Chapitre 61
Après avoir pleuré je dirais, toutes les larmes de mon corps, j'ai fini par m'endormir dans les bras de Sam. À mon arrivée, j'avais vraiment du mal à m'exprimer correctement quand elle m'a demandé ce qu'il s'était réellement passé entre nous. Je revoyais le visage d'Aubry inondé de larmes, son regard plein de tristesse posé sur moi à l'annonce soudaine de son cousin et sa déception face à la situation quand j'ai finalement confirmé ses dires. Je crois que je l'ai définitivement perdue, mais ce n'est pas ça qui me fait le plus mal, c'est le fait de savoir que je l'ai profondément blessée qui m'est insupportable. Sans le vouloir, j'ai joué avec ses sentiments.
Je réussis à me réveiller une bonne heure plus tard, la tête lourde et les paupières pesantes. Sans trop d'efforts, je récupère mon téléphone sur la table basse près de moi et je le vérifie avec un petit espoir de tomber sur un de ses messages, mais malheureusement pour moi, je n'ai rien reçu. À quoi m'attendais-je vraiment ?
– Ah, enfin t'es réveillée. Soupire Sam en revenant au salon avec deux tasses de chocolat chaud dans les mains.
– J'aurais préféré ne plus me réveiller. Râle-je en me redressant, la voix cassée.
– Je t'interdis de dire ça ! Me réprimande-t-elle, je sais que ce n'est pas facile pour toi en ce moment et que tu as l'impression de sombrer dans un gros trou noir...
– C'est peu de le dire.. Soupire-je de désespoir.
– Mais je ne veux plus que tu parles de la sorte ! N'oublie pas que tu es entourée des gens qui t'aiment et tu dois au moins penser à eux aussi avant de te laisser tuer par un chagrin d'amour. Continue-t-elle durement.
– D'accord, tu as raison, je suis désolée...
– Je l'espère bien ! Écoute, commence-t-elle en s'installant près de moi, les choses vont finir par s'arranger tôt ou tard ça, j'en suis certaine. Je ne veux pas que tu te décourage aussi facilement.
Je la regarde me sourire légèrement alors que je n'ai qu'une envie, me remettre à pleurer. Elle me prend une nouvelle fois dans ses bras pour me réconforter et je réponds joyeusement à son câlin malgré ma peine.
– Dis Sam, tu crois que je suis maudite en amour ? Marmonne-je, toujours blottie contre elle.
– Non, pas du tout... Sourit-elle légèrement en me prenant le visage en coupe. Tu traverses juste une mauvaise phase comme tous les amoureux de cette planète, mais tu vas finir par t'en remettre ne t'inquiète. Finit-elle en me reprenant dans ses bras.
– L'amour, ça fait mal... Pleurniche-je sur son épaule.
– Tout comme ça fait du bien la majeure partie du temps ! Tiens, bois ça, ça te fera du bien. Dit-elle en me donnant l'une des tasses de chocolat chaud sans perdre son sourire.
Je le récupère tout en m'efforçant de sourire à mon tour pour lui faire plaisir. Je crois que j'ai bien fait de venir directement chez elle pour trouver du réconfort, car elle a toujours su comment me redonner du sourire, même quand je ne croyais plus cela possible. J'ai vraiment beaucoup de chance de l'avoir dans ma vie.
– Au fait, il est où Jackson ?
– En déplacement. Il ne reviendra que demain soir alors, tu peux rester dormir si tu veux.
– D'accord, merci.
– De rien ma belle, tu sais que tu peux toujours compter sur moi et ici, tu es chez toi. Reste autant de temps que tu le souhaites. Réplique-t-elle en portant sa tasse de chocolat à ses lèvres.
– Euh... S'il te plaît, tu peux éviter de lui raconter ce qui s'est passé aujourd'hui ? Je n'aimerais pas qu'il le rapporte à sa sœur.
– Ne t'inquiète pas, je ne lui dirai rien, mais j'aimerais savoir un truc.
– Je t'écoute... Dis-je en buvant à mon tour mon chocolat chaud.
– Toi et moi savons très bien que tu as encore des sentiments pour Lyndsay, et maintenant qu'avec Aubry c'est...
– J'aime encore Lyndsay c'est vrai, mais je crois qu'elle serait mieux sans moi. La coupe-je. Elle mérite d'être heureuse et j'espère qu'elle le sera de nouveau à New-York. Continue-je la voix pleine de tristesse.
– Et que vas-tu faire alors ? Tu iras encore voir Aubry pour que vous en discuter ?
– Pour le moment je vais la laisser seule comme elle me l'a demandée. Je lui dois bien ça.
– D'accord ma puce...
*
****
Ça fait une semaine, une semaine que je n'ai plus eu des nouvelles d'Aubry, une semaine que j'hésite à lui envoyer le premier message ou l'appeler directement pour entendre sa voix et savoir comment elle va, pour m'excuser une énième fois de lui avoir briser le cœur, elle me manque.
Entre temps, j'ai repris les cours. Me revoilà à nouveau sur le campus en compagnie de Mégane, ma colocataire de chambre dont j'ai rarement pris des nouvelles durant ces deux dernières semaines, tout ce que je sais c'est qu'elle a passé de merveilleuses fêtes de fin d'année en compagnie de ses proches et je suis contente pour elle.
– Hey, tu m'écoutes ? Me tapote Mégane pour me faire revenir à la réalité.
Nous sommes à la cafétéria du campus, en train d'attendre notre prochain cours de la journée. Ce semestre nous avons plus de cours en commun, raison pour laquelle nous passerons maintenant la majeure partie de nos journées ensemble.
– Désolée, tu disais ?
– J'aimerais bien savoir où t'étais encore partie cette fois-ci. Depuis ton retour, tu es comme absente de ta propre vie et ça commence déjà à m'inquièter.
– Je vais bien ne t'inquiète pas, c'est juste la fatigue. Réplique-je avec un rictus.
– Je sais que c'est faux, tout comme ton sourire, mais je ne vais pas insister. Quand tu auras envie d'en parler, tu sais où me trouver.
Elle me donne une caresse sur la main accompagné d'un sourire sincère avant de s'éclipser. Je reste à nouveau me perdre dans mes pensées jusqu'à ce que l'heure de mon prochain cours arrive...
****
Il est dix-huit heures quarante et on vient enfin de terminer le cours. J'étais tellement épuisée par mes nombreuses réflexions que je n'ai presque rien assimilée de tout ce qui a été dit à l'amphi aujourd'hui, mais je me rattraperai dans mes révisions le week-end.
Je retrouve Mégane à la sortie de l'amphi, qui a l'air d'attendre ou de chercher quelqu'un.
– Enfin te voilà ! J'ai cru que tu n'allais jamais sortir. Dit-elle en me voyant arriver vers elle.
– Euh, tu m'attends depuis ?
– Non pas vraiment ! Sinon, ça te dit de m'accompagner à une petite fête ce soir ? On va bien s'amuser je te le promets. Dit-elle très enthousiaste.
– Désolée Mégane, mais je n'ai pas vraiment la tête à faire la fête ce soir. En plus, je suis très fatiguée. Je dois me reposer pour être en forme demain.
– Allez quoi, ce sera juste pour quelques heures en plus, on a cours qu'à partir de douze heures demain, ce qui te laissera le temps de te reposer. Insiste-t-elle en me faisant la moue.
– Vraiment désolée, mais je ne peux vraiment pas.
Elle finit par se résigner ayant compris que rien ni personne ne me fera changer d'avis.
– D'accord c'est comme tu veux, mais ne m'attends pas, j'ai le double des clés.
– Okay fais moins de bruits en rentrant s'il te plaît. J'ai vraiment envie de bien me reposer. Dis-je en m'apprêtant à partir.
– Euh, c'est moi ou cette fille de l'autre côté de la route n'arrête pas de nous observer depuis un moment déjà ?
Très confuse, je me retourne immédiatement pour voir de qui il s'agit, et mon cœur rate un battement quand je vois Aubry au loin, adossée à sa voiture et attendant patiemment.
– Tu la connais ?
– Euh, oui ! Je vais devoir te laisser. amuse toi bien à ta fête et surtout, ne rentre pas trop tard. Dis-je en me dirigeant vers Aubry.
Au fur et à mesure que je me rapproche d'elle, mes mains deviennent moites, des frissons me traversent tout le corps et je n'arrive même pas à soutenir son regard qui jusque-là, est resté fixe sur moi. Je suis à la fois contente et stressée de la voir ici après une longue semaine de silence.
– Salut... Souffle-je à peine une fois à son niveau.
– Bonsoir princesse. Dit-elle avec un léger sourire, tu vas bien ?
Cette appellation me fait chaud au cœur, ça m'avait manqué. En plus, elle se soucie encore de moi. Je hoche juste la tête en signe de réponse, encore très honteuse pour la dernière fois.
– Et toi, tu vas bien ?
– Oui, ça va...
– Euh, ça fait longtemps que tu es là ?
– Pas trop, mais je commence déjà à avoir froid là. Ça te dit d'aller faire un petit tour ?
– D'accord...
Elle m'ouvre la portière de sa voiture, attend que je sois bien installée avant d'aller s'installer à son tour au volant. Toujours aussi adorable avec moi après tout ce qui s'est passé.
****
Ça fait un petit moment que l'on roule dans un silence assez gênant, elle, le regard perdu sur la route depuis tout ce temps comme si elle avait peur de croiser le mien, et moi, lui jetant de temps en temps de petits coups d'œil pour savoir à quoi elle pense réellement. J'aimerais bien lui demander où on va, mais j'hésite.
– Ça y est, nous sommes arrivées. Soupire-t-elle en coupant enfin le contact.
Je regarde devant moi, et je constate qu'elle s'est garée sur un parking, pas très loin de la plage. Il fait assez sombre où nous sommes pour distinguer quoique ce soit, mais je crois savoir où nous sommes exactement.
– Tu t'en souviens ? Souffle-t-elle, le regard fixe devant elle.
– Oui...
C'est la plage où nous sommes venues la première fois que nous nous sommes rencontrées à la fête chez Tyler.
– C'est ici que j'ai su que t'allais occuper une place dans mon cœur. Continue-t-elle avec un léger sourire sur les lèvres.
Je la regarde, toute nostalgique de ce soir où j'ai commencé à m'ouvrir à elle et je souris à mon tour. C'était vraiment une belle fin de soirée qui avait pourtant mal commencé. Elle m'avait fait retrouver le sourire pour de vrai alors que je ne pensais plus cela possible après le départ de Lyndsay.
– J'aurais aimé qu'on aille faire un petit tour comme la dernière fois, mais j'ai peur que tu attrape un rhume après par ma faute.
– Moi je veux bien y aller...
– Euh, t'es sûre ?
– Oui, et ne t'inquiète pas pour moi. Ce n'est pas un petit froid qui me fera du mal d'aussitôt. Dis-je en sortant de la voiture.
Elle sort à son tour me rejoindre et nous avançons pieds nus jusqu'à la plage déserte, enveloppée pour la nuit, laissant juste un peu de place à la lune d'éclairer nos silhouettes. Il fait froid mais ça va. Le bruit des vagues recouvre le long silence qui perdure entre nous depuis notre départ, comme j'aimerais savoir à quoi elle pense là maintenant. L'air est tellement chargée de non-dits entre nous que ça devient trop pesant à la fin.
On finit par s'installer pas très loin de l'eau, sur le sable fin et humide, le laissant s'incruster entre nos orteils. Je regarde Aubry profiter de la belle vue qui s'offre à nous, la danse harmonieuse des vagues sous un ciel étoilé. C'est magnifique.
– J'avais presque oublié à quel point la plage est magnifique en soirée. Murmure-t-elle, un léger sourire aux lèvres et le regard toujours fixe droit devant elle.
– C'est vrai...
J'ai tellement envie qu'elle me regarde comme elle en avait l'habitude, toute souriante avec des étoiles dans les yeux. Qu'elle me parle sincèrement comme avant, qu'elle me dise que tout ira bien et que je n'ai pas de raison de m'inquiéter, mais je crois qu'elle n'est pas encore prête à le faire.
– Alors, pourquoi t'as voulu que l'on vienne ici ? Commencé-je, la voix fébrile.
Elle pose enfin son regard sur moi, mais il est vide comme la dernière fois.
– Pour me remémorer une dernière fois cette belle soirée qu'on avait passé ensemble ici.
Comment ça une dernière fois ?
– Oui, je m'en vais de Seattle. Continue-t-elle comme si elle avait lu dans mes pensées.
Je reçois cette nouvelle comme un coup de poing dans la poitrine, sans m'y attendre, les larmes commencent à inonder mes yeux, puis se déversent en cascades sur mes joues.
– Ne pleure pas s'il te plaît sinon, je ne vais pas pouvoir continuer. Dit-elle en m'essuyant le visage.
Elle s'en va à cause de moi. C'est ma faute.
– J'ai eu une proposition de travail à Miami alors, j'ai accepté.
Je la regarde, toute silencieuse, encore sous le choc de cette nouvelle. Elle s'en va, et c'est à des kilomètres d'ici.
– Dis quelque chose s'il te plaît. Continue-t-elle en m'essuyant de nouveau le visage.
Que veut-elle que je dise exactement ? D'un côté, je ne veux pas qu'elle s'en aille et d'un autre côté, je ne peux pas lui demander ça, ce sera trop égoïste de ma part.
– Princesse...
– Je... Je suis ravie pour toi. Soupire-je, en reniflant. Tu iras dans ta, ta ville de rêve, c'est super !
– Tu t'en souviens ? Sourit-elle
– Bien sûr. Tu m'en avais parlé à notre premier rendez-vous. Réplique-je avec un léger sourire.
– C'est exact. Je suis contente que tu t'en souviennes. Je vais pouvoir me consacrer pleinement à ma passion tout en profitant du soleil et de la belle vue des plages. Sourit-elle.
– Je suis ravie pour toi, tu mérites cette belle opportunité.
Malgré le fait que ça me fait mal, je suis très sincère. Elle mérite vraiment cette belle opportunité, ça l'aidera à aller de l'avant.
– Je suis vraiment désolée pour tout Aubry. Je n'ai jamais voul.-/
– Chutt... Me coupe-telle, avec son index gauche sur mes lèvres. Tu sais, je ne t'en veux pas du tout, du moins, je ne t'en veux plus. J'ai fini par comprendre que Lyndsay fera toujours partie de ta vie car, tu l'as toujours dans la peau, même si tu ne veux pas te l'avouer.
Je baisse les yeux, très honteuse sur le moment parce qu'elle a raison. Très en colère contre Lyndsay, j'ai voulu tourner la page sur notre histoire en me mettant avec Aubry mais tout ce que j'ai réussi à faire, c'est la blesser.
– Tu mérite d'être heureuse princesse avec la personne que tu aimes réellement et ce n'est pas moi. Finit-elle en déposant un baiser sur mon front.
Elle me prend ensuite dans ses bras et je profite de ce câlin entre nous pour m'imprégner une dernière fois de son odeur. Elle va beaucoup me manquer...
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