Vagabonde. (Orpheline)
Une enfant courrait dans la rue. Sur le sol mouillé elle glissait, manquait de tomber, retrouvait son équilibre et courrait de plus belle. Elle fuyait. Et les passants la regardaient filer, cherchant son poursuivant sans jamais le trouver. La rumeur disait que cette fille était habitée par le démon, mais jamais personne n'avait pu le prouver. Quand elle s'arrêtait, elle s'asseyait par terre au milieu de la rue et ramenait ses jambes contre elle en se balançant. Elle restait de longues heures comme ça repliée sur elle-même et faisait s'arrêter les charrettes qui voulaient passer. Les paysans râlaient, la traitait de tout les noms, puis faisaient demi-tour pour trouver un autre passage, incapables d'approcher la fillette ou de la faire se lever. Personne n'arrivait l'approcher à plus d'un mètre, sa présence effrayait et son aura dégageait quelque chose d'étrange, d'inquiétant. Quand elle se levait enfin après de longues heures, elle regardait d'abord autour d'elle l'air effrayée. Elle évitait le regards des personnes présentent dans la rue et tirait sur les haillons qui protégeaient son corps frêle. Puis après avoir observé les alentours avec inquiétude, elle regardait dans un coin sombre, poussaient un cri, et recommençait à courir, dévalant les rues sous la pluie qui tombait toujours. Les villageois tournaient la tête vers le coin noir, certains sursautaient et s'en allaient, d'autres plus audacieux s'approchaient de cette zone ombragée, mais il n'y avait jamais rien. Parfois la fillette tombait par terre sur les pavés, s'égratignant. Souvent elle ne se relevait pas, inconsciente et son corps restait au milieu de la ruelle. Les gens l'évitaient, faisant un large détour, quelques autres petits galopins venait tenter de la toucher, soulever ses longs cheveux sales, mais ils ne restaient jamais longtemps, il y en avait toujours un qui criait "à la sorcière" et tous les enfants repartaient en riant et en courant, quelques mèches de cheveux de la fille entre les mains. Le lendemain matin, la fillette recommençait à courir dans la rue. On ne sait comment elle était arrivée à reprendre des forces et à se relever, mais elle courait, fuyant son assaillant, et le manège recommençait.
A quelques jours de marche de ce petit village pluvieux se trouvait une grande propriété comportant quelques bâtisses formant un carré. Un peu plus loin il y avait un immense dôme translucide duquel on voyait sortir, quelques oiseaux de toutes les couleurs lorsque le printemps arrivait. Le dôme était couvert de racine et de lianes. Cette grande propriété appartenait au vicomte de la région et pour se faire bien voir de sa population, le terrain abritait le "Couvent des cinq lumières". Ce couvent était composé d'une trentaine de religieuses, toutes employées à l'éducation des enfants et à l'accueil des orphelins. Rien ne manquait dans ce couvent, les sœurs vivaient simplement et consacraient leurs temps à apprendre à broder et à lire aux jeunes filles dont elles s'occupaient. La moniale qui dirigeait le cloître devait une fois tous les trois mois se rendre chez le Vicomte pour lui présenter deux filles afin qu'elle finissent leur apprentissage et soient envoyées comme femme de chambre à travers le pays.
Ce jour-là, sœur Beth, la moniale était sur les routes avec ses deux filles les plus débrouillardes. Elles marchaient toutes les trois sur le bord du chemin tirant derrière elles un âne qui portait des présent pour le Vicomte. Le soleil se couchaient quand elles décidèrent de faire halte dans un petit village pour la nuit. N'ayant pas d'argent, elles toquaient aux portes des villageois qui les accueillaient gaiement, heureux de partager le pain avec des servantes du Seigneur. La moniale sonnaient à une porte quand elle aperçu dans la ruelle d'en-face une enfant qui la regardait. Elle plissa les yeux pour mieux voir, sa vue baissait, peut-être n'était-ce qu'une ombre dût à la lumière du soir. Mais non, une fillette la regardait, debout, elle la fixait. Abandonnant ses deux filles, Sœur Beth traversa la route pour s'approcher de cette enfant qui avait l'air malheureuse en tout point. En s'approchant elle remarqua que la fillette ne regardait pas la moniale, elle fixait une ombre derrière elle. Elle se retourna, mais il n'y avait rien, quand elle regarda à nouveau la fillette,celle-ci poussa un cri et s'enfuit en courant dans la rue. La moniale jeta un regard autour d'elle , quelques choses avait dû l'effrayer sans aucuns doutes, mais quoi ? Il n'y avait rien derrière, rien d'autre que l'homme qui ouvrait la porte à ses deux filles. La moniale et ses filles dormirent chez le villageois qui leurs avait ouvert posant des questions sur la petite fille. L'homme n'avait pas été très bavard à ce sujet, en revanche son fils qui avait une dizaine d'années seulement lui en avait appris beaucoup. Apparemment cette fille vagabondait dans le village depuis trois semaines déjà. C'était en réalité le diable, et si on s'approchait trop près d'elle on devenait très malade puis Satan venait nous chercher. Elle avait été envoyée par le roi pour vérifier que les villageois faisaient leur travail correctement et priaient tous les soirs.
Le lendemain matin, juste avant le lever du soleil, sœur Beth était bien décider à aller étudier ce démon de plus près. Elle laissa ses filles se rendre au palais du Vicomte seules tandis qu'elle cherchait la fillette dans les rues. Elle ne mis pas longtemps à la trouver. Elle était étalée au milieu du passage, le visage sale et les cheveux en bataille tout autour d'elle, la fillette était presque nue, ses vêtements n'étaient que des lambeaux sales et maculés de sang. Avec précaution, la religieuse s'approcha de l'enfant tandis qu'un groupe de villageois se formait autour d'elle. Elle fit un signe de croix avant de caresser doucement la joue de la fillette pendant que les murmure de la foule s'intensifiait. Les murmurent se transformèrent en cris de dégoûts au moment où la moniale pris tendrement la vagabonde dans ses bras. Sœur Beth se fraya un chemin parmi les passants et sorti du village, portant dans ses bras sa nouvelle fille : Anastazia.
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