Chapitre 8
Louis repéra Harry en train d'avancer dans la rue dans sa direction et il détourna immédiatement les yeux, décontracté mais se forçant à ne pas établir un contact visuel. C'était difficile ; détourner ses yeux des traits magnifiques de Harry fit se crisper sa mâchoire, et ses mains se serrèrent dans ses poches. Il garda quand même, résolument, le regard dans le vide. De l'autre côté de la route, de sa vision périphérique, il pouvait voir que Harry gardait ses yeux rivés au sol et il ne les leva pas non plus ; ils passèrent l'un à côté de l'autre sans montrer qu'ils se connaissaient, et en ce qui concerne les passants, Louis était simplement un autre garçon normal évitant le monstre avec autant d'aisance que n'importe qui d'autre.
Au moment où louis tourna au coin de la rue, Harry sortit son téléphone et Louis répondit au milieu de la première sonnerie, souriant d'une oreille à l'autre. « Parfait. Personne n'a rien capté. Je pense qu'on est bon à cette histoire de– » il baissa un peu sa voix « – petit-ami secret, Harold. J'ai l'impression d'être un ninja. »
« Un ninja, » se moqua Harry, « on va dans un café, pas braquer une banque ou kidnapper des zombies ou quoi. Je ne pense pas vraiment qu'on ait besoin d'être aussi prudent, tu sais. » Un énorme sourire s'étalait sur son visage ; pas qu'il l'aurait admis, mais tout cette atmosphère mystérieuse était en quelque sorte mignonne, vraiment.
« Mieux vaut prévenir que guérir. Je ne veux pas que mes parents le découvrent. D'accord, je suis presque arrivé, tu vérifies à nouveau et tu me retrouves dans dix minutes ? »
« Cinq, » corrigea Harry, « pas moyen que j'attende aussi longtemps, je suis tellement en manque de caféine qu'au moment où j'aurai ce café en face de moi, je vais me noyer dedans. Ne t'en fais pas, j'ai laissé mes drapeaux arc-en-ciel 'Je sors avec Louis Tomlinson' chez moi. Tout va bien se passer, Lou. Tu t'inquiètes trop ! »
« Tu ne t'inquiètes pas assez, » marmonna Louis, pensant aux conséquences si Harry était surpris en train de traîner avec lui, c'est-à-dire absolument aucunes, tandis qu'en imaginant simplement la réaction de ses parents en le voyant dans un rayon inférieur à dix mètres de 'Harry Styles et la Brigade à l'Eyeliner', comme les gens du coin les avaient, pas trop affectueusement, surnommé, le rendait malade. « A tout de suite. »
Il entendit un bruit écrasant humide juste à côté de son oreille, il sursauta sur le coup puis réalisa soudainement, avec un couleur rouge vive sur ses joues, qu'Harry avait envoyé un baiser dans le téléphone. « Je serai là dans deux minutes. » L'appel prit fin.
Louis entra dans le café, la cloche au dessus tintant alors qu'il se glissait à travers la porte et commandait un café au lait pour lui. Il tergiversa à propos de quelle table prendre pendant quelques minutes, il choisit celle la plus proche de la fenêtre pour ne pas donner l'air qu'il essayer de se cacher, puis changea d'avis pour celle tout au fond parce qu'il essayait de se cacher. Il s'installa finalement à l'une des tables se trouvant au milieu qui, il espérait, leur permettrait d'avoir une certaine marge de discrétion mais semblerait, de manière appropriée, sans intérêt pour les passants.
La serveuse lui apporta sa boisson, mâchant de façon agacée un chewing-gum et semblant aussi aigre que le lait dans son café habituel – en dépit de son air désagréable, il s'appuya sur le jugement d'Harry lorsqu'il avait clamé que c'était un café beaucoup plus sympa que celui où il allait habituellement. Il n'y avait pas de nappes à carreaux roses et blancs, mais le café semblait définitivement plus appétissant qu'il le trouvait d'habitude. Il la remercia avec un sourire rayonnant et elle fronça son nez puis repartit en traînant des pieds, comme si elle ne pouvait pas trouver un autre endroit qu'elle détesterait encore plus. Louis se demanda s'il devait lui donner un pourboire pour la mettre de meilleure humeur ou si, après ça, elle ne s'attendrait pas à en avoir un à chaque fois qu'il viendrait. Il décida de jouer ça à pile ou face, et que peu importe la pièce qu'il prendrait, il la lui donnerait s'il obtient le côté pile. Il sirota sa boisson, gribouilla sur les serviettes gratuites puis lorsqu'il eut fini de toutes les remplir avec un stylo à bille bleu, il sortit son téléphone pour quelques rapides parties d'Angry Birds.
Ses épaules tendues se relaxèrent rapidement grâce à la combinaison gagnante de la violence ornithologique virtuelle, d'une boisson chaude et d'une chaise confortable, et il fut aussitôt complètement absorbé par le mouvement des oiseaux sur l'écran. C'était tout aussi bien ; lorsque la petite cloche de la porte tinta pour annoncer l'entrée d'Harry, Louis ne leva pas les yeux. Harry se dirigea nonchalamment vers le comptoir et commanda un café (« plus noir que mon âme, » dit-il sérieusement au caissier, qui ne laissa même pas voir la trace d'un sourire et sembla être encore de plus mauvaise humeur que la serveuse), et une fois qu'il fut servi, il le prit jusqu'à la table de Louis et s'assit en face de lui. Il inclina sa chaise pour faire dos à la fenêtre.
Louis baissa son téléphone, lui sourit puis le rangea dans sa poche et consacra toute son attention à Harry. Il leva sa tasse à ses lèvres et but une gorgée avec ses sourcils relevés, ils se regardèrent silencieusement pendant un moment ou deux. Harry le copia, puis ils commencèrent tous les deux à rire discrètement l'un de l'autre. Le premier à baisser sa tasse fut Louis, qui se pencha par-dessus la table pour lui parler sans être entendu.
« T'es magnifique, » dit-il légèrement essoufflé, incapable de retenir son avis plus longtemps. Les cheveux d'Harry brillaient un peu à la lumière, tombant devant son front en quelques boucles lâches, l'anneau à sa lèvre scintillait et ses yeux soulignés étaient appréciateurs alors qu'ils regardaient Louis de haut en bas et semblaient aimer ce qu'ils voyaient.
Harry sourit et se réjouit un peu, satisfait. « T'es pas trop mal non plus. »
Un tee-shirt blanc, un jeans trop serré et un air endormi étaient tout ce que Louis avait été capable de rassembler ce matin, bien que le dernier s'estomperait rapidement si le café qu'il était en train de boire faisait son boulot. Il n'avait même pas pris la peine de coiffer ses cheveux en l'air, les laissant plat afin qu'il ait presque à nouveau une frange, dans laquelle il passa timidement ses doigts lorsqu'il surprit Harry en train de le fixer.
« Je ressemble absolument à rien. »
« J'en serais pas aussi sûr, » dit sérieusement Harry. « Je me plains définitivement pas. »
« Tu dois avoir des standards bien bas, alors. »
« Mm. » S'appuyant sur la table, comme pour conspirer, Harry chuchota, « ou peut-être que t'es sacrément beau sans faire le moindre petit effort, et c'est extrêmement injuste. »
A court de mots, Louis prit une longue gorgée de café et se creusa les ménages pour trouver quelque chose d'intéressant à dire en même temps.
Le téléphone d'Harry vibra, s'illuminant et attirant l'attention vers l'endroit où il était posé sur la table, il lança un regard désolé à Louis alors qu'il l'attrapait et ouvrait le message qu'il venait de recevoir. Ses yeux sombres vacillèrent sur le message pendant quelques secondes, puis il les roula et enfuit le téléphone dans sa poche avec un grognement. Louis leva un sourcil interrogatif et Harry mordilla prudemment son piercing à la lèvre inférieure avant de relever sa tasse de café.
« Zayn vient de se faire un autre tatouage, et maintenant il pleurniche pour que je vienne le ramener chez lui et le borde avec une bouteille de téquila et un film cucul. Le gros bébé. J'te jure, après tout ce temps, il peut toujours pas se faire tatouer sans avoir quelqu'un sur qui pleurer quand c'est fait. »
Les yeux de Louis s'écarquillèrent. « Pourquoi il continue d'en faire, alors ? »
Harry agita sa main dans le vide. « Pourquoi quelqu'un s'en fait ? Tu as l'impression que c'est la meilleure façon de s'exprimer ; ça te donne l'impression d'être libre. Comme lorsque tu as ce genre de réconfort grâce à quelque chose, quelque chose qui en vaut la peine. »
Louis était sur le point de répondre – pas qu'il ait une idée de ce qu'il était supposé dire à ça – quand un bref mouvement à la fenêtre attira son regard. Reconnaissant de trouver une distraction, il releva le regard. Il y avait une fille qui se tenait devant le café, tournée vers le bout de la route, les yeux rivés sur son téléphone. Ses doigts dansaient sur le clavier, mais elle semblait un peu distraite et la concentration qu'elle avait sur l'appareil était un peu forcée, comme si elle était déterminée à donner l'air qu'elle n'arrêtait pas d'envoyer un message mais, en fait, elle avait un motif secret pour se trouver là. Elle avait de longs cheveux, d'un brun riche comme celui d'un tronc d'arbre, et ils tombaient presque jusqu'en bas de son dos. Elle portait une veste bleue que Louis reconnut très bien parce qu'il la lui avait offerte pour le Noël passé et elle la portait toujours, même si elle était passé de mode depuis des mois. C'était sa petite sœur.
Les yeux écarquillés, Louis envoya brusquement sa serviette sur le sol et plongea après elle sous prétexte de la ramasser, sauf qu'il ne refit pas surface de sous la table. Malgré sa position inconfortable avec son sang se précipitant dans sa tête et son dos commençant déjà à protester, il avait une excellente vue sur la fenêtre et l'endroit où se trouvait sa sœur, toujours intensément concentrée sur son téléphone.
Après un moment, la tête d'Harry apparut sous la table. « Qu'est-ce que tu fais là ? » demanda-t-il perplexe.
« Relève-toi, elle va te voir ! » siffla Louis, gesticulant frénétiquement. Harry soupira et roula des yeux, mais il se rassit docilement permettant à Louis d'avoir à nouveau une vue imprenable sur sa petite sœur. En fait, il avait une assez bonne vue pour la voir lever les yeux, puis, tout d'un coup, rougir furieusement. Louis supposa, à en juger par l'endroit où ses yeux étaient posés, qu'elle venait de rencontrer le regard de Harry.
« Hé, je la connais ! » Dit Harry avec étonnement.
« Vraiment ? » marmonna Louis.
Felicite fixa Harry pendant quelques secondes, sa bouche s'ouvrant sous le choc – puis elle tourna ses talons et s'enfuit dans la direction opposée à celle qu'elle avait fait face en s'arrêtant, tombant presque dans sa hâte de partir.
Louis se redressa tellement vite que sa tête tourna, se mettant droit sur sa chaise et dans une position assise. « Qu'est-ce que c'est cette histoire ? Qu'est-ce que t'as fait ? »
« Je lui ai seulement fait un signe de la main, » dit Harry d'un air penaud.
Louis fronça des sourcils. « Comme c'est bizarre. »
« Dit celui qui s'est caché sous la table pour pas qu'elle le voit. Qui c'est, de toute façon, ton ex petite-amie psychopathe ? Un peu jeune, non ? »
« Ah, ah, essaie encore, génie, » dit Louis froidement, « c'est ma petite sœur. »
Grimaçant, Harry dit avec culpabilité, « Oups. Quelle honte. Elle te ressemble pas du tout, » dit-il en guise d'explication.
« Je sais. » Louis baissa le regard dans les profondeurs de sa tasse de café. « Comment tu la connais ? » demanda-t-il, releva sa tête pour rencontrer les yeux de Harry.
Harry fronça légèrement des sourcils. « Elle a l'habitude de me suivre partout. C'était un peu bizarre, en fait ; un jour elle s'est montré là où moi, Niall et Zayn étions, et elle a en quelque sorte traîné près de nous, nous jetant des coups d'œil de temps en temps, écoutant notre conversation et faisant semblant de ne pas nous avoir remarqué. Après, le lendemain, elle était à nouveau là, et le jour suivant, et celui d'après. Elle continuait de venir. Elle n'a jamais été très subtile, mais je pense qu'elle aimait penser qu'elle l'était. Elle traînait juste près de nous, nous écoutait parler, nous observait, et elle essayait jamais de nous approcher ou quoi ; c'était un peu bizarre, mais elle ne faisait pas de mal, alors on l'a laissé faire. J'pensais qu'elle allait finir par se lasser. Puis j'suppose que c'est ce qu'il s'est passé, parce qu'elle a commencé à venir de moins en moins, jusqu'à environ une semaine avant que je fasse mon coming out, elle a arrêté de venir complètement, et je ne l'avais plus vu depuis. »
Louis se souvint que sa mère lui avait dit qu'elle avait dû punir Felicite de sortie parce qu'elle n'arrêtait pas « d'errer partout en ville toute seule sans nous dire où elle a été ; elle aurait pu être en train de vadrouiller avec des garçons sauvages pour tout ce qu'on en sait ». Ça s'avéra être plus proche de la vérité que ce que Louis aurait pu s'imaginer ; l'ironie ne lui avait pas exactement échappé. Pourtant, plutôt que faire un commentaire, il reporta son attention sur sa boisson et ne dit rien d'autre. Sa petite sœur avait très certainement beaucoup à se reprocher.
La question était : comment Louis allait-il aborder le sujet sans dire qu'il l'avait vu à l'extérieur du café, ou expliquer comment il savait qu'elle avait suivi Harry partout comme une ombre pendant les deux mois qui avaient précédé l'annonce de son homosexualité ?
**
« Hé, » dit Harry alors qu'ils étaient en train de régler l'addition, « t'as quelques chose de prévu ce soir ? »
Eh bien, ça aurait été un gros mensonge si Louis avait dit que son cœur n'avait pas commencé à battre honteusement rapidement à cette demande. « Rien de concret, » dit-il nonchalamment, « pourquoi ? »
« Euh, Zayn a des amis qui sont dans un groupe, et ils essayent de se faire un peu de publicité locale, alors ils font ce concert ce soir, et Zayn a eu des billets gratuits – sauf que ça s'est fait dans un délai de temps vraiment court, alors on en a en trop, et je me demandais si tu voulais venir ? » Harry lui jeta un coup d'œil tel un enfant nerveux, comme s'il pensait que Louis allait être horrifié par la suggestion.
« Quel genre de musique c'est ? » demanda Louis avec précaution. « Parce que je suis pas vraiment fan de tout ce qui est vraiment... tu sais... bruyant. Ma mère est assez stricte avec la musique que je suis autorisé à écouter, et j'aime pas trop tout ce que est genre... je sais pas. C'est pas du screamo, hein ? »
« Non, c'est rien de très hard, » promit Harry, « Ils font surtout des reprises pour le moment ; Muse, Kings of Leon, The Killers, ce genre de chose... »
Soufflant, Louis dit, « Ouais ? Bien sûr, je viendrai, où tu veux que je te retrouve ? »
« Au bout de ta rue, à environ vingt heures ? Ça devrait être fini pour vingt-deux heures. Ça va être génial, honnêtement, j'suis impatient que tu rencontres correctement Zayn et Niall ! Je leur ai tellement parlé de toi, j'espère vraiment que vous allez bien vous entendre ! » Apparemment même cette idée était excitante pour Harry ; ses yeux étaient brillants, ses joues étaient rouges, et oubliez Noël arrivant bientôt, oubliez cinquante anniversaires fêtés en même temps ; il ressemblait à un enfant de deux ans dont tous les souhaits s'étaient réalisés en même temps, son visage resplendissait tellement brillamment qu'il pourrait illuminer tout un pays.
Pourtant, Louis ne put s'empêcher d'être inquiet. « Je peux juste te demander, ce que tu leur as exactement dit à mon sujet ? »
« Oh, ne t'en fais pas, je leur ai dit que t'es un simple gay chrétien, toujours dans le placard avec beaucoup de principes moraux mignons et des parents abrutis, et que tu t'entendrais très bien avec eux s'ils ne jurent pas, ne manquent pas de respect à Dieu ou prennent pas le nom du Seigneur en vain en ta présence, sinon tu t'offenseras et leur donneras une fessée avec ta Bible. »
Louis lui lança un regard d'horreur abjecte.
Harry réussit à maintenir son expression impassible pendant en tout dix secondes avant d'éclater de rire. « C'était superbe ! J'peux pas croire que t'es vraiment tombé dans le panneau, oh mon Dieu. Superbe. Non, honnêtement Lou, je leur ai dit que t'étais un de mes amis et que tu essayais toujours de comprendre certaines choses – des choses que, volontairement, je n'ai pas spécifiées, je pourrais ajouter – que j'ai trainé avec toi ces dernier temps et que tu es vraiment un... » semblant s'essouffler, il dit dans un souffle, « un gars sympa, j'veux dire. » Louis se demanda ce qu'il avait été sur le point de dire avant de se reprendre, mais il n'eut pas le temps de s'attarder trop longtemps, puisque Harry se retourna et lui lança un autre sourire dévastateur. « Eh bien, je suppose qu'on ferait mieux de prendre des chemins séparés maintenant. J'voudrais pas que t'en aies marre de moi. »
« C'est bien beau de rêver, » souffla Louis, et il ne pensa pas avoir déjà vu quelqu'un sourire aussi grandement dans sa vie, que Harry le fit en réponse à ça.
« Je te vois ce soir, alors. » Alors qu'il passa à côté de lui, Harry fit une caresse aérienne à la main de Louis, tellement vite que ça aurait été impossible pour un passant de la voir. Il lui donna une fois de plus une vue grandiose sur ce sourire qui faisait mal à ses yeux de part son intensité, avant que Harry ne sorte de la boutique et disparaisse de sa vue, ne laissant derrière lui rien d'autre qu'une légère odeur d'aftershave. Un peu de nostalgie s'empara du corps de Louis comme une sorte de sourire fou alimenté par une poussée d'adrénaline.
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Harry attendait au bout de sa rue comme promis, avec huit bracelets argentés à son poignet et de toutes nouvelles bottes noires avec des lacets noirs mats qui semblaient avoir de tous petits smiley jaunes dessus, un jeans noir plus étroit que la prise du diable sur Hitler (et oui, Louis s'attendait pleinement à aller en enfer pour cette comparaison), et en fait, il était si scandaleusement beau que Louis n'était pas sûr de vouloir l'embrasser ou le taper, ou une combinaison des deux. Il avait coiffé ses boucles afin qu'elles ondulent légèrement, tombant un peu devant l'un de ses yeux, et son eyeliner était délicatement étalé, adoucissant le contour de ses yeux et lui donnant l'air d'être bien plus doux. Ses lèvres étaient rose vif et Louis voulait tellement les embrassant que c'en était ridicule. Lorsque Louis l'atteignit, habillé d'un haut gris large, un jeans qui n'allait pas lui couper la circulation, la croix en argent qu'il portait toujours autour de son cou et des espadrilles, il se sentit extrêmement mal habillé. Mais apparemment, Harry ne partagea pas le même sentiment ; son regard vacilla de façon approbatrice des cheveux en l'air de Louis à ses orteils recouvert de tissu, haussant un sourcil et souriant en coin. C'était un genre de sourire voulant dire « c'est à moi », une sorte d'expression possessive, et sur n'importe qui d'autre, Louis aurait détesté ça et aurait dit que c'était arrogant, mais avec un magnifique garçon le regardant comme ça, avec ses iris plein de désir, et ses lèvres pulpeuses courbées en un sourire en coin diabolique inspiré par sa propre tenue enfilé à la hâte, comment pourrait-il protester ? Son ventre se tordit alors que Harry se rapprochait un peu plus de lui, baissant un peu le regard parce qu'il était tellement plus grand, et il enroula son petit doigt autour de celui de Louis ; un prélude subtil pour lui tenir la main.
Louis espérait que le sourire sur son visage n'était pas aussi niais et embarrassant qu'il le pensait, mais à en juger par celui qui rayonnait sur les lèvres d'Harry en réponse, c'était encore pire que ça.
« T'es prêt à y aller ? » murmura Harry.
« Plus que jamais. T'es sûr que tu veux être vu avec moi ? Il n'est pas trop tard pour faire demi-tour et s'enfuir avant que tes amis me voient et que tu rentres automatiquement dans la catégorie 'pas cool' par association, » dit légèrement Louis. Il espérait que sa blague masquerait sa nervosité sous-jacente à être présenté à nouveau au hérisson blond et l'encre noir, comme il avait secrètement surnommé les deux amis d'Harry afin de les différencier plus facilement. Zayn était-il l'un d'entre eux ? Il se souvint vaguement qu'Harry avait mentionné un Zayn.
« Tu plaisantes ? Je meurs d'envie de te montrer. Et tu seras certainement pas décevant ; t'es magnifique ce soir. »
Avec un grognement, Louis le poussa. « T'es sûr que tu t'es pas mis de l'eyeliner dans les yeux et que t'es aveugle maintenant ? Je ressemble à rien. Mieux que tout à l'heure, mais quand même à rien. »
« Si c'est ta façon de ressembler à rien, alors je suis pas sûr d'être équipé pour supporter lorsque t'es tout bien habillé. As-tu une idée d'à quel point t'es beau ? Je pense que quelqu'un devrait te le dire. Tout ce que je dis c'est que si quelqu'un s'approche de toi, ne sois pas surpris – et ne le sois définitivementpas si je ne te quitte pas d'un poil de toute la soirée. Ou si j'exprime un quelconque excès de violence envers quelqu'un qui te regard pendant trop longtemps. Je te veux rien que pour moi. »
Connerie, Louis regarda le sol. « Définitivement aveugle. Mais t'es mignon, et t'es magnifique aussi, alors je te pardonne. » Il passa une main à travers ses cheveux, les ébouriffant un peu et grimaçant lorsqu'il se rendit compte qu'il avait complètement détruit la coiffure qu'il avait fait, puis il décida de ne pas s'en soucier et commença à marcher, tirant Harry derrière lui avec seulement son petit doigt, toujours joint à celui d'Harry. « Allez, c'est où ce concert machin, alors ? On va être en retard. »
Harry roula des yeux. « Oh, sois réaliste, ce sont des amis de Zayn. Ils seront tous en retard. On sera relativement en avance, ne t'en fais pas pour ça ; ils amènent la mode d'être en retard à un tout nouveau niveau. » Mais il commença obligeamment à marcher.
Ils discutèrent en marchant, de petites choses banales comme les devoirs et les personnes ennuyantes à l'école, de livres et de films, de leurs musiciens préférés, de leurs hobbies et intérêts. Louis apprit qu'Harry aimait chanter et dessiner, cependant il n'était pas particulièrement doué à ce dernier, et il aimait le sport aussi, se décrivant comme 'incroyablement compétitif' (Louis devait admettre qu'il était devenu un petit nerveux lorsque Harry lui avait joyeusement raconté comment il avait frappé à la tête son adversaire avec une raquette de badminton pendant un match particulièrement animé – « cependant pour être honnête, il a été assez chanceux que je ne lui enfonce pas le volant dans le cul » – mais il devait également admettre que ça ne le dérangerait pas de voir Harry dans un ensemble de sport en train d'agiter une raquette et de montrer ses supers bras musclés). En retour, Louis lui parla de sa relation d'amour-haine avec le football, son adoration pour les enfants, son amour secret pour les films à l'eau de rose et à quel point il méprisait les travaux scolaires et les personnes qui marchaient doucement devant lui ou crachaient dans la rue. Le sourire qui se répandit sur le visage de Harry quand il mentionna le mot 'cracher' donna envie à Louis de le taper, alors il le fit. Ils eurent une fausse bagarre au milieu de la rue. Louis attrapa Harry par le cou et massacra ses magnifiques cheveux, puis Harry souleva Louis du sol et le menaça de le taper dans les couilles. Louis voulait tellement l'embrasser que ça en était douloureux. C'était aussi facile et plaisant que de parler avec Liam, ou l'une de ses sœurs, à l'exception de la difficulté sous-jacente de son cœur flottant à chaque fois que Harry prononçait son prénom, ou touchait son coude pendant qu'ils marchaient, ou rejetait sa tête en arrière et laissait échapper ce magnifique rire qui enchantait complètement Louis.
Ils arrivèrent à la salle – la maison des jeunes locale – en un temps assez respectable, cependant Louis se sentit un peu mélancolique que la promenade n'ait pas duré plus longtemps. Un petit groupe de personne était rassemblé devant ; il en reconnut deux d'entre eux. Un grand, mince, avec des yeux bruns qui semblaient être une sorte de couleur cuivré à la lumière tamisée, beaucoup de tatouages et un jeans noir moulant, avec des chaînes argentées tombant autour de son cou et portant des écarteurs aux deux oreilles, un bandage épais était enroulé autour de son avant-bras – c'était Zayn ; ça devait l'être, à en juger par le tout nouveau tatouage qui était couvert par la bande. A côté de lui se trouvait Niall, bavardant vivement comme un moulin à parole ; il avait nouvellement fait des mèches rouges cerise dans ses cheveux blonds, il avait tellement de bague que ses doigts étaient à peine visibles, et il portait un haut vert fluo et des Converse orange. Louis cligna des yeux à sa tenue légèrement scandaleuse, puis Niall se retourna, riant aux éclats à une blague, et Louis vit qu'il avait un collier autour du cou avec des pendentifs en forme de minuscules pommes, bannes et oranges en plastique avec des visages dessus. C'était le même collier qu'il avait vu Felicite acheter chez Claire's avec son argent de poche la semaine précédente, mais il décida de ne rien dire.
Apparemment, Harry n'avait pas autant de scrupules. Haussant un sourcil, il l'interpella, « Qu'est-ce que tu portes, espèce de branleur ? On dirait une salade de fruits. »
« Harry ! » cria Niall joyeusement, se retournant et lui montra enthousiasment son majeur dont l'ongle était vernis. Il se précipita vers lui et tapa Harry au bras, en retour ce dernier écrasa par espièglerie son pied, le broyant presque sous ses Doc Martens noir brillant.
Zayn vint les rejoindre, les mains dans les poches, et il haussa ses sourcils en voyant Louis, ce qui l'énerva un peu. Un sourire s'étendit lentement sur son visage, il approuva de la tête et dit, « ça va le faire. » Il se tourna vers Harry et mima du bout des lèvres, « pour entrer dedans, » puis il fit un mouvement de hanches, ce qui fit rougir Louis depuis la racine de ses cheveux.
« Ferme-la, » dit Harry joyeusement, incapable de s'empêcher de sourire pour lui-même. « Connard. »
« Branleur, » répondit Zayn affectueusement.
Bien que ce ne soit pas la première fois, Louis se demanda quand même comment ce serait de pouvoir jurer aussi joyeusement directement au visage de son meilleur ami et ne pas recevoir un air horrifié de sa part. Il n'était pas sûr d'être capable d'utiliser des jurons aussi facilement que Harry, mais au moins il n'était pas aussi pieux que Liam à ce sujet, qui était le genre à crier des choses comme « merde ! » et « zut ! » s'il trébuchait ou se cognait un orteil.
Tout d'un coup, il y eut un Irlandais blond juste devant son visage, souriant comme un fou et faisant mal aux yeux de Louis à cause du dynamisme criard de ses vêtements. Comparé à la garde-robe douce et remplie de noir et d'argenté de Harry, il semblerait que quelqu'un ait vomi un arc-en-ciel partout sur Niall. Ses yeux vacillèrent de haut en bas sur le corps de Louis, encore moins subtilement que Zayn, si c'était possible ; ils avaient le bleu le plus lumineux qu'il n'ait jamais vu avec des petites tâches vertes, comme s'il avait arraché la Terre hors de son orbite, l'avait écrasée jusqu'à ce qu'elle ait la taille d'une bille, puis l'avait enfoncée dans la cavité de son œil, et avait recommencé l'exploit une seconde fois. Son sourire était tellement grand que Louis se demanda s'il n'allait pas avoir une déformation des joues. Même si Louis regardait le blond en train de l'observer, Niall passa derrière lui pour se rincer l'œil en voyant la vue arrière, et il siffla avec approbation.
« Il est mignon. J'aime la façon dont tu as oublié de mentionner que c'était le gars effrayé du magasin de musique, cependant, merci pour ça. Tu sais, maintenant que j'y pense, il a toujours l'air un peu flippé, mais il s'est pas reculé loin de moi cette fois. C'est cool. J'pensais qu'il avait peut-être des problèmes d'espace personnel, genre il n'aime pas que les gens s'approchent de lui, mais je suppose qu'il ne m'aimait juste pas moi. Mais il a un beau cul. Personne ne t'a jamais dit que t'as un beau cul ? » Il dirigea ce dernier commentaire à Louis.
« Euh. Non ? »
Niall haussa ses sourcils et secoua sa tête. « Maintenant c'est un crime. Eh bien, je viens de le faire, alors savoure-le, mon petit. Je ne complimente pas le cul de n'importe qui. Si je te dis que t'en as un beau, alors ça veut dire que t'as une sérieuse courbure sur cette salope. Mmmh. »
Ce fut à ce moment qu'Harry choisit d'intervenir, se mettant entre eux pour jeter son bras autour des épaules de Louis. Il le fit assez nonchalamment, enroulant son bras droit autour du dos de Louis pour que ses doigts recourbés se nichent quelque part près de sa clavicule, la chaleur du bras le réconfortant étrangement. Mais il n'y avait aucun doute sur l'étincelle dangereusement possessive dans ses yeux, ou sur la façon dont il se redressa un peu plus dans un geste clairement affirmé, ainsi que la façon dont sa voix sonna un peu trop désinvolte lorsqu'il dit à la légère, « Laisse tomber. T'es même pas gay. »
« Gay, hétéro, vieille fille avec douze chats, ça ne fait aucune différence ; t'as pas besoin d'aimer les mecs pour pouvoir apprécier un beau cul. Il croit que je vais te draguer, » expliqua Niall à Louis, « et il sait que tu me choisirais. Par conséquent, il va faire de ma vie un enfer pour, en théorie, le reste de mon éternité. Juste parce que je suis sexy. Ça craint d'être moi. » Il soupira dramatiquement.
« Bon sang, je t'ai dit qu'on est juste – » Harry hésita, jeta un coup d'œil à Louis, et délibéra pendant quelques secondes pour savoir s'il devrait retirer son bras ou si ça prouverait simplement qu'il avait quelque chose à cacher. « Amis. »
Louis n'avait pas particulièrement voulu crier leur relation dans un mégaphone et le diffuser partout en vile, mais d'un autre côté, il n'aimait pas, non plus, beaucoup la façon dont le « juste amis » sonnait en sortant des lèvres pulpeuses de Harry.
« Bien sûr que oui, Roméo. Même si en y réfléchissant, t'es probablement Juliette. Allez les branleurs, le concert va commencer sans nous si on se dépêche pas, on va pas attendre que l'herbe pousse ! » Niall leur tourna le dos et sauta – littéralement – à travers la porte ouverte et à l'intérieur du bâtiment.
Louis le fixa. « Il est toujours comme ça ? »
« Oui, » dit Harry, « mais d'habitude il t'aurait déjà peloté à l'heure qu'il est, alors voilà. » Elevant la voix, il dit à Zayn, « L'époque où vous sortiez ensemble et que je pouvais compter sur toi pour le baiser à chaque qu'il oubliait comment fermer sa gueule me manque. »
« Ça me manque aussi, » soupira Zayn, « c'était sympa d'avoir la paix et un peu de silence. Cependant, mon cou s'en fout probablement beaucoup moins ; quelqu'un devrait coller une étiquette sur lui pour faire savoir qu'il mord. » Secouant sa tête, il déambula à la suite du blond, les mains enfoncées dans ses poches et sifflant, l'incarnation de la détente, jusqu'à ce qu'il trébuche sur une canette de bière et tombe presque la tête la première.
Louis et Harry reniflèrent tous les deux, et Louis oublia de se soucier s'il était trop tôt dans leur amitié pour se moquer du fait qu'il était un idiot maladroit.
Se redressant, Zayn regarda autour de lui pour s'assurer que les personnes dont ils se souciaient ne regardaient pas, il lissa ses cheveux puis leur fit un doigt d'honneur sans se retourner. Il continua son chemin avec plus de prudence et disparut à travers les portes ouvertes, apparemment imperturbable par rapport au fait qu'il avait manqué de tomber la tête la première sur une bouche d'égout.
« Désolé, » murmura Harry à l'oreille de Louis, ses lèvres effleurant son lobe et le faisant frissonner. Un de ses longs bras était toujours enroulé nonchalamment autour des épaules de Louis. « Zayn est odieux et Niall est un connard, mais ils sont merveilleux quand tu apprends à les connaitre. Tu finiras par te faire à leurs merdes. J'suis désolé pour Niall – je lui ai dit de ne pas flirter avec toi. En y réfléchissant, c'est certainement pour ça qu'il l'a fait, justement. Avec le recul, c'est probablement pas l'une de mes meilleures idées. Ça va ? »
« Tu leurs as dit qu'on était 'juste amis', » dit calmement Louis.
« Ouais, j'ai découvert que la meilleure façon de garder un secret est de ne pas le dire à Niall. Je suis désolé, est-ce que – tu veux que je dise... je pensais qu'on était, tu sais... qu'on gardait le silence pendant un petit moment. » Anxieusement, Harry lui lança un regard en coin. « C'est pas comme si j'avais une idée de comment appeler ça, de toute façon. » Il rigola nerveusement.
« 'Petits-amis' sonne bien pour moi, » répondit Louis, « mais non, j'veux dire, je suis content que t'aies dit ça, je n'aime juste pas trop comment ça sonne. Ça pourrait être sympa de le dire à quelqu'un. J'veux dire, je ne pense pas être déjà assez prêt, mais ça serait sympa que quelqu'un sache. »
Les joues rougies de plaisir grâce au commentaire sur les 'petits-amis', Harry lui dit, « Si ça peut te consoler, je pense qu'ils savent déjà. »
Louis espérait que ce soit le cas. En même temps, il avait un peu honte que ce soit vraiment aussi évident, mais ses parents étaient incroyablement bon pour se voiler la face pour les vérités dérangeantes, même si elles paradaient juste devant eux, comme le fait que Louis détestait le football, n'était pas bon en sciences et ne voulait pas poursuivre une carrière de dentiste, toutes ces choses pour lesquelles ils étaient dans le déni total. Il soupira.
Mais il était toujours à l'abri sous le bras de Harry, leurs corps chauds, proches et se touchant, et Louis avait toujours envie de l'embrasser. Harry lui souriait comme s'il avait oublié qu'ils étaient dans une rue glaciale devant une maison de la jeunesse merdique, entourés par des bouteilles de verres cassées et des crottes de chien. Il aurait aussi bien pu être sur un lit parsemé de pétales de rose avec Céline Dion chantant en fond sonore et quelqu'un assis dans un coin en train de gratter mélancoliquement une harpe, parce que Louis avait l'impression d'être une œuvre d'art que Harry pouvait seulement contempler pendant un temps limité, et qu'il voulait en connaître chaque centimètre avant qu'elle ne le lui soit reprise. Sauf qu'il n'y avait aucune angoisse derrière son regard, ou même mélancolie ; juste un désir profond, l'envie de replier Louis en un cœur en origami et de l'insérer dans sa poitrine, afin que son cœur en papier fragile puisse battre contre celui d'Harry.
Ce fut à cet instant que Louis vint à l'inévitable conclusion que la raison pour laquelle Niall avait agi aussi bizarrement était parce qu'il était défoncé, et d'une manière ou d'une autre, il venait indirectement d'inhaler de la fumée d'un joint ou autre, ce qui expliquait pourquoi il venait de faire des métaphores poétiques étranges et ressentait l'intense désir de commencer à retirer les habits d'Harry.
Défaisant soigneusement son long membre d'autour des épaules de Louis, Harry proposa au garçon plus petit son bras, avec son sourire le plus dragueur. « Voudriez-vous m'accompagner au concert de Blind Diamonds à la maison de la jeunesse, mon bon monsieur ? »
« Je pense que oui, » répliqua Louis avec un sourire timide qu'il savait si bien faire ; il prit le bras d'Harry sans hésitation, sachant que pour n'importe quel étranger, ça semblerait comme s'ils étaient en train de faire les imbéciles. Si seulement ils avaient su à quelle vitesse son cœur commença à battre au moment où il lia son bras avec celui d'Harry. « Blind Diamonds ? »
« C'est le groupe. Tu commences peut-être à comprendre pourquoi ils sont aussi désespérés pour trouver des personnes qu'ils veulent venir les voir en premier lieu et arrêter de les juger sur le nom du groupe. »
« Je pourrais avoir une petite idée. »
Sans perdre une seconde de plus à bavarder, Harry emmena Louis vers la porte d'entrée et ils trébuchèrent en entrant, sur le même détritus que Zayn avait eu sur son chemin, et en rigolant à en perdre haleine, ils pénétrèrent dans le bâtiment. Louis tomba contre Harry et sa joue frôla ses boucles, elles étaient douces et le rire d'Harry était tellement profond qu'il se répercutait doucement dans sa joue comme le ronronnement d'un chaton. Il voulut s'accrocher au bras d'Harry en titubant et il trébucha sur des choses, respirant l'odeur de la fumée de cigarette et de sandwiches périmés pour le reste de sa vie.
**
Ils se précipitèrent hors de la salle dans le jaillissement d'autres adolescents parlant avec animation, essayant d'éviter deux ou trois couples en train de se rouler passionnément des pelles, et ce gamin ivre qui avait vomi dans une poubelle quatre fois pendant le concert. Habituellement, Louis aurait trouvé ça répugnant, mais il était suspendu au bras d'Harry, Niall était accroché au sien et Zayn à celui de Niall, alors ça n'avait pas l'air bizarre. Ils titubaient tous, Niall semblait être sur le point de rejoindre le garçon bourré et de commencer à vomir dans le caniveau à chaque seconde, laissant Louis se demander comment exactement avait-il trouvé le temps d'être dans un état d'ébriété aussi impressionnant en l'espace d'un peu plus d'une heure, avec ce qui avait semblait être seulement quelques gorgées symboliques d'une boisson qu'il cachait dans un sac en papier brun (pas cliché du tout, hein). Harry rigolait, Niall pouvait être en train de pleurer, Zayn racontait des blagues cochonnes que personne n'écoutait, et Louis essayait de trouver s'il s'était déjà autant amusé dans sa vie, parce qu'il ne pensait honnêtement pas que ce soit le cas.
« Compagnie, halte ! » aboya Zayn, puis ils s'arrêtèrent tous net.
Niall fit un salut bancal avec sa bouteille presque vide, en finissant la fin, il fit claquer ses lèvres puis commença à chanter les premières lignes hésitantes d'une chanson de Bonnie Tyler. Roulant des yeux, Harry lui donna un coup de poing, puis ils défirent tous leurs bras et se rassemblèrent autour de Niall et commencèrent à le taper, même Louis réussit à décrocher quelques coups taquins avant que Niall ne se jette dramatiquement au sol, se mettant à genoux et proclamant au ciel, « Je suis le roi du monde ! »
« T'es le roi des cons, » dit Zayn, « il est bourré comme un trou, à quel point il a bu ? »
« Pas assez, » dit Niall exactement au même moment où Harry dit, « Trop ».
« Qu'est-ce qu'on fait s'il vomit ? » demanda nerveusement Louis, se disant que sa mère pourrait se rendre compte qu'il n'avait pas vraiment été faire du bénévolat à la maison de retraite pour les aider à organiser leur fête annuelle des personnes âgées, s'il rentrait chez lui couvert de teinture rouge bon marché et de vomi (Niall était très tactile et n'arrêtait pas de frotter sa tête contre eux, et les tâches rouges partout sur leurs bras leur donnaient l'air d'avoir été au milieu d'une bagarre de rue. Ajouter du vomi à la pagaille ne les aiderait pas à se faire aimer par le voisinage).
« On le laisse dormir dedans, » répondit Harry.
Rotant odieusement, Niall dit d'une voix pâteuse, « J'vais pas vomir. Harry, j'dois te dire quelque chose. C'est important. »
« Vas-y, alors. »
« Non, » fut la réponse têtue, « J'vais te le chuchoter. C'est privé. »
« Bien, peu importe, » dit Harry, « mais si tu me vomis dans les cheveux, je te tue. » Il se pencha en avant et Niall appuya ses lèvres sur l'oreille d'Harry. Louis sentit une éruption de jalousie profondément enfuie se répandre douloureusement de son abdomen à son torse, et il inspira brusquement sous la surprise, frottant sa poitrine faisant à présent mal.
« Harry, » murmura Niall, tellement fort que toute la rue aurait pu l'entendre, « Je t'aime. »
« Evidemment, tout le monde m'aime. Ramène le chez lui, Zayn, avant qu'il tombe dans les vapes ou vomisse sur ses chaussures. Idiot. » Il ébouriffa affectueusement les cheveux rouges et blonds de Niall et jura lorsque plusieurs grandes trainées rouges furent transférées sur ses doigts.
« Non, Harry, » radota frénétiquement Niall alors que Zayn roulait des yeux et commençait à le pousser par le bras, « tu n'as pas compris. Je t'aime. »
« Je t'aime aussi, espèce d'imbécile bourré, » promit Harry, puis il lui fit un gros bisou baveux sur le front comme pour le prouver, ce qui de toute évidence était sur-joué, pourtant les élancements les plus mesquins de la jalousie de Louis ne purent passer au dessus. « Je te vois demain matin, mon beau. Mwah ! » Il fit follement des baisers dans l'air, les laissant s'envoler dans le ciel, et Niall lutta pour envoyer ses propres baisers maladroit en retour.
Alors que Zayn le tirait plus loin, grognant distinctement sous souffle, Niall se fit entendre pour déclarer ses opinons ivres tellement bruyamment qu'il aurait tout aussi pu les crier dans un mégaphone. Rigolant, Harry et Louis les regardèrent et tendirent l'oreille (pas que ce soit particulièrement nécessaire) et ainsi ils entendirent avec une clarté parfaite :
« Ce Louis est un putain de mec top. Il s'habille comme Tony foutu Blair mais il a un cul fantastique. »
« Louis ou Tony Blair ? » demanda sèchement Zayn. « Attends, ne répond pas. D'où tu sors Tony Blair de toute façon ? »
« Le Premier Ministre, nan ? » répondit Niall fièrement. Puis son front se fronça. « Ou c'est Gordon Ramsay ? »
Zayn grogna encore plus fort qu'avant, ressemblant presque à un cheval. « Il croit qu'on est en deux mille cinq putain, » cria-t-il à Harry et Louis.
Roulant des yeux, Harry jeta un bras autour des épaules de Louis et ils partirent de l'autre côté que Zayn et Niall, juste au moment où le blond explosa dans une interprétation déchirante du refrain de Hallelujah. Louis fut incapable d'effacer l'énorme sourire de son visage alors qu'ils s'éloignèrent dans la rue ensemble ; il n'avait jamais entendu quelqu'un jurer autant dans sa toute sa vie que ces trois-là en l'espace d'une heure, ni n'avait déjà vu quelqu'un être aussi ivre, ni ne s'était déjà autant amusé. En toute honnêteté, il ne savait pas vraiment quoi penser de tout ça.
Il ne semblait pas qu'il y ait eu beaucoup d'infraction aux règles que ses parents lui avaient données, quand il y pensait. Il avait menti à sa mère sur l'endroit où il allait, c'était vrai, mais il n'avait pas bu – seulement regardé quelqu'un d'autre le faire – il n'avait rien volé, n'avait fait de la peine à personne, n'avait rien dit de particulièrement malpoli, en dehors de l'audacieux juron bizarre qu'il avait laissé échapper par accident et auquel personne n'avait sourcillé, bien que Louis ait été choqué par lui-même. Personne n'était en colère – en fait, Louis était tellement heureux qu'il pensait que la sensation de légèreté dans sa poitrine pourrait se répandre dans tout son corps et il deviendrait un ballon d'hélium qui flotterait dans le ciel. Il ne pensait que ça ne le dérangerait du moment que Harry le tenait au bout d'une ficelle.
Le retour ne fut pas tout à fait comme le chemin de l'allé. Louis était perdu dans un silence contemplatif et Harry semblait parfaitement heureux de simplement marcher, son bras toujours autour des épaules de Louis, jouant avec le col de son haut. Le métal glacé des bracelets d'Harry refroidit la peau de Louis, provoquant de la chair de poule à chaque fois qu'ils effleuraient son cou, mais il appréciait la sensation. De temps en temps, il se blottissait un peu plus contre Harry, lui disant que c'était à cause du froid, et leurs joues se touchaient ou des boucles chatouillaient le côté de son visage. Un petit sourire illumina le visage de Louis parce qu'il semblait ne pas pouvoir lutter contre. A un moment, son bras fit son chemin autour de la taille d'Harry et s'y installa confortablement, puis il passa son petit doigt autour d'un des passants de la ceinture d'Harry, le rapprochant encore plus de lui, et Harry sembla extrêmement à l'aise avec leur proximité.
Le point commun que l'allé et le retour de la salle avait était qu'ils étaient passé beaucoup trop rapidement.
Ils arrivèrent au bout de la rue de Louis et s'arrêtèrent, se tournant l'un vers l'autre. Evidemment, leurs bras s'enlevèrent d'autour de l'autre, mais après avoir jeté un coup d'œil par-dessus son épaule, Louis prit les mains de Harry et les tint. Ils se sourirent tous les deux un peu timidement, leurs doigts entrelacés et balançant leurs mains comme s'ils n'étaient pas sûrs de quoi faire ensuite. Louis savait ce qu'il voulait faire, mais il n'était pas assez éhonté pour embrasser Harry au milieu de la rue, même si c'était dans l'obscurité et s'ils se tenaient sous un lampadaire cassé pour que personne ne puisse même voir leurs silhouettes – il y avait une sensation de paranoïa rampant doucement le long de la colonne vertébrale de Louis, qui n'arrêtait pas de lui dire que le lampadaire allait soudainement à nouveau fonctionner et devenir un projecteur, mettant la lumière sur leurs emplacements aux yeux de tous.
« J'ai passé une bonne soirée, » dit-il doucement. « On devrait le refaire. »
« On devrait, » acquiesça Harry. « Peut-être sans l'armée de crétins trainant autour de nous pendant toute la soirée, la prochaine fois. »
« Oooh, ils n'étaient pas si mauvais. Je pense qu'ils m'ont, peut-être, en quelque sorte bien aimé. Je les ai bien aimés aussi. »
« C'est bien. Seulement du moment que tu m'aimes toujours plus qu'eux. » Harry sourit, mais il y avait une légère pointe de nervosité sur son visage.
Louis répondit en lui faisant un petit sourire, mais c'était apparemment tout ce qu'il fallait ; le visage d'Harry s'illumina, il vérifia également autour d'eux pour s'assurer que personne ne les regardait, puis il se pencha en avant et embrassa Louis sur la joue.
« Bonne nuit, Louis. »
**
Louis était sur un petit nuage lorsqu'il entra dans la maison, plein d'énergie. Il était tellement pris dans son propre petit univers, coincé sur une orbite de souvenir de baisers, de légers contacts et d'échange facile de plaisanterie se trouvant autour de la planète qu'était Harry Styles, qu'il ne remarqua même pas la silhouette sombre assise au pied des escaliers dans le noir, ce qui signifia qu'il trébucha dessus et atterrit au dessus d'elle avec son visage écrasé contre la moquette.
« Aïe ! »
« Aïïe ! »
« Mer – Bon Di – Bon sang, Fizz, qu'est-ce que tu fais ici ? » demanda Louis, essayant de ne pas rougir par rapport au fait qu'il avait presque laissé échapper deux jurons interdits en une seule phrase. Il allait presque devoir commencer à faire attention à son langage s'il allait passer un temps considérable avec les amis d'Harry. « J'aurais pu me tuer ! »
« Tu as faillit me tuer, » marmonna Felicite en ronchonnant, se déplaçant le long de la cage d'escalier pour lui laisser assez de place pour passer. Ses bras minces étaient enroulés autour de ses jambes et alors que Louis l'observait, elle posa son menton pointu sur ses genoux, regardant fixement le mur en face d'elle.
Au lieu de passer à côté d'elle et regagner sa chambre, Louis prit la place à côté d'elle et attendit sa protestation. Quand aucune plainte ne fut formulée, il se tourna vers elle et demanda, « Ça va ? »
« Ouais. »
« T'es sûre ? »
« Bien sûr. »
« Parce que t'as pas l'air – »
« Pour l'amour de Dieu, Louis, je vais bien, » claqua-t-elle, « laisse-moi tranquille ! »
Ooh. Susceptible.
« Ouep, parc'que c'est ce qu'on fait de nos jours, s'assoir tout seul en bas de nos escaliers dans le noir. N'insulte pas mon intelligence. Qu'est-ce qui se passe ? »
« Je vais te dire ce qu'il se passe, » répondit-elle en serrant des dents. « Il s'appelle Louis Tomlinson, c'est mon frère et tu veux savoir ce qu'il va lui arriver ? Il va se retrouver le cul en l'air, parce que je vais lui enfoncer la tête dans le sol s'il ne se tait pas et ne me laisse pas tranquille ! » Puis elle se détourna de lui pour faire face au mur, les épaules courbées, croyant clairement qu'elle allait avoir le dernier mot à ce sujet.
Après avoir laissé une pause appropriée, Louis dit, « Qu'est-ce que tu faisais en ville chez Les Haricots de Bea ? Le café ? »
Tout son corps se tendit ; surprise, elle leva la tête et dit aigrement, « Les Haricots de Bea ? Quel nom ridicule, Les Haricots de Bea ! Pourquoi j'aurais été chez Les Haricots de Bea, j'aime même pas le café, et toi qu'est-ce que tu faisais en ville, hein ? Honnêtement, Louis, pourquoi penses-tu que j'étais là-haut ? Qu'est-ce que j'aurais fait chez Les Haricots de Bea ? »
Touché, pensa Louis sinistrement, puis il continua, « C'est exactement ce que je veux savoir. Ne me mens pas, Fizz ; je sais que tu étais là-haut. »
Ses yeux se plissèrent. « Comment sais-tu que j'y étais ? »
Ce fut à ce moment que Louis réalisa brusquement qu'il n'avait aucune explication pour ça. « Euh, » dit-il à court, « Eh bien, je – »
« Tu sais pour quelle raison je pense que tu étais là ? » demanda-t-elle dangereusement, se rapprochant de lui. « Je pense que tu étais là-bas pour la même raison que moi. Il est grand, bizarre, son prénom commence par un H, et je ne sais pas ce que tu fabriques avec lui mais ce que je sais c'est que si Maman et Papa découvrent que t'étais avec lui, ils réagiraient à peu près de la même façon qu'ils le feraient s'ils savaient que je me suis approchée de lui, alors qu'en dis-tu : tu laisses ton nez hors de mes affaires, et je laisse le mien hors des tiennes, comme ça aucun de nous n'aura de problème et tout le monde sera heureux, d'accord ? »
Troublé, Louis frotta son front. Il n'était pas heureux, pas du tout – mais elle l'avait eu, et il ne savait pas vraiment à quel point elle en savait sur le fait que lui et Harry se voyaient et à quel point certaine supposition était due à la chance, mais par la façon dont sonnait celle-ci, elle avait visé complètement dans le mile avec son hypothèse ou du moins vraiment très proche. Il ne pensait pas qu'il serait très heureux de l'entendre raconter à leur mère ses escapades avec Harry – alors il pinça ses lèvres en une ligne droite et hocha de la tête. Puis il se remit sur ses pieds, monta silencieusement les escaliers et disparut dans sa chambre, où il se jeta abruptement sur son lit et grogna, enfouissant son visage dans ses mains.
Il aurait passé le reste de la nuit en étant obsédé par – euhm, en s'éternisant sur le problème si son téléphone n'avait pas soudainement vibré dans sa poche, le faisant sursauter. Il le sortit, un sourire se répandit sur tout son visage au nom se trouvant sur l'écran, et il ouvrit immédiatement le message d'Harry.
J'ai passé une bonne soirée. On devrait le refaire de temps en temps. T'as fait une très bonne impression aux gars – ils veulent tous les deux te revoir. Niall a été très... insistent sur ça. Si tu n'as pas été trop émotionnellement effrayé par la première rencontre, peut-être qu'on pourrait tous se revoir dans quelques jours. Qu'est-ce que t'en penses ? :) xx
Louis était sur le point de répondre lorsqu'un autre message surgit, une réflexion d'après coup au premier.
J'veux dire, seulement si tu veux, ou quoi.
J'essaie pas de genre te mettre la pression ou quoi.
Souriant, Louis tapa sa réponse, et alors qu'il l'envoyait, il se demanda s'il n'aurait pas dû attendre et laisser Harry avoir deux crises cardiaques plutôt que la seule que Louis supposait qu'il aurait au moment où il recevrait le message.
Que dirais-tu de lundi ? :) xx
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