Chapitre 51
Chrissy regardait autour d'elle sans rien voir. Les voix des gens se mélangeaient dans sa tête comme un bourdonnement, lui donnant le tournis. À quelques rangées de lits de camps, Wayne Munson était assis, contemplant ses mains d'ouvrier d'un œil résigné.
La gorge de la blonde se serra en même temps que son poings autours du médiator d'Eddie. À sa droite, Dustin se pressa contre elle, tenant son bras pour la soutenir. Lorsqu'elle posa les yeux sur lui, revenant à elle un instant, la cheerleader vit le même regard dévasté que celui qu'elle avait croisé dans le miroir le matin même.
La magie l'avait enveloppé. Chrissy se tenait comme bouclier humain devant Eddie, espérant que Vecna la prenne pour cible, mais le Monde à l'Envers en avait décidé autrement. Le mage noir l'avait regardé sans la voir, et avait reporté son attention sur le métalleux, désormais sa première cible. Chrissy voulut hurler, se faire voir, mais sa gorge était nouée, son corps invisible aux yeux de tous. Résignée à l'idée que personne ne la verrait et qu'elle ne servait à rien en face de Vecna, elle fit un pas sur le côté. Elle contourna l'immense corps décharné du sorcier et brandit son couteau.
Il était là, devant elle. La chose qui avait provoqué tant de mal en elle, la chose qui l'avait rendue à moitié folle, lui faisant désirer une mort qu'elle espérait voir venir tard. Chrissy leva le couteau au-dessus de sa tête, prête à le frapper dans le dos, mais Vecna leva sa main aussi. Et au bout de sa main, la jeune femme aperçut en premier le bandana qui maintenait les cheveux d'Eddie, puis son visage à la fois horrifié et déterminé à lutter, son torse. Un craquement sourd lui arracha un cri, et Dustin hurla le prénom du métalleux.
Chrissy cessa de réfléchir. Elle abattit son couteau dans le dos du mage et immédiatement, la Poussière brillante s'évapora, la dévoilant à nouveau aux yeux de tous. Vecna, d'un geste de la main, poussa Eddie qui retomba mollement au sol avant de glisser vers la horde de Démobats, qui l'attendaient sagement. Aussitôt, elles se remirent à tournoyer et fondirent sur le corps à peine mouvant d'Eddie, qui n'avait pas lâché son couvercle de poubelle et qui tenta de les repousser à nouveau.
Wayne se leva de son lit et s'approcha du grand tableau où étaient affichées les portraits des gens portés disparus. Chrissy le vit prendre une des feuilles du tableau et la remplacer par une des siennes, avant de partir se rasseoir, éteint. Chrissy s'approcha du grand panneau de liège et observa le visage souriant des gens recherchés. Un mouvement se fit sentir près d'elle, mais ça n'était pas Dustin. La jeune femme tourna la tête pour voir deux lycéens arborant des blazers de l'équipe de basket sortir des feutres noirs et les approcher d'un des portraits. Chrissy fit un pas vers eux et découvrit le visage d'Eddie, fier, presque un peu arrogant, insouciant. Un sourire qu'elle ne verrait plus jamais. Qu'elle ne ressentirait plus jamais. Elle devinait le rire qui s'échappait de sa gorge sur cette photo. Un rire qu'elle n'entendrait plus jamais.
Le lycéen qui s'apprêtait à taguer la photo du métalleux ne prêta pas attention à elle, mais Chrissy serra la mâchoire.
– Range ce feutre si tu ne veux pas qu'il finisse dans ta narine, connard, grogna-t-elle.
Le basketteur baissa les yeux vers elle et tressaillit en voyant son visage donc les bleus et les tuméfactions changeaient petit à petit de couleur, dégonflant par endroits. Il recula d'un pas.
– T'es la meuf de Jason toi non ? Répondit-il.
- Ex. C'est lui qui m'as fait ça.
- Il a eu raison. D'où tu soutiens ce genre de vermine ? Fit le lycéen en indiquant le portrait d'Eddie d'un geste de la tête.
À côté d'elle, Dustin serra les poings. Chrissy sourit.
Chrissy pleurait. À côté d'elle, Dustin sanglotait, tandis que tous les deux s'approchaient du portail, se préparant à sauter dedans. La jeune fille regarda par-dessus son épaule. La horde de chauve-souris tournoyaient autours du corps d'Eddie, fière de leur méfait.
– Je peux pas Dustin... je peux pas le laisser là.
– On n'a pas le choix Chrissy, lui répondit-il en pleurant. Il faut qu'on y aille.
Alors la blonde se résigna, la respiration hachée, et sauta dans le trou incandescent. Quand ils arrivèrent dans leur monde, s'écrasant sur le bitume de la route, leur talkie-walkie se mit à grésiller, avant de faire entendre la voix paniquée d'Erika :
"Est-ce que quelqu'un m'entends ? On a un gros problème au manoir Creel, je répète, on a un gros problème. Si quelqu'un peut venir au plus vite, terminé."
Dustin n'eut pas besoin de confirmer le plan à Chrissy. Celle-ci, le visage baigné de sang et de larmes, avait déjà enfourché son vélo.
Quand ils arrivèrent sur place, la terre se mit à trembler. Les lumières de la maison brillaient si fort que la bâtisse à elle seule éclairait la rue entière. Les deux jeunes gens pénétrèrent dans la maison et tournèrent immédiatement dans le salon, trouvant un Lucas paniqué qui secouait Maxine, inerte dans ses bras. À côté de lui, Erika, impuissante, pleurait elle aussi, répétant son appel à l'aide dans la radio.
D'un coup, alors que Chrissy allait s'approcher d'eux, le plancher se coupa en deux, dévoilant la même lumière rougeoyante que celle du portail vers le Monde à l'Envers. La blonde, d'abord apeurée par ce qui était en train de se produire sous ses yeux, ne put bouger. Mais, quand elle vit le corps encore assommé de Jason à quelques pas d'elle glisser vers le gouffre qui se creusait, elle ne réfléchit pas plus. Dustin réussit à enjamber la faille avant qu'elle ne soit trop écartée et tenta d'apporter son aide à Lucas, qui pleurait, paniqué.
La cheerleader se sentit hésiter. Devait-elle vraiment tenter de sauver la vie de son ex-petit ami ? Si elle ne lui tendait pas la main, si elle n'essayait pas de récupérer son corps avant qu'il ne tombe pour de bon, elle ne pourrait plus se regarder dans le miroir. Mais Jason lui avait fait tant de mal, avait tant de fois abusé son corps et son esprit. Le basketteur méritait de pourrir en enfer, c'était un fait. Mais elle ne l'y enverrait pas. Eddie lui-même aurait tenté de l'aider. Elle se rua donc vers Jason, attrapant son bras de justesse.
Sa main avait glissé. Chrissy était encore bien trop légère. Elle avait voulu tenir bon de toutes ses forces, agrippant ses vêtements pour essayer de le remonter, mais Jason n'avait pas repris conscience, et la blonde avait la sensation de tenter de soulever un rocher. C'était impossible, et si elle persistait, elle allait tomber avec lui. Sa gorge se serra, et elle murmura un dernier : "Je suis désolée, Jason". Les doigts du basketteur s'échappèrent de son emprise et Chrissy ferma les yeux pour ne pas avoir cette dernière image imprimée sur sa rétine. Jason ne cria pas. C'était comme s'il avait disparu par magie. En un claquement de doigts, il était devenu inexistant.
Si la cheerleader s'attardait sur le tableau des disparus, elle y verrait sûrement le portrait du basketteur. La seule chose qu'elle souhaitait pour le moment, c'était ne pas s'en vouloir pour sa mort. Elle avait tenté, comme pour Eddie. Mais contrairement à lui, Jason n'avait pas souffert.
- Chrissy ? Appela Dustin.
La blonde posa ses yeux pleins de larmes sur lui.
- Je ne sais pas si je vais y arriver, parvint-elle à articuler.
- Il le faut. Je serai avec toi.
La jeune femme hocha la tête et frotta ses yeux avant d'avancer vers Wayne. Il la toisa d'un regard plein d'espoir, un sourire naissant sur son visage. Mais, en voyant la mine défaite des deux amis d'Eddie, il s'affaissa à nouveau sur son lit de camp, l'air misérable.
- Eddie, commença la blonde avant de se couper, les larmes menaçant à nouveau de couler.
- Eddie était avec nous, avoua Dustin d'une traite. Il... il a fait ce qu'il a pu pour tenter de sauver cette ville, même si elle ne voulait pas de lui.
Chrissy ferma les yeux, s'avouant vaincue. Dustin expliquait à Wayne qu'Eddie était tombé dans la faille, qu'il avait subi le tremblement de terre comme tout le monde. Et Chrissy pleurait. Dustin avait le courage d'arracher le pansement et Chrissy s'effondrait, autant malmenée par la perte d'Eddie que pouvait l'être son oncle.
Eddie s'était relevé. Même assailli de chauves-souris, le métalleux s'était relevé, prêt à en découdre avec Vecna. Chrissy était de nouveau visible, face au sorcier. Son apparence la dégoûtait autant qu'elle l'apeurait, mais c'était assez. La blonde en avait marre d'avoir peur de mourir, d'avoir peur d'être à nouveau en proie à ces horribles visions. Fatiguée d'être faible, fatiguée d'être toujours celle qu'il fallait sauver. La jeune femme brandit son couteau devant elle, mais quand elle cligna des yeux, Vecna n'était plus là. À sa place, Eddie était debout, les yeux noirs, le sourire absent.
- Tu ne pourras pas me sauver, Chrissy, lui dit-il d'une voix rauque qui n'était pas la sienne.
- Ah tu crois ? Tu me sous-estimes un peu trop à mon goût-là
Vecna, dans le corps du métalleux, grogna et s'approcha d'elle. Une espèce de liane de chair sortit du dos d'Eddie et s'approcha de la jeune femme. Chrissy la laissa glisser jusqu'à sa joue, laissant le sorcier croire qu'il allait gagner. Puis, alors qu'elle allait toucher sa peau, la blonde lacéra la liane d'un coup sec, arrachant un grognement de douleur à son ennemi.
À nouveau, la lycéenne vit le sorcier en face d'elle. Eddie n'était qu'une illusion. Il était debout, solide, derrière elle. Chrissy rêvait de sentir la chaleur de son torse contre son dos, mais dans le Monde à l'Envers, il n'y avait aucune sensation de la sorte. Les températures n'existaient pas. La blonde, ne sentant aucun mouvement qui lui indiquerait qu'Eddie était prêt à attaquer, risqua un coup d'œil dans son dos.
Le métalleux avait les yeux révulsés, les membres raides, et deux lianes de Vecna étaient passées à côté d'elle pour envoûter Eddie également, se nourrissant de sa chair. Chrissy hurla, tenta de couper les membres de Vecna pour le faire lâcher prise. Tout ce qu'elle réussit à faire, c'était remplacer une liane coupée par deux de plus. Chaque fois que Vecna était arrêté par Chrissy, il redoublait d'effort. Maintenant, ces longs fils de chair ne se collaient plus au flanc d'Eddie, ils se fixaient sur son torse, sur son ventre, sur son cou. Chaque fois, le métalleux était pris d'un spasme de douleur, et la blonde ne savait plus quoi faire pour l'aider. Elle regardait la scène, impuissante.
Sa gorge se serra, les larmes montèrent à nouveau au bord de ses yeux. Pas lui. Chrissy ne voulait pas être seule à nouveau. Pas maintenant qu'elle savait ce que c'était que d'être respectée, appréciée à sa juste valeur, pas maintenant qu'elle avait réussi à trouver une raison d'être en bonne santé, pas maintenant qu'elle savait ce que c'était que d'être aimée pour de vrai. C'était égoïste, comme si tout ce qu'elle était ne tenait qu'à lui. Chrissy pouvait être elle-même sans qu'Eddie soit là, mais elle ne voyait pas l'intérêt de s'aimer et d'aimer si elle n'avait personne avec qui partager ça.
- Eddie, murmura-t-elle.
"Je vous en supplie, aidez-moi à le sauver."
Et, comme si le Monde à l'Envers avait entendu l'appel à l'aide de la jeune femme, la poussière dorée revint en pluie et s'abattit sur elle, la recouvrant à nouveau elle et ses armes. Chrissy se mit face à Vecna, passant entre ses lianes, brandit son couteau, et le lança de toutes ses forces. La lame fila dans l'air et alla s'enfoncer entre les deux yeux blancs du sorcier, le faisant lâcher prise. Il sembla surpris, arrêté net dans son élan. Mais ce qui fit sourire la cheerleader, ce fut le râle de douleur qu'il poussa lorsqu'il disparut pour de bon, lâchant le corps du métalleux qui retomba lourdement au sol.
Chrissy se tourna vers lui, et son sourire fana comme une fleur en hiver.
La jeune femme regarda Wayne contracter sa mâchoire en espérant que ses lèvres cessent de trembler. Il y avait tant de choses qu'elle aurait aimé lui dire, mais à cet instant elle avait la gorge aussi nouée que celle de l'oncle d'Eddie.
– Jusqu'au bout, poursuivi Dustin en s'asseyant à côté de Wayne, Eddie est resté Eddie. Il s'est battu vaillamment pour que cette ville reste en paix, pour que tout le monde reste en vie...
La blonde se douta que Wayne ne comprît pas vraiment de quoi Dustin voulait parler, mais elle, qui avait tout vu et qui avait tout vécu, ne put s'empêcher de verser ses larmes. Il leva les yeux vers elle et elle lui offrit un sourire triste.
– Eddie est un héros, dit-elle d'une voix chevrotante. C'est grâce à lui que je suis encore là et... Wayne je suis tellement désolée, j'aurais voulu pouvoir le sauver aussi...
Chrissy s'approcha de l'homme qui l'avait accueilli les bras ouverts. Elle lui devait tellement à lui aussi, et avait la sensation d'être indigne de se tenir devant lui. Il l'avait nourri, caché, sans jamais rien lui demander en retour, et tout ce qu'elle avait pu faire pour le remercier, c'était échouer à garder sa seule famille en vie.
– Eddie était le meilleur homme que j'ai connu, dit-elle en s'asseyant de l'autre côté de Wayne. Il n'est en rien son père. C'était un gentleman qui a pris soin de moi comme si j'étais la chose la plus précieuse au monde, il a tout fait pour que j'aille bien, et il en a payé de sa vie. J'aurais aimé que les choses se passent différemment et que je puisse me tenir devant toi avec d'autres nouvelles, mais... j'espère que jusqu'au bout tu as été fier de lui.
Dustin glissa le médiator d'Eddie dans la main de Wayne, qui le serra.
– Garde-le, ajouta-t-elle.
L'oncle d'Eddie sanglota et renifla. Chrissy pleurait en silence, ne sachant quoi dire ou quoi faire. Elle leva les yeux vers Dustin, cherchant du réconfort, de la force, ou simplement une idée. Mais le lycéen était comme elle, en proie à son chagrin et à ses larmes. Peut-être qu'il était temps de se recueillir en silence et de prier pour l'âme d'Eddie.
Eddie saignait. Trop. Beaucoup trop. Les lianes de Vecna lui avaient rongé la chair comme une maladie et les trous qui s'étaient formés dans son corps étaient bien trop béants pour que Chrissy puisse faire quoi que ce soit. Le corps du sorcier s'évapora dans des volutes de fumée grise et la blonde se rua sur le corps du métalleux.
– Eddie ! S'écria-t-elle. Il ne faut pas rester là, il faut qu'on retourne dans notre monde pour qu'on puisse te soigner. Dustin ! Aide-moi à le soulever.
À deux, ils tentèrent de le lever, mais Eddie gémit de douleur et se débattit.
– Non, non, attendez deux minutes. Laissez-moi reprendre mon souffle...
Mais Eddie avait du sang plein la bouche. Il tentait de faire un sourire rassurant à Chrissy, mais ses dents étaient teintées de pourpre, et ses plaies saignaient autant qu'avant. Le métalleux était pâle, et couvert d'un voile de sueur froide. Même pour un ignorant, le pronostic vital du jeune homme sautait aux yeux.
- Eddie il faut que tu te lèves maintenant, gémit-elle. S'il te plait...
Derrière elle, Dustin était résigné. Le métalleux tourna la tête vers lui.
- Tu vois, j'me suis pas enfui cette fois, lui dit-il en grelottant.
- Non, t'as pas fui, répondit le plus jeune en tentant de retenir ses larmes.
- Tu prendras soin des agneaux perdus pour moi, hein ?
Chrissy était perdu, mais Dustin semblait comprendre.
– Je le ferai, Eddie.
La blonde était en colère. Pourquoi tout le monde semblait faire ses adieux ? Le portail n'était pas si loin, ils pouvaient l'atteindre et avoir de l'aide une fois de l'autre côté. Eddie tourna la tête vers elle.
– Tu sais que tu es la plus belle, Princesse ? Chuchota le métalleux en lui souriant.
Il leva ses doigts tremblants et froids, et les déposa sur la joue de la jeune femme.
- Ne me laisse pas, Eddie, sanglota-t-elle. Ne me laisse pas seule encore une fois.
- Tu ne seras pas seule. Je serai toujours avec toi. Et tu es bien plus forte que tu le crois. Même cet endroit est d'accord.
- Je suis forte que parce que tu m'aides à l'être, alors bats-toi. Bats-toi, je t'en supplie.
Mais Eddie tremblait de plus en plus. Ses doigts retombèrent en glissant sur sa joue.
- J'ai froid, murmura Eddie.
Chrissy ne sut quoi faire à part sangloter. Elle posa ses mains sur la poitrine de son petit-ami, de l'homme qu'elle aimait, du seul homme qu'elle ait réellement aimé.
- Dustin, je t'aime mec.
- Je t'aime aussi, sanglota le plus jeune.
Eddie cligna des yeux en souriant et tourna la tête vers la blonde, qui tentait tant bien que mal de lui offrir un dernier sourire.
– Je t'aime plus que tout, Chrissy Cunningham, j'espère que tu t'en souviendras toujours. Tu es la première femme que j'ai aimée, et je t'ai toujours aimé.
– Tu es le seul homme que j'ai réellement aimé, Edward Munson. Et je t'aimerais toujours.
Eddie ouvrit la bouche pour parler à nouveau, mais sa respiration faiblissait et les mots ne franchirent pas ses lèvres. Chrissy, désemparée, se pencha vers lui et posa sa bouche sur la sienne, mélangeant leur salive, leur sang. La blonde touchait la langue froide d'Eddie du bout de la sienne, imaginant que ce contact allait le garder en vie plus longtemps, que la magie qui lui avait permis de survivre dans ce monde hostile allait se joindre à lui pour lui faire profiter aussi. Pendant une seconde, Chrissy sentit son sang se refroidir, comme si un fluide glacé parcourait ses veines.
Quand elle se sépara des lèvres d'Eddie, sa tête retomba mollement au sol, ses yeux se vidèrent de toute vie. Et tout fut fini.
– Le tremblement de terre a détruit l'usine où je travaille, annonça mollement Wayne lorsqu'il eut fini de pleurer. Je n'ai plus rien à faire dans ce trou de merde. Chrissy, je te laisse mon mobile-home. Je t'appellerai quand je serai installé pour que tu puisses avoir mon numéro pour me joindre, et quand tu seras prête, fais transférer les factures du mobile-home à ton nom, d'accord ? Je t'adore petite, mais je ne pourrai pas payer pour deux.
– Ne t'en fais pas, répondit-elle, je comprends. Je n'en attendais pas autant, c'est... c'est vraiment gentil de ta part, Wayne, merci beaucoup.
– Je te laisse toutes les affaires d'Eddie, je n'en ferai rien. Tu en prendras plus soin que moi.
La blonde ne répondit pas. Les mots moururent dans sa gorge. Au loin, Lucas s'approcha d'eux, murmurant quelque chose à l'oreille de Dustin, qui se leva en s'excusant.
– Je vais aller au mobile-home, dit Chrissy en se levant à son tour. Je vais appeler mon père pour le rassurer, je suis sûre qu'il se fait un sang d'encre. Prends soin de toi Wayne, et donne-moi des nouvelles, d'accord ?
L'homme, qui paraissait vingt ans plus vieux, se mit debout et pris la jeune femme dans ses bras.
– Merci pour tout Chrissy. Merci pour tout ce que tu as fait pour lui. Et donne-moi des nouvelles de temps en temps aussi, d'accord ?
La cheerleader hocha la tête en souriant tristement, puis fendit la foule pour sortir du gymnase. Elle enfourcha sa bicyclette et roula jusqu'à Forest Hill Trailer Park, en longeant la fente immense qui s'était creusé dans le sol suite au tremblement de terre. De temps en temps, Chrissy regardait les éclats rouges qui sortaient du sol, espérant voir Eddie escalader pour remonter à la surface. Pourtant, elle atteignit le seuil du mobile-home sans jamais l'avoir aperçu.
La blonde monta les marches du perron, puis se retourna. D'un œil absent, elle vit la neige tomber sur la pelouse jaunie des alentours. Le soleil se cacha. Pourtant, même si aucun flocon n'était censé tomber en cette période de l'année, Chrissy ne parut pas surprise. On était le 13 mai 1986. Dans un mois exactement, la blonde aurait dix-huit ans.
En attendant, le 13 mai était le premier jour sans Eddie. Le premier jour sans Vecna, que Nancy, Steve et Robin avaient vraisemblablement tué (même si la blonde en doutait vu l'immense faille qui traversait la ville). Le premier jour sans personne.
Chrissy ouvrit la porte du mobile-home, et, sans un regard de plus pour la neige qui tombait, claqua la porte, laissant derrière elle sa colère, sa tristesse, la Chrissy d'avant, tout.
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Voilà voilà.... le dernier chapitre.
Bizarrement, je n'aurais jamais pensé écrire une si longue histoire quand j'ai commencé à l'écrire l'an dernier. Je n'aurais jamais pensé vouloir écrire une suite, je n'aurais jamais pensé écrire cette fin-là. J'espère d'ailleurs que le format de ce chapitre aura été assez compréhensible.
En tout cas merci à vous qui êtes arrivés jusqu'ici. Vous qui avez tout lu jusqu'à la fin, qui avez été patient quand je n'avais plus la foi. Votre intérêt pour cette histoire me touche énormément. Je sais que je ne suis pas l'autrice la plus active sur Wattpad ni la plus régulière, je suis nulle en "marketing" dans le sens où je ne sais pas comment mettre en avant mes écrits.... vraiment je ne dois pas du tout vous donner envie là ahah.
Mais en tout cas merci à tous.tes pour vos lectures, votes, commentaires. Ca a été un réel plaisir de vous lire à chaque fois.
Pour le tome 2 je vous donnerai des nouvelles très rapidement sur le fil de mon compte, mais vous pourrez me retrouver aussi sur instagram (alicepan___ avec trois _).
Bisous à vous et on se retrouve très bientôt pour le deuxième tome de l'histoire !
Alice
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