# - 𝖫𝖾𝗌 𝖣𝖾𝗋𝗇𝗂𝖾𝗋𝗌 𝖱𝖾̂𝗏𝖾𝗌 𝖣'𝗎𝗇𝖾 𝖬𝖾̀𝗋𝖾
𝖤𝗍 𝗉𝗎𝗂𝗌 𝗎𝗇 𝖻𝖾𝖺𝗎 𝗃𝗈𝗎𝗋,
𝖾𝗅𝗅𝖾 𝗌'𝖾́𝗍𝖺𝗂𝗍 𝖺𝗋𝗋𝖾̂𝗍𝖾́ 𝖽𝖾 𝗋𝖾̂𝗏𝖾𝗋. ☽
Cette nuit-là, la lune n'était qu'un simple croissant imperceptible dissimulé derrière les épais nuages qui dominaient le ciel nocturne, une nuit plutôt glaciale pour un mois d'avril qui venait tout juste de débuter après que les douze coups de minuit aient sonnés. Il s'agissait du premier soir depuis un long moment où Marie se sentait aussi vide en n'ayant plus aucune force sur ses épaules pour supporter tout le poids qui s'y accumulait sans qu'elle ne puisse s'en débarrasser.
L'abîme dans son cœur se creusait, observant ce ciel d'un regard dénué d'intérêt alors que sa plus jeune fille s'inquiétait de ce silence devenu pesant. Dans les trente secondes qui suivront ce soupir que cette femme venait de lâcher, Kazuko commencera à se ronger les ongles tandis que son rythme cardiaque se mettrait à accélérer dangereusement.
Marie pouvait parfaitement le deviner, une mauvaise habitude qu'elle-même possédait et qui s'était involontairement transmise à sa benjamine. Qu'est-ce qu'elle aurait souhaité que Kazuko n'hérite en rien de ses défauts... et que cette pointe de dégoût ne refasse plus jamais surface malgré elle à chaque fois que ses pupilles verdâtres se posait sur l'innocence que représentait la plus jeune de ses enfants.
— Je te dois des excuses, Kazuko...
L'adolescente de quinze ans plissa le regard et ne comprit absolument pas les excuses soudaines de sa mère en son égard, prononcée d'une voix si faible et accablée par le désespoir qu'il était difficile de ne pas s'en inquiéter.
— Tu as dû te sentir bien seule ces derniers temps, n'est-ce pas ? Tu sais... Je dois t'avouer qu'avec tout ce qui se passe... j'ai l'impression de devenir folle...
Cette fois-ci, comme Marie l'avait deviné, la plus jeune se mit à se ronger les ongles tandis que son cœur devait certainement battre un peu plus rapidement, signe d'une angoisse naissante. L'air autour d'elles semblait avoir changé, le calme était loin d'être serein tandis que Kazuko sentit que l'atmosphère devint pesante et lourde. Elle était terrorisée pour une raison qu'elle ne saurait l'expliquer.
— S'il te plaît... ne t'empêches jamais de rêver... Ces doux songes sont une partie de ton existence, une histoire perdue dans le temps qui est la tienne...
La voix de Marie semblait si douce à cet instant que le regard de Kazuko s'illumina un bref instant avant qu'elle sentit son estomac se nouer pour une raison qu'elle ne saurait l'expliquer. Lentement, elle aperçut sa mère quitter des yeux ce ciel dépourvu d'étoiles avant de se retourner pour lui faire face, un sourire s'étant étiré sur son visage pâle et larmoyant.
— De toute ma vie... Continua-t-elle d'une voix affaiblie, je n'ai jamais réussi à apercevoir la moindre trace d'un quelconque rêve... Mon existence toute entière se résume aux cauchemars... et il s'agit de ces mêmes cauchemars qui sauront me libérer... Plutôt ironique, n'est-ce pas ?
— ... Maman, je ne comprends pas... Qu'essaye-tu de me dire...?
Un petit rire quitta les lèvres de la femme sous le regard perdu de sa fille, ne pouvant s'empêcher de trouver la politesse de la benjamine totalement adorable. Puis elle venait à culpabiliser, se demandant pourquoi diable l'avait-elle choisi comme exemple depuis sa tendre enfance alors qu'elle n'était qu'une loque vide depuis presque sept ans ?
— Je suis une mère horrible... et encore aujourd'hui, tu vas devoir faire face à quelque chose qui dépasse l'entendement si je peux me permettre... Je suis tellement désolée mais je n'ai pas le choix...
Suite à ces paroles dénuées de sens, Kazuko se figea d'horreur tandis que des ombres se dessinèrent derrière sa mère, des silhouettes humanoïdes qui l'agrippèrent fermement au point de l'étouffer, l'alter de sa mère que cette dernière n'utilisait jamais. Mais la jeune femme n'en fit rien bien au contraire, elle en esquissa un simple sourire alors que les larmes continuaient à couler sur son visage, brûlant cette peau blanche qu'était la sienne.
— Laisses tes rêves te guider ma chérie... Laisse les te montrer le chemin à suivre à travers cet enfer qu'est cette maudite réalité... Soit la maestra de ta propre symphonie.
L'une des deux ombres cauchemardesques présentes derrière Marie fut plus perceptible et divulgua un visage effrayant, esquissant un sourire diabolique à l'adolescente qui peinait à rester sur ses deux jambes. Puis, son souffle fut coupé lorsque cette abomination vint mordre violemment la nuque de sa mère.
— ...Eh ? Laissa échapper la plus jeune.
Son regard tremblait, le sang coulait à flot en tâchant au passage le sol bétonné. Marie semblait nullement ressentir la douleur, seule sa respiration s'était accélérée tandis que son sourire demeurait toujours sur son visage. La deuxième ombre, qui prenait plus de temps à se former, dansait joyeusement tandis que sa congénère prenait un malin plaisir à dévorer sa maîtresse.
— Crois-moi... C'est mieux ainsi... Murmura-t-elle sereinement. De cette façon... ils ne parviendront jamais jusqu'au bout... de leur plan...
Sous l'effroi, Kazuko s'écrasa lentement au sol alors qu'elle observait ce spectacle atroce sans parvenir à lever le petit doigt. Elle était confuse, perdue dans ce moment qui lui semblait irréel et totalement hors du temps. Tout lui semblait n'être qu'une chimère que son esprit avait façonné, maudissant ces crises d'insomnies qui étaient persistantes dernièrement.
Elle était loin de se rendre compte qu'elle se plongeait dangereusement dans le déni.
— Je n'ai jamais rien regretté, tu sais...? La seule chose pour laquelle j'aurais tout donné... afin d'effacer une erreur du passé... est certainement d'avoir pris la fuite... Mais je me dis que, si je venais à corriger ce qui me semblait être... une erreur... je n'aurais jamais pu vous mettre au monde tes frères, ta sœur et toi... Et je refuse cette idée...
Puis elle réalisa au moment où cette deuxième ombre prit également forme, bien plus effrayante que sa partenaire, et marqua violemment le visage de Marie à l'aide de ses griffes acérées, un rire strident quittant ses lèvres déformées tandis qu'elle était dépourvue de vue. Kazuko se releva avec difficulté mais quelque chose la plaqua immédiatement au sol, ne parvenant à savoir de qui ou de quoi il s'agissait. Tout ce qu'elle parvenait à voir dans sa panique était le bras tendu de sa mère en sa direction.
— Maman ! Cria-t-elle soudainement en essayant de se libérer. Maman !
Mais Marie ne broncha pas et son sourire fut plus attendrie malgré le sang qui coulait depuis son visage et sa nuque gravement blessé, la douleur étant toujours aussi inexistante selon elle. La jeune femme recula de plusieurs petits pas tandis que ces ombres dansaient joyeusement autour d'elle en essayant de cibler une autre partie de son corps qu'elles pourraient déchiqueter afin d'y mettre un terme.
Tel était le désir de leur maîtresse.
— Je ne voulais pas... te montrer ça... je te l'assure... mais ce cauchemar doit devenir tien... et toi seul peut le dompter à ta guise... Tu sais... ton père m'a rendu tellement heureuse... je ne me suis jamais sentie aussi vivante... qu'en étant à ses côtés... J'aurais espéré lui dire ça bien avant...
— Tu pourras toujours lui dire maman ! Répondit Kazuko entre deux sanglots. S'il te plaît, laisse-moi juste venir vers toi ! Ne me laisse pas toi aussi...
Mais Marie ne fit rien et secoua tristement de la tête en observant calmement sa fille prisonnière par une troisième ombre qu'elle avait conçue, celle-ci étant loin d'être effrayante comme ses deux congénères. Ces dernières se remirent en action suite à un ordre silencieux qui leur a été donné. Celle au sourire diabolique vint grignoter la chaire de la jeune femme tandis que celle aux griffes acérées pris un malin plaisir à la torturer en venant la transpercer tout près des organes vitaux.
— Quand Reina se réveillera... tu voudrais bien... l'embrasser pour moi...?
La jeune femme continuait de reculer, mobilisant ses dernières forces jusqu'à s'arrêtant net dans sa marche, frôlant la rambarde de ce pont imposant où l'eau se trouvait à plus de quelques centaines de mètres plus bas, assurant la noyade pour ceux qui y tomberaient par inadvertance...
Ou qui auraient fait le choix de tomber.
— Non non non non non maman, ne fais pas ça je t'en supplie ! Cria une nouvelle fois la benjamine en se débattant. Ne fais pas ça !
Mais il était déjà trop tard pour faire quoique ce soit, Marie était suffisamment blessée pour y laisser la peau puis les issus vers ce pont a été bloqué par ses soins afin que personne ne vienne les importuner jusqu'à ce que son cœur cesse de battre et que Kazuko puisse être mise en sécurité par la suite. Mettant ses dernières forces dans ses jambes, la jeune femme se tint à présent debout dans cette rambarde en se faisant rage de ne pas écouter les hurlements de sa benjamine.
— Kazuko.
Cette dernière cessa soudainement ses cris mais elle ne parvenait à taire ses sanglots, observant sa mère avec effroi.
— Pardonne ton incapable de mère d'avoir abandonnée.
Puis elle fit un pas en arrière, faisant disparaître cette troisième ombre qui retenait la plus jeune captive. Cette dernière lâcha un hurlement déchirant et courra aussi vite qu'elle le put afin de tenter d'attraper la main de Marie mais elle se figea d'horreur lorsqu'elle aperçut les deux dernières ombres dévorer sauvagement sa mère lors de sa chute alors que cette dernière continuait de sourire, les paupières entièrement close. Le regard de la jeune fille trembla, les larmes commencèrent à couler à flot sur son visage alors qu'elle vit sa mère disparaître sous ses yeux sans même qu'elle ne puisse atteindre l'eau en fin de compte.
Ses cauchemars l'avaient entièrement dévorés à une vitesse sidérante.
Et cette réalité frappa la benjamine de plein fouet que son corps n'était plus en mesure de supporter son poids, s'écrasant une nouvelle fois au sol tandis qu'elle mit une main devant ses lèvres comme réprimant une vague de nausée. Ses larmes furent plus abondantes tandis que son cœur ne parvenait à se calmer, le sentant même se fissurer un peu plus alors qu'il était fragilisé par les récents événements qui l'avaient retourné.
Elle resta silencieuse un long moment avant qu'elle ne laisse une plainte quitter ses lèvres, puis une deuxième, venant lentement compresser sa poitrine affreusement douloureuse à l'aide de ses mains. Puis, sans aucun doute pour la énième fois depuis ces deux dernières semaines, un cri déchirant quitta ses lèvres et ne cessa qu'une fois qu'elle tomba de fatigue, quelques minutes plus tard.
Tout n'était que trou noir par la suite, elle avait vaguement entendu la voix de son père, de son grand frère ainsi que celle de son oncle tel de simple murmure qui lui chatouillaient les oreilles en se disant qu'elle devait simplement rêver.
Un rêve dénué de beauté.
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𝖡𝗈𝗄𝗎 𝗇𝗈 𝗁𝖾𝗋𝗈 𝖺𝖼𝖺𝖽𝖾𝗆𝗂𝖺 : ©𝖪.𝖧𝗈𝗋𝗂𝗄𝗈𝗌𝗁𝗂
𝖲𝗐𝖾𝖾𝗍 𝖣𝗋𝖾𝖺𝗆 : ©𝖦𝗅𝖺𝗓𝖾𝗅𝗒𝗌
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