Chapitre 59

Je retrouve Aubry au centre ville comme prévu mais à mon arrivée, je remarque très vite que quelque chose la tracasse. Hormis ce qui s'est passé ce matin avec Lyndsay, j'ai l'impression qu'il y a autre chose d'autre et ça m'intrigue beaucoup.

– Tu vas bien ? Souffle-je en cherchant son regard qui était de plus en plus fuyant.

Ça fait déjà un petit moment que nous nous sommes installées en plein air, dans un café-restaurant non loin du nouveau parc d'attraction et je n'ai pas encore eu la chance de voir son magnifique sourire chaleureux de tous les jours.

–Euh, pas vraiment, en fait, il faut qu'on parle. Balbutie-t-elle, très gênée.

– D'accord, qu'est-ce qu'il y a ? Demande-je, inquiète.

Un jeune homme très souriant habillé en serveur fait irruption au moment où elle s'apprête à parler, ce qui attire notre attention.

– Bon après-midi à vous mesdemoiselles, dit-il en déposant les menus devant nous. Moi c'est Dexter, à votre service. Continue-t-il sans toutefois perdre son sourire.

Il réussit à m'arracher un léger sourire tellement il est chaleureux alors qu'Aubry reste impassible. Son air sérieux commence déjà à vraiment me stresser, j'espère juste que ce n'est rien de grave.

– Tout d'abord, je tiens à vous souhaiter la bienvenue dans notre modeste restaurant, j'espère que vous vous y plairez. Notre carte à menu présente plusieurs variétés culinaires très intéressantes les unes que les autres et très délicieuses au passage alors, prenez tout votre temps pour le parcourir et une fois vos choix faits, vous n'aurez qu'à lever la main pour me faire revenir à vous, je serai juste là, à côté.

– Merci... Dis-je en le gratifiant d'un sourire.

Je reporte mon attention sur Aubry une fois celui-ci parti. Elle a enfin le courage de me regarder droit dans les yeux, mais son regard reste vide, je n'arrive pas à le déchiffrer.

– Qu'est-ce qui ne va pas ? Demande-je, impatiente.

– En fait, j'aimerais qu'on parle de mon cousin...

– Ton cousin ?

– Oui, Alexander. Apparemment, vous vous connaissez.

Et là, mes soupçons sont avérés. C'est bien lui, ce jeune garçon que j'ai connu au collège. Un nœud se forme dans ma poitrine quand le regard d'Aubry devient plus insistant sur moi. Je ne sais pas ce qu'il a bien pu lui raconter, mais ce qui est sûr, elle m'en veut.

– Que t'a-t-il dit ? Marmonne-je difficilement.

– Tout d'abord, je veux savoir si tu te rappelles de lui.

– Maintenant qu'on en parle, oui. Qu'est-ce qu'il t'a raconté ?

– Pourquoi me l'as-tu cachée ? Demande-t-elle contrariée.

– Je ne t'ai rien caché, c'est juste que je n'arrivais plus à me souvenir de lui, ça faisait tellement longtemps et tu sais, il a beaucoup changé depuis le temps.

– Je vois... Soupire-t-elle le regard ailleurs.

Je lui effleure la main pour qu'elle reporte son attention sur moi, et c'est ce qu'elle fait au bout de quelques secondes.

– Dis moi ce qu'il t'a raconté s'il te plaît...

– Que t'étais parmi ceux qui le harcelaient au collège, dis-moi que ce n'est pas vrai s'il te plaît.

Je baisse la tête très honteuse sur le moment. À quoi m'attendais je au juste ?

– Candys, dis moi que ce n'est pas vrai ce qu'il m'a raconté et je te croirais. Réplique-t-elle, la voix tremblante.

Ça me fait bizarre de l'entendre prononcer mon prénom, j'étais déjà habituée au petit surnom de princesse qu'elle m'avait attribuée.

Je la regarde, incapable de dire un mot, tellement je me sens mal. Je ne sais même pas par où commencer pour me défendre, certes je n'avais jamais participé aux harcèlements dirigés contre lui au collège, mais j'étais là, et je n'ai rien fait pour prendre sa défense.

Je le regardais tous les jours se faire humilier dans les couloirs de l'école sans rien dire et d'une certaine manière, je suis autant coupable que tous ces gamins qui s'amusaient à lui faire du mal.

– Candys...

– Je suis désolée. Soupire-je difficilement.

– Tu es sérieuse là ?

Une larme incontrôlée m'échappe de l'œil, je lis de la déception dans son regard et je ne sais pas quoi lui dire de plus, elle doit sûrement me détester maintenant. Je veux à nouveau l'effleurer la main, mais elle ne me laisse pas faire cette fois-ci.

– Je n'arrive pas à croire qu'il avait raison... Marmonne-t-elle, l'air déçue.

Elle veut se lever pour partir, mais je la retiens.

– Non, écoute moi s'il te plaît...

– Euh, y a-t-il un problème mesdemoiselles ? Nous interrompt à nouveau, le serveur de tout à l'heure. Nos menus ne correspondent pas à vos attentes ?

– Désolée mais, nous avons finalement changé d'avis, on va y aller. Répond-t-elle en se levant pour partir.

Je m'excuse également auprès du serveur resté confus avant de la suivre.

– Aubry s'il te plaît attends...

Elle s'arrête net devant sa voiture, la mine serrée et le regard toujours fuyant.

– Ne t'en vas pas comme ça s'il te plaît, faut qu'on parle...

– De quoi ? De comment tes amis et toi vous vous êtes amusés à martyriser mon cousin ?

– Je ne l'ai jamais fait. M'emporte-je à bout de nerfs.

Elle me regarde, confuse. Mes émotions en ébullition, j'essaye de me calmer avant de m'expliquer.

– Je n'ai jamais harcelé ton cousin. À l'époque nous n'étions que des enfants et c'était mon aîné. Comment aurais-je pu l'intimider ?

– Mais tout à l'heure tu.-/

– J'étais impuissante face à tous ces gamins. Je les regardais le menacer tout les jours sans jamais agir. Un jour, ils l'ont tellement violenter que...

– Que quoi ? Continue s'il te plaît...

– Qu'ils l'ont envoyé à l'hôpital. Je me rappelle que ce jour là, la directrice a convoqué tout l'établissement ainsi que nos parents pour une réunion improvisée et qu'au cours de cette réunion, on demandait à chaque élèves présents au moment des faits, d'expliquer ce qu'ils ont vu...

– Et ? S'impatiente-t-elle en me voyant subitement être silencieuse.

– J'ai été incapable de parler. Lâche-je dans un sanglot. Je suis tellement désolée, il était présent ce jour là, la main dans le plâtre, le visage enflé et j'ai été incapable de dire ce qui s'était passé. Continue-je, les larmes ruisselant sur mon visage.

Quand elle me prend dans ses bras pour me calmer, j'explose finalement sans plus pouvoir m'arrêter. Tous ces souvenirs désagréables remontent à la surface et je me rends compte que j'ai vraiment été lâche et que je le suis encore jusqu'à présent.

– C'est bon, calme toi s'il te plaît. Dit-elle en déposant un baiser sur mon épaule.

Elle prend mon visage en coupe, essuie mes larmes à l'aide de ses pouces avant de déposer un autre baiser sur mon front.

– Je suis désolée...

– Non, tu n'as pas à t'excuser. Tu n'as rien fait, je n'aurais pas dû douter de toi.

– Justement, je n'ai rien fait pour l'aider et il m'en veut maintenant.

Elle me regarde, l'air compatissante avant de me reprendre dans ses bras. Je ne peux m'arrêter de culpabiliser et intérieurement, je me dis que c'est lui qui est derrière tout ce qui m'est arrivé jusqu'à présent. C'est forcément lui, vu qu'il m'en veut toujours et il veut me le faire payer maintenant.

– Ne t'inquiète pas, tout va s'arranger. Je vais lui parler.

– Puis-je venir avec toi s'il te plaît ? J'aimerais vraiment m'excuser auprès de lui.

– D'accord...

                           ****

Les tensions entre Aubry et moi se sont un peu calmées, malgré la petite gêne toujours présente. Nous sommes présentement dans son appartement en train d'attendre Alexander pour qu'on s'explique. Elle lui a demandé de passer sans lui préciser à ma demande que je serais également présente et il est déjà en chemin.

Affalée sur son canapé toute en stresse, j'essaye de penser à quelque chose d'agréable sans vraiment y arriver. Je ne sais pas ce qui va se passer quand on se verra et ça m'angoisse terriblement. Va-t-il accepter mes excuses ou va-t-il m'avouer qu'il est celui derrière tous mes malheurs ? S'il le fait, comment vais-je réagir ?

– Hey... Souffle Aubry en s'asseyant près de moi. Tout ira bien, ne t'inquiète.

Je lui souris avant de déposer ma tête sur son épaule, elle carresse ma joue en retour. J'espère vraiment qu'elle a raison et que tout se passera bien.

– Tu veux manger quelque chose avant son arrivée ? Par ma faute on a pas pu profiter des bons plats que nous proposait ce modeste restaurant. Grimace-t-elle, avec un léger sourire en coin.

Elle réussit à m'arracher un sourire avec sa blague, et moi qui croyais qu'elle ne faisait attention à rien, avec son regard toujours ailleurs et sa mine serrée.

– Non ça va, je n'ai pas vraiment faim.

– D'accord, mais prends au moins de l'eau ou un verre de jus, pour t'hydrater un peu.

– D'accord, je veux bien un verre de jus d'orange.

– Je t'apporte ça tout de suite. Dit-elle en déposant un baiser sur mes lèvres.

Elle se dirige vers sa cuisine quand elle entend sonner à la porte. Mon cœur rate un battement sachant pertinemment qui se trouve de l'autre côté de la porte et mon stresse augmente.

Elle me jette un dernier coup d'œil rassurant avant d'aller ouvrir.

– Salut Alex, vas-y entre.

– Tu vas bien ? De quoi voulais tu qu'on parle ?

Il avance jusqu'au séjour et là, nos regards se croisent, mon sang se glace, sa mine joyeuse change directement, laissant place à un regard rempli de noirceur.

– Qu'est-ce qu'elle fait là ?

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