Chapter 8
— Valencia, est-ce que tu m'écoutes ? dis-je en lui jetant un coup d'œil.
— Pas vraiment, dit-elle, le nez fourré sur son téléphone.
Je me repasse en tête notre discussion alors que je m'arrêtais à un feu rouge. Il y avait bien plus que ça. Et maintenant que je l'avais, je ne savais plus vraiment comment agir. Soudain, elle détache sa ceinture et se rend à l'arrière de la voiture.
— Tu m'expliques ce que tu fais ? dis-je en la regardant par le miroir.
Elle hausse simplement des épaules avec un petit sourire innocent sur son visage puis commence à retirer sa robe. Bordel.
— Regarde ailleurs, dit-elle, alors que je démarrais à nouveau.
J'émets un rire nerveux en baissant la tête. Comment elle ne pouvait pas se rendre compte de la tension sexuelle qu'elle provoquait juste à elle seule ? Je jette un coup d'œil rapide dans le miroir alors qu'elle se tenait dos à moi. Elle ne portait pas de soutien-gorge. J'hallucine.
— Depuis quand cette robe était là ? demandai-je d'une voix grave.
— Depuis le début. Tiens, tu pourrais me déposer à la prochaine sortie. C'est pas que je ne veux pas que tu me poses des questions, mais... ça serait sympa, merci, dit-elle calmement, comme si de rien n'était.
— Qu'est-ce que tu me fais là ?
— J'avais dit pas de questions, reprend-elle, ne relevant pas la tête, encore concentrée sur mon téléphone.
— Est-ce que tu es en train de me faire un caprice, Valencia ?
— Je ne sais pas ce que tu entends par là.
— J'y crois pas, tu es vraiment en train de faire ça ?
— J'en sais rien, ce n'est pas moi qui ai coupé court à notre discussion.
Je freine soudainement et la voiture s'arrête, je rattrape rapidement Valencia en posant une main sur le haut de sa poitrine alors que son corps partait en avant.
— T'es complètement malade. Qu'est-ce qui t'a pris ? dit-elle en me regardant à peine.
J'ouvre ma bouche, prêt à dire quelque chose avant de me raviser en voyant légèrement sur son visage un choc. Elle se mit à hyperventiler.
— Valencia, je suis désolé, dis-je alors qu'elle sortait de la voiture, pieds nus, ses talons nichés entre les doigts.
Je sors de la voiture en claquant la porte puis me mets à la suivre. C'était plutôt rapide, j'attrape son bras et la retourne vers moi.
— Je t'en prie, dis quelque chose, repris-je.
Elle regarde autour de nous rapidement en évitant pendant un instant mon regard. Comment j'allais gérer ça ?
— Non... je suis désolée. J'aurais pas dû t'ignorer comme ça. Quand je suis dans cet état-là, il faut me ramener sur terre. Je te comprends, dit-elle en se mordant la lèvre.
— Arrête de te mordre la lèvre comme ça.
— J'aurais pas dû aussi, ça a dû te rappeler des choses...
— Je veux pas en parler, Carlos, et maintenant... commence-t-elle en se tournant vers le bâtiment un peu plus loin.
Je suis son regard et secoue la tête en signe de contestation. Mauvaise idée, Valencia, vraiment très mauvaise idée.
— Allez, je t'en prie, après ce qui vient de se passer, je pense que tu n'as pas vraiment le choix, dit-elle en me faisant une grimace.
Ensuite, elle se rapproche de moi et tire sur ma cravate.
— Valencia, dis-je en la mettant en garde alors que son visage n'était qu'à quelques centimètres du mien.
— Je t'en prie, fait-elle en regardant ma bouche avant de relever le visage vers moi.
Elle attrape ma cravate puis se met à la desserrer avant de complètement me l'enlever. Je la laissais faire, ne sachant pas comment réagir. Pour une fois qu'elle se rapprochait autant de moi, je n'allais pas la stopper. Ensuite, elle se met à me déboutonner deux à trois boutons de ma chemise blanche. Je n'avais qu'une seule envie : l'embrasser là. Mais je me retenais.
— Voilà qui est mieux, dit-elle en me donnant deux légers coups sur mon torse.
— Je t'avais dit que je ne voulais pas y aller à cette soirée. On avait convenu un accord, dis-je alors qu'elle attrapait maintenant ma main pour que je la suive.
— Et moi je t'avais dit que c'était une bonne idée pour se montrer ensemble. Allez...
— Valencia, plus sérieusement, je crois pas que ce soit le genre de club pour toi. Je vais réellement tuer Harley pour te l'avoir proposé.
— À moins qu'il ne te tue avant, ou que Lana te tue parce que tu l'as tuée, dit-elle.
Avec Valencia, nous avions croisé James Harley alors qu'on faisait une sortie et celui-ci avait eu l'audace de nous inviter tous les deux dans son club. Il semblerait qu'il se connaisse, enfin, il avait une connaissance en commun : Lana Austen, la milliardaire la plus connue dans notre ville. J'ai d'ailleurs été légèrement choqué qu'elle puisse sortir avec James. Il faut dire que les deux exerçaient des métiers bien assez différents. Ils allaient dans un point de vue bien ensemble, mais ce n'est pas pour autant qu'on oublierait leur début assez tumultueux.
Tout cela pour dire que cette ville était certes grande, mais tout le monde connaissait tout le monde ici.
— Valencia... dis-je en la stoppant.
Je retire nos mains qui étaient jusqu'à présent entremêlées et les rabats dans mes poches. Elle se retourne vers moi en appréhendant déjà mes paroles.
— Tu vas croiser sûrement des gens que tu n'as pas forcément envie de voir, commençai-je.
— Qui ça ? Tes conquêtes, celles avec qui tu as baisé ?
— C'est ça, dis-je, surpris de son langage.
— Alors ça ira pour moi, alors tu viens ou pas ? reprend-elle en repartant.
Décidément, elle avait décidé de me surprendre, à ce que je vois. Je reste derrière elle et en profite pour regarder ses jolies petites fesses bouger dans sa minuscule robe. Elle était décidément trop bandante.
Lorsqu'on arrive devant le club, le garde nous laisse rentrer après m'avoir reconnu et nous souhaite une bonne soirée. À partir de là, la musique commence à fuser de partout, et lorsqu'on arrive dans la grande salle bondée de personnes dans tous les recoins les plus inimaginables, je rattrape rapidement Valencia et lui fais un signe de me suivre.
On monte ensuite des escaliers qui étaient cachés dans un recoin et montons à l'étage.
— Monsieur Harley, vous avez des invités, est-ce que je les laisse rentrer ? fait l'un des gardes en nous voyant avancer.
— Monsieur Lux, reprend-il, m'ouvrant la porte.
— Carlos ! Alors vous avez finalement pu vous libérer, fait la voix grave de James en se levant pour me saluer.
— Je n'étais pas sûr de votre présence, chuchote-t-il en se dégageant pour que je puisse observer les membres dans la pièce.
Je lève les yeux et vois qu'il a au moins trois hommes que je reconnais assez rapidement. L'un d'eux se nommait Valentin, et c'était un ami assez proche de moi. La silhouette de Charlie se dresse devant moi, et je jette un rapide coup d'œil à Valencia qui se rapproche de Lana, m'ignorant complètement.
Charlie se rapproche de moi dans sa robe rouge, enfin, si c'en était une, parce qu'elle ne couvrait absolument rien. Maintenant que j'y pense, comment j'ai pu sortir avec elle. Elle n'avait rien à voir avec Valencia, qui, elle, était beaucoup plus classe et plus sexy qu'elle. Bordel, et maintenant voilà que je me mettais à les comparer.
— Salut Carlos, dit-elle d'une voix langoureuse.
Elle pose une main sur le haut de mon torse et, au même moment, Valencia nous jette un regard.
— Charlie.
— Comment tu vas depuis le temps ? Tu ne m'as pas rappelé, reprend-elle.
— Je vais te demander de retirer tes mains. Je suis venu accompagner Charlie.
— Qui ça, elle ? Je croyais que c'était une blague, dit-elle dans un rire cristallin.
— Eh bien ce n'est pas le cas.
James nous sert ensuite et j'attrape le verre qu'il me tendait en le suivant alors qu'on s'installait sur les canapés. Je jette un coup d'œil rapide à Valencia qui rejetait la tête en arrière en faisant une grimace. Eh bien, c'était plutôt rapide. Il faut dire que j'en apprenais des tonnes tous les jours avec elle.
— Tu la dévore des yeux. Dois-je en conclure que c'est la bonne ? dit James en s'allumant une cigarette. Il m'en propose une que je refuse.
— Il le semblerait, dis-je en buvant mon verre.
— Est-ce qu'elle le sait ? commence-t-il alors que je plissais des yeux.
— Que tu l'observes depuis le premier jour que tes yeux se sont posés sur elle et que depuis tu as été obsédé par elle jour et nuit, dit-il avec un sourire diabolique sur son visage.
La première fois que je l'ai vue, c'était une journée vive et venteuse. Je sortais d'une réunion très importante avec mes collègues et nous attendions les retardataires pour aller fêter notre victoire. J'étais simplement là, debout, à regarder les gens et à laisser passer le temps en attendant qu'ils arrivent. Les enfants s'accrochaient aux mains de leurs parents, essayant de ne pas être emportés par le vent. Les vieilles femmes marchaient à petits pas hachés, espérant ne pas être renversées par sa force. Les hommes tenaient leurs vestes de costume et les femmes à leurs jupes. Les ordures tourbillonnaient comme des tornades miniatures et les feuilles dansaient dans la brise.
Derrière moi, j'entendis le son distinct du papier déchiré suivi par les sons d'une femme qui s'avançait vers le building.
Ensuite, je l'ai vue. Ses cheveux d'ébène soufflaient sauvagement dans les vents d'avant la tempête alors qu'elle se penchait pour rattraper aussi vite qu'elle put les morceaux de papier qui s'éparpillaient. Son visage était renfermé et elle avait l'air en colère, sûrement contre l'auteur de cette lettre. Puis soudain son visage s'accroche au mien mais immédiatement elle détourne les yeux, comme si elle était timide pour être vue, ou plus comme si elle ne m'avait pas vu. Je pouvais à peine entendre sa voix mélodieuse dans les vents violents alors qu'elle conversait avec la femme qui venait de la rejoindre. Elle n'était qu'à quelques mètres de moi et pourtant j'avais l'impression qu'elle ne me remarquait pas. Puis ensuite elle sort une cigarette et se l'allume alors qu'elle continuait de discuter.
Ses yeux se tournèrent brièvement vers moi et s'éloignèrent rapidement, ses yeux verts surprenants me fixant. Une légère rougeur se glissa dans ses joues alors qu'elle réalisait que ses actions avaient été observées. Avant qu'elle n'éteigne sa cigarette et passe furtivement à mes côtés, rentrant dans mon entreprise. Elle devait sûrement y travailler, bon point pour moi si je voulais la retrouver.
— Non. Et elle ne le saura jamais, dis-je, la mâchoire contractée.
Lana se rapproche de nous et vient s'asseoir sur les genoux de James avec un sourire. Je regarde Valencia qui se tenait debout et regardait en bas à la recherche de quelqu'un, il me semble. James s'excuse auprès de tout le monde puis sort de la pièce. Me laissant seul avec Lana.
— Tu sais, je vous regarde et je me dis comment vous deux vous avez fini par vous rencontrer. Tu n'es pas vraiment la personne avec qui je la voyais.
Forcément, j'avais cru comprendre qu'elle et Valencia se connaissaient depuis deux ans.
— Elle va te bouffer, reprend-elle.
— Je te connais, Carlos, et le visage que tu lui montres pour essayer de l'avoir finira par éclater, et il faudrait mieux qu'elle éclate plutôt, si tu vois ce que je veux dire, dit-elle en croisant ses jambes.
— Non, justement, je ne vois pas, dis-je en reculant dans le canapé.
— Tu te montres gentil et attentionné avec elle, mais elle te bouffera, et au sens littéral. Je connais Valencia bien au point de te dire qu'elle n'est pas du genre à se laisser faire. Et plus tu lui montreras de l'attention, plus elle te sous-estimera. Et elle te fera la misère jusqu'à te faire craquer.
Au moment même où elle termine sa phrase, Charlie vient se poser sur mes genoux, et je grimace alors que Lana rigolait. Valencia se retourne vers nous, prétextant aller aux toilettes.
— Et ça commence maintenant, dit Lana avec un sourire en coin.
James revient alors que Valencia sortait de la pièce, et on se mit à discuter entre nous. Après ce qu'il me semble être de longues minutes, je me lève finalement et me rapproche de la vitre teintée, les mains dans les poches, à la recherche de Valencia. Je ne mets pas longtemps à la trouver, elle était assise au bar et discutait avec une autre femme. Je reconnais Natasha alors qu'elle se tournait vers moi en levant son verre en l'air. Combien de shots avait-elle pu s'enfiler ? Je fais une grimace alors qu'elle buvait d'un coup son verre. Elle s'ébouriffe les cheveux pendant quelques secondes avant de se lever et se diriger vers la piste de danse.
Lorsqu'elle rentre dans la piste, un cercle se forme autour d'elle et bientôt des hommes viennent se coller à elle. Je n'allais pas réagir. Oh non, au contraire, je suis impatient de voir comment elle allait réagir.
Elle me lança un regard innocent avant de se coller à l'un des hommes présents, son corps se mouvant avec une sensualité évidente. Elle commença à se déhancher, ses hanches se balançant au rythme de la musique. Un frisson me parcourut alors que je l'observais, ses mains se posant sur les bras de l'homme, et elle resserrait son étreinte autour de lui. La scène se déroulait devant moi comme un spectacle que je n'avais pas prévu, et pourtant je ne pouvais détourner les yeux. Elle dansait de manière provocante, leurs corps se frôlant, leurs bassins se collant avec une aisance déconcertante.
Ma gorge se serra et je déglutis difficilement. Je sentais la tension monter en moi, mais je ne pouvais pas la laisser continuer ainsi. Elle savait exactement ce qu'elle faisait, et cela m'irritait profondément. Je la fixais avec intensité, elle me rendait mon regard, ses yeux étincelants de défi. C'était à ce moment-là que j'ai pris ma décision.
Je m'éloignai précipitamment, traversant la salle bondée, mes pas résonnant dans le bruit de la musique. James m'appelait, mais je ne le remarquais même pas. Une seule chose comptait : Valencia. Je devais la reprendre, la ramener dans mon monde, là où elle n'était pas libre de jouer avec mes nerfs.
Une fois arrivé en bas, je me frayai un chemin à travers la foule. Mon regard chercha immédiatement Valencia, et je la repérai rapidement, son regard accrochant le mien. Elle me sourit, un sourire satisfait, presque moqueur, comme si elle avait tout prévu. Je me dirigeai vers elle, la saisissant par le bras et la détournant brutalement de l'homme. Elle se débattit, essayant de se dégager, mais je la maintenais fermement.
— Eh, qu'est-ce que tu fais ? protesta-t-elle, visiblement surprise par ma réaction, tout en essayant de se libérer de mon emprise.
— Qu'est-ce que je fais ? répétai-je, ma voix teintée de colère. Tu oses me poser cette question, Valencia ? Tu veux vraiment que je sois dur avec toi ? Alors je vais l'être. Ce soir, tu vas voir une autre facette de moi.
Elle recula d'un pas, semblant hésiter, mais je pouvais voir dans ses yeux qu'elle savait que je n'étais pas en train de plaisanter. Elle me regardait, son expression changeant légèrement, comme si elle réalisait enfin qu'elle avait peut-être franchi une limite.
Je la fixai avec un regard froid et déterminé, ne la lâchant pas du regard.
— Maintenant, on rentre. dis-je d'une voix glaciale, un ordre ferme.
Elle ne répondit pas tout de suite, mais je sentais la tension entre nous grandir. Elle savait que ce n'était plus un jeu.
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