Chapitre 4
Samaël était dans une colère noire. Il savait pertinemment qu'il n'aurait pas dû être si énervé pour une banale histoire d'absence et de rendez-vous manqué. Mais lorsque cela concernait Raph, ses émotions étaient décuplées. Il ne connaissait pas bien la raison mais cela avait quelques inconvénients. En effet il pouvait passer du rire à une fureur extrême en un dixième de seconde.
Et malgré le terrible secret qu'il gardait, il appréciait vraiment son ami. Samaël avait eu peur, car il n'était pas dans les habitudes de son collègue de ne pas répondre à ses appels. Qu'il soit de garde ou en rendez-vous il répondait en général à la deuxième sonnerie ou au deuxième appel s'il était vraiment très occupé.
Samaël, n'était pas de nature inquiète. C'était même plutôt l'inverse. Si son ami passait sa vie à sauver celle des autres, lui était plutôt à se délecter de la souffrance d'autrui. Il n'était pas un sadique à proprement parlé, encore que ce terme ne le dérangeait pas. Mais un sadique a besoin d'une âme afin de la repaitre d'idée et d'actes malfaisant afin de se sentir bien. Lui, en était dépourvu, il n'en avait jamais eu. Il était dans sa nature profonde d'aimer faire du mal aux autres. Depuis tout petit il avait été éduqué comme cela. « Regarde ses pauvres bougres. Lui disait son père en riant. Regarde leur visage tordu par la douleur. » Il lui arrive parfois de se demander si sa vie aurait été différente s'il était né dans une autre famille, mais très vite, pour chasser sa douleur, il faisait souffrir le premier venu. Penser était trop douloureux.
Parfois quand il était en présence de Raphaël, il avait l'impression que sa peine s'atténuait légèrement. Que la bonté de son ami lui déteignait dessus. Il lui arrivait de sourire lorsqu'il voyait Raphaël sauver une pauvre âme mortelle.
Il avait secrètement espoir que son ami réussisse à le faire changer, même imperceptiblement. Il voulait se sentir plus proche des humains pour être plus proche de Rapahël. Le seul vrai ami qu'il n'ait jamais eu.
Si tant est qu'il soit encore son ami après cette dispute qui n'avait pas vraiment de sens. Il avait conscience de se donner en spectacle en plein milieu du couloir. Et que dans peu de temps la chef du personnel arriverait pour leur passer un savon. Il descendit d'un cran sur son échelle de la colère. Pris le temps de regarder Raphaël de plus près et vis qu'il n'y était pas allé de main morte. Son nez était visiblement cassé. Samaël était sur le point de s'excuser quand son collègue pris la parole : « non mais ça ne va pas la tête ! tu m'as cassé le nez ! je savais que tu serais en colère mais pas à se point. Je pensais que j'allais te payer une bonne bouteille de Gin et qu'on en resterait là. »
Samaël était d'accord avec lui, il était allé trop loin. Et en effet une bonne bouteille de son alcool préféré aurait pu apaiser les tensions. Mais il était encore trop furieux pour accepter un consensus. « Je ne sais pas ce que cette garce d'Eve t'a fait mais tu as changé. Depuis qu'elle est arrivé dans le service tu ne penses qu'à elle. Tu n'es pas l'armée du salut, ni un saint tu ne peux pas sauver tout le monde. Aboyait-il de rage.
- Je le suis peut-être plus que tu ne le penses. Avait chuchoté l'ange. »
Cette dernière phrase laissa Samaël sans voix. Elle aurait été inaudible pour un humain, mais lui l'avait parfaitement entendu. Que voulait-il dire par là ? Son ami avait-il lui aussi un secret inavouable ? Il savait que la grand-mère de Raphaël était persuadée qu'il avait le don de guérir n'importe qui, mais c'était les élucubrations d'une vieille femme. Seuls les anges avaient des pouvoirs de guérison. Et si Raph en était un, il l'aurait su. Après tout son espèce et les anges étaient ennemis depuis la création du monde.
Complètement abasourdi, il en restait coi. Sa colère s'était totalement évaporée. Raphaël était en train de tourner les talons, visiblement blessé dans son estime. Lorsque ce dernier lui tourna le dos, Samaël perçu une odeur qu'il n'avait jamais senti, émaner de son ami. Cette odeur il la connaissait, c'était celle que les démons recherchaient tous. Elle n'avait pas de comparaison possible. Celle de l'ange nouvellement révélé. Ces jeunes pousses à peine sorti de l'enfance et qui viennent d'obtenir leurs ailes, dégage une odeur savoureuse. Les créatures de l'enfer raffolaient de leur chair tendre.
C'est pour cela que les anges changeaient et gardaient secret leur lieu de formation. Un lieu jalousement gardé et une sorte de graal pour le démon qui en trouvera l'emplacement.
Immédiatement, l'eau lui montait à la bouche. Comme une pulsion impossible à maitriser Samaël se jeta sur lui. Il lui agrippa le bras avec une telle violence qu'il faillit lui arracher si Raphaël n'était pas un ange. Aussitôt l'ange se mis sur la défensive et crachat son venin « tu n'as pas assez passé tes nerfs ? tu veux que j'en t'en mette une aussi ? »
Surpris par la brutalité de Raphaël, Samaël le lâchât. Peut-être avait-il rêvé. Il était possible que dans sa rage il n'ait pas vu passer un enfant dans le couloir et qu'il l'ait associé à son ami.
Il était complètement perdu et la fatigue n'arrangeait rien à son état. « Non Raphaël, excuses moi, je me suis emporté, la nuit a été interminable depuis qu'Eve a disparue, la police m'a posé des questions une bonne partie de la nuit, je me suis inquiété pour toi et les patients ont décompensés toute la nuit. Je n'aurai pas dû te frapper. Fais-moi voir ton nez et allons en radio voir s'il faut le remettre en place comme je le suppose.
- Non ça va aller, je vais rentrer chez moi et toi aussi tu vas aller de reposer, nous ne sommes pas de garde aujourd'hui et cela nous fera le plus grand bien. Mais je te retiens, tu me dois bien plus qu'un verre pour la droite que tu viens de me donner. »
Dans un élan de réconciliation, les deux amis se serrèrent la main. Mais non sans une arrière-pensée, Samaël regarda une dernière fois son ami avant qu'il s'en aille. Et ce qu'il vit, fini de le convaincre qu'il n'avait pas totalement perdu l'esprit. Le nez de Raphaël avait repris sa forme initiale. Seul un ange pouvait guérir aussi vite.
Un feu se déclencha dans le ventre du démon. Il venait de perdre son seul ami pour une histoire de guerre ancestrale. Et il était persuadé qu'Eve y était pour quelque chose. Les anges ne peuvent réveiller leur vrai nature que si un de leur congénère réveil leur part de divin. Et l'arrivée de cette femme dans la vie de Raphaël ne pouvait être une pure coïncidence.
Il allait la retrouver et la faire payer pour ce qu'elle avait fait. Et le prix de cet affront ne serait pas une simple remontrance. Non, sa vengeance serait terrible. Après tout il n'était pas le fils du roi des enfer pour rien.
Dans le royaume de son père, il était craint et respecté. Sa barbarie n'avait pas d'égale.
Il ne comptait pas s'en prendre à son ami, qui visiblement n'était pas au courant de sa condition jusqu'ici. Et peut-être que s'il se débarrassait de la fille, leur amitié pourrait rester intact. Une utopie, il le savait mais l'espoir était la seule chose qui l'empêchait de les tuer tous les deux.
Raphaël atteignit le parking de l'hôpital à toute vitesse. Il devait rejoindre Eve le plus rapidement possible. Il lui avait laissé un mot, mais connaissant son caractère il était persuadé qu'elle lui dirait que c'était une perte de temps et que leur mission ne lui permettait pas de sortir rejoindre ces amis.
Si tant est que Samaël soit encore son ami après cette altercation d'une violence très exagérée au vu du tort qui lui est reproché. Raphaël avait déjà vu son meilleur ami en colère. Mais cette fois-ci cela allait bien au-delà de la simple querelle. Ne sachant comment, mais il était persuadé que cela allai entacher leur amitié et que Samaël allait commettre l'irréparable. Cette intuition ne le quitta pas, elle lui colla à la peau sur tout le trajet du retour.
Le jeune médecin avait pris sa moto mais il lui avait démangé d'y aller en volant. Sauf que son meilleur ami ne l'aurait pas vu dans sa forme angélique. Et au vu de la douleur qu'il avait ressentie lorsqu'il avait repris forme humaine il n'avait pas envie de recommencer de sitôt. La moto fila donc comme l'éclair entre les virages menant à son appartement.
En arrivant il vit de la lumière dans la cuisine. Eve était donc levée et les choses sérieuses allait donc pouvoir commencer.
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