Chapitre 01
Écouteurs dans les oreilles, je marche dans les rues de Londres.
Je viens de sortir du boulot, je suis censé rentrer chez moi, mais je n'en ai pas envie. Rentrer veut dire se retrouver seul et si d'habitude cela ne me dérange pas, ce soir c'est différent. Je sais que je vais m'effondrer à la minute où je vais fermer la porte de chez moi. J'ai cette envie de pleurer au fond de moi depuis que j'ai ouvert les yeux. Si j'ai réussi à ne pas craquer jusqu'ici, je sais qu'une fois chez moi, je vais tout lâcher.
Il y a des jours comme aujourd'hui où tout est juste trop difficile. Des jours où j'ai juste envie d'abandonner, de tout laisser tomber et de hurler un bon coup. Hurler sur quelqu'un, n'importe qui, la première personne qui croisera mon regard. Hurler pour dire que ça suffit. Hurler pour dire que j'abandonne, que c'est trop dur et que je suis à bout.
Aujourd'hui est un jour où j'ai envie de hurler ma douleur, mais comme d'habitude, au lieu de montrer ma peine, je me renferme sur moi-même. Je me tais. Je me contente de sourire faussement pour faire croire à tout le monde que je vais bien. Pour être honnête, parfois, j'arrive même à me persuader que je vais vraiment bien. C'est ridicule, n'est-ce pas ?
Je ne vais pas bien, c'est un fait. Tout le monde le sait, mais faire semblant est plus facile que d'avouer qu'on est au fond du trou.
Alors que je traverse un passage piéton, une musique que je connais que trop bien résonne dans mes oreilles. J'entends les premières notes et mon cœur se serre douloureusement. C'était sa chanson préférée.
Anéanti, je laisse finalement mes larmes envahir mes joues. Après tout, pleurer est devenu une habitude alors pourquoi me cacher ? De toute façon, personne ne verra quoi que ce soit. Je ne suis rien. Je ne suis personne. Pourquoi les gens se feraient-ils du souci pour un pauvre mec qui pleure ? Il n'y a aucune raison que ça arrive.
Je renifle tout en continuant d'avancer en direction de mon appartement. Je n'en peux plus. Je ne suis qu'un lâche, un moins que rien incapable d'affronter ses peurs et ses angoisses. Je chiale toutes les cinq minutes. Pour couronner le tout, il y a cette voix dans ma tête qui continue de me pourrir la vie. Elle me rabaisse, me rappelle à quel point je suis nul et sans importance. Elle prend un malin plaisir à me mettre plus bas que terre et moi, incapable de passer outre, je flanche. Je me laisse emporter vers le fond sans même chercher à me battre.
C'est fini. Ce n'est plus la peine que je lutte. Elle a gagné, je le sais. C'est trop tard.
L'esprit trop occupé par mes pensées douloureuses, je ne fais pas attention à ce qu'il se passe autour de moi et fonce sur quelqu'un. Sonné, je relève la tête et ma respiration se coupe brutalement. Deux perles bleu océan me fixent. C'est un homme légèrement plus petit que moi et plutôt mignon, je dois bien l'avouer. Honteux de me montrer si vulnérable, je détourne le regard.
- Hey... tout va bien ? demande-t-il d'une voix douce.
Je cligne des yeux, surpris qu'il m'adresse la parole et bafouille.
- Désolé...
Pris de panique, je m'enfuis en courant sans même qu'il ait le temps de me dire quoi que ce soit d'autre. Je ne suis qu'un putain de lâche. Un lâche même pas capable d'adresser un mot à un inconnu.
***
6h30.
Je me réveille avec une douleur infernale dans le crâne. J'ai passé une nuit horrible à pleurer. J'ai dû fermer l'œil une ou deux heures seulement et ma tête a décidé de me le faire payer. C'est sans aucune motivation que je sors de mon lit et file sous la douche pour essayer d'effacer cette impression de gueule de bois sans avoir bu une seule goutte d'alcool.
Une fois terminée, je m'habille et me regarde dans le miroir. J'ai des cernes horribles, le teint cadavérique et les yeux rouges d'avoir trop pleuré. Je ne ressemble à rien. Je déteste ce foutu miroir et l'image qu'il me renvoie. J'ai envie de vomir dès que j'aperçois mon putain de reflet dans cette merde. Ça fait mal, putain ouais... ça fait mal de me voir si détruit. Je n'étais pas comme ça avant. J'étais même tout l'inverse. Un garçon toujours souriant, joyeux avec un joli sourire que tout le monde adorait grâce à mes deux fossettes qui apparaissaient automatiquement. Maintenant, mes sourires se font rares parce que je suis brisé.
Je prends tout de même le temps de me faire un thé. C'est la seule chose qui passe le matin. Pendant que l'eau chauffe, je repense à lui, ce garçon aux yeux bleus que j'ai percuté la veille. Je n'avais jamais vu des yeux aussi bleus, aussi pétillants, autant remplis de joie de vivre. Ça m'a frappé, tellement fort que j'en ai eu le souffle coupé quelques secondes. Bon sang, il était charmant. Je repense alors à la manière dont j'ai agi avec lui. Quel crétin ! Il a voulu être gentil et moi je me suis barré. Putain de lâche ! Il a dû me trouver tellement pathétique. Un pauvre garçon perdu, les yeux rouges, le visage rempli de larmes.
Minable.
***
7h30.
J'arrive à la librairie où je travaille. Lottie m'y attend déjà avec un thé et quelques viennoiseries que j'aime particulièrement. Cette fille est un véritable amour. Elle prend soin de moi avec tellement de douceur. Je la connais depuis que je travaille ici. Quatre années qu'elle me supporte, moi et mes crises d'angoisse. Elle a réussi à m'apprivoiser et on peut dire que ça n'a pas été chose facile. Elle a bataillé pendant presque deux ans, mais elle a réussi à percer ma carapace.
J'entre dans la boutique, faisant sonner le carillon. Lottie lève automatiquement la tête de son bouquin avec un sourire éclatant qui disparaît lorsqu'elle me voit. Elle fait le tour de la caisse et vient me prendre dans ses bras. Sa chaleur me fait du bien et réchauffe un peu mon cœur anéanti. Sans me lâcher, elle me demande,
- Mon dieu, Hazzy, qu'est-ce qu'il se passe ?
- Rien, Lottie, ne t'en fait pas, juste une mauvaise nuit
Je mens en la serrant plus fort dans mes bras.
- Tu es sûr ? insiste-t-elle en s'écartant pour plonger son regard azur dans le mien.
- Ne t'inquiète pas, ça va, je tente de la rassurer comme je peux avec un faux sourire.
Après quelques nouvelles secondes de silence, elle me relâche et reprend avec son incontournable sourire, même si je sais qu'elle ne me croit pas,
- D'accord, allons manger un bout. Je t'ai acheté des pains au chocolat, je sais que tu adores ça.
- T'es un ange, Tommy est chanceux de t'avoir dans sa vie.
Mon amie et moi mangeons tranquillement. Je me force un peu pour lui faire plaisir et pour ne pas qu'elle s'inquiète encore plus pour moi.
Nous ouvrons la boutique à huit heures. Lottie prend place à la caisse pendant que je vais ranger les nouveautés en rayon.
J'aime ce boulot. J'aime les livres, leur odeur, ça me détend. Quand j'ai une pause, ils me permettent de m'évader dans des mondes merveilleux où le moindre problème peut être résolu et où l'amour gagne toujours. Ça fait du bien de fuir le quotidien parfois.
L'heure tourne.
J'ai conseillé plusieurs clients et rangé toutes les nouveautés. J'aime aider les gens à choisir un bon livre. J'en ai lu beaucoup alors je peux facilement les guider. Parler de livres me permet de m'ouvrir aux gens. Ils sont comme une sorte de bouclier. Rien ne peut arriver lorsqu'on a le nez plongé dans un bouquin. À vrai dire, c'est le seul moment où je me montre sociable.
Midi arrive vite. C'est l'heure de notre pause-déjeuner. Lottie me rejoint.
- Je déjeune avec mon frère au petit resto du coin, tu viens ? me propose-t-elle gentiment.
- Ton frère ? Qui est parti vivre aux États-Unis?
- Oui, C'est bien ça. Il était parti à New York pour ses études, mais il est revenu. Il va bosser dans le coin maintenant. Alors, tu viens ?
- Oh... euh... non... non merci... je vais aller faire un tour, j'ai besoin d'air, je lui réponds, pas vraiment à l'aise à l'idée de déjeuner avec un inconnu.
- Tu es sûr ? Ça lui ferait plaisir de te rencontrer depuis le temps que je lui parle de toi !
- Certain. On verra peut-être une autre fois, d'accord ?
- Bon d'accord... capitule-t-elle en m'embrassant délicatement la joue. À tout à l'heure, Harry ! Je t'aime !
Je lui réponds par un simple sourire.
J'aime cette fille, du plus profond de mon cœur, mais ces deux mots n'arrivent plus à sortir de ma bouche depuis des années. Seuls Lottie et Niall, mes deux meilleurs amis, me les disent, mais moi je n'y parviens plus. Parce que ce sont les derniers mots que je lui ai dit avant qu'elle ne m'abandonne.
***
La pause déjeuner est terminée. Je suis parti prendre l'air, j'en avais besoin après cette nuit catastrophique. J'ai beaucoup marché. Comme il ne pleut pas aujourd'hui, j'en ai profité. Je n'ai pas mangé, mon ventre était encore trop rempli de mon petit-déjeuner. Depuis que mon moral est au plus bas, je ne mange plus grand-chose. Je n'y arrive pas, ça ne passe pas. J'ai perdu pas mal de poids d'ailleurs ce qui a l'air d'énormément contrarier mes amis. J'essaie, mais c'est vraiment compliqué, j'ai l'estomac bien trop noué. Lottie me surveille, mais je ne veux pas qu'elle s'inquiète pour moi.
Je ne mérite pas qu'on s'inquiète pour moi.
J'arrive près de la boutique quand mes yeux se posent sur lui. Le garçon d'hier ! Celui que j'ai percuté dans la rue. Merde ! Il sort du petit resto d'en face, suivi de Lottie. Elle s'accroche à son bras et ça me frappe. Le garçon aux yeux bleus est le frère de mon amie. Mon cerveau ne réfléchit plus, je suis bien trop sous le choc. Je rentre directement dans la librairie et pars me cacher dans la réserve pour être sûr qu'il ne me voie pas.
C'est une catastrophe !
Je vais être obligé de le revoir !
Non...
Il va me prendre pour un fou ! Il va remarquer à quel point je suis pathétique ! Je me suis ridiculisé devant lui ! J'ai honte ! J'ai honte de qui je suis, d'être si minable, d'être moi. Il est beau, il a l'air si gentil, il a des yeux incroyables et je ne suis que moi : un garçon faible, moche, détruit et sans intérêt.
Les phrases tournent en boucle dans ma tête et sans le voir venir, je commence à paniquer. Je vais faire une crise d'angoisse. Merde ! Ce n'est vraiment pas le moment. Lottie n'est pas là et je sais que je vais être incapable de me calmer tout seul. Pas aujourd'hui.
Le sentiment d'être seul en pleine crise me fait me sentir encore plus mal. Je respire difficilement. Ces mots horribles tournent encore et encore dans ma tête, s'acharnant sur moi. Je panique. Lottie, où est Lottie ? Je sens mon cœur s'emballer dans ma poitrine alors que je n'arrive plus à reprendre ma respiration.
Les larmes aux yeux, je me laisse glisser sur le sol de la réserve. Je vais mourir ici, tout seul.
Stop, Harry ! Calme-toi... Lottie va arriver, tu ne vas pas mourir, tu ne vas pas mourir !
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Hello guys
Le premier chapitre de your hand est enfin corrigé et en ligne. J'espère que celle nouvelle version de l'histoire vous plaira.
Khalie et moi travaillons beaucoup dessus pour la rendre meilleure alors j'espère que c'est le cas.
Je vous fait des bisous.
On se retrouve vite pour les prochains chapitres
All the love
💚💙
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