une lessive. Il y a mis une bonne dose de lessive d'ailleurs, une lessive à la pêche qui, le bouchon à peine ouvert, a embaumé la pièce.

Pourtant cette odeur, elle s'est vite dissipée quand Jaemin a tiré une cigarette d'un paquet de clopes qu'il a sorti, caché, de sa commode.

Je ne sais pas s'il sait, mais, je ne l'avais encore jamais vu fumer.

Ça ne l'a pas dérangé, là, tout de suite de me le montrer.

Et, moi, ça ne m'a même pas un peu étonné.

Je le savais déjà.

Jaemin est donc en train de fumer une cigarette dans sa chambre, tourné vers sa fenêtre ouverte sur le jardin de ses voisins.

Son père n'est pas là, moi j'y suis et je suis sur son lit.

Torse nu, mon t-shirt jeté je ne sais où dans la pièce, quelque part avec le sien. Et les regards aguicheurs, scrutateurs que Jaemin me lance de temps à autre font trembler mon corps. J'ai su, dès le départ, que j'étais perdu quand le regard de Jaemin couplé à un sourire inoffensif m'a lancé des idées contradictoires.

Il est accoudé à la fenêtre, comme vêtements son seul jogging, pendu assez bas pour que ses hanches soient déshabillées. Le vent frais, qui n'a pourtant pas été invité fait voltiger quelques mèches de ses cheveux. Il se les ait lavé et maintenant ils collent à son front et font goutter sa nuque.

Si je pouvais graver à mes rétines cette vision, je le ferais immédiatement.

Putain, Jaemin vient à peine de renfiler son bas que j'ai déjà envie de le lui réenlever.

       —      Je peux essayer ?

Il se tourne vers moi, le bout de nicotine posé entre deux de ses doigts. La cendre est à quelques centimètres de ses doigts, est ce qu'elle pourrait aller jusqu'à consumer le bout de son empreinte ? Lui effacer ce qui fait de lui qui il est.

       —       Non, toi t'es un gentil garçon Jeno.

Je n'en rigole pas. À vrai dire même si je lui parle de son addiction à la nicotine, c'est juste pour me faire penser à autre chose.

Il m'a dit, avant que je ne rentre chez lui, que son père allait rentrer dans la soirée. Et que je devais, par conséquent, être dehors un peu avant.

       —      Comment t'as commencé à fumer ?

Il fallait, donc, que je pense à autre chose.

       —       J'ai été con de vouloir essayer.

Que je ne pense pas qu'à, littéralement, Jaemin.

       —       Tu l'es toujours si t'as pas arrêté.

Il ricane. Sans se tourner j'arrive quand même à visualiser son expression.

       —       Dis celui qui voulait s'en griller une y a pas cinq secondes.

Avant que la cigarette ne soit finie, il l'écrase sur le bord de sa fenêtre qu'il nettoie aussitôt pour ne pas laisser traîner de cendres. Puis il la range dans un cendrier : une petite boîte métallique qu'il range dans le tiroir duquel il a sorti son paquet. Il finit par fermer le tout à clé.

Le tintement de la serrure résonne et avant qu'il ne se retourne, sa voix se brusque jusqu'à mes oreilles.

       —       T'as une proposition d'activité ?

Je lui lance un regard, dévisage sa nuque, ses épaules, puis la chute de ses reins. Le bout de ses hanches, de ces os que je trouve affreusement sexy sur lui.

Quand il se tourne, je relève mon regard vers son visage. Il vient se poser sur le lit à côté de moi. Il croise l'une de ses jambes sur l'autre qu'il laisse déborder du lit. Son genoux est appuyé sur ma cuisse et instinctivement, ma main tombe dessus.

Il n'y fait pas attention. Moi j'y prête peut-être trop d'attention.

Tourné vers lui qui regardait ailleurs, je me suis délicatement saisi de son visage. Tourné en ma direction, il a d'abord semblé surpris et c'est sans rien dire de plus que j'ai machinalement déposé mes lèvres sur les siennes.

Je crois, non, j'en suis sûr, que j'en suis addict.

Il y a répondu immédiatement et sans que je n'aille vraiment trop loin, j'ai simplement libéré son visage après quelques minutes. Il fallait que je me calme.

En tendant son bras jusqu'à sa commode, Jaemin se saisit d'une tablette qu'il allume. Bizarrement habitué au fait que je l'embrasse sans raison, il demande juste :

       —       T'as une série à conseiller ?

Je tourne mon visage vers lui, il regarde vers sa tablette. Son visage penché vers le bas. Ses lèvres sont gonflées avec légèreté. Un sourire le prend, automatique. Je sais que c'est moi qui ai fait ça et que je dois avoir approximativement le même visage.

Mais ça me fait bizarre de me dire que d'autres personnes ont déjà pu voir Jaemin avec ce visage là. Bousillé après un baiser.

Quand il se rend compte que je ne lui réponds rien, Jaemin se tourne vers moi, les sourcils froncés il m'interroge.

Moi, je me demande pourquoi je le regarde comme ça ? Et pourquoi, encore, je reprends possession de ses lèvres.







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13/08/24
BON ANNIVERSAIRE JAEMIN !! 





Hwarang 🩵
Bae Jinyoung 💚

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