Chapitre 6
Pedro jouait doucement avec l'objet dans ses mains. Il le manipulait précautionneusement, le canon toujours pointé sur le couple. Il désactiva le cran de sûreté et vit ses otages se crisper. Il sourit. Aucun des deux n'osait jeter un regard vers lui. Il réenclencha le cran. Il n'allait pas les tuer maintenant.
Une petite voix se fit entendre.
- Que quiere, ¿ matarme ?
Sofia tentait de rester calme. Son cœur battait à tout rompre, et elle avait beau prendre de longues inspirations, rien ne le calmait. Depuis le début, elle avait l'impression que cet épisode n'était pas réel. Voir le revolver braqué sur elle l'avait brutalement ramenée à la réalité. C'était fini. Elle allait crever, là. Sa peur reprit le dessus, et les larmes dévalèrent ses joues. Elle se recroquevilla sur elle-même. Elle allait crever. Elle allait crever. Elle allait crever.
- Eso no cambiara nada, sanglota-t-elle. No cambiara nada... No puede...
- ¡ Cállate, carajo ! Hurla subitement Pedro.
Lily et ses parents sursautèrent de concert. La petite se mit à pleurer. Pedro perdait son calme. Il s'élança vers Sofia et la gifla violemment. La douleur et le choc firent trembler la jeune femme. Pedro la fixait, debout devant elle, les yeux brillants de rage. Il s'approcha et s'accroupit, son visage à quelques centimètres de celui de la femme. C'en était fini d'elle.
- ¡ Mataste a mi hija ! Lui gueula-t-il au visage. ¡ Mataste a mi esposa !
Sofia ferma fort les yeux. Les postillons s'écrasaient sur elle et ses tympans la faisaient souffrir.
- ¿ Y quieres que no haga nada ?
Une pulsion parcourut son corps. Il attrapa la queue de cheval rousse et la tira brusquement. Anthony entendit le cou de sa conjointe craquer. Il ne réagit pas, comme paralysé. La douleur mentale et physique envahit le corps de Sofia et ses larmes redoublèrent.
- Fue hace años... murmura-t-elle.
Elle planta ses yeux dans ceux du père meurtri et le sentiment atroce qu'était la culpabilité la gifla de plein fouet.
En face d'elle, Pedro disjonctait. La mention de sa fille l'avait rendu fou, littéralement. La rage prenait possession de lui et le poussait dans un état de folie où il ne se contrôlait plus.
- Callate, ordonna-t-il. No sabes lo que hace de soportar la muerte de de su hija. Lo que hace de ver a su mujer machitarse.
Il avait déclamé ces dernières phrases le regard plongé dans les yeux bleus. Il voulait la voir souffrir. Il voulait voir son visage se tordre de douleur comme s'était tordu celui de sa fille. Il voulait qu'elle comprenne que ses remords ne suffisaient pas. Il asséna sa dernière phrase.
- Por culpa de una puta chica que no sabe conducir.
Sofia se tut. Elle était impuissante. Elle ne pouvait rien dire, rien faire. C'était elle, la cause de tout ce merdier. Il avait raison.
Pedro se déplaça lentement jusqu'à Anthony. Ce dernier avait le teint livide et était complètement perdu. Il fixait Sofia, le regard vague.
- Y él, ¿ conoce al monstruo que eres ?
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