32⚔️Tu es mon roi


RIZAEL


L'erreur de ses compagnons avait été de lui accorder leur confiance aveuglément.

Rizael se retrouvait désormais enfermé, mais la simplicité de ses chaînes lui permit de s'en libérer en un instant. Il ne put s'empêcher de constater le piètre niveau de sécurité de la prison, le comparant involontairement à celui de la demeure de Siryasius.

Le demi-elfe laissa ses pensées errer vers ses camarades d'armes, avec qui il avait tissé des liens solides au fil des années, liens qui semblaient s'être dissipés en un souffle.

Ces relations superficielles s'étaient volatilisées dès qu'il avait montré de l'attachement envers quelqu'un de différent.

Il se reprocha d'avoir réagi de la même manière en découvrant la nature d'Amalia, mais il se sentit également profondément différent de ses compagnons, qui, loin des regards, auraient certainement mis fin à la vie de cette enfant innocente.

Au fil des années et des pertes, la résistance avait perdu de sa grandeur. Ils n'étaient plus les héros qu'ils avaient été autrefois, et la guerre devait prendre fin avant que tout ne bascule irrémédiablement.

Lorsque la porte de sa cellule s'ouvrit pour laisser entrer Oliver Offarios, Rizael ne put s'empêcher de lui adresser un commentaire cinglant :

— Y a-t-il une récompense pour le plus gros traître de l'histoire ? Tu sembles avoir perfectionné cet art. Peut-être pourrais-tu me donner des leçons.

L'occultiste leva un sourcil dédaigneux.

— Tu me répugnes depuis des années. Même en position de faiblesse, tu ne peux t'empêcher d'ouvrir ta grande gueule. Siryasius appréciait cela chez toi, parce que vous êtes tous les deux des dégénérés.

— C'est Tiam qui t'a ordonné de le trahir ? Ou as-tu eu une perte de neurone subite conduisant à cette option ?

— On m'avait parlé du sortilège de Moquerie Cruelle des bardes, mais finalement ce n'est qu'une légende. Tes mots ne me blessent pas.

— Attends de me voir avec un instrument.

— J'ai entendu dire que tu étais un sacré joueur de flûte démoniaque.

Rizael resta impassible alors qu'Oliver semblait se féliciter de sa répartie.

— J'ai pourtant cru que tu serais le premier à souhaiter la chute de Siryasius. Pourtant, tu as réussi à succomber à je ne sais quelle folie. C'est fascinant.

— Tu n'es pas là pour m'écouter parler de celui qui se réjouira de ta mort.

— Quelle mort ? Rizael, ma magie occulte va me permettre de manipuler tes souvenirs et c'est moi qui vais te pousser à tuer Siryasius. La résistance me fait confiance malgré tout ce que j'ai fait. Ils sont bien stupides.

— Et tu l'es d'autant plus en croyant que je vais me laisser faire.

— Tu n'es rien sans arme ni instrument.

— Ne me sous-estime pas.

Soudain, Rizael se mit à siffloter. Alors qu'Oliver s'apprêtait à lancer son sortilège sur lui, il fut contraint de se boucher les oreilles à cause du sifflement de plus en plus strident.

Le demi-elfe se releva avec agilité malgré ses chaînes et bondit sur l'occultiste. Il enroula les chaînes autour du cou d'Oliver et commença à le serrer.

— Tu ne vas pas me tuer ! réussit à articuler Oliver malgré le manque d'air. Tu es Rizael Silverleaf, l'espoir de la résistance ! Pas un meurtrier !

Rizael planta son regard dans les yeux paniqués de l'occultiste, son visage marqué par la détermination.

— Peut-être ai-je passé trop de temps avec un certain cambion.

Malgré les efforts d'Oliver pour se libérer de l'étreinte de Rizael et ses tentatives désespérées pour invoquer sa magie, les chaînes serrées autour de son cou l'empêchaient de concentrer ses pouvoirs. Le souffle lui manquait, et ses mouvements devenaient de plus en plus faibles.

Rizael maintenait sa prise, son visage impassible, bien que ses muscles tiraient sous la tension. Il sentait la force de l'occultiste faiblir peu à peu entre ses mains, mais il gardait son étreinte ferme, ne voulant laisser aucune chance à Oliver de s'en sortir.

Le temps sembla s'étirer dans un silence oppressant, seulement brisé par les efforts étouffés d'Oliver et le battement précipité du cœur de Rizael.

Puis, lentement, les mouvements de l'occultiste s'apaisèrent, ses yeux se vidèrent de toute vie. Rizael relâcha enfin son emprise, laissant le corps inerte d'Oliver s'effondrer sur le sol de la cellule.

Un mélange de soulagement et de culpabilité envahit son esprit. Pourtant, au fond de lui, il commençait à comprendre la satisfaction froide que Siryasius devait éprouver dans de tels moments, la sensation de pouvoir absolu qui accompagnait le contrôle de la vie et de la mort.

L'occultiste n'ayant qu'une dague à peine coupante, Rizael s'en saisit une fois passée la porte pour menacer ses gardes de leur trancher la gorge s'ils donnaient l'alerte. La menace inattendue, émanant de celui qu'ils avaient toujours considéré comme un héros plein de bonté, les figea sur place, obéissant à contrecœur à ses ordres.

— Emmenez-moi à Siryasius.

Les gardes, encore sous le choc de la situation, s'exécutèrent docilement. Arrivé devant la cellule du cambion, Rizael prit le risque de les laisser partir, sachant pertinemment que sa rébellion ne passerait pas inaperçue.

Poussant la porte avec une hésitation palpable, Rizael sentit son souffle se couper.

La cellule semblait vide à première vue, jusqu'à ce que la poigne serrée autour de son cou lui confirma que Siryasius était bien présent.

La force brutale avec laquelle il fut poussé contre le mur le laissa sans voix, écrasant son corps contre la pierre alors que le cambion le fixait d'un regard intense, empreint de sauvagerie indomptée.

— Donne-moi une bonne raison de ne pas te tuer sur-le-champ.

Vraskelia.

— ... Riz ? C'est bien toi ?

— Tu en connais beaucoup des demi-elfes bardes prêts à tout risquer pour sauver un cambion ?

Siryasius dévisagea Rizael avec un mélange d'incrédulité et de gratitude, comme s'il ne pouvait pas croire ce qu'il voyait.

Mais avant que Rizael ne puisse savourer pleinement cette reconnaissance, Siryasius lui asséna un coup de poing si puissant dans le ventre que Rizael se plia sur lui-même, étouffant un grognement de douleur.

— Ça, c'est pour m'avoir trahi en essayant de t'échapper.

— Putain ! Mais tu as reconnu que c'était une évidence !

— J'avoue que tu m'aurais déçu si tu n'avais pas essayé. Mais ça mérite quand même une vengeance.

Rizael saisit alors les cornes de Siryasius et tira avec force, arrachant un cri de douleur à son partenaire.

— Tu es malade ?! s'écria-t-il en se dégageant violemment.

— Ça, c'est parce que tu oses te venger alors que tu as tellement de casseroles au cul que tu pourrais ouvrir un restaurant s'appelant « Mes excuses à Rizael » !

— Touché. Alors, tu es venu pour me tuer ?

— Confiance mutuelle, tu t'en souviens ? Nous sommes égaux et même si l'on me traite de dégénéré à accepter toutes les horreurs que tu as faites, je respecte notre engagement.

Siryasius sembla prendre un moment pour digérer les paroles de Rizael.

— Tu n'étais pas obligé, murmura-t-il finalement, son regard se faisant plus doux.

— Si, parce que tu es mon roi.

Siryasius cligna des paupières, sa surprise laissant place à une réflexion profonde. Puis, il posa un regard intense sur Rizael.

— L'Émissaire des Enfers, nouveau Roi infernal, doit avoir le droit de négocier avec ses geôliers. Pour cela, il te faut des citoyens... Alors je serais le premier.

— Quoi ?

— Fais de moi ton premier citoyen. Dignitaire de la résistance, ou qu'importe. Mais arrêtons cette guerre. Arrête ta conquête, rends les royaumes que tu as conquis et bâtis ton territoire face à l'océan que tu aimes tant, continua Rizael avec assurance.

— Tu me demandes de tout donner ? Ce serait faire preuve de faiblesse.

— Je ne te demande pas de rendre gratuitement. Je te demande d'offrir cette possibilité. Un royaume a besoin de fond pour se développer. Tu dois avoir une fortune conséquente, mais ça ne sera pas suffisant. Vends ce que tu as conquis.

Siryasius sembla prendre du recul, absorbant les paroles de Rizael avec une attention nouvelle.

— Tu veux dire...

— Les paladins et les célestiens pourraient te céder une partie d'un continent entier pour récupérer la Tour Haut-Soleil. Et de très nombreuses personnes avides seraient capables d'accepter et de te racheter les terres conquises. Fais ton profit, fonde ton royaume et tu deviendras immortel dans l'histoire.

— Toi, Rizael, tu me demandes de vendre des royaumes ? Ce n'est pas très héroïque.

— Tu ne l'es pas. Vends les services des Souliers Rouges aux pays se faisant la guerre. Pense « or et argent ». Tu as démontré ta puissance par la force et la cruauté, alors redore ta réputation terrestre par le commerce.

Siryasius resta silencieux un moment, contemplant Rizael avec une nouvelle admiration mêlée de perplexité.

— Tu es... fascinant. Mais Beatrix ne-

— Elle est d'accord pour la tour et elle approuve mon plan. Je l'ai aidé à se libérer hier soir. Tout comme j'ai fait sortir Grall, Xol, Thalion et Amalia. Ils sont en sécurité hors de cette forêt.

— Encore une fois : pourquoi ? Tu ne nous dois rien, et surtout pas à moi. Tu as retrouvé les tiens, alors pourquoi risquer ta vie pour nous ?

— Pourquoi pas ?

Soudain, Rizael s'approcha rapidement de Siryasius, attrapant son cou pour le tirer vers lui dans un geste impulsif et capturer ses lèvres avec passion.

Pendant un moment, le monde autour d'eux sembla s'effacer, ne laissant place qu'à une intensité brûlante.

Quand ils se séparèrent enfin, leurs respirations s'accélérant, Siryasius plongea son regard dans celui de Rizael et chercha des réponses dans ses yeux brillants.

— Pourquoi ce baiser ? demanda-t-il d'une voix pleine d'émotion.

Rizael sourit, ses doigts caressant doucement la joue de Siryasius.

— Parce que, malgré tout, vraiment tout, il y a quelque chose entre nous. Quelque chose de puissant et d'inexplicable. Peut-être que c'est de la folie, peut-être que c'est de l'espoir, mais je suis prêt à prendre ce risque.

Les lèvres de Siryasius s'étirèrent en un sourire tandis qu'il resserrait son étreinte autour de Rizael.

— Je te déteste.

— Tu ne sais pas mentir.

— Je te hais de toutes les fibres démoniaques de mon être.

— Non, c'est faux.

— Je te trouve physiquement repoussant.

— Encore un mensonge.

— Nos conversations sont désastreuses.

— Quand arrêteras-tu ?

— J'ai souvent envie de t'étouffer pour te faire taire.

— Ah, ça c'est une vérité commune.

— Et nous n'approuvons pas les valeurs de l'un et l'autre. Que veux-tu construire avec cela ?

— Ça promet de belles disputes, beaucoup de compromis et des réconciliations passionnées.

— Alors tu veux vraiment de moi ? De celui que personne n'aime ?

— Si personne ne t'aime dans ce monde, cela signifie que je suis mort. Dans ce cas-là, je t'autorise à pratiquer la nécromancie sur mon cadavre.

— Et la nécrophilie ?

— Pourquoi est-ce que tu gâches tout, Siry ?

Après avoir laissé s'échapper un rire, Rizael et Siryasius se regardèrent un instant, leurs yeux exprimant une profonde affection mêlée d'une tendre complicité. Un sourire doux se forma sur leurs lèvres, illuminant leur visage.

— Je t'en veux de n'avoir pas exprimé tes sentiments clairement lors de ma capture.

— Quant à moi, je t'en veux pour une myriade de raisons mais la liste est trop longue et nous n'avons pas le temps. Les gardes ne vont sûrement pas tarder à nous encercler.

— Ils ont cessé de te respecter, ou quoi ? lança Siryasius avec une pointe de défi.

— Disons simplement que j'étais retenu en captivité et que j'ai dû éliminer Oliver Offarios pour m'évader de ma cellule et venir à ta recherche.

Un sourire plus large se dessina sur les lèvres de son amant alors qu'il passait tendrement sa main dans les cheveux de Rizael, un geste empli d'affection.

— Comme j'aimerais te voir adopter cette attitude plus souvent. Sans remords ni pitié, souffla-t-il, admiratif.

— Ça va vite arriver si on continue de nous barrer la route. Et n'oublie pas que tu ne dois pas trop en faire à cause de ta blessure.

— Oh, laisse-m'en un peu, mon renard ! répondit Siryasius, un brin taquin.

Rizael l'observa un instant en silence avant de lui tendre la main avec assurance et de dire :

— Pour que cela fonctionne entre nous, nous devons instaurer une confiance totale. Promets-moi que chaque fois que tu envisages quelque chose dont tu sais que je pourrais désapprouver, tu m'en parleras d'abord. Nous en discuterons ensemble et trouverons un compromis.

Siryasius laissa échapper un léger grognement avant de froncer les sourcils, puis il saisit fermement la main du demi-elfe.

— Ne t'en fais pas, lui assura-t-il. Il y a beaucoup de choses que j'approuve et qui peuvent être moralement ambiguës.

— C'est l'une des raisons pour lesquelles je suis attiré par toi, Riz.

Un léger rougissement colora ses oreilles pointues alors qu'il détournait le regard, confronté au sourire espiègle de son amant.

Lorsqu'ils sortirent de la cellule, la furtivité fut de mise et leurs pas résonnaient à peine contre les murs. Ils l'avaient bien anticipé et ce fut au bout de quelques minutes qu'une patrouille avertie par les précédents gardes ne surgisse devant eux, armée jusqu'aux dents.

Ils se précipitèrent, les lames étincelantes à la lueur des torches qui éclairaient faiblement les lieux.

Rizael, le cœur battant, se prépara au combat tout en lançant un regard significatif à Siryasius.

— Souviens-toi de juste les neutraliser, chuchota-t-il à Siry, tandis que celui-ci serrait les poings.

Rizael, sachant qu'il est le plus agile des deux, décide de prendre l'initiative. Il se jette sur le premier garde, utilisant sa vitesse pour esquiver ses attaques et le désarmer en le déséquilibrant avec un mouvement fluide.

Alors que Rizael engageait le combat, Siryasius saisit une torche près du mur et l'utilisa comme une arme improvisée, projetant la flamme vers les autres gardes pour les tenir à distance. Son action les prit par surprise, leur laissant peu de temps pour réagir.

Rizael, profitant de la confusion, utilisa sa souplesse pour se faufiler derrière les gardes restants et les neutraliser en les assommant avec des coups précis.

Ensemble, ils parvinrent à maîtriser la patrouille de gardes, les laissant inconscients sur le sol de la prison. Ils reprirent leur fuite à travers les couloirs lorsque Siryasius se mit à rire.

— Qu'est-ce qu'il te prend ?

— C'est amusant, c'est tout ! Tu vois, j'ai réussi à faire des dégâts sans broyer un crâne !

Rizael esquissa un sourire malgré la situation tendue.

— Tu as tout de même fait couler du sang, mais tu as raison. Et je n'aurais jamais pensé que me battre à tes côtés puisse être stimulant.

— Calme tes ardeurs, ce n'est pas le moment, le taquina Siryasius en reprenant son sérieux.

— Mais ça n'a aucun rapport, je... commença Rizael avant d'être interrompu par un bruit sourd provenant de l'extérieur de la prison. Puis des cris... et un grognement bestial.

Après avoir maîtrisé de nouveaux gardes, ils franchirent les portes de la prison pour découvrir, sous les teintes éclatantes du crépuscule, deux dragons s'affrontant dans les cieux. D'un côté, Wrym, le dragon de la résistance. De l'autre, Tumiel, dont les cicatrices des précédents affrontements étaient encore fraîches.

Mais ce n'est pas ce qui perturba le plus Rizael.

— La barrière du Dieu Sylvestre a lâché, murmura-t-il en voyant encore des éclats magiques tomber du ciel. Comment ?

— Ça ne m'étonnerait pas que certains diablotins aient été à l'œuvre. D'ailleurs... Calamité ! Damnation ! Supplice !

Les trois serviteurs apparurent immédiatement, faisant la révérence face à Siryasius avant que Calamité, d'une voix soulagée, ne prenne la parole :

— Nous ne pouvions vous laisser ainsi.

— Et pourquoi cela a-t-il pris autant de temps ?

— Oliver Offarios nous avait emprisonnés, mais ses sortilèges se sont évanouis il y a peu de temps et nous avons pu nous échapper.

— Grâce à sa mort, commenta Rizael.

— La barrière entourant Terrasgard est vieille, alors nous avons demandé de l'aide magique à vos plus fervents partisans pour la faire tomber.

— Je vous félicite.

— Mais les Souliers Rouges arrivent et il se peut qu'ils n'attendent pas vos ordres pour semer le chaos et la destruction.

— Je pense que l'on n'a pas à s'inquiéter d'eux, intervint Rizael. Au contraire. Allons sur la place centrale réclamer des négociations avec Moon.

— Attends. Nous devons nous séparer.

Rizael se tourna vers Siryasius afin de vérifier s'il était bien sérieux.

— Tu veux que ton plan fonctionne ? Combat avec la résistance. Montre-toi comme l'espoir qui leur a manqué. N'hésite pas à tuer mes créatures infernales, comme tu le faisais si bien auparavant... Et lorsque tu me verras contre Moon, interviens. Si la majorité de la résistance te croit encore fidèle, ils seront plus faciles à manipuler.

— Tu es terrible.

— J'ai fait bien pire, tu le sais.

Le cambion invoqua soudain sa grande arme noire avant de foncer en direction du cœur de la forêt de Terrasgard, sans un regard en arrière.

Rizael regarda Siryasius s'éloigner avec un mélange d'appréhension et d'admiration. Il savait que suivre ce plan était risqué, mais il avait confiance en lui.

Arrivé à sa chambre, il saisit sa rapière, la lueur du soleil couchant dansant sur sa lame polie.

Puis, il attrapa son violon avec précaution, sentant la tension monter en lui.

Avec sa rapière à la ceinture et son violon en main, Rizael se hâta vers le tumulte de la bataille qui résonnait au loin. Le son des épées s'entrechoquant et les cris de guerre résonnaient à travers les arbres.

Dans la lueur dorée du crépuscule, Rizael se fondait dans les ombres de la forêt, esquivant certains assauts, se montrant brillant devant la résistance et les encourageant à se défendre au maximum.

Il se sentait comme un traître, manipulant des gens qu'il avait soutenus pendant des années, jusqu'à ce qu'il qu'une simple image lui revienne en tête : celle de Siry, assis sur le rebord de la fenêtre, les cheveux agités par une douce brise marine, et en train de lire un livre calmement.

Rizael se rendait peu à peu compte que sa captivité l'avait plus stimulé que des années à vivre avec la résistance. Qu'il s'était senti plus vivant à cet instant et surtout...

Que malgré tout, Siryasius avait été capable de lui faire oublier sa rancœur et qu'il s'était mis à penser à l'avenir. Un avenir qu'il n'arrivait plus à voir depuis Lae'Thys et qui désormais, était clair.

Alors Rizael laissa son sens moral dans un coin de sa tête et embrassa le fameux côté « dégénéré » qu'on était en train de lui attribuer à cause de ses sentiments pour le cambion.

Au détour d'un sentier embroussaillé, l'attention de Rizael fut immédiatement captée. Beatrix, aux ongles devenus des lames tranchantes, se livrait à un combat acharné avec Thorgar, la paladine. La demi-orc maniait son épée magique avec une grâce impressionnante, tandis que son marteau fendait l'air, projetant des étincelles sous les derniers rayons du crépuscule.

Rizael savait que Beatrix, bien que redoutable, était désavantagée face à la puissance brute de Thorgar. Son instinct lui criait de voler à son secours, mais il savait aussi que la moindre intervention pourrait compromettre leur plan.

Cependant, la succube ne cessa de le surprendre. D'un simple claquement de doigt, elle fit apparaître un groupe d'assassins des Souliers Rouges, prêt à tuer Thorgar. Mais alors que son regard croisa celui de Beatrix, cette dernière ordonna d'un sifflement aux Souliers Rouges de ne pas attaquer dans le but de tuer.

Elle savait que malgré son changement, Rizael tenait à sa camarade Thorgar.

Beatrix avait réussi à contrôler les redoutables Souliers Rouges de Fel pour les utiliser à son avantage. Rizael resta stupéfait devant cette démonstration de pouvoir, se demandant quelles étaient les limites de son influence sur ces sinistres serviteurs de l'ombre.

Au milieu du tumulte de la bataille, Rizael se fraya un chemin à travers les sentiers embroussaillés de la forêt, gardant Beatrix et Thorgar dans son champ de vision tout en se hâtant vers la place centrale. Les cris de guerre et le bruit des armes résonnaient autour de lui, mais il restait concentré sur son objectif.

Arrivé à quelques mètres de la place centrale, il aperçut enfin Siryasius et Moon, engagés dans un combat intense. Sur une plateforme surélevée, ils se livraient à une danse mortelle, leurs mouvements rapides et précis remplissant l'air de tension.

Siryasius avec son immense épée et Moon se servant de sa lance et de ses ailes pour prendre de la distance et tirer ses flèches célestes.

Mais Rizael savait que Siryasius se retenait. Si les attaques du célestien étaient bien mortelles contre lui, son sixième sens l'avait toujours gardé en vie, ainsi que sa plus grande maîtrise.

Alors Rizael savait que c'était le moment de passer à l'action.

Il sortit son violon et, d'un geste fluide, il commença à jouer. Les notes s'élevèrent dans les airs, captant l'attention de tous ceux qui se battaient dans la forêt.

Les combattants cessèrent leurs assauts pour se tourner vers Rizael, intrigués par la musique enchanteresse. Même Beatrix et Thorgar, au milieu de leur duel, se figèrent pour écouter le son envoûtant du violon.

Rizael continua à jouer, faisant courir son archet avec une grâce hypnotique sur les cordes de son violon. La mélodie envoûtante se mêlait au fracas des épées et aux cris de la bataille, créant une ambiance surréaliste dans la clairière.

— Qu'est-ce que tu fais ?! s'exclama Moon, sa voix empreinte de confusion alors qu'il esquivait un coup d'épée, les sourcils froncés.

Rizael répondit d'une voix calme, sans cesser de jouer :

— Je viens montrer que je ne suis pas un lâche.

Puis, dans un geste fluide, il laissa retentir une dernière note et abandonna son violon pour saisir sa rapière, se plaçant face à Siryasius. La tension dans l'air était palpable alors qu'ils s'observaient, prêts à en découdre, bien que chacun connaisse le véritable dessein de cette confrontation.

Rizael et Siryasius s'engagèrent dans un duel d'une intensité inouïe. Chaque mouvement était mesuré, chaque attaque soigneusement calculée.

Et pourtant, contre toute attente, ce fut Rizael qui parvint à surprendre son adversaire, plantant sa rapière dans l'épaule du cambion et le forçant à plier le genou devant lui.

Soumis à la lame du demi-elfe, le cambion laissa s'échapper un juron avant de l'agripper, laissant le sang de sa paume couler sur l'argent et déclarer à haute voix :

— Est-ce cela que tu souhaites, barde ? Soumettre l'Enfer comme vengeance à ma conquête ?

— Ce que je désire, comme nous tous, c'est la liberté. C'est l'arrêt de la violence. C'est que tu t'excuses et que tu paies pour tout le mal que tu as causé, répliqua Rizael d'une voix ferme.

— Payé par ma mort ? s'enquit Siryasius avec un mélange de sarcasme et de défi.

Alors que la foule retenait son souffle, Rizael se détourna de Siryasius pour s'adresser à tous, sa voix portant au-delà des bruits de la bataille qui faisait rage.

— Le sang ne sera pas la solution menant à notre avenir. Si Siryasius disparaît, d'autres prendront sa place. Des démons bien pires que lui réclameront nos royaumes ! Alors... ayons l'espoir d'un monde meilleur à travers la discussion.

— Le démon a toujours refusé la discussion ! s'éleva l'une des voix des résistants dans la foule.

— Il ne connaît que la mort, alors faisons lui goûter ! déclara une autre.

Malgré ses paroles pleines de sagesse, la foule demeurait divisée, partagée entre la soif de vengeance et l'appel à la paix.

— Rizael, quelle est cette comédie ? murmura Moon en s'approchant de lui.

Le célestien, croyant que Rizael avait effacé les souvenirs de sa captivité, était perplexe quant aux intentions de son camarade. Il observait attentivement, cherchant à percer le mystère qui entourait ses actions.

Avec la prestance et le charisme qui était les siens en tant que barde, Rizael adopta une posture plus solennelle et prit la parole d'une voix forte pour s'adresser à la foule.

— Mes amis, lança-t-il d'une voix empreinte de conviction, nous sommes réunis aujourd'hui pour décider du destin de notre monde. Mais je vous en conjure, ne permettons pas à la colère et à la vengeance de guider nos actions. Nous devons aspirer à quelque chose de plus grand. Nous devons aspirer à la paix.

Les paroles de Rizael résonnaient dans l'air, touchant chaque personne présente par leur sincérité.

C'était là tout le pouvoir du barde et tout ce qui avait toujours fonctionné. Rizael avait toujours eu une grande influence par ses mots sur la résistance et, malgré la foule demeurant divisée et partagée entre le désir de vengeance et l'espoir d'un mon meilleur, il sentit qu'il y arriverait.

— Nous devons montrer au monde que nous sommes capables de transcender nos différences et de travailler ensemble pour le bien commun. C'est là notre seule chance de préserver ce en quoi nous croyons, de bâtir un avenir où la paix et la coopération triomphent de la haine et de la division.

À cet instant, Rizael retira sa rapière de l'épaule de Siryasius et lui tendit la main pour lui proposer une aide symbolique afin qu'il se relève.

— Siryasius, fils de Disyasius, conquérant et désormais émissaire d'Asmodeus. Roi infernal... Arrête donc cette folie.



⚔️DERNIER CHAPITRE SAMEDI ⚔️

Oui, la semaine prochaine c'est déjà la fin 😭 Mais toutes les bonnes choses doivent avoir une fin, surtout que Riz et Siry le mérite !

+ : pour ceux.celles qui l'ont compris, je suis sur une idée de spin-off avec Beatrix ! Ça ne sortira pas tout de suite mais j'ai déjà écrit toute la trame et commencé à rédiger quelques chapitres alors quand ça sortira j'espère que vous serez là 🥰

On se retrouve la semaine prochaine pour le dernier chapitre de Vraskelia 🔥

N'hésitez pas à soutenir cette histoire en votant/cliquant sur l'étoile et en laissant un petit commentaire. Ça fait toujours plaisir de lire vos retours et ça m'encourage à continuer !


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