𝐄́𝐂𝐋𝐈𝐏𝐒𝐄



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- ÉCLIPSE -

OF HONEY AND MYSTERY ;; #PROMPT NO.8 ;; #"BODY SWAP"





I'D RATHER SLEEP • KERO KERO BONITO

◁ I I ▷▷

♡ ⇄ ⁰⁰ ²⁵ ━━━━━━━━━━━¹ 






                      DEPUIS, IL SOURIAIT PLUS SOUVENT. L'enthousiasme qu'il avait manifesté depuis son retour ne semblait vouloir retombé, et elle se retrouvait à plus souvent l'entendre parler ou rire. C'était étrange. C'était surprenant. C'était... agréable.

Mais cette sensation de déséquilibre au fond de son crâne ne paraissait pourtant vouloir s'en aller.

Depuis, elle s'était adoucie. Elle était devenue plus calme, plus silencieuse. Il avait été perturbé. Mais elle continuait à lui adresser de petits sourires et à se blottir contre lui, alors il s'y faisait. S'ils se disputaient moins, c'était parce qu'il se plaignait mois. S'ils s'entendaient assez, c'était parce qu'au contraire, elle ne se manifestait pas assez. 

Il ne savait comment prendre tout cela, personne ne s'en plaignait. Elle ne réclamait plus grand chose, alors il se débrouillait pour deviner ce qu'elle désirait. Il se levait plus tôt, parfois, pour aller lui chercher un café chaud, ou pour des fleurs. Elle s'était entichée d'elles, ainsi, il prenait un soin particulier à lui offrir des bouquets ou des couronnes tressées. Il l'appelait sa reine et elle souriait, mais ailleurs.

En fixant le mur ou ses pieds.

En revanche, il ne savait plus ce qu'il en était de ses frères. Elle avait commencé un jour à rester dormir chez lui, et il en avait été tout réjoui. Il lui avait semblé qu'à elle aussi, cela lui faisait chaud au cœur de pouvoir se réveiller dans son lit. Il avait tenté de lui demander comment elle s'y était prise avec ses frères, mais elle avait haussée les épaules en lui répondant qu'ils avaient juste arrêté de lui casser les pieds, et qu'ils ne diraient rien.

Et en effet, rien n'était arrivé, et en conséquence, ce fut chose commune pour elle de souvent passer son temps libre chez lui. Désormais, son appartement et ses draps étaient parfaitement imprégnés de son odeur. Et il s'en réjouissait pleinement. 

Elle en profitait elle aussi. Il n'avait tenté de lui demander de rencontrer ses frères pour les rassurer, ou quoi que ce soit dans le genre, ce dont elle était fort aise. Elle préférait qu'il ne sache pas que c'était son état qui minaient ses benjamins, et qui la voyant un tantinet plus heureuse après ses longues sorties, n'osaient s'en plaindre.

Puis, pour effacer toutes ses pensées, elle le pressait de l'embrasser.

Elle notait chacun de ses moindres gestes, chaque café, chaque baisers, chaque cadeau qu'il lui offrait. Habituellement, elle était pourtant la première à en lui offrir. Elle aimait bien lui payer leurs restaurants ou cinéma, et il s'était toujours arrangé pour rendre ses petites attentions, même si c'était seulement à coup de fleurs et poèmes.

Elle l'adorait, son ridicule romantique. Elle détestait lui faire du mal.

Il détestait la voir mal aussi. Elle paraissait de plus en plus souvent ailleurs, perdue dans ses pensées. Il lui demandait toujours de lui en parler, lui assurant qu'il elle pouvait tout lui dire. Et elle l'aurait fait, si elle pouvait. Mais certaines choses préféraient être gardées par soi. Elle se taisait, lui répondait qu'elle se sentait parfaitement bien, ou alors, lui glissait la dernière phrase lui étant venue à l'esprit. Il l'observait déconcerté un instant, lui adressait un regard interrogateur, mais elle lui adressait ensuite un faible sourire et haussait les épaules. Ils savaient autant l'un que l'autre qu'elle ne fournirait aucune explication supplémentaire.

Il soupirait, et elle lui réclamait la première chose lui venant en tête, lui donnant une occupation pour lui changer les idées, et le temps pour elle de se ressaisir. Elle l'accueillait toujours plus détendue, et cela suffisait à le satisfaire.




Ils ne pouvaient plus continuer ainsi. Elle ne savait pas combien de temps on leur accorderait. Avant la prochaine implosion. Crise. Horreur. 

Elle s'était retenue. Il avait été si bon avec elle durant toutes ses semaines... Elle l'avait vu embrouillé par ses agissements, mais il n'en avait jamais parlé, et s'était uniquement appliqué à la rendre joyeuse. Chaque jour. Chaque minute. Chaque seconde. 

Elle ne méritait pas autant. Elle se souvenait de l'état dans laquelle elle l'avait laissé après leur dernière dispute, de celui dans lequel elle l'avait retrouvé. Il n'avait voulu la lâcher lorsqu'elle lui avait avoué devoir s'en aller. Il était effrayé . Cela empirait le sentiment dans sa poitrine, et intensifiait le dégoût l'habitant. Elle se détestait pour autant le faire souffrir.

Elle se contrôlait mal. C'était l'une de ses facettes que l'on avait relevé dès sa plus petite enfance, et qu'on lui avait souvent reproché.

"Retiens-toi"

"Arrêtes !"

"Tu vas lui faire mal !"

Et ainsi de suite. On disait qu'elle avait hérité de son père, jeune, elle s'en fichait, et aujourd'hui, elle regrettait. Elle faisait souvent mal à ceux l'entourant. Son frère aussi, le plus jeune, il lui ressemblait vachement sur ce point-là.

À la différence près que lui s'était déjà débarrassé de ce défaut. Pas elle.

Et maintenant, le mal empoisonnait leur relation. Elle l'avait retenu, mais elle n'était parvenu à totalement l'empêcher de s'infiltrer entre eux. Le venin se répandait à une vitesse folle, s'avivant, et sa volonté ne constituait une barrière à son ambition.

Quand elle voyait rouge, plus rien n'avait d'importance et seule le besoin de s'extérioriser lui apparaissait à l'esprit. Tout ce qui passait sous sa main finissait en miettes. Et il était toujours trop proche.

Elle ne parvenait encore à saisir comment il pouvait encore parvenir à rattacher les morceaux de son cœur après chacune de leur altercation, comment il pouvait lui adresser ce même regard et ces mêmes attentions. 

Elle n'était digne de tout cela. Elle voudrait lui offrir tellement plus... Ce qu'il méritait, en fait. Et elle était la dernière chose qu'un homme tel que lui méritait.

Ainsi, comme chacune des multiples réflexions qu'elle avait eu, elle rejoignait cette même idée. Il n'y avait qu'une seule solution qui s'offrait à elle.

Et elle devait vraiment la prendre désormais. Pas pour elle, mais pour lui.  




      — Hé, vous allez bien vous deux ?

     — Euh, oui ? Pourquoi tu nous demandes ça Choji ?

     — Je ne sais pas... On dirait presque que vous avez échangé de corps, tous les deux.




Elle serra dans sa paume la housse de l'oreiller, mordant sa lèvre inférieur, se retourna. Dans son sommeil, il sentit le mouvement, et sans prendre la peine d'ouvrir l'œil, la tira à lui. Il embrassa son front — ou tenta, du moins, visant plutôt son arcade sourcilière— avant de remonter la couverture sur eux. Elle se sentit submergée, et eut une envie soudaine de pleurer. Pour la parer, elle enfouit son visage contre le torse nu du jeune homme et se força à dormir. Elle devait se lever tôt le lendemain.

Lorsqu'elle se réveilla, elle était seule dans le lit, et elle crut un instant — sans doute un coup de son esprit embrumé — qu'il avait deviné ses attentions, et qu'il était parti de lui-même. Ce fut cependant la douche froide lorsqu'elle entendit quelqu'un entrer dans l'appartement, et passer par la cuisine :

     — Bien dormi ? s'enquit-il en entrant dans la chambre, un petit sourire aux lèvres.

Elle répondit d'un soupir-grognement, le laissant s'approcher d'elle et presser un baiser sur sa chevelure en bataille. Elle crut l'entendre faire une remarque sur le ridicule de sa tête au lit.

     — Allez, termina-t-il, va te doucher. J'ai ramené des viennoiseries avec le café, et je comptais nous faire des œufs en plus de ça. Tu voudrais autre chose ?

Elle hocha simplement la tête, n'ajouta rien, et le laissa quitter la pièce tandis qu'elle tentait de se décider sur la démarche à suivre. Elle devait rapidement choisir quoi faire. Les petits déjeuners spéciaux précédaient souvent une journée bien remplie, et le fait qu'il soit samedi ne démentissait pas ce fait. Il serait horrible de le laisser la traîner toute la journée dans des parcs ou restaurants pour au final lui apprendre la chose. La bombe ne pouvait être lâcher que maintenant, ou longtemps plus tard. Et elle doutait d'avoir cette même détermination dans quelques temps.

     — Shikamaru ? l'interpella-t-elle alors qu'elle tentait de trouver le courage de mordre dans son croissant, l'appétit coupé.

Seul le café était passé.

Le Nara releva la tête de sa propre assiette, l'observant un peu surpris. Habituellement, elle préférait utiliser son nom de famille, ou ses surnoms. Il comprit dès le départ que quelque chose ne tournait pas rond. 

      — Il y a un problème Galère ?

      — Euh, je...

Elle reprit son souffle, tentant de supprimer ce sentiment de panique dans sa poitrine. Elle avait préparé son discours et ses arguments sous la douche. Elle savait ce qu'elle avait à dire. Tout aller bien se passer... Enfin, pas du tout, mais c'était le but.

      — Je crois que l'on devrait arrêter ça, déclara-t-elle.

Il haussa un sourcil, ingénu :

     — Les gros petits-déjeuners ?

Elle écarquilla les yeux en l'entendant, totalement déroutée.

N'avait-il jamais envisagé l'idée ou était-il dans le déni ? Qu'importe, il lui compliquait horriblement la tâche. Elle venait déjà de perdre une bonne partie de ses arguments, et commençait désormais à paniquer :

     — Non, pas ça, s'expliqua-t-elle. Je parlais de... notre relation. On devrait peut-être... s'éloigner. Se séparer.

Cette fois-ci, il avait parfaitement saisi l'idée. Sa fourchette s'écrasa brutalement sur son assiette à moitié pleine, avant de glisser et de rejoindre le carrelage.

     — Tu veux rompre ? Pourquoi ? J'ai encore fait quelque chose de mal ?

Elle le vit s'alarmer à son tour, et ses yeux se remplir de larmes. C'était prévisible. Elle savait que c'était ainsi que cela allait se passer, que c'était ainsi que cela c'était toujours passé. Ils n'avaient pas le choix, ils devaient forcément en venir à là. Il allait encore un peu souffrir, mais c'était pour le mieux. Pour le meilleur.

     — Tu n'as rien fait de mal, Morphée...

Merde, elle dérapait déjà. Elle avait prévue la moindre de ces phrases, mais à voix haute, tout ce bloquait dans sa gorge. Elle n'était même pas censée l'appeler ainsi, dans quelques minutes, ils n'étaient plus ensemble.

Concrètement, c'était pire que tout ce qu'elle avait pu imaginé.

     — Pourquoi tu veux me quitter alors ? Tu... Tu ne veux plus de moi ? Tu ne m'aimes plus ?

     — Si ! Enfin, non, mais, juste que...

Elle s'emmêlait les pinceaux, plus rien allait ! Sa vue se brouillait, ses mains tremblaient, et en face d'elle, il ne l'aidait pas le moins du monde avec ses larmes et son air ahuri et paniqué.

Respire, s'intima-t-elle.

Respire.

     — Il vaut mieux pour toi que tu trouves quelqu'un d'autre. Quelqu'un... de mieux. 

    — Mais t'es ce qu'il y a de mieux pour moi ! Le...le meilleur.

Sa voix tremblait, et elle voyait qu'il allait au moins aussi bien qu'elle. Si ce n'était pire. Ce devait être pire. Il n'était pas préparé. Pourquoi n'avait-elle donc pas penser à cela !

Enfin, elle l'avait dit, et ils ne pouvaient pas revenir en arrière. Même s'ils essayaient, ses paroles hanterait constamment l'esprit du Nara, et tout sera encore pire. Elle avait commencé. Maintenant, elle devait finir.

      — Non, Shikamaru, je ne suis pas le meilleur, crois-moi. Tu mérites mieux.

Mais il secouait la tête et refusait de l'écouter, se redressant  vivement :

      — Je crois que je suis assez âgé pour décider de cela seul !

      — Tu ne t'es pas vu, le jour où je t'ai laissé. 

La moindre trace d'inquiétude déserta son visage après qu'elle eut prononcé ces mots. Il était pâle. Elle en profita pour se redresser et s'approcher de lui, déposant une main sur son épaule :

      — Il vaut mieux pour toi que je m'en aille. Cela ne risque pas d'être la seule blessure que je finirais par t'infliger.

Mais avant qu'elle n'ait le temps de comprendre ce qui lui arrivait, il la saisissait et la pressait contre lui, l'étreignant de toutes ses forces.

     — Pas grave. Je prendrais tous les coups et les blessures. Ça m'est égal, tant que tu es là. Je prendrais tout de toi, Soleille. Chacune égratignure, chaque brûlure, chaque peine.

Elle voulut à nouveau pleurer, et dut puiser au fin fond d'elle pour trouver le courage de le repousser, et de lui adresser une dernière fois, un sourire triste aux lèvres :

      — Dans ce cas-là, c'est moi qui vais m'en aller. Il est hors de question que je ne te blesse une fois de plus.

Il ne put cette fois-ci la retenir. Elle pressa un baiser contre sa joue, lui souhaita le meilleur du monde, et tourna les talons en direction de la porte. Il n'avait même pas remarqué qu'elle avait déjà récupérer toutes ses affaires et que son sac à main ainsi que son manteau l'attendaient gentiment à l'entrée.

Une fois dehors, elle courut le plus loin possible de chez lui. Passa devant la supérette, le bar, son propre immeuble. Sa course ne se stoppa pourtant pas. Elle courut jusqu'à avoir les poumons en feu dans l'air frais d'hiver, jusqu'à avoir les joues brûlantes et le nez rouge.

Elle ne s'arrêta pas. On ne s'arrête pas en cours de route. Pas le soleil, en tout cas.

Elle atteignit la forêt, ignora le chemin tracé de sable fin. La direction de la maison abandonnée aussi. Elle ne regardait pas où elle allait, se perdait au fond des bois comme en elle. Laissant ses larmes geler sur ses joues.

Le Soleil refroidissait.


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