Le bureau du conseil des élèves du lycée était une pièce spacieuse, aménagée avec goût. Le soleil traversait les larges fenêtres, éclairant les piles de documents bien rangées et les meubles modernes. Tout respirait la discipline et l'efficacité, sauf peut-être un coin précis de la pièce où trônait Kamijou Shemed Mugen, le vice-président au surnom redoutable mais à l’attitude désinvolte.

Assis à son bureau, Shemed parcourait des rapports avec une nonchalance calculée. Un stylo tournoyait entre ses doigts tandis qu'il lisait les documents qui lui avaient été confiés. Il portait son uniforme impeccable, bien qu’un brin décontracté, et son expression était celle de quelqu’un qui se trouvait là par pure obligation plutôt que par choix.

— "Encore un autre rapport sur les finances du club de chimie," murmura-t-il pour lui-même. "Étrange comme ils ont toujours des problèmes de budget... peut-être parce qu'ils achètent du matériel digne d’un laboratoire militaire."

Un soupir lui échappa. Son travail de vice-président n'était pas compliqué en soi, mais sa malchance légendaire semblait s’inviter à chaque instant, rendant les tâches simples étonnamment difficiles. Ce jour-là, une série d’incidents typiques l'avait déjà ralenti : une pile de dossiers qui s’était mystérieusement effondrée sur son bureau, une tasse de café qui avait décidé de se renverser sur ses notes, et un tiroir bloqué qui avait exigé plusieurs minutes de lutte acharnée pour s’ouvrir.

Mais malgré tout, Shemed restait étrangement productif.

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La stratégie de la défaite maîtrisée

Lorsqu'il termina enfin le dernier rapport, Shemed sortit un cahier de son sac et commença ses devoirs. Il désactiva discrètement Imagine Breaker, son bras droit s’illuminant brièvement d’un éclat imperceptible avant de redevenir normal.

— "Voilà, plus de malchance pour un moment," murmura-t-il avec un sourire en coin.

Avec sa mémoire quasi-parfaite et son esprit aiguisé, il savait qu’il pourrait facilement obtenir la première place dans chaque matière. Mais il n’en avait aucune envie. Finir deuxième était une stratégie qu’il avait soigneusement élaborée. Cela lui permettait d’éviter les projecteurs tout en restant suffisamment compétent pour ne pas attirer de soupçons.

En une heure, il termina ses devoirs, corrigeant même volontairement quelques erreurs pour s’assurer de maintenir son rang. Une fois satisfait, il réactiva Imagine Breaker, rendant sa vie à nouveau sujette à toutes les catastrophes imaginables.

Il s’étira, passant une main dans ses cheveux. Juste au moment où il allait enfin se détendre, la porte s’ouvrit brusquement, laissant entrer deux figures familières.

— "Yo, Shemed ! Toujours aussi studieux, hein ?" lança Tsuchimikado Hotoharu, un blond aux lunettes teintées et au sourire exagérément amical.

— "On t’a apporté un peu d’animation," ajouta Aogami Pierce, un garçon brun avec un air malicieux, ses yeux brillant d’une curiosité presque enfantine.

Shemed les observa, un sourcil levé.
— "Vous êtes en retard. Encore une mission top secrète, Tsuchimikado ? Et toi, Pierce, tu traînais encore près des filles de Tokiwadai ?"

Les deux éclatèrent de rire.

— "Ne pose pas trop de questions, camarade," répondit Tsuchimikado en s’affalant sur une chaise. "Mais disons que j’ai eu une journée bien remplie."

— "Quant à moi," dit Pierce, prenant une pose exagérément dramatique, "je suis un homme aux ambitions modestes. Les anges de Tokiwadai méritent toute mon attention."

Shemed soupira mais ne put s’empêcher de sourire.

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La Delta Force en action

Ces trois-là formaient un trio improbable mais inséparable. Ils étaient connus parmi leurs camarades comme la Delta Force, un surnom qu’ils avaient eux-mêmes adopté avec fierté. Si le reste du lycée voyait en eux une bande d’idiots inoffensifs, les intéressés s’amusaient à cultiver cette image pour masquer des vérités bien plus complexes.

Tsuchimikado, agent double aussi sournois qu’éloquent, jouait le rôle du blagueur insouciant, mais Shemed savait qu’il était toujours en train de collecter des informations. Pierce, quant à lui, semblait uniquement motivé par des intérêts futiles et souvent pervers, mais il avait l’étrange capacité de toujours être là où il ne fallait pas, récoltant sans le vouloir des secrets précieux. Et puis il y avait Shemed, l’épine dorsale de ce trio, capable de transformer n’importe quelle défaite apparente en avantage stratégique.

Ils s’étaient regroupés autour de son bureau, chacun prenant ses aises.

— "Alors, Shemed, dis-nous," commença Tsuchimikado avec un sourire narquois. "Comment ça se passe au sommet ? Le vice-président du conseil des élèves doit avoir des histoires croustillantes, non ?"

Shemed haussa les épaules.
— "Si tu veux des histoires croustillantes, demande à Pierce. Il passe plus de temps à espionner les filles qu’à faire ses devoirs."

Pierce leva les mains en guise de protestation.
— "Hé, hé, hé, c’est injuste ! J’appelle ça de l’observation sociologique. Et pour ta gouverne, j’ai une théorie sur pourquoi les filles de Tokiwadai sont si inaccessibles."

Tsuchimikado éclata de rire.
— "Je parie que ta théorie a quelque chose à voir avec leurs uniformes."

— "Pas du tout ! C’est un mélange complexe de discipline académique et de normes sociales élevées," répondit Pierce avec une gravité feinte. "Mais aussi, leurs uniformes sont vraiment... stylés."

Shemed secoua la tête, un sourire amusé sur les lèvres. Ces moments légers étaient rares dans sa vie, mais il appréciait leur compagnie, même s’il ne le montrait pas toujours.

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Discussions douteuses et plans improvisés

Leur conversation dériva rapidement vers des sujets encore plus absurdes. Tsuchimikado racontait une histoire rocambolesque sur une fille qui aurait essayé de le recruter pour un groupe secret, tandis que Pierce faisait des hypothèses farfelues sur les pouvoirs des espers de haut niveau.

— "Hé, Shemed," dit soudain Tsuchimikado en se redressant. "Toi qui es notre petit génie caché, pourquoi tu ne vas pas draguer une fille de Tokiwadai ? Je suis sûr que Misaka Mikoto serait ravie d’un petit duel romantique."

Shemed éclata d’un rire sec.
— "Tu veux que je me fasse électrocuter ? Très peu pour moi."

Pierce, un sourire en coin, ajouta :
— "Franchement, avec ta malchance légendaire, tu pourrais la battre sans lever le petit doigt. Elle finirait par trébucher sur un câble ou quelque chose du genre."

Shemed leva les yeux au ciel.
— "Vous deux, un jour vos bêtises vont vous attirer de vrais ennuis. Et je serai là pour rire."

— "Tu dis ça, mais tu es toujours le premier à nous couvrir," répondit Tsuchimikado avec un clin d’œil.

Il n’avait pas tort. Malgré ses protestations, Shemed avait une étrange affection pour ses deux camarades. Peut-être parce qu’ils acceptaient sa façade sans poser de questions.

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Le poids de l’ombre

Mais même en plaisantant, Shemed restait alerte. Sous ses airs décontractés, il ne cessait d’analyser, de planifier. Il savait que tout ce qu’il faisait – ou ne faisait pas – était observé, que ce soit par Aleister Crowley ou d’autres forces de la Cité Académique.

Ses devoirs terminés et son rôle de vice-président accompli pour la journée, il savait qu’une autre facette de sa vie l’attendait. Car si la Delta Force était un refuge, elle n’était qu’une partie d’un jeu bien plus vaste.

Pourtant, en cet instant, autour de ce bureau, il laissait la stratégie de côté pour profiter de la compagnie de ses deux improbables alliés.

— "Bon," déclara-t-il en se levant. "Qui veut un karaoké ? Avec ma malchance, je vais probablement casser le micro, mais au moins vous pourrez rire."

— "Comptez sur moi !" s’écria Pierce.

— "Tant qu’il y a des filles là-bas, je suis partant," ajouta Tsuchimikado avec un sourire malicieux.

Et ainsi, les trois amis quittèrent le bureau, prêts à plonger dans une soirée aussi chaotique qu’imprévisible.