Chapitre 77 : R E V E A L pt.1
Hier, la mère d'Andrea avait répondu à son message presque instantanément. A croire qu'elle n'attendait que cela, qu'il lui fasse un signe, n'importe lequel le pour pouvoir revenir dans sa vie. Mais je ne pense pas que l'on puisse ni la juger, ni la blâmer sur cela, c'est sûrement ce que ferait n'importe quelle mère.
Andrea et elle ont à peine échangé quelques messages, juste ce qu'il fallait pour lui donner rendez-vous ce matin. Abraham avait accepté de la laisser venir chez lui, à la condition qu'il gardait le droit de la jeter dehors au moindre mot de travers. Au mois, ainsi elle savait à quoi s'en tenir.
Je doute un peu de mon idée désormais. Peut-être que je n'aurais pas dû pousser Andrea à reprendre le contact. Peut-être que c'est vraiment une idée de merde, mais il est trop tard pour reculer, et je me garde bien de lui communiquer mes doutes, il n'a vraiment pas besoin de ça.
Contre toute attentes, Andrea paraît réellement serein. Rien à voir avec moi quand je devais revoir mon père. Andrea est ainsi, il stresse quand il doit prendre une décision, mais une fois qu'il l'a prise, il est déterminé et s'y tient. C'est quelque chose que j'admire chez lui.
La sonnette retentit et son regard croise le mien. Je me racle la gorge.
« Je devrais peut-être rester dans la chambre. Je veux dire, ta mère ne semble pas beaucoup m'apprécier et... Je voudrais pas rendre les choses plus compliqués encore. Je sais que si elle dit des choses blessantes, je ne vais pas être capable de me retenir... »
Un peu honteux de ma couardise, je baise le regard.
« Fais comme tu veux. Je comprends que tu n'aies pas envie de voir ma mère. Ne te force pas. »
Da voix est douce comme d'habitude, mais je sens bien qu'il est déçu que je me défile. Il lâche tout de même un petit sourire avant de sortir de la chambre pour aller ouvrir. Et soudain, je me sens étrangement con. Oui con, c'est bien le mot. Parce que lui m'a accompagné, et soutenu, quand je suis allé voir mon père, et moi, je ne fais que m'inventer des excuses pour dissimuler ma peur. Parce que lui semble si sûr, si confiant, et que moi, à côté, je tremble presque, littéralement, comme un chaton qui vient de naître. Je lui ai dit que s'il tombait je serais derrière pour le rattraper, alors qu'est-ce que je fous encore dans cette chambre ? Sans réfléchir plus, je me lève et rejoins le salon où il vient de faire entrer sa mère.
Quand elle me voit, elle ne fait aucun commentaire -sans doute doit elle savoir qu'elle est en sursit- mais son regard en dit bien assez long sur ce qu'elle pense. Comme un enfant prit en faute, je baise les yeux. Ce regard, glacial, transperçant, je l'ai déjà vu, une fois. Quand de sang froid, elle m'a dit, à l'hôpital, qu'Andrea était mort, et que c'était de ma faute. Entièrement de ma faute. Et comme un idiot, trop ébranlé pour réfléchir, je l'ai cru. C'est ce soir là que tout a réellement dégringolé. Comme une étagère qui se casserait la gueule, emmenant avec elle tout un tas de souvenirs brisés, comme des bibelots qui s'écraseraient au sol en un fracas insurmontable. Un frisson me remonte le long de la colonne vertébrale, implacable, comme à chaque fois que je repense a tout cela.
« Bonjour Maman. » Souffle mon châtain du bout des lèvres.
Sa mère, les mains serrés autour de l'ance de son sac semble être tout aussi mal à l'aise. Et pour la première fois, elle me semble un peu moins inhumaine. Après tout, elle a perdu toute sa famille, et je ne sais que trop bien ce que ça fait. Pour la première fois, je me met un peu à sa place et commence à la comprendre. Même si cela n'explique et n'excuse en rien la façon dont elle a pu agir. D'ailleurs si elle n'avait pas fait tout cela, les choses n'auraient sûrement pas aussi mal tourné.
Elle est la première à prendre la parole.
« Andrea. Tu ne peux pas savoir comme ça me fait plaisir que tu m'aies envoyé ce message. Tu m'as tellement manqué. Surtout pendant ce Noël. Mes deux garçons m'ont manqué. C'était la première fois que je passais Noël seule. Tu ne peux pas savoir comme la maison m'a parut froide et hostile... »
« Si. Si je sais. Parce qu'elle était tout aussi hostile pour moi. A la différence près que c'était le fait qu'elle soit pleine -pleine de toi et de la cohorte de médecins que tu faisais venir- qui la rendait ainsi. C'est pour ça que je suis parti. »
« Je suis consciente que j'ai mal géré tout cela. Mais comprends moi, aucun parent ne reçoit un livre de conduite qui détaille la bonne marche à suivre quand son enfant a ce genre d'accident. »
« Un suicide Maman. C'était un suicide. Pas un accident. Tu devrais commencer par admettre cela, on ferait un grand pas. »
Aucun des deux ne s'est assit. Ils sont sur la défensive et je me sens un peu de trop, appuyé contre le plan de travail, je n'ose rien dire. Andrea reprend, après m'avoir accordé un petit regard, comme s'il s'assurait que je sois toujours derrière lui.
« Et puis arrête de faire comme si tu étais la victime dans l'histoire. Sans toutes tes manigances, tu n'aurais pas eut à passer Noël seule. Sans cela, on aurait pu le passer tous ensemble comme toujours. Je ne t'ai pas fait venir pour que tu essayes encore une fois de me retrouner l'esprit et de m'amadouer. Je ne t'ai même pas fait venir pour te pardonner, alors si c'est ce que tu attends, la porte est par là, tu peux partir... »
« Mais... Andrea... »
« Non. Laisse-moi finir. Je ne suis plus le petit garçon qui croit a tout ce que tu lui dis. J'ai grandi. Il faut que tu t'y fasses. Maintenant, je te laisse une chance de pouvoir t'expliquer. De me dire clairement pourquoi tu as fait ce que tu as fait. Pourquoi tu as envoyé Dwight m'espionner. Pourquoi tu as fait croire à tout le monde que j'avais réussi à me suicider, pourquoi tu m'as fait croire que je ne comptait pour personne, que tout le monde m'avait abandonné ? »
Il a presque crié les derniers mots, mais sa voix ne tremble pas. Elle ne tremblait plus. Comme il venait de dire, il n'avait plus rien du petit garçon qu'il avait été.
« Si tu es incapable de m'expliquer cela, je couperais définitivement les ponts, alors réfléchis bien à ce que tu vas me dire. » La met-il en garde.
« Je ne suis plus à un parent près. » Ajoute-t-il avec sarcasme.
« Mais tu as pardonné à Dwight ! » Relève sa mère, presque avec désespoir.
« Oui parce que Dwight ne m'a pas fait du mal sciemment, tu l'avais manipulé ! »
« Très bien. Je vais tout t'expliquer. Mais je veux faire cela en famille. Du moins ce qu'il en reste. »
Elle pose son regard sur moi, mais il n'a plus rien du regard accusateur de tout à l'heure. Elle paraît presque suppliante, comme si elle n'avait plus la force de se battre, mais qu'elle savait que ce qu'elle avait à révéler ne pouvait l'être devant moi. C'était entre elle et son fils. Ses fils. Et Abraham vient d'entrer dans la pièce comme s'il avait senti que sa présence était requise.
J'interroge Andrea du regard, pour savoir si tout est bon, ou s'il préfére que je reste, au détriment de ce que demande sa mère. S'il est avec Abraham, je sais que tout ira bien.
Il hiche doucement la tête et je quitte discrètement la pièce alors que sa mère dit :
« Je... je ferais plutôt mieux de vous montrer. Tout est rangé dans une boite à la maison. »
Je ne sais pas de quoi elle parle et ni l'un ni l'autre de ses deux fils ne semble plus avancé, j'entends Abraham lancer, cinglant, depuis le couloir :
« C'est quoi, un stratagème minable pour nous ramener à la maison ? Après pousser les gens au suicide, tu te lances dans le kidnapping et la séquestration ? »
Les mots d'Abraham sont durs, et je découvre qu'il éprouve peut-être encore plus de rancoeur vis-à-vis de sa mère qu'Andrea lui-même.
Elle ouvre la bouche, à la fois choquée et attristée de ce que son fils en était venu à penser d'elle, et réplique, en gardant le plus grand des calmes :
« Non. Ce n'est pas un coup monté ou quoi que ce soit d'autre. C'est seulement qu'il s'agit de choses douloureuses pour moi à expliquer. De choses qui me pèsent sur la conscience depuis trop longtemps, et qu'il est temps de vous faire savoir. »
« Ok. C'est d'accord. » Tranche Andrea. « Mais tu n'as pas intérêt à préparer un autre coup tordu. »
« Tu me vois vraiment plus que comme une manipulatrice de la pire espèce ? » S'insurge sa mère un peu incrédule, et surtout attristée.
« Je crois que j'ai mes raisons pour ça non ? »
Elle ne répond rien, parce qu'il est évident pour tout le monde qu'il a raison. Ils quittent tous les trois la petite maison, Andrea montant dans la voiture de son frère et leur mère dans sa propre auto.
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🐢❣🐛
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Hey je sais que ce chapitre devait être posté hier, mais la vérité est qu'il ne me plaisait pas du tout, et c'est un chapitre très important, disons que l'on va enfin connaitre le fin mot de l'histoire (ou plutôt comment tout a commencé) au final j'ai aussi choisi de le couper en deux parties, sinon il aurait fait près de 3 000/3 500 et je trouvais que c'était un peu beaucoup par rapport aux autres chapitres, mais ne vous en faites pas, je ne vous laisse pas sur ce cliffhanger, la partie deux arrive tout de suite après ;)
BREF j'espère que vous avez hâte d'enfin tout savoir, hihi (et j'espère surtout qu'on ne va pas me jeter trop de pierres, le chapitre suivant est comme qui dirait un peu tristounet 🙄 mais promis après ça tout ira mieux, vraiment ❣)
Avec amour et dévotion,
Paradoxalementparadoxale.
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