Suite et fin de notre aventure dans le Jumanji ;)

***

Tes yeux s'ouvrent lentement, tu distingues avec peine l'endroit où tu te trouves. Plongée dans la pénombre, cette pièce s'apparente à un salon à la décoration austère et rudimentaire. Ça ne ressemble pas du tout à la cabane de Steve ...

Quelques secondes te sont nécessaires pour revenir complètement à toi. La panique s'immisce dans tes veines, tu tentes de te relever précipitamment mais ton élan est interrompu, retenue par des liens. Tes poignets sont noués autour d'une poutre, tes chevilles sont entourées d'une corde bien épaisse. Bien sûr, tu aurais dû t'en douter.

- Hey Y/N ... tu vas bien ?

Tu tournes la tête vers ta gauche et aperçois Peter, lui aussi attaché a une poutre par des cordages. Un peu plus loin, Steve partage la même posture que vous.

- Génial, on est dans de beaux draps, râles-tu
- J'ai connu des situations plus idéales que celle-ci, il faut l'admettre, acquiesce Steve
- Parce qu'il y a pire que d'être retenu prisonnier par le chasseur du Jumanji selon toi ? s'interroge ton petit-ami

Un long soupir s'échappe de tes lèvres tandis que tu cales ta tête contre la poutre. Très mauvaise idée. En redressant ainsi la tête, tu as une vue splendide et terrifiante sur les trophées de chasse de Bucky. Soigneusement alignées tel une frise macabre, des têtes d'animaux empaillées décorent les murs en pierres de la maison. Cette vision te glace le sang mais tu ne parviens pas à décrocher ton regard de la vingtaine d'animaux, de races variées. Bucky est un véritable prédateur, il exhibe fièrement ses victimes sans la moindre culpabilité.

- C'est ce qui nous attend, vous croyez ? murmures-tu
- J'ai déjà réussi à m'échapper plusieurs fois de cette maison, ne vous en faites pas pour ça, vous assure Steve

Ce qui est censé te rassurer n'a pas beaucoup d'effets sur le nœud de ton estomac. Tes souvenirs reviennent peu à peu avec plus de netteté, tu te rappelles bien l'instant où vous êtes tombés dans le piège du chasseur. Vous êtes restés suspendus seulement quelques minutes, trop peu de temps pour parvenir à échafauder un plan de sauvetage. La silhouette menaçante du chasseur a jailli d'entre les fourrées drues de la jungle hostile, il n'a pas hésité longtemps à vous administrer une drogue qui vous a plongé dans les vappes le temps de vous ramener jusqu'à son antre de l'horreur.

Mais avant ça, il y a eu autre chose ... tu écarquilles les yeux en te remémorant les événements qui ont précédé.

- La lance du pouvoir ! Il faut qu'on la retrouve sinon on ne pourra pas-
- Tu parles de cette lance ? te demande une voix si dépourvue d'émotions qu'elle refroidirait n'importe qui

Perçant l'obscurité de sa forme inamicale, Bucky s'approche lentement de vous à la lueur vacillante des quelques bougies allumées dans le salon. Ses mains s'amuse à faire tourner la pointe de la lance entre ses doigts, comme si cet objet précieux n'était rien de plus qu'un jouet.

Le point positif, c'est que vous savez à présent où se trouve la lance du pouvoir.

- Oui je parle de cette lance, acquiesces-tu. D'ailleurs, ça serait sympa de nous la rendre
- Petite impertinente, ne m'oblige pas à te coudre les lèvres, te met en garde le chasseur
- Je vous déconseille de vous en prendre à elle, intervient Peter
- Qu'est-ce que les nouveaux venus peuvent être mal élevés ! se lamente Bucky

Il jette la lance sur une table surchargée de fusils, de couteaux et de balles en tous genres. Du coin de l'œil, tu remarques que Steve est en train de faire craquer petit à petit les cordes autour de ses poignées à la seule force de ses bras. À l'évidence, le cordage ne tiendra pas longtemps face aux muscles de votre sauveur. Mais en attendant, il vous faut gagner du temps si vous ne voulez pas finir cloué sur le mur.

- Heureusement, vous ferez beaucoup moins de bruits une fois que votre tête ne sera plus attachée à votre corps, continue-t-il avec un sourire malsain
- Franchement, je ne sais pas si c'est une très bonne idée ..., commences-tu
- Je ne pense pas que nos têtes seraient du plus bel effet fixées sur un mur comme ça, renchérit ton copain
- Silence ! s'écrie le chasseur
- Et puis, vous voudriez sérieusement nous avoir sous le nez tous les jours ? Vous finiriez pas vous lasser, poursuit Peter

Dans sa colère grandissante, Bucky assène un violent coup de poing à Peter en plein visage. Tu étouffes un cri, alors que sa tête part en arrière et heurte la poutre. Ton petit-ami perd connaissance, sa tête retombe mollement contre son épaule.

- Je crois que vous n'avez pas bien compris à qui vous avez affaire, vous deux, reprend Bucky en se penchant au-dessus de toi. Dans ce jeu, il faut choisir entre chasser ou être chassé. Vous n'avez clairement pas fait le bon choix. Je suis le chasseur du Jumanji, aucune proie ne m'échappe
- Aucune sauf une, intervient Steve

En une seconde, il fait céder ses liens et se penche aussitôt pour se débarrasser des cordes autour de ses chevilles avant que Bucky n'ait eu le temps de comprendre. Pour l'aider comme tu le peux, tu projettes tes pieds noués dans le ventre du chasseur et pousses de toutes tes forces. Pris au dépourvu, il titube en arrière et se cogne contre la table. Steve en profite pour se jeter sur lui, les deux hommes commencent à s'affronter à mains nues.

Ils finissent au sol, usant de poings, de clefs de bras et de roulades pour se battre. Steve prend subitement le dessus sur son adversaire et s'efforce de le maintenir au sol, sous le poids de son corps.

- J'aurais votre peau, Rogers, crache le chasseur
- Vous pouvez toujours en rêver

Afin de précipiter la fin de cet affrontement, tu utilises une nouvelle fois tes pieds comme arme. Cette fois, tu frappes de plein fouet le crâne de Bucky de tes talons et l'envoye faire un petit somme.

- Joli coup, te complimente Steve
- Merci, souris-tu. Tu me détaches avant que ce malade se réveille ?
- Oh oui, bien sûr !

Votre guide de la jungle s'exécute, te libérant de tes entraves. Tu te précipites auprès de Peter, toujours inconscient, et lui retires ses cordes. Un mince filet de sang coule de la narine de ton petit-ami, le coup que lui a porté Bucky n'a clairement pas dû être doux comme une caresse.

- Je vais le porter, te dit Steve. Toi, récupères la lance et on s'en va d'ici

Inutile de perdre plus de temps dans cet endroit déplaisant et de risquer de tomber nez à nez avec un Bucky très remonté. Tu t'empares de la lance du pouvoir, Steve de Peter et vous prenez vos jambes à votre cou, une fois encore. Le plus vite possible, vous cherchez à vous éloigner autant que vous le pouvez de cette maudite et affreuse maison.

Au bout de quelques minutes, Steve te demande de t'arrêter alors que vous arrivez au pied d'une falaise. Vous longez la paroi rocheuse pour atteindre un petit recoin, visiblement écarté de tous les dangers dont recelle la jungle.

- Je crois qu'on est à l'abri, t'assure Steve. Ni Bucky ni les Manjis ne nous trouveront ici, pas cette nuit en tout cas

Il dépose ton petit-ami à terre, en position assise contre la falaise. Tu t'agenouilles auprès de lui, essuyes la trace de sang sous son nez et caresses affectueusement sa joue.

- On ferait mieux de se reposer un peu, la journée a été longue
- Tu es sûr qu'on est en sécurité ? t'enquis-tu
- Dans le Jumanji, la sécurité est un concept relatif, te dit Steve avec une moue amère. Vu l'état de Peter, il vaut mieux qu'on en profite pour reprendre des forces en attendant qu'il se réveille

Tu finis par céder, l'appel du sommeil devenant subitement très attrayant. Tes paupières ne mettent pas longtemps à se fermer et, blottie contre Peter, te voilà partie dans le pays des songes en un rien de temps.

Tu n'ouvres pas les yeux avant le petit matin, alors que le soleil a déjà entamé largement sa course, lorsque tu sens une main caresse ton bras. Ta tête pivote de suite vers le visage réveillé de ton petit-ami, qui te sourit doucement.

- Peter ! Tu vas bien ? lui demandes-tu
- Ça va oui, mon égo en a pris un sacré coup mais je suis toujours vivant donc j'imagine que ça va, rit-il

Tu enroules tes bras autour de son cou et l'attires contre toi, dans une étreinte tendre. Si ça ne tenait qu'à toi, tu resterais toute la journée dans les bras réconfortants de ton petit-ami mais une voix masculine vient briser votre petit moment de bonheur.

- Voyez-vous ça mes chers amis, comme c'est mignon !

Vous vous détachez l'un de l'autre, immédiatement sur la défensive.

- Regardez qui j'ai trouvé, dit Steve avec un enthousiasme feint
- Professeur Stark, constates-tu en te relevant
- Le seul et l'unique, à votre service ! s'exclame ce dernier en vous faisant une courbette

Peter se remet sur ses pieds et glisse automatiquement sa main dans la tienne, méfiant vis à vis de cet étrange personnage dans son drôle d'accoutrement rouge et jaune.

- Alors, racontez-moi tout mes amis, avez-vous réussi à honorer votre part du marché ?
- On a la lance, affirmes-tu
- Fantastique !
- On a bien failli y laisser notre peau, ajoute Peter
- Ça, jeune homme, ce sont les risques du métier, réplique évasivement Tony. Le professeur Stark n'assure pas les morts malencontreuses et accidentelles dans son contrat

Puis il se met à sautiller sur place d'impatience en pianotant des doigts dans le vide, tel un enfant qui a très envie d'avoir son cadeau d'anniversaire.

- Où est la lance ?
- On vous a dit qu'on avait honoré notre part du marché, maintenant c'est à vous d'honorer la vôtre, ordonne Steve d'un ton ferme

Son specticisme quant à l'honnêteté du marchand ne fait aucun doute, et on ne peut pas vraiment le blâmer.

- Bien sûr que je vais l'honorer ! Pour qui me prenez-vous ? Pour un escroc ? s'offusque Tony
- C'est à peu près ça oui, acquiesce Steve
- Oh la la, faîtes attention à ce que vous dîtes mon cher ! Toutes insultes ou dégradations morales envers l'honorable vendeur que je suis peut faire revenir sur la récompense prévue lors de notre accord
- Ne vous avisez pas de revenir sur votre parole ! le met en garde Steve en s'approchant de lui de manière menaçante
- Donnez nous la carte et la lance sera à vous, ajoutes-tu

Après un dernier coup d'œil vexé vers Steve, le professeur Stark finit par fouiller dans la poche intérieure de sa veste. Il en sort un rouleau de parchemin jaunie par le temps, et tend ses deux mains. Peter attrape la lance du pouvoir et la lui remet, Steve s'empare de la carte qu'il s'empresse de déplier.

- Parfait ! Contrat honoré ! Au plaisir de vous revoir pour de prochaines affaires, sourit-il

Mais il y en a un qui ne sourit pas du tout et c'est Steve. Il redresse un regard meurtrier vers Tony, son corps irradiant de colère.

- Espèce de-
- Ah non non non, mes oreilles sont trop sensibles pour entendre vos vilains mots, se moque le marchand
- Vous n'êtes qu'un voleur sans honneur !

Au moment où tu crois qu'il va étrangler le professeur à mains nues, tu récupères la carte. Et tu déglutis difficilement. Ce qui semblait être votre seul espoir de trouver la clef du Jumanji tombe complètement à l'eau.

La carte n'en est pas vraiment une. Elle s'apparente plutôt à un gribouillis grossier fait au marqueur par un enfant. Les dessins sont primaires, les indications n'en sont pas vraiment.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? souffle Peter, aussi atterré que toi
- Un torchon, il n'y a pas d'autres mots
- J'aurais dû m'y attendre, votre marchandise est d'une valeur aussi précieuse que votre parole ! s'énerve Steve
- Mon cher, l'esthétique d'une carte n'est pas ce qui importe quand on sait vraiment la lire, réplique Tony

Sans plus d'explications, le professeur prend congé et vous abandonne là, la lance sous le bras. Tu reportes ton regard sur le parchemin et tentes de déchiffrer ce qu'il représente. Des pointillés irréguliers traversent des rectangles flous jusqu'à une croix, placée sous une forme triangulaire griffonnée au milieu de la carte. Quelques mots accompagnent des signaux de prévention, c'est le cas de ce dessin central.

- Attends une minute ... est-ce que " la montagne des tourments ", ça t'évoque quelque chose ? demandes-tu à Steve

Votre guide de la jungle écarte le courroux que lui inspire le professeur Tony Stark et revient à lui lorsque tu lui poses cette question.

- Oui, c'est la plus haute montagne du Jumanji. Je n'ai jamais réussi à m'aventurer jusque là parce qu'il faut traverser des territoires plus dangereux les uns que les autres. Et comme si ce n'était pas suffisant, on raconte qu'une fois à l'intérieur de la montagne, elle réserve tant d'épreuves et de surprises que c'est impossible d'en sortir vivant, répond-il
- Fantastique ... parce que c'est là qu'il faut qu'on aille, dit Peter

Un silence de plomb s'abat sur vous, vos regards se font graves. Visiblement, cette optique réjouit tout le monde, si bien que vous en restez bouche bée. C'est finalement Steve qui prend la parole le premier, après avoir laisser échapper un long soupir.

- Bon, dans ce cas ... à l'aventure

Devant votre enthousiasme débordant, le prisonnier du Jumanji se tourne vers vous, un sourcil haussé.

- Vous voulez quitter ce jeu maudit et rentrer chez vous, non ?

Chez vous. Ces mots ont le même impact sur vous deux, ils vous réveillent comme si vous veniez d'être frappé par un éclair.

- Oh ça oui ! Plus que tout ! acquiesce Peter
- En route, allons-y ! renchéris-tu

Vous voilà remotivés, prêts à affronter les dangers de la jungle une dernière fois avant de la quitter définitivement. Enfin, c'est ce que vous espérez.

Sabre en main, Steve en tête du groupe, vous vous frayez un chemin à travers la jungle d'un calme trompeur. Si au premier coup d'œil, les fleurs colorées apparaissent bien agréables à regarder, les arbres à lianes propices à s'amuser ou les cours d'eau assez accueillants pour s'y reposer, vous avez bien retenu la leçon : tout peut se révéler être un danger mortel ici.

Alors vous prenez garde à ne pas retomber dans l'un des pièges de Bucky le chasseur, vous faîtes des détours volontaires afin d'éviter au maximum les zones à risques et vous ne vous arrêtez pour reprendre des forces qu'une fois certains que rien ne vous attaquera pas surprise.

Après avoir mangé quelques fruits et une drôle d'herbe à grosses feuilles au goût de Malabar, vous reprenez la route en prenant soin de suivre les indications de votre carte de fortune. Tout en progressant en direction de la montagne des tourments - que vous pouvez apercevoir occasionnellement lorsque les arbres se font plus rares -, vous discutez à voix basse, histoire d'entendre à tout instant ce qu'il se passe autour de vous tout en faisant passer le temps de manière agréable.

- Quelle est la première chose que vous ferez une fois sortis du Jumanji ? vous demande Steve

Ton estomac se contracte de culpabilité à l'idée que si vous, vous réussirez peut-être à vous défaire du sale tour de ce jeu, Steve lui n'aura pas cette chance. Parce qu'il ne possède pas son énigme en entier, il est condamné à rester bloqué dans le Jumanji. Ça te brise le cœur d'y penser, votre temps passé ici vous a considérablement rapproché de lui et tu es persuadée d'une chose : Steve ne mérite pas ce qui lui arrive.

D'un simple coup d'œil, Peter capte ce à quoi tu penses. Il fait son possible pour ne pas paraître aussi peiné que toi lorsqu'il répond :

- J'irais prendre une douche bien chaude, je vénérerai jusqu'à la fin de mes jours celui qui a inventé le papier toilette et je mangerai la plus grosse pizza de la planète en y ajoutant tous les suppléments qui existent
- J'approuve à cent pour cent ce programme, acquiesces-tu avec un sourire
- Je vous comprends, si je pouvais me passer des feuilles de bananier et de la pêche interminable et souvent décevante, je le ferai ! s'amuse-t-il

Soudain, un étrange grondement provient de ta droite. En tournant la tête, tu dévisages ton petit-ami.

- Je sais bien que parler de pizza a de quoi ouvrir l'appétit mais on vient de manger Peter ...
- Ce n'est pas moi !

Le grondement recommence, semblant se rapprocher de vous. Tu n'aimes pas du tout ce genre de bruit et ça n'a pas l'air d'être non plus le cas de Steve. Il pivote sur ses talons et balaye du regard les alentours, fouillant des yeux les fougères épaisses.

- Ce n'est pas le ventre de Peter
- Alors qu'est-ce-

Tu ne termines pas ta phrase, tu viens d'apercevoir deux grands yeux violets au milieu des fourrées. Une frisson de peur court le long de tes veines, tu sens ton corps se paralyser à cette vision.

- On vient d'entrer dans le territoire des toupakounas, déclare Steve

Nul besoin de lui demander de quoi il s'agit, tu as la réponse devant toi. Une sorte de tigre se déplace à pas lents et calculés, il sort des fougères avec un faible grognement. Le félin revêt une robe tachetée et rayée de violet, ses pattes avant sont puissantes mais souples, lui accordant une démarche impressionnante et pourtant si gracile. De longs crocs dépassent de ses babines retroussées et pointent vers le sol, tandis qu'une corne recourbée trouve sa place entre ses deux oreilles pointues. Si cet animal typique du Jumaji est magnifique, il paraît exclu que sa nature se révèle être douce et inoffensive.

- Ne faîtes surtout pas de gestes brusques, vous intime Steve
- Alors quoi ? On attend qu'il vienne nous dévorer ? panique Peter
- Un toupakouna ne se balade jamais seul

Les propos de votre guide se vérifient instantanément, d'autres félins percent la végétation luxuriante de leur démarche chaloupée. Très vite, vous prenez conscience que les toupakounas s'avancent de manière frontale vers vous, vous forçant à reculer par petits pas minutieux. À tes côtés, le corps tendu de ton petit-ami dégage des vagues de stress.

- Si seulement j'avais mes toiles ..., se lamente-t-il, en peinant à respirer correctement
- Bon ... c'est quoi le plan maintenant ? interroges-tu
- ON COURT ! hurle ton petit-ami en détalant à toutes jambes
- Peter, non ! tente Steve

Mais trop tard, les toupakounas se sont déjà élancés et prennent en chasse ton petit-ami. N'ayant d'autre choix à votre disposition, Steve et toi vous mettez à courir le plus vite possible à la suite de Peter pour essayer de le rattraper. Tu parviens presque à sa hauteur, ce qui est également le cas d'une des grosses bestioles aux crocs dangereuses proches des jambes de ton copain. Sans plus réfléchir, tu t'empares d'une grosse branche - ou plutôt d'un gourdin vu la taille - et frappes de toutes tes forces le flanc de l'animal.

- Laisse mon copain tranquille !

Si tu parviens à repousser le toupakouna, tu réussis par la même occasion à l'énerver davantage. Le rugissement qu'il pousse te fait froid dans le dos, ce cri animal doit également faire grimper en flèche l'agressivité des autres toupakounas qui lui répondent aussitôt avec la même ferveur.

Votre seule option restent éternellement la même : fuir. Décidément, tu n'as jamais autant couru que depuis que vous avez atterri dans le Jumanji.

Cette solution marche un temps, jusqu'à ce qu'une crevasse d'une quinzaine de mètres pointe le bout de son nez en ligne de mire.

- Oh merde !
- Pas de panique, vous voyez ces lianes ? Quand je vous le dirai, vous sauterez sur la plus grande d'entre elles, vous ordonne Steve
- Pardon mais je suis une araignée, pas un chimpanzé ! réplique Peter
- On n'a pas le choix ... alors dans un ... deux ... trois !

Vous bondissez ensemble sur la liane de cet arbre immense qui a poussé à flanc de la falaise. L'élan que vous a donné votre course fait se balancer la liane au-dessus du vide. Tu fermes les yeux, incapable d'affronter ce qu'il se passe. Il y a tellement de hurlements autour de toi, tu ne sais plus s'ils proviennent de Peter, de Steve ou de toi.

- Lâchez la liane maintenant !

Tu es en pilote automatique, tu exécutes les ordres de Steve sans même y penser. Tu te sens tomber, puis ton corps se met à rouler sur une surface dure et terreuse. Enfin, tu rouvres les yeux et constates que vous êtes parvenus de l'autre côté du ravin.

- Oh la vache, on a réussi ! s'exclame Peter

Tu te redresses et lui sautes dans les bras, aussi soulagée et excitée que lui.

- On est aussi doués que Tarzan ! ris-tu

Cet élan de joie, malheureusement, n'est que de courte durée car la route est encore longue.

Comme le disait la carte du professeur Stark, vous devez franchir d'autres territoires peu chaleureux. Après les toupakounas, vous avez droit à une rencontré avec des zèbres aux dents d'acier. Le secteur suivant est une zone marécageuse où les branches des arbres s'agitent dans tous les sens pour vous étrangler - dans le genre forêt de Blanche-Neige mais en mille fois pire. Ensuite, vous parcourez une région charmante où des statues de pierres projettent des flèches empoisonnées. Et pour finir, vous devez échapper à une horde de guêpes aussi grosses que des vaches.

Mais votre détermination est telle que vous parvenez à vous sortir, presque indemnes, de chaque difficulté rencontrée ! C'est dans un nuage de poussières et de respirations haletantes que vous arrivez devant l'entrée d'une caverne.

- Montagne des tourments ... nous voilà enfin, soupire Steve

Prudemment, vous pénétrez à l'intérieur de la caverne et avancez au hasard dans la galerie. Ignorants ce qui va vous tomber sur le coin du nez, vous vous déplacez à allure lente et adoptez des postures alertes, prêts à vous défendre à tout moment. Pour l'instant, rien à signaler alors vous continuez de vous enfoncer à l'intérieur de la montagne.

Les parois se font de plus en plus rapprochées, les conduits étroits, réduisant considérablement la lumière pouvant atteindre cette caverne. Suite à un virage, vous débouchez dans un sas arrondi ... autrement dit un cul-de-sac. Avant que tu n'aies eu le temps de râler à ce propos, tout devient brusquement noir comme si quelqu'un venait d'éteindre la lumière. Tu ne distingues plus rien et ce qui t'inquiète également, c'est que tu n'entends plus tes compagnons.

- Vous avez réussi à atteindre la montagne des tourments ...

Une voix, grave et puissante, sort de nulle part et résonne dans toute la grotte, faisant trembler ses parois. Automatiquement, tu te tournes et te retournes pour chercher d'où provient cette voix mais l'obscurité t'en empêche complètement.

- Mais ceci n'est pas la fin de votre voyage, pas encore, reprend la voix caverneuse. Vous avez encore des choses à prouver ...

D'un coup, un faisceau de lumière éclaire une forme allongée au sol. Ta gorge se serre, ton estomac se contracte douloureusement. Il s'agit de Peter, gisant à terre dans une mare de sang, chaque centimètre carré de sa peau est blessé.

- Peter !

Tu allais te précipiter vers lui mais au lieu de ça, tu fermes les yeux et te ressaissis.

- Non, ce n'est qu'un test, une épreuve à surmonter ..., murmures-tu
- Ceci est votre plus grande peur, reprend la voix. Vous savez qu'elle peut se réaliser à tout moment. Et que son éventualité ne se limite pas seulement au Jumanji. Cette vision peut devenir réelle si vous rentrez chez vous

Tu comprends ce que cette voix cherche à faire et tu es bien déterminée à ne pas la laisser gagner : tu ne te laisseras pas retourner le cerveau.

- Oui c'est ma plus grande peur, acquiesces-tu. Mais j'ai tellement confiance en Peter que je sais qu'elle n'arrivera pas. Je lui confierai ma vie sans hésiter et si jamais une telle chose devait se produire, il pourrait compter sur moi pour l'épauler. Je l'aime, je ne le laisserai jamais tomber

Pendant un temps, rien ne se passe et tout n'est que silence. Puis, la voix refait son apparition avec une sorte de douceur étonnante :

- Le Jumanji n'a pas réussi à émousser votre lumière. Félicitations

En parlant de lumière, celle-ci revient brusquement. Tu te trouves tout près de Peter, qui se précipite dans tes bras. D'un simple coup d'œil, tu t'assures que cette vision d'horreur n'a pas eu une influence sur la réalité et respires plus facilement.

- Mon dieu, tu vas bien ..., soupire-t-il avec soulagement. Le jeu m'a fait voir des choses affreuses mais je n'y ai pas cru, je-

Des gémissements interrompent votre moment, provenant de ta droite. En tournant la tête, tu tombes sur Steve, recroquevillé sur lui-même, la tête entre les mains. Il pousse des plaintes déchirantes, entrecoupées de sanglots.

- Non ... je- je finirais pas sortir du jeu ... vous ne pouvez pas me retenir
- Évidemment ... sa plus grande peur est de rester coincé ici à tout jamais, réalises-tu
- Je crois qu'il n'arrive pas à se sortir de cette épreuve, constate ton petit-ami avec peine

Des claquements répétitifs se mettent à courir au-dessus de vos têtes et pour cause : de gros cafards à pinces tranchantes rampent sur le plafond de la grotte. Ils se laissent tomber sur Steve et l'attaquent férocement de leurs armes d'acier. Peter et toi, vous bondissez en avant pour venir en aide à votre ami mais un voile transparent vous empêche d'approcher. Vous vous retrouvez impuissants, assistant malgré vous à ce terrible spectacle. Les cafards lacèrent la peau de Steve, ils l'entaillent sans ménagement et sans se préoccuper de ses cris de douleur. Bien vite, bien trop vite, votre guide s'effondre à terre, couvert de son propre sang tandis que les cafards s'éloignent, ayant accompli leur mission.

Tu plaques ta main sur ta bouche, choquée par l'état dans lequel se trouve Steve. Il perd énormément de sang, ses blessures sont si nombreuses et si profondes qu'elles lui seront certainement fatales.

- Quelle horreur ..., s'étrangle ton petit-ami, les larmes aux yeux
- Ce jeu n'a vraiment pas d'âme, souffles-tu

Alors que vous alliez rejoindre votre ami, un énorme rocher se détache d'une des parois rocheuses et roule sur quelques mètres. À la place du bloc de pierre, une porte ronde à motifs tribals se révèle. En son centre, une serrure attend. Un deuxième rocher, plus petit que le précédent, s'arrache de la grotte et ouvre un compartiment où une clef brille de mille feux.

- Deux d'entre vous ont réussi à passer l'épreuve ultime, la clef du Jumanji est donc à vous, déclare la même voix que tout à l'heure

Une drôle d'émotion fait vibrer ton corps, toutefois tu ne parviens pas à t'en réjouir entièrement. Tu plonges ton regard dans celui de ton petit-ami, quelques secondes vous sont nécessaires afin de partager silencieusement vos pensées.

- Ça y est, vous pouvez enfin partir, murmure Steve, dont la respiration devient de plus en plus laborieuse
- On dirait oui, dis-tu en t'avançant vers la clef

Tu t'empares de ce précieux objectif et l'observes un temps. Puis tu redresses la tête en direction de ton petit-ami, ce dernier hoche la tête.

- Sauf que c'est toi qui vas quitter cette jungle, affirme-t-il en aidant Steve à se lever
- Quoi ?
- Si tu restes ici, tu es condamné. La clef est ta seule chance de quitter le jeu et d'en sortir vivant, ajoutes-tu
- Non, je vous en prie, ne cachez pas votre chance pour moi, vous supplie Steve

Un gémissement de douleur lui échappe, Peter doit pratiquement le porter pour qu'il puisse tenir debout. Votre ami s'affaiblit de seconde en seconde, ce spectacle est trop douloureux à regarder.

- C'est ce que font les amis, ils s'entraident et parfois, ils se sacrifient les uns pour les autres, déclare Peter
- Tu nous as beaucoup aidé, tu nous as même sauvé la vie à mainte reprise. Maintenant, à nous de te rendre la pareille

Ému, Steve ne sait plus quoi dire pour vous en dissuader. Au lieu de quoi, il sourit malgré ses traits tendus de douleur. Alors tu t'avances vers la serrure et enfonces la clef à l'intérieur. Au moment où tu déverrouilles la porte, celle-ci s'ouvre sur une lumière blanche intense.

- Bon retour à la maison, souris-tu
- Ne nous oublie pas trop vite, rit Peter
- Jamais je ne vous oublierai ... merci infiniment, vous promet Steve

L'emotion est forte, quelques larmes s'écoulent malgré elles. Après un dernier hochement de tête, Peter et toi, vous aidez Steve en le poussant à travers la porte. La lumière blanche l'enveloppe entièrement et s'intensifie fortement, te forçant à fermer les yeux. Des tremblements secouent la caverne, tu as tout juste le temps de prendre la main de Peter avant que tu ne sentes le sol se dérober sous tes pieds.

Lorsque tu rouvres les yeux, tu manques de défaillir. Ta respiration se coupe, plusieurs secondes te sont nécessaires pour prendre conscience de ce qu'il se passe.

- C'est bon, j'ai réussi à maîtriser la catastrophe dans la cuisine ! se félicite tante May

Bouche bée, tu ne sais pas quoi dire. Aussi décontenancé que toi, Peter dévisage sa tante avant de tourner la tête vers toi.

- Quoi ? On dirait que vous revenez d'un trip fort intéressant, se moque May face à vos airs ahuris
- Euh ... ce n'est pas si loin de la vérité, admets-tu

Une sonnerie vous fait sursauter violemment. Visiblement, le Jumanji va laisser des séquelles pendant quelques temps.

- Oh c'est la dinde ! Au fait, bonne année les enfants ! s'exclame May avant de s'engouffrer à nouveau dans la cuisine

Bonne année ... et oui, tu as l'impression qu'une éternité s'est écoulée depuis que vous avez ouvert le plateau du Jumanji mais la magie étrange de ce jeu vous a fait repartir à zéro apparemment.

- On est rentrés ... bordel, on est revenus ! s'écrie Peter
- Et en un seul morceau en plus !

Dans son élan de joie, ton petit-ami saute sur tes lèvres et t'embrasse fougueusement. Et il n'y a rien de meilleur que ça pour faire oublier toutes les horreurs du Jumanji !

- Je ne sais pas comment c'est possible mais on est bien là, sortis de ce calvaire, soupires-tu
- Le Jumanji déteste les bons sentiments, j'imagine que votre sacrifice l'a tellement écœuré qu'il n'avait plus envie de vous garder avec lui

Vous faîtes volte-face en direction de cette voix pour voir Steve entrer dans le salon. À ton grand soulagement se mélange un immense bonheur, tu t'élances vers votre ami en même temps que Peter pour lui faire un gros câlin. Plus aucune blessures ne menacent sa vie, vous pouvez donc profiter pleinement de ces retrouvailles.

- Qu'est-ce que ça fait de retrouver le monde réel ? lui demandes-tu
- Ça fait beaucoup de bien, je ne pensais pas que je pouvais être si heureux un jour
- Ma tante va sûrement être étonnée de voir un invité surprise débarqué comme ça mais tu es ici chez toi, l'invite Peter

Le regard de Steve tombe sur la table basse, où le fameux plateau en bois est posé.

- Je ne vous propose pas une partie ? s'amuse-t-il
- Plus jamais !

Vous avez eu assez d'aventures pour deux ou trois vies, c'est sûr !

*****
Et voilà pour la dernière partie de ce drôle de délire 😂

J'espère que ça vous aura plu 😉

Sinon, je suis absolument ravie de m'être déjà fait spoiler le premier épisode de Secret Invasion. Comment dire que mon envie de regarder cette série a réduit de moitié à cause de ça ... 🙃