L'hiver approchait à grand pas et l'angoisse qui me rangeait s'accentuait. J'étais tellement excitée, si impatiente et à la fois nerveuse de me retrouver seul loin de tout avec Monsieur Michael que j'en perdais la tête. Je n'arrêtais pas de penser à lui, me rendant compte à quel point l'attachement que j'avais envers lui est importante. Depuis ce baiser passionné, quelque choses entre lui et moi s'est créée, certaines barrières qui me freinaient sont tombées. Je me sens plus apte à lui tutoyer, à aller vers lui sans être gênée, je me sens bien, à l'aise.

Ajustant ma robe devant la grande glace du placart, je pris le temps de prendre une énorme bouffée d'air et d'afficher mon plus beau sourire. Aujourd'hui c'était enfin le jour où je passais mon certificat d'études primaires, je devais être parfaite et me présenter sous mon meilleur jour. Je sortais de la chambre et rejoignis la cours, je guettais à gauche et à droite s'il y avait personne et ce fut le cas, pas que je partais en secret mais ça me faisait bizarre que je sorte de la résidence à 6h pour rejoindre la ville, bien-sûr, je m'étais assurée de faire toutes les corvées nécessaires.

J'arrivais dans la cuisine et vis Nadia déjà debout, elle préparait la pâte à pancakes pour le petit déjeuner.

- Tu t'en vas déjà ? Remarqua t'elle en jetant un chaste coup d'œil vers l'horloge accrochée au mur.

- Oui l'examen commence à 8h, il faut déjà que je démarre !

Elle me tendit une pomme.

- D'accord, fais attention à toi !

Je la gratifiais d'un sourire et sortais de la cuisine pour me diriger vers l'extérieur, en chemin, je croisais les deux frères Alec et Michael qui semblaient être préoccuper par leur conversation. Je me fis le plus distraite possible mais Monsieur Michael me remarqua. Il me fit un signe pour que je m'arrête. Une fois à ma hauteur et fronça les sourcils.

- Tu vas quelque part ?

- Oui oui ! Dis-je

- Où ça ? C'est pas un peu tôt ? Répondit il en regardant sa montre, je trouvais ça trop mignon qu'il s'inquiète pour moi.

- Je vais faire un truc personnel. Lui avouais-je sans trop donné d'informations.

Il pouffa

- Et tu me caches des choses maintenant.

-  Pas du tout ! Me défendais je. Et de toute façon, tu ne me dis pas tout le temps où tu pars !!!

- Si c'est pas le travail, tu crois que je suis où ? Il dit avec un sourire ravageur.

Aaaaarg ce fameux sourire, je l'adore !

- Comme la fois où on s'est retrouvé dans le même restaurant ! Tu vas me faire croire que tu étais si bien habillé pour rencontrer un homme d'affaires ?

Il éclata de rire à ma grande surprise et se lécha la lèvre amusé de la situation, je rougis face à ce geste, il savait toujours comment me déstabiliser.

- Madame ne serait-elle pas jalouse ?

- Mais n'importe quoi ! Et puis quoi encore ! Je me pose juste des questions c'est tout ! Boudais-je même si je savais qu'il avait parfaitement raison, parce que oui, ce jour là j'étais vraiment curieuse de savoir qui il était venu rejoindre.

Il se pencha et me murmura à l'oreille

- J'aime trop quand tu boudes, ça me donne envie de t'embrasser.

Je rougis violemment et le repoussait. Il ria et m'attrapa par la main m'obligeant à lui faire face de nouveau.

- Passe une bonne journée. Il me donna un baiser sur le nez et retourna vers son frère qui n'avait pas raté un seul instant la belle vue romantique qu'on vient de l'offrir. J'avais juste envie de disparaitre mais j'étais contente qu'il soit venu m'embêter.

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Je récupérais mes affaires et sortie de la salle. C'était la fin de l'examen, je m'étais vraiment bien débrouillée, j'étais déjà sûre d'avoir mon certificat. Le centre était rempli de petits rentrant à peine dans la période de la puberté qui avait déjà formé des groupes devant l'entrée, inutile de préciser qu'une grande comme moi faisait un peu tâche mais bon on était une vingtaine à avoir passé l'examen donc aucun souci. Je me faufilais dans la foule quand une main se posa sur mon épaule , en me retournant je restais sans voix n'y croyant pas.

- Oh mon dieu Patricia !!!

On se serait dans les bras !! Patricia était ma copine la plus proche à l'Institut, j'arrivais pas à croire que c'était bien elle.

- Oh là là c'est incroyable, j'ai attendu ce moment avec impatience. Dit elle

- Moi aussi !!

- Tu ne m'as jamais rappellé, je suis en colère contre toi. Me fit elle savoir.

- Si tu savais ce qui m'étais arrivée. Dis-je en affichant une moue désolée

- T'inquiètes pas on va rattraper le temps perdu ! Me rassurait elle pleine d'enthousiasme.

Un petit garçon accouru vers elle et lui sauta dessus.

- Patricia, c'était génial ! Je suis sûr que j'ai super bien travaillé

- T'es un vrai champion toi !

Le petit garçon sourit et tapa dans la main que lui tendait Patricia. Ça me faisait plaisir de les voir si complice, ça me donnait la bonne impression qu'elle était heureuse et bien traitée par ses patrons, quand je l'observais de plus près, elle avait pris un peu de poids et portrait des robes différentes de celles qu'on avait à l'Institut.

Ensuite, elle reporta son attention sur moi

- Et toi tu fais quoi ici ? T'es venu chercher un gamin toi aussi ?

- Non, je suis venue passer mon certificat d'études primaires ! Surprise ! Dis-je en attendant avec impatience son avis

Elle sembla complétement choquée puis éclata de joie

- T'es incroyable Rose ! Tu sais j'ai toujours écouté la liste de tes rêves d'une seule oreille mais aujourd'hui je commence à y croire.

Je riais en roulant des yeux.

- Je dois rentrer déposer le petit, ça te dirait qu'on se retrouve bientôt pour discuter ?

- Mais bien-sûr, c'est quand tu veux, tu aurais un numéro de téléphone ? Demandais-je en sortant un stylo et une feuille, j'avais laissé mon téléphone à cause de l'examen.

- Non, mais tu peux m'appeler avec le fixe de la maison. Elle écrit rapidement le numéro sur le papier et me serra une dernière fois dans ses bras. J'espère te revoir bientôt, j'ai tellement de choses à te dire.

Ça je n'en doutais pas, Patricia était ce genre de personne qui avait toujours quelque chose à dire. Elle s'éloigna avec le petit garçon et moi je pris la route de la résidence. Je marchais le long de l'avenue quand une voiture s'arrêta près de moi, la personne baisa la vitrine et mon cœur faillit sortir de ma poitrine. C'est Luciole, la fiancée d'Alec, l'aînée de la famille Ross. Elle enleva ses lunettes de soleil.

- Hey ! Tu serais pas la fille qui travaille chez les Ross ?

- Oui c'est moi !

- Tu vas où comme ça ? Demanda t'elle curieuse en remarquant le sac que j'avais dans les mains.

- Je rentre à la résidence ! Dis-je simplement.

- Super ! Je te raccompagne ! Monte ! Elle ouvrit la portière.

Je l'ai regardé un bon moment avant de monter. Je m'assis et attacha ma ceinture de sécurité. Elle démarra et un silence assez lourd s'installa, je ne savais pas trop quoi dire.

- Soit pas aussi tendu, je ne vais pas te manger ! Tu trouves ça si étranger que j'ai voulu t'accompagner ?

- Euh....oui mais merci beaucoup !

- Boff, c'est normal ! La dernière fois qu'on s'est parlés, tu m'as inspiré confiance et je voulais par la même occasion te remercier d'avoir gâcher cette stupide cérémonie familiale.

Je me figeais à l'entente de ses mots, m'enfonçant dans mon siège.

- Ah oui, je tiens à m'excuser....

- Mais le fait pas ! Me coupa t'elle. Toute cette agitation m'a permis de me rendre compte à quel point les choses allaient trop vite entre nous et je me rends compte avec du recule que j'ai fait le bon choix.

Je l'écoutais attentivement, assez surprise qu'elle me fasse de telle révélation.

- J'avais bien remarqué que quelque chose vous angoissez dans la cuisine mais maintenant je comprends mieux. Mais pourquoi ? Je ne connais pas assez monsieur Alec mais il a l'air d'être un homme formidable !

Elle soupira.

- C'est la pression que ma mère me met qui me fais douter, tous qui l'intéresse, c'est l'argent, encore et toujours l'argent, je me sens pas totalement prête.

Elle prit le virage qui nous menais vers la route desserte, on s'éloignait de la ville et on se rapprochait de la résidence.