𝐌𝐚𝐫𝐢𝐚𝐠𝐞 𝐫𝐨𝐲𝐚𝐥 𝐞𝐭 𝐬𝐚𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐛𝐚𝐥
Toi aussi, tu mérites le bonheur.
Cela fait des jours que je repense à cette phrase.
Je pensais être heureuse. Je le pensais sincèrement. J'avais Javotte, ma mère et mes rêves de royauté. Seulement, une pauvre orpheline vient de me prouver le contraire.
Cendrillon m'envoie souvent des lettres. Elle, elle est heureuse avec son château, son prince et son mariage qui approche. Je l'avais toujours considéré comme la méchante de l'histoire. Après tout, n'est-ce pas ainsi que se déroulent les contes de fées ? Un méchant, un gentil. Un gagnant à la fin.
Seulement, les vilains ne sont pas censés remporter le dénouement heureux. C'est le rôle de la princesse...
C'était mon rôle. C'était ce que je croyais.
J'avais présenté mes excuses à Cendrillon, et elle m'avait pardonnée. C'est le plus important.
Maintenant, à moi d'être heureuse.
Je fixe mon reflet dans le miroir.
Je regarde cette tignasse rousse, ces cernes mal camouflés et ces grandes oreilles.
Je tourne sur moi-même, et ma robe s'agite en un léger bruit de froufrou. Le tissu bleu nuit me caresse les jambes et les perles scintillent doucement. C'est la robe que j'avais dessinée pour le bal. Je me souris timidement...
Je suis belle.
Javotte déboule en trombe dans ma chambre.
— Tu es prête ? Cendrillon a accepté de nous envoyer un carrosse, puisque Mère ne veut pas nous amener. Nous partons bientôt.
Cécilia ne voulait pas assister au mariage de sa belle-fille, et elle nous y interdisait de nous y rendre.
Mais je n'aurais manqué ça pour rien au monde.
— J'arrive.
***
La salle est pleine. Le royaume attendait avec impatience le mariage de leur futur roi et de sa mystérieuse princesse depuis des jours.
L'air sent les bleuets et les effluves du festin. Le temps est à la fête, je m'approche de la table en observant Javotte valser avec Jacob.
Une majestueuse jeune fille s'approche de moi. Ses soyeuses mèches blondes sont retenues en un chignon choucroute sous un voile d'une blancheur immaculée, et elle porte une magnifique robe blanche bleutée.
Cendrillon. Princesse Colombe.
La future reine me serre dans ses bras. Je réponds à son étreinte et enfouis la tête dans son épaule. Elle sent les fleurs de prés.
Aux bouts de quelques secondes, je m'éloigne et la regarde fièrement.
— Félicitations.
Les oiseaux pépient. Une souris grimpe sur l'épaule de Cendrillon.
Elle m'adresse un sourire ému.
— Merci.
Un silence s'installe, je ne sais plus que dire. La princesse brise le silence.
— Je serais toi, j'irais voir ce jeune homme, lance-t-elle avec un coup de menton et un sourire malicieux. Il te dévore du regard.
Je me retourne et aperçois un joli brun quelques mètres plus loin.
S'apercevant qu'il a été remarqué, il rougit et plonge le nez dans son verre de champagne. Je le reconnais.
C'est Foucault de Roche Bleu, le garçon du bal.
Je sens mes joues devenir écarlates et je cherche du soutien chez Cendrillon. Elle a disparu.
Un jeune homme s'éclaircit la gorge en s'approchant.
— Hum... Veux-tu danser ?
Je ne me souvenais pas qu'il était aussi timide. Je ne me souvenais pas non plus de la sensation de mes paumes devenant moites quand je l'apercevais...
J'accepte et Foucault m'attire vers la piste. Il passe une main dans ses cheveux, comme pour dissimuler un certain malaise. Je trouve ça plutôt mignon.
On danse au rythme des violons.
On est loin de la danse rêvée avec mon prince, Foucault me marche sur les pieds et se trompe sur les pas. Ça ne me dérange pas, je trouve cela plus drôle. Je rigole en me moquant gentiment de lui.
Nos regards se croisent. Je plonge dans le sien, bleu foncé. Il me sourit d'un air malicieux. Je me laisse emporter par la danse et me surprend à rigoler.
Je crois que je suis heureuse.
𝓕𝓲𝓷
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