Midi, l'heure du déjeuner, mais avant tout l'heure où tout le monde se bouscule au self dans l'espoir d'avoir le plat du jour. Ce tableau exaspère Ginny. Elle tourne le dos à la file d'attente et se dirige vers le bâtiment annexe. Après un rapide coup d'œil aux alentour afin de s'assurer que personne ne la vois, elle s'élance dans les escaliers de secours et atterri dans la salle de théâtre, qui est abandonné pour le moment. La jeune fille répète des gestes mécaniques. Elle ferme la porte, pousse le verrou, enlève ses baskets et allume son IPod. Après s'être placé devant le mur couvert de miroir, Ginny commence enfin la répétition. La musique envahit sa tête. Le battement de son cœur semble se mettre en phase avec le tempo de la chanson. Les mouvements viennent tout seul, sa jambe droite se lève sans problème en rythme, le déhanché suivant enchaine avec brio, l'enchainement des bras se met en place sans aucune hésitation. La chorégraphie qu'elle travaille depuis deux semaines colle parfaitement à la musique. Un sourire nait sur son visage. Elle pourra faire la vidéo ce soir, ça tombe bien, ses « admirateurs » commencent à s'impatienter de ne pas avoir des nouvelles de leur danseuse.

Le retentissement de la sonnerie la sort de son monde. Un midi de plus où elle n'aura pas mangé. Mais cela elle n'en a que faire, la seule chose qui lui trotte en tête est son retour à la réalité. Plus que cinq heures avant de se retrouver à nouveau avec sa musique. Cinq heures de cours, cinq heures de cauchemars, cinq heures de solitudes, cinq heures de sa vie. 

« Aller Billie, t'es la meilleure !! »

Un simple encouragement, apparemment il n'en faut pas plus à la jeune fille. Elle prend son élan et s'élance au milieu du cercle formé par les élèves puis commence à danser. Autour de Billie tout le monde hurle des encouragements, l'applaudis. Après tout, quoi de plus normal ? Ici Billie est une star la chanteuse, danseuse du lycée. Celle que tout le monde admire. Sa performance du jour conforte les gens dans leurs idées. Billie percera un jour. Oui, mais quand ? Cette question torture la jeune fille. La fin de la pause matinale est en concordance avec le pas final. Un de ses camarades passe et sans dire un mot lui donne un papier.

« C'est pour bientôt ;-), le deux février par exemple !! »

« T'as vu la bonnasse ? »

Deux garçons devant Ginny s'extasient sur l'écran d'un IPhone. La vidéo qu'ils regardent n'est pas inconnue à la jeune danseuse (Ginny très curieuse qui n'a pas pu s'empêcher de jeter un coup d'œil par-dessus l'épaule d'un des garçons.) Elle rigole. Les deux garçons se retournent et lui jettent un regard dédaigneux.

« Pourquoi elle glousse l'autre ? »
« Tu parles, c'est juste de la jalousie, elle sera jamais aussi sexy que J-New-York »

Ils jettent tous les deux un regard hautain à Ginny, celle-ci préfère quitter le rang pour aller retenir son fou-rire.

« Sale folle va ! »

Elle est peut-être folle, mais en attendant, beaucoup plus intelligente qu'eux. En effet ces deux garçons ignorent que J-New-York = JNY la réduction de son prénom. Car oui, J-New-York n'est autre que Ginny.

Le deux février, cette date trotte dans la tête de Billie depuis qu'elle a reçu la veille, le mystérieux mot. A peine arrivé chez elle, elle lance son sac et se connecte directement sur internet. La page qui s'ouvre la fait pleurer de joie. Elle passe de tous les couleurs, un éventail allant du bleu au rouge, en passant par le jaune, le vert et le violet puis se met à courir dans toute la maison avant de reprendre son calme et d'essayer de relire la page pour vérifier qu'il n'y a pas de gag. Des auditions auront lieu à Tokyo. C'est bon son heure arrive enfin. Billie prend son téléphone et compose directement le numéro de sa cousine, sa double, sa moitié. Celle avec qui elle a passé tant de temps à apprendre les chansons, a essayé de synchroniser les chorégraphies pour le jour béni ou une occasion d'assister une audition arrivera. Après quelques tonalités elle a le plaisir d'entendre la voix de sa double.

« Tu veux quoi la Cassiopéenne ? »
« Hey la miss J-New-York, arrête de ronchonner et lis tes mails. »
« Bah attend ma boite mail sature à cause de la vidéo. »
« J'men fou bouge-toi, va voir ce que je t'ai envoyé. »
« Je me connecte, deux secondes, tu me dira ça via Webcam. »

Elles raccrochent. Billie se tourne vers son ordinateur et pianote d'impatience devant le temps que met sa cousine à se connecter. La fenêtre à peine ouverte, la jeune fille envoie le lien et allume caméra ainsi que le micro.

« Ah te voilà toi ! »
« Rho c'est bon, ce n'est pas de ma faute Dougdroïde fait encore des siennes ! »
« Moi je le comprends être ton ordinateur ça doit pas être facile tous les jours ! »
« Hey, te fout pas de moi, sinon je repars ! C'est quoi ta super bonne nouvelle ? »
« Je t'ai envoyé le lien, regarde le ! »

Ginny souffle mais clique quand même sur le lien du site. Comme de par hasard c'est ce moment-là que choisi ce cher Dougdroïde pour lui annoncer qu'un SPAM occupe son ordinateur. La page mis donc plus de temps que d'habitude pour s'afficher. Pourtant le chargement n'est rendu qu'à la moitié lorsque Ginny se rend compte du contenu, ses yeux s'écarquillent, elle bondit en l'air, hurle comme une malade puis fini par pleurer. Une fois le calme retrouvé elle s'installe face à la caméra et se contente d'une seule question.

« On part quand ? »

Cette simple phrase fit sourire Billie, leurs répétitions ne seront pas vaines. Bientôt elles diront enfin bonjour au Japon et pourront vivre de leurs passions.