Chapitre 35
Roderik porta lentement son verre de vin à ses lèvres en écoutant d'une oreille absente son futur associé relever les mérites de son entreprise. Ce soir, il avait d'yeux que pour la femme assise à ses côtés. Rarement préoccupé par le comportement de ses conquêtes, Roderik examinait chacun de ses gestes avec un regard des plus admiratif. Jusqu'aux bout de ses doigts Luna était dotée d'une aisance indéfinissable. Courtoise, le dos bien droit, par moment étourdie elle faisait de lui l'homme le plus comblé du monde.
Cette simple pensée le mit dans état tel qu'il se racla la gorge en se redressant sur la banquette avec qu'une seule idée en tête.
La prendre par la main et remonter dans sa suite pour lui faire l'amour comme un fou.
- Je suis certain que nous pouvons faire de belles choses ensemble monsieur le Duc.
Steven l'arracha à ses pensées.
- Je dois tout de même soulever un point important, déclara Roderik en jetant un coup d'œil en direction de la jeune femme qui dégustait son dessert avec entrain.
- Lequel ?
- Les trente pourcent restant seront reversées pour des causes qui me tiennent à cœur.
Le vieux Steven perdit l'éclat de son sourire. Bien évidement Roderik s'en était douté et n'espérait pas mieux de lui. Ces trente pourcent représentait une sommes qui ne laisserait personne insensible.
- Cela représente une sommes assez importantes, êtes-vous certain de vouloir garder ces pourcentages ? Demanda-t-il d'une voix incertaine.
Roderik plissa des yeux. Il aimait être défié pour mieux plaquer son adversaire. Cet investissement était bien plus important pour Steven que pour lui. Avec ou sans lui, Roderik avait entre ses mains tous les outils nécessaire pour construire cet hôtel.
Ainsi, c'était lui le perdant.
Mais alors qu'il s'apprêtait à lui répondre une voix douce l'interrompit ;
- Vous n'imaginez pas à quel point cela va vous propulser au plus haut monsieur Borm, déclara Luna sans réfléchir aux conséquences d'une telle prise de parole irréfléchie ; Soyons honnête, d'après vos dires vous êtes sous le feu des critiques. Vous savoir sur un projet aussi important qui plus est en collaboration avec le Duc de York vous sera que bénéfique.
Luna marqua une pause pour déglutir.
- Le grand entrepreneur monsieur Borm s'engage auprès des causes, vous voyez déjà le titre ?
Steven la considérait avec un grand intérêt avant qu'un sourire de satisfaction rehausse ses lèvres
- Ça me plait ! S'exclama-t-il en levant son verre pour sonner le glas d'un accord sur le point d'éclore.
Luna exhala un soupir tremblant sans trouver le courage de regarder Roderik. Avait-elle bien fait ?
- Eh bien Roderik ! Vous devriez emmener cette belle jeune femme plus souvent, elle sait user de bons arguments pour convaincre.
Luna sentit la main hâlée de Roderik prendre la sienne pour la porter à ses lèvres.
- Je tiens compte de ce conseil Steven, murmura-t-il d'une voix indescriptible.
Luna osa enfin le regarder dans les yeux et put enfin respirer convenablement. Il reposa leurs deux mains liées sur sa cuisse musclé pour exécuter des petits cercles apaisants sur sa main.
À cet instant Luna sentit des milliers de frissons parcourir sa peau. Grisée par l'atmosphère elle but une gorgée de champagne en réalisant à quel point elle avait de la chance d'être ici, autour d'un excellent dîner avec un homme aussi attentif à ses besoins. Parfois elle songeait même à ses parents et à ce qu'ils auraient pu penser de cette relation totalement improbable et pourtant si réelle.
Le couple Borm les quitta en fin de soirée pour rejoindre un cercle fermé pour un tournois de poker. Enfin seuls, Roderik passa son bras sur le dossier de la banquette et se tourna vers elle.
- Tu as été parfaite ce soir, chuchota-t-il en plongeant son regard dans le sien.
- Vraiment ? Mon dieu je ne sais pas ce qui m'a pris de prendre la parole, bredouilla-t-elle en portant ses mains à ses joues.
- Tu as bien fait, assura-t-il en glissant son index sur son menton afin qu'elle le regarde dans les yeux ; Ton intervention m'a confirmée ce que je pensais, tu as suivi toutes nos conversations, tu t'es montrée intéressée.
Elle s'empourpra violemment.
- À vrai dire la conversation était assez ennuyeuse, avoua-t-elle piteusement ; Mais ta façon de parler...avec une telle force, une autorité presque naturelle, j'étais complètement hypnotisée.
Roderik éclata de rire sous regard contrit.
- Je prends ça pour un compliment.
- Tu as tellement charisme, ajouta-t-elle en lissant nerveusement la nappe ; Cela ne m'étonne pas que tu sois aussi à l'aise devant les foules.
Venant de sa bouche Roderik accueilli ses mots comme un compliment alors que d'ordinaire il se serait contenter d'un hochement de tête évasif.
Il se caressa la barbe pensivement et jeta un regard circulaire dans le restaurant.
Braxler, un magnat de la finance internationale les observait avec un cigare à la main, enveloppé dans une immense fumée épaisse. Ses yeux étaient rivés sur Luna, sans vergogne...comme s'il songeait à en connaître davantage sur elle pour mieux sans acquitté.
Une profonde et incontrôlable jalousie monta dangereusement en lui. Son regard de concupiscence laissait entendre qu'il prenait Luna pour une prostituée.
- Tu veux bien m'attendre ici une petite minute ?
Sans attendre sa réponse Roderik se leva pour foncer droit sur son adversaire. Braxler quitta Luna des yeux pour les lever vers lui.
- Monsieur le Duc, quel plaisir de vous revoir.
- Plaisir non partagé, lâcha-t-il d'une voix glaciale.
Ses compagnons de table cessèrent toutes discussions.
- Pourriez-vous cesser de regard ma compagne comme un pervers où désirez-vous que je vous le fasse comprendre d'une autre façon ? Fit-il menaçant.
Laissant échapper son cigare Braxler devint écarlate.
- Toutes mes excuses Monsieur le Duc je pensais que...
- Vous pensez mal et à l'avenir prenez garde aux regards que vous portez sur elle.
Un silence pesant s'ensuivit.
Roderik le regarda une dernière fois avec toute la froideur qu'il possédait et fit demi-tour pour rejoindre la jeune femme toujours assise mais néanmoins pétrifiée. Elle lui lança un regard interloqué alors qu'il lui tendait sa main pour qu'elle s'en saisisse.
Luna attrapa sa main et glissa ses doigts sur sa paume chaude.
- Est-ce que tout va bien ? S'informa-t-elle en le suivant hors du restaurant.
- Tout va bien, assura-t-il d'une voix dure.
Luna se ravisa à toute tentative de vouloir connaître ses tourments. Visiblement, l'homme au fond du restaurant n'était pas son ami et leur houleuse conversation l'avait mis en rogne.
Mais pour quelle raison ?
Luna se mordit la lèvre pour s'empêcher de lui poser des questions et le suivit jusqu'à l'ascenseur. La soirée avait été merveilleuse. Hors de question pour elle de laisser cet inconnu tout détruire. Pour cela, Luna attendit que les portes se referment pour se mettre devant lui.
- J'ai passé une excellente soirée monsieur Willar, murmura-t-elle en déployant un grand sourire.
Il demeura impassible mais courba néanmoins son doigt dans sa direction. Luna s'approcha jusqu'à poser ses mains sur les pans de sa veste.
Le cœur battant sourdement dans sa poitrine elle entrouvrit ses lèvres pour l'appeler au baiser et l'eut...
Il immobilisa son visage entre ses mains puis plaqua sa bouche contre la sienne avec une force qui la laissa sans voix. Dans la précipitation de ce baiser elle ne sentit pas tout de suite qu'il avait arrête la montée de l'ascenseur. Elle protesta silencieusement, enfin...non...Elle s'entendit pousser une plainte contre ses lèvres avant qu'il rompe leur baiser, les mains toujours plaquées sur ses joues.
- La soirée est loin d'être terminée, chuchota-t-il d'une voix rauque.
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