𔘓
C H A P I T R E 2 6
𔘓
— EVERYBODY WAS KUN-FU FIGHTIIIING !
La dizaine de personnes assise autour de la table de réunion se tourne vers moi. James Harold, au bout de celle-ci, lève les yeux de son contrat avant de les écarquiller.
L’homme le plus proche de moi me jauge de bas en haut, se penchant exagérément.
— J’aimerais faire votre entretien, s’il-vous-plaît ! je lance en me plaçant dans l’encadrement de la porte, ignorant sciemment la dizaine d’actionnaires éparpillée autour de la table.
Ceux-là m’observent, courroucés. James Harold, lui, se contente de poser son stylo avant de pincer l’arrête de son nez.
— Une seule question me vient à l’esprit… chuchote-t-il d’un air exaspéré, ses paupières se fermant.
— Ah bon ? Une seule ? s’enquit une femme, hébétée.
Me redressant sur le seuil, j’attends ladite question. James se redresse sur son fauteuil, posant son crochet sur la table ovale de bois avant de me demander :
— Pourquoi vous n’avez pas regardé mon agenda ? Je ne l’ai partagé rien qu’à vous pour éviter ce genre de situations.
— C’est trop compliqué, faut un mot de passe.
— C’est absolument faux.
En effet. Mais j’avais la flemme d’installer l’application qu’il utilise et je ne peux jamais dire non à un bon effet de surprise.
Les actionnaires, hébétés, commencent à protester :
— Enfin, James ! Là est l’unique question que vous vous posez ? Personnellement, je demanderais à cette jeune femme où sont passées ses bonnes manières !
— Et surtout, pourquoi elle est déguisée en carotte ?
— Hé ! je proteste vivement. J’apprends les bonnes manières à mon chien.
L’homme ayant demandé la raison de mon déguisement me dévisage, visiblement atterré par la réponse que je viens de lui offrir.
— (T/P), lance doucement Crocodile, est-ce que vous pouvez attendre que ma réunion se finisse, s’il-vous-plaît ?
Je croise les bras en une moue boudeuse, ignorant le froissement de ma tenue. Il observe celle-ci dans le silence intense des lieux.
Puis, dans un soupir, il ferme son carnet et se lève. Aussitôt, un homme s’exclame :
— Quoi ? Vous allez vraiment partir ?
— Ma collaboratrice a de toute évidence besoin de ma présence alors oui.
— Mais enfin ! Nous sommes loin d’avoir terminé ! Une campagne est bientôt prévue et…
— Voyez ça avec mon assistante, tranche le PDG en marchant jusqu’à moi en toute hâte.
Légèrement surprise, je me décale pour le laisser sortir dans le couloir. Aussitôt, sa main accroche mon bras et me traine derrière lui. Des protestations retentissent, qu’il étouffe en fermant la porte.
Sa main toujours solidement enfermée sur mon bras, il me traine à sa suite. Atterrée, je marche derrière lui à toute vitesse. Nous courrons presque jusqu’à l’ascenseur.
— Mais enfin ! je m’exclame en marchant à toute vitesse. Je pouvais attendre !
— Pas moi. Ces réunions sont chiantes à mourir. Vous venez de me sauver la mise et je vous en dois une.
— Un virement serait la meilleure manière de me remercier, je déclare aussitôt.
Arrivant à l’ascenseur, il prend le temps de hausser un sourcil réprobateur en ma direction avant de pouffer de rire.
— Quoi ? je lâche tandis que l’ascenseur s’arrête à notre hauteur dans un tintement aigue.
— C’est très compliqué de vous prendre au sérieux quand vous portez ce déguisement. Et puis sérieusement, Hermès n’a toujours pas appris à laisser les carottes tranquilles ?
— En réalité, j’ai mis ça parce que c’est la tenue la plus professionnelle qu’il me reste, dans mon linge propre.
Il met quelques secondes avant d’entrer dans l’ascenseur, atterré par ce qu’il vient d’entendre. Surprise, je le dévisage :
— Quoi ?
— Mais à quoi peut bien ressembler votre garde-robe pour que ça soit la tenue la plus professionnelle que vous déteniez dedans ?
Mes épaules se haussent. Cela fait un sacré moment que je n’ai pas fait de lessive. Il faut dire que je suis très obnubilée par…
Ma flemme.
— Vous n’avez pas faim ? me demande-t-il en appuyant sur le bouton du rez-de-chaussée. Je meurs de faim et je ne suis pas en état de faire une interview. Cette réunion m’a assommé.
— En fait, j’ai déjà prévu de manger avec quelqu’un à…
— Parfait, je vous accompagne.
Mes lèvres se pincent et je fronce les sourcils.
— Je ne suis pas sûre que…
— Ecoutez, vous m’avez pratiquement mis un couteau sous la gorge pour me faire quitter cette réunion alors la moindre des choses est que vous restiez avec moi après, lâche-t-il en haussant le menton théâtralement.
Je l’observe quelques instants. Un couteau sous la gorge ? Il s’est punit tout seul en partant, ce trou de balle.
— C’est pas fatiguant ? je demande.
— De ?
— D’être une diva-drama-king.
L’ascenseur s’immobilise au rez-de-chaussée. Il s’observe dans le miroir des portes métallisées avant qu’elles ne s’ouvrent. Alors, ignorant la foule de personnes voulant entrer, il me lance :
— Je crois que vous avez une très mauvaise influence sur moi.
Là-dessus, il sort de la cage. Atterrée, je ne réagis pas tout de suite, me contentant de le contempler tandis qu’il s’en va d’un pas décidé.
Les quelques personnes devant l’ascenseur commencent à s’impatienter et entrent sans attendre que je descende. Alors, en toute hâte, je le rejoins, jouant des coudes pour sortir.
James, qui m’a déjà distancée de plusieurs mètres, se dirige résolument vers les sasses de sécurité. A hauteur de ceux-ci, l’agent de sécurité qui m’a sévèrement recalée, il y a deux jours, me reconnait visiblement.
Son regard se durcit et il me fusille de celui-ci.
— Un problème avec mon style intemporel, tête de cul ? je lâche en atteignant la hauteur de James, regardant l’homme avec un sourire.
Surpris, Crocodile se tourne pour savoir à qui je parle. Dès qu’il reconnait l’agent, ce dernier baisse les yeux.
— Non, aucun. Bonne journée, monsieur le PDG.
D’un même pas, nous sortons de l’entreprise. Et, à peine l’air de l’extérieur caresse-t-il mon visage que la voix de Crocodile résonne, dans mon dos :
— Utiliser ma présence pour vous venger sur l’agent de sécurité… Vous abusez de mon pouvoir.
— Faut bien que vous serviez à quelque chose, à un moment.
Il pouffe, visiblement pas réellement ennuyé par la façon que j’ai eu d’accoster l’agent de sécurité. M’emboitant le pas, il se laisse guider vers le restaurant.
— J’ai une réservation à 13h00 dans un petit restau, pas loin, je lâche. Je pense qu’on pourra ajouter une personne.
— Pourquoi vous avez interrompu ma réunion si vous comptiez manger avec quelqu’un d’autre ? On aurait pas pu faire l’interview, de toute façon, puisque votre déjeuner était prévu.
— Ah mais je comptais pas vous interviewer, juste vous faire chier, je rétorque aussitôt sans lever le nez du GPS, sur mon téléphone.
— Vous avez au moins le mérite d’être honnête.
Tournant la tête, je surprends son regard, sur moi. Celui-ci me détaille de haut en bas avant qu’il ne demande :
— Vous êtes sûre que ce restaurant va vous autoriser à rentrer, habillée comme ça ?
— C’est un restau vegan.
— Ça n’explique absolument rien. Et le fait que vous pensiez le contraire est hautement perturbant.
— C’est vous qui êtes perturbé…
Il lève les yeux au ciel. Je le regarde en détail, tentant de trouver rapidement quelque chose sur lequel je pourrais le tacler.
Mais rien ne vient, alors je lâche simplement :
— …A sécher vos réunions avec vos actionnaires…
Il s’arrête brutalement de marcher. Surprise, je mets quelques instants avant de l’imiter. Là, me tournant vers lui, j’intercepte le regard de quelques passants.
Beaucoup me dévisage à cause de mon costume. Mais je crois que je m’en fous sincèrement.
Observant Crocodile, je surprends la moue déconfite qu’il affiche :
— Quoi ? je lâche.
— Vous me décevez.
Éberluée, je hausse un sourcil et il s’explique :
— Vous avez une meilleure répartie, d’habitude.
Mes épaules se haussent.
— Que voulez-vous, la fatigue, la crise économique, les guerres…
— Pour une journaliste, vous avez une capacité d’argumentation aussi élaborée que celle que j’ai à applaudir.
Je ne réagis pas à sa pique. Il ajoute alors :
— Parce que je suis manchot.
Je le fixe d’un regard consterné.
— La blague c’est que je suis manchot. Donc je peux pas applaudir.
Je demeure inerte.
— En fait, le truc drôle c’est que les manchots n’ont qu’une main et pour applaudir il en faut deux alors c’était une comparaison avec…
Le silence devient lourd.
— Enfin…
Nous nous observons en chien de faïence, jusqu’à ce qu’il lâche :
— Rigolez, s’il-vous-plaît.
Mais je n’ai pas le temps de réagir qu’une silhouette s’arrête, juste à côté de Crocodile. Une femme à la splendide chevelure rousse lâchée, tombant autour de sa taille de guêpe soulignée par sa robe moulante noire.
Les lèvres de l’ex-femme de James s’articulent en un sourire quand elle nous salue.
— Bonjour ! Je ne suis pas en retard, j’espère ?
L’homme se fige en reconnaissant la voix de son ancienne épouse. Ses yeux s’arrondissent avant de me fusiller lorsqu’il lâche :
— C’était elle, votre déjeuner ?
Mes épaules se haussent.
— Me regardez pas comme ça, je vous avais prévu de pas venir manger avec nous.
— Non, vous ne m’aviez pas dit qu’elle serait là ! tonne-t-il comme si Candice ne l’entendait pas.
Peu intéressée par ses états d’âmes, je lâche :
— Bon bah maintenant, c’est fait. On y va !
Sans leur demander leur avis, je pénètre le restaurant derrière nous. Ils me suivent, embarrassés. Aussitôt, l’hôtesse d’accueil lève la tête pour nous saluer :
— Bonjour, que puis-je faire pour vous ?
— Bonjour, on a réservé deux heures de déjeuner super craignos et gênant, s’il-vous-plaît !
𔘓
j'espère que ce
chapitre vous aura
plu !!
à nouveau en roue libre
la (t/p)
𔘓
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