~Chapitre 4~
Je me réveillai à côté de mon père sur le canapé.
08h43.
Les rayons du soleil m'avaient réveillés, mais mon père dormait toujours.
Je décidai d'appeler Emma en attendant qu'il se réveille, on appèlerait ma mère par la suite, qui travaillait en tant qu'infirmière de garde. Il était presque deux heures du matin en France mais elle ne dormait peut-être pas.
En effet, elle me répondit au bout de quelques sonneries.
On parlait de tout et de rien, comme toujours. C'était une des (très) nombreuses choses que j'appréciais chez elle. On parlait de tous les sujets, tabous ou non. On passait du coq à l'âne. Mais surtout, c'était une des très rares personnes à qui je faisais réellement confiance. Je lui promis de la rappeler rapidement et je raccrochai.
09h37.
Je descendis avec mon ordinateur, mon père était réveillé. On appela ma mère. Elle était rassurée de voir que je me levai tôt -ce qui voulait dire que je ne me couchais pas trop tard-. Si seulement elle savait!
Mes parents ne se parlaient jamais réellement. Parfois je me demandais si un jour ils s'étaient aimés. Ils n'avaient jamais voulu me dire pourquoi ils s'étaient séparés, mais mon père m'avait un jour dit qu'il avait vraiment aimé ma mère, qu'ils n'étaient pas d'accord sur certains sujets, mais il n'avait pas voulu m'en dire plus. Ma mère avait refait sa vie, mais mon père, lui, était resté célibataire, comme s'il était resté bloqué sur sa relation avec ma mère.
09h58.
-On te laisse maman, bonne nuit.
-Bonne nuit, euh... Bonne journée!
Avec mon père on se regarda et on éclata de rire: ma mère ne s'était jamais habituée au décalage horaire.
Nous sortîmes sur la terrasse pour petit-déjeuner.
J'avais encore cette sensation d'être observée. Les frissons dans mon dos étaient de retour et mon coeur battait plus rapidement. Vraiment, ça ne tournait pas très rond dans ma tête!
Mon père reçut un appel. Un procès d'urgence était demandé. Il devait absolument y aller.
-Tu es sûre que ça ne te dérange pas? me demanda-t-il.
-Mais non puisque je te le dis! Je vais aller sur la plage et ce soir on sortira, allez dépêche-toi tu vas être en retard! le rassurai-je en souriant.
Une fois qu'il fût parti, je partis me préparer.
10h14.
Sur la plage, il n'y avait personne. Il faisait plus frais que la veille. Je mis mes écouteurs et commençai à m'entraîner.
Encore cette sensation qu'on m'observait, à la différence près qu'un jeune homme s'approcha.
-Salut, me lança-t-il.
-Euh... Salut? C'est toi qui me suis partout? rétorquai-je sur mes gardes.
-Mon hypothèse est donc avérée... marmonna-t-il en se passant une main dans les cheveux, comme pour lui même.
Je le regardais, étonnée. Depuis quand des gens que je ne connaissais pas faisaient des soit-disantes "hypothèses" sur moi?
-Sais-tu qui tu es? me demanda-t-il, sérieusement.
-Euh oui, je ne pense pas encore avoir l'alzheimer!
-Qui es-tu alors?
-Mélodie, 19 ans. Si c'est une technique de drague, elle est vraiment pourrie. Tu aurais pu t'y prendre autrement pour m'inviter à boire un verre.
En effet, malgré son attitude quelque peu étrange, il était d'une beauté incomparable: des cheveux blond cendré, une légère barbe de trois jours et malgré la paire de lunette noire qui reposait sur son nez, on pouvait voir un visage parfait.
-Non, enfin oui! enfin.... Je crois qu'il faut qu'on parle.
-Sérieusement, je ne te connais pas, tu veux me parler après m'avoir prise pour une folle euh...
-Ne t'en fais pas je ne vais pas te faire de mal. Je veux juste qu'on s'assoie pour parler, me rassura-t-il.
Je ne sais pas pourquoi, mais je lui obéis.
Il avait quelque chose dans sa voix d'apaisant, de vrai.
Je m'asseyai sur le sable, à côté de lui. Je savais qu'il ne fallait pas "parler aux inconnus", ma mère me l'avait assez répété toute mon enfance, mais cet homme avait quelque chose qui m'attirait.
Il retira ses lunettes noires. Ma respiration se coupa pendant une durée qui me parut une éternité. Il avait le même regard que mon père et moi.
Des yeux d'un bleu clair, comme un ciel sans nuage, avec des reflets plus foncés.
-Pour commencer, je m'appelle Alix.
Il marqua une longue pause que je ne cherchais pas à briser.
-Est-ce que tu sais pourquoi j'ai les mêmes yeux que toi? commença-t-il.
-Tu ne vas pas me dire que tu es mon frère? m'écriai-je.
-Non non! Mais... Bon écoute, je vais être franc. Ce n'est pas pour rien si on a les mêmes yeux, mais ça je t'expliquerai après. Si tu sentais une présence hier et aujourd'hui, tu as du te rendre compte que tu ne me voyais pas.
-Oui et...? lui demandai-je.
-Et, il n'y a qu'une minorité de personnes qui a le don de Voyance.
-Ah parce qu'après l'alzheimer je suis voyante? Bon allez ça va, m'énervai-je en me relevant.
Il me retint par le bras. Je me tournai vers lui.
Ses yeux. Ses yeux me faisaient fondre, je ne pouvais plus bouger tellement j'étais attirée par eux. Ils étaient devenus d'un bleu encore plus clair que quelques secondes plus tôt, presque transparents.
Le même regard que mon père un peu plus de 10 ans plus tôt dans l'avion.
Le même regard que j'avais lancé à mon voisin la veille sûrement.
"Je suis désolé de te faire ça, réellement, mais je n'ai pas le choix il faut que je t'explique.
Certaines personnes ont des pouvoirs dans ce monde. Pas comme des fées ou des sorcières , non. Mais comme toi, moi ou ton père. Nous sommes capables de faire certaines choses, comme repérer des personnes sans les voir, comme toi ces deux derniers jours. Mais certains Lepidus, enchanteur en latin, sont passés du mauvais côté, ils se servent des sortilèges de nos ancêtres pour dominer ce monde. Ces personnes s'appellent des Proditors, des traîtres. Je connais ton père depuis mon enfance, car il fait parti de nos légendes. Il se battait pour la bonne cause, et c'était l'un des meilleurs. Et un jour, il a décidé d'arrêter. D'arrêter tout. Personne ne sait pourquoi. Mais maintenant je commence à comprendre. Il a décidé d'arrêter quand tu es né probablement. C'est une très bonne excuse c'est sûr. Mais je pense qu'il t'a transmis des pouvoirs. Beaucoup de pouvoirs. Je suis un Cupidum, un connaisseur. Je sais la quantité de pouvoirs qu'ont chaque Lepidus que je croise. Mais toi, c'est différent, je ne vois rien, comme si ton esprit était bloqué et pourtant tu dégages une aura puissante.J'ai su qu'il fallait que je te protège et cela avant même que je te croise. Tu as besoin d'aide Mélodie, tu possèdes d'énormes pouvoirs en toi, qui n'attendent que d'être libérés. Mais les Proditors sont déjà à ta recherche. Tu es un obstacle pour eux. Ça fait beaucoup d'informations, je sais. Beaucoup d'informations étranges pour quelqu'un qui ne connaît rien à ce monde. J'aurais bien aimé te dire que je te laissais le choix mais malheureusement, c'est impossible. Je vais devoir t'aider à développer tes pouvoirs pour que tu puisses être prête si un Proditor s'attaque à toi. Je te parle par télépathie. Un don commun à tous les Lepidus. J'ai utilisé un sortilège d'immobilisation. Je pense que tu t'es déjà servie de ce sortilège, sûrement à tes dépens. Bonne chance."
Mes jambes ne me tenaient plus.
Je m'effondrai sur le sable, sombrant dans l'inconscience, retenue par des bras puissants.
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