Chapitre 4 : Un nouvel emploi

Le cœur battant, je pousse la porte du café tout en replaçant vivement deux mèches rebelles derrières mes oreilles. Je dois être parfaite si je veux avoir une chance d'être embochée.

L'espace n'est pas grand, et pourtant il est bien plus chaleureux que n'importe quel endroit de cette ville. Les couleurs vertes foncées et jaunes canaris se marient bien, zigzaguant mutuellement sur les tables ou dans de belles arabesques aux murs. Je m'approche du comptoir, esquivant tables et gens à la mine maussade. La serveuse en cheffe arque un sourcil à ma vue : tout comme la gardienne de mon immeuble, elle est coiffée de cheveux blancs et maquillée de rides :

-Quelqu'un va venir prendre votre commande si vous vous asseyez, dit-elle d'une voix rêche.

-Je ne suis pas venue pour ça, madame. Je cherche du boulot.

Davantage étonnée, elle fouille un instant devant elle avant de relever le menton, toujours aussi impassible :

-Désolé mam'selle, y a plus de place pour vous ici. Allez deux rues plus loin sur la place, les employeurs postent généralement des affiches.

-Des affiches ?

-Pour des gens qui chercheraient un job, s'exaspère-t-elle, comme si cela semblait évident. Enfin bref. Rend toi là bas et tu trouveras ton bonheur.

Elle me lance un sourire railleur et je recule, agacée de son air mesquin.

-Merci madame, je claque d'une voix sèche.

Je tourne les talons, prend la porte sans même lui souhaiter la bonne journée.

-Quelle vieille harpie ! je grince entre mes dents, les poings serrés.

Je remonte mes épaules jusqu'à mes oreilles, tremblante de froid, et courbe le dos pour me réchauffer. Je marche jusque la place que la serveuse m'a indiquée, grelottante, et me stoppe face au panneau vêtu d'innombrables annonces et publicités. Les couleurs grisonnantes qui en ressortent me paraissent bien ternes à côté du souvenir éclatant des panneaux de Wattpad ; je ravale ma nostalgie et me concentre sur mes recherches. Les regrets n'ont pas leur place dans ma nouvelle vie.

Je me l'interdis.

Je repère alors une annonce ; la calligraphie élégante délicatement rédigée à la plume me tape aussitôt l'œil. L'affiche se démarque des autres par son soin : c'est déjà une belle avancée.

Je me penche pour lire les inscriptions et dicte à voix haute :

-Bonjour. Nous sommes à la recherche de serveu.rs.ses au café des Lait'oux, au numéro de 45 avenue Albert Einstein. Salaire à 1300 euros par mois. Numéro de téléphone : 04 36 59 45 85. Adresse mail : [email protected]. Bonne journée à vous.

Je me redresse, pensive, et étire ma colonne vertébrale endolorie par le froid. L'avenue Albert Einstein est à quatre kilomètres d'ici. Il me faudrait prendre le tram pour m'y rendre. Je hausse les épaules, lâchant un soupire, et tire mon portable : soit. J'ai besoin de cet emploi, qui plus est.

Je note le numéro, l'adresse mail et l'emplacement du café. Je range mon portable et rebrousse chemin, songeuse.

-Je me demande bien qui est Albert Einstein... je murmure, intriguée.

J'ai toujours été douée en histoire, mais voilà que je ne me rappelle pas avoir entendu ce nom quelque part. Je finis par hausser les épaules et lâcher, lasse :

-Il doit être un de ces hommes célèbres d'avant la Grande Révolution.

Je glisse mes mains dans mes poches et m'en retourne dans la rue, incapable de savoir si mon arrivée à Nothing City s'est bien passée ou non.

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