Une douleur perçante vient tirailler le visage gauche de Ganji, ce qui le réveille immédiatement. Il essaye d'ouvrir les yeux dans une grimace douloureuse, mais il est capable de voir que de son œil droit. A son autre côté, une pression appuie sur sa paupière. Il lève la main pour toucher ce qui le gêne et il sent un bandage entourer sa tête. Difficilement, il touche ce qui entoure son œil, inspectant aveuglément. La douleur refait surface plus violemment, il grogne. Malgré son jeune âge, il ne pleure pas, serrant les dents pour se contenir le plus possible.

« Sois fort mon ange, tu es plus fort que ton personnage préféré ».

Au fond de son esprit, il entend encore la voix rassurante de sa mère, il se remémore son sourire remplit d'amour qu'elle lui dédiait quand il se blessait, les yeux larmoyants. Il frotte son œil toujours valide pour chasser la seule larme qui coule sur sa joue. Dans ses veines, il sent encore cette chaleur qui ne l'a pas quitté depuis son arrivée ici et il trouve cela rassurant également, l'aidant à se sentir plus fort que jamais.

Quand les pensées sombres quittent sa tête, Ganji remarque qu'il se trouve dans un lit, ce qui est plus confortable que l'endroit humide et sombre qu'il a connu quelques heures plus tôt. Il se lève, attendant que sa tête cesse de tournoyer. Il ne porte plus les vêtements que sa mère lui avait minutieusement préparé, mais un pyjama qu'il ne connait pas. Il tire sur le tissu qui est légèrement petit pour son gabarit. Affolé, il se tatte les cuisses, son ventre, le haut de ses bras et ses poignets. Et quand sa main entoure le bandeau fixé à son poignet, un souffle de soulagement retentit. Il tient toujours le cadeau de sa mère, venant de son père.

La fatigue ne parcourt plus son corps, il se décide à descendre du lit dans un petit saut, atterrissant sur le parquet dans un bruit sourd. La pièce est dans la pénombre mais l'air y est chaud et agréable. Sa pupille s'habitue progressivement à la noirceur et commence à voir presque distinctement, grâce à la lueur de la lune. L'enfant déambule dans la chambre qui lui est inconnue. Des jouets en bois sont éparpillés sur le sol, comme si un enfant les avaient laissés ainsi après avoir joué des heures. Ganji continue son exploration. Il y a peu de meubles, juste un bureau bien rangé, une bibliothèque contenant beaucoup de livres, où celui-ci passe son doigts sur les couvertures. Puis une étagère l'intrigue, elle supporte beaucoup de cadres photos. Il aimerait vraiment les voir, il se grandit sur la pointe des pieds mais même en faisant tout ce qu'il faut, il est bien trop petit pour les apercevoir. Ganji râle que sa curiosité ne soit pas assouvit. Il abandonne, préférant s'avancer vers les jouets quand il entend un bruit venant de derrière la porte. Il sursaute avant de s'avancer vers celle-ci avec lenteur, essayant de savoir de quoi il s'agit. Et si c'était le ninja qui l'avait agressé ? Rien qu'à cette hypothèse, le corps du petit garçon frissonne, il ne veut plus être confronté à son regard remplit de haine. Instinctivement, il pose délicatement sa main sur son bandage, il a certainement perdu son œil et il aimerait garder le second.

Il colle son oreille sur le bois et attend, se concentrant au maximum pour reconnaître ne serait-ce qu'un pas... Mais plus rien. Ganji se recule réfléchissant à ce qu'il pourrait bien faire.. Il aimerait retrouver sa mère. Dans un élan de courage, il tourne la poignée et ouvre délicatement la porte qui grince légèrement. Il passe seulement la tête, n'étant pas à l'aise avec la possibilité d'un certain danger. Seulement, une petite voix lui intime de s'aventurer vers ce danger. Il met donc un pied dans le couloir aussi sombre que la chambre et déambule sur la pointe des pieds, essayant de ne faire aucuns bruits suspects. Il marche vers ce qui lui semble être les escaliers et une lueur d'espoir se lit en lui, espérant retrouver sa maman, le plus rapidement possible. Quand un nouveau bruit se fait entendre. Il se raidit, restant immobile durant de longues secondes. Son instinct, cette fois-ci lui ordonne de se diriger vers le boucan. Cela provient d'une pièce au bout du couloir, à l'opposé d'où il vient. Mais il continue de déambuler comme il peut.

Une porte est entrouverte ainsi, il peut mieux distinguer le bruit, un reniflement appuyé et des sanglots. L'enfant reste là, immobile, qui peut bien pleurer ? Sa réflexion pousse sa curiosité, tout à coup la lumière s'allume et la porte s'ouvre en grand. Ganji sursaute horrifié, il sait qu'il n'a rien à faire ici, après tout, il est en captivité. Il recule, ne voulant pas se faire prendre mais il est bloqué par le mur. Ses membres se mettent à trembler quand la silhouette avance vers lui. Akira est en face de lui, furieux mais en s'apercevant de la peur de l'enfant, il s'adoucit.

_ Je peux savoir ce que tu fais ici bonhomme ? Il faut que tu te repose, dit-il avec attention, s'agenouillant en face de lui.

_ Je... Je... Il grimace, sentant encore la pression sur son œil tuméfié, qu'il avait presque oublié le temps d'un instant.

Sans précaution, Akira saisit la tête de Ganji et examine son bandage qui se teinte de rouge. Il lui sourit pour le rassurer et se lève, s'appuyant sur ses cuisses pour s'aider à l'effort.

_ Tu as faim ? Ganji répond d'un signe négatif de la tête. Akira soupire. Viens, je vais changer ton bandage et voir ce qu'il se passe là dessous.

Le ninja d'Iwa passe devant l'enfant, qui docilement, le suit tout penaud. Il a peur de se faire gronder, et très vite, il regrette d'avoir écouté son instinct et d'être sorti de cette chambre. Une fois dans la cuisine, Akira se tourne vers le petit garçon et le saisit pour l'installer sur le plan de travail. Ganji se raidit, fermant la paupière afin d'attendre sa correction. Akira n'a jamais été violent avec lui mais il ne le connaît pas et puis, il reste un enfant de cinq ans... Cependant, ce qu'il ressent est le bandage se desserrer autour de sa tête. Ganji ouvre subitement l'oeil et se rend compte qu'il est très proche d'Akira.

Akira a les traits fins, ses yeux ne sont pas d'une couleur commune, d'un bleu océan piqueté d'un vert émeraude, donnant à son regard un trait de bienveillance rare. L'arrête de son nez est déformée d'une légère bosse, ce qui prouve très bien sa fonction de ninja. Ses cheveux noirs sont courts, retenu par son bandeau frontal à l'effigie de son village. Ses lèvres sont fines et pincées et une fossette se creuse à sa chacune de ses mimiques.

Ganji cesse son observation quand une brûlure lui tape l'orbite avec puissance. Il grogne et comme tout enfant qui se respecte, il recule pour ne plus que le ninja ne le touche, les larmes aux yeux. Akira est agacé, perdant rapidement patience. Il laisse ses bras pendre le long de son corps et souffle bruyamment. Il l'oblige à s'installer comme précédemment afin de continuer sa désinfection. Il hausse un sourcil, montrant ainsi, son côté autoritaire.

_ Un ninja ne doit pas réagir à la douleur, dit Akira en posant le coton sur sa plaie.

_ Mais je ne suis pas un ninja, râle Ganji sentant la brûlure s'intensifier.

_ Bien sûr que si ! S'exclame-t-il en arrêtant de tamponner la plaie et se concentrant sur l'enfant. Il pose le coton imbibé de sang dans l'évier et appuie ses mains sur ses épaules. Il lui sourit chaleureusement. Et un jour, tu seras le meilleur des ninjas, j'en suis persuadé, avoue-t-il avec enthousiasme.

Les paroles d'Akira envoie du baume au cœur à cet enfant loin de la seule personne qui a prit soin de lui. Un sourire étire ses lèvres et le ninja d'Iwa se détend face à ce visage enfantin. Il attend quelques secondes pour laisser à Ganji le temps de supporter un peu mieux la douleur et imbibe un nouveau coton d'alcool. Il lui montre, lui demandant presque l'autorisation de recommencer. Ganji, se répétant les paroles de son ravisseur, bombe le torse, prend une grande inspiration et lui concède. Akira n'attend pas plus longtemps pour recommencer son œuvre. Ganji devient courageux, s'obligeant à penser à autre chose, se concentrant spécialement sur la chaleur qui inonde son corps depuis quelques jours déjà. Est-ce ça qui lui donne autant de force ? Il aimerait tellement savoir et comprendre.. Mais il reste silencieux, ne voulant pas revoir l'agacement et la colère sur les traits de son « protecteur ».

Après quelques minutes, Akira sourit fièrement au gamin. Il place de nouveau un bandage propre, ne serrant pas trop pour aider à la cicatrisation. Une fois tout cela effectué, il l'aide à descendre du plan de travail et range le tout dans un boîte à pharmacie.

_ Dans quelques jours, ta plaie aura dégonflée, on pourra retirer le bandeau et je pense que tu verra mieux.

_ J'ai toujours mon œil ? S'excite Ganji.

_ Bien sûr, rit Akira, il n'a pas frappé assez fort et tant mieux ! Souffle-t-il soulagé.

Ganji est heureux d'avoir toujours son second œil et qu'il pourra voir de nouveau correctement. Mais en observant Akira, l'enfant comprend que quelque chose ne va pas. Timidement, il s'approche de lui et tire sur la manche de sa veste.

_ Dis... Pourquoi tu pleurais tout à l'heure ?

Le ninja si sûr de lui, il y a encore quelques secondes se raidit et reste interdit. Ses yeux se remplissent de larmes de nouveau mais dans un reniflement exagéré, il sourit à Ganji, avec une tendresse que l'enfant ne lui avait jamais vu. Akira pose une main sur le haut de sa tête, il s'agenouille de nouveau pour lui faire face et d'un seul coup, il tire l'enfant contre son torse, l'entourant de ses bras.

_ Pour rien Ganji, tout va bien...

La voix de l'homme le prenant contre lui est teintée de douleur et même s'il n'a que cinq ans, il comprend parfaitement qu'un adulte puisse souffrir. Sa mère lui a prouvé durant ses premières années de vie. Devant lui, elle n'était que bonheur et amour, mais une fois seule dans sa chambre, quand la lune éblouissait la nuit de ses lumières, elle sombrait elle même dans la pénombre, ne pouvant retenir des flots de larmes et des gémissements douloureux. Plusieurs fois Ganji entrait dans sa chambre et se blottissait contre elle et presque aussitôt, ses pleures cessaient. Alors comme pour sa maman, Ganji entoure le cou d'Akira de ses petits bras et le serre contre lui, espérant ainsi qu'il cesse de pleurer et même si cela ne dure qu'un instant, qu'il oublie sa tristesse... 

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_ Ce chapitre est court... Mais je voulais me concentrer un peu sur Ganji et j'espère que cela vous a plu! 

_ A votre avis, pourquoi Akira est dans cet état? 

_ Désolée de l'attente de la venue des chapitres... Veuillez m'excuser et j'espère que cela ne vous décourage pas à toujours me donner votre avis! Merci pour votre soutien et votre patience! 

Sarah.C