-51-
- C'est incroyable ! Inadmissible ! s'indigna Jughead tandis qu'il faisait les cent pas dans la chambre de sa meilleure amie. Tu te rends compte ? Malgré la vidéo, malgré tout ce que cet homme a fait...mon père va tout de même être poursuivi, et tout ça pour quelle raison ? Parce qu'il a menti pour me protéger moi, son fils, d'un homme capable d'assassiner un membre de sa putain de famille !
Elyana comprenait la détresse de son ami, mais elle était perdue, elle aussi, car elle ignorait quoi lui dire, pour une fois. C'est vrai, c'était injuste, mais c'était la loi, malheureusement. Elle convainquit Jughead de s'assoir à côté d'elle et le serra contre lui, incapable de penser à une meilleure solution à cet instant. Dans son étreinte, elle tenta de lui montrer qu'elle était là, de toutes ses forces, et qu'elle ne le lâcherait pas. Elle ne put sempêcher, tout de même, de prononcer quelques mots, se sentant coupable d'être aussi muette dans une telle situation.
- La justice suivra son cours. Ton père est innocent, et son acte était brave.
- Merci, Lya. Merci.
- Écoute, je dois passer voir Archie, lui expliqua-t-elle en s'éloignant de lui. Et si tu venais avec moi ?
- Non, je crois que je vais rentrer. J'ai besoin d'être un peu seul. Et d'appeler Betty.
- Je comprends, Jug, je comprends.
Elle le regarda partir avant de traverser la rue pour se retrouver sur le porche, devant chez Archie. Elle sonna nerveusement, puis lorsqu'il ouvrit, elle se blottit immédiatement dans ses bras. Elle salua Fred Andrews, puis ils montèrent dans la chambre du rouquin. Assis sur son lit, en silence, ils ignoraient quoi se dire.
- Je n'arrive pas à y croire, à toute cette histoire, avoua Elyana. Il a...tué Jason, puis il s'est ôté la vie. Comme si Cheryl avait besoin de ça...
- Au moins, elle a une personne toxique de moins dans sa vie.
- C'était son père, Archie. Quoi qu'il ait fait, il reste celui qui l'a élevée, qui l'a vu grandir et qui...
- Ma mère m'a demandé de partir avec elle. À Chicago.
- Et...
- Je lui ai dit que mes amis avaient besoin de moi. Mais c'est faux, avoua-t-il.
- Ah...bon ?
- Oui. C'est moi qui ai besoin de vous. J'ai besoin de toi. Je l'ai compris le soir du bal, déjà. Quand tu as dit que tu avais eu l'occasion de partir avec ta mère. Quand t'as dit ça, j'ai envisagé la possibilité de ne plus te voir sortir de chez toi le matin, de ne plus pouvoir te parler et...
Elyana sempara de sa main et fixa leurs doigts entrelacés sur les couvertures.
- Je crois que...je vais aller rendre visite à mon père, affirma-t-elle soudain. Nelly m'y conduira.
- Tu y vas seule ?
- Non... J'ai demandé à Jug de m'accompagner, ça ne te dérange pas ?
- Bien sûr que non. Je sais que tu as besoin de lui.
- Tu crois qu'un jour, cette ville sen remettra ? Je veux dire...
- J'en sais rien, Lya. Mais je crois que nous, on est un peu là pour ça.
***
Dans sa voiture, le lendemain, Elyana n'aurait pas pu être plus anxieuse. Heureusement, Jughead était à ses côtés, et Nelly faisait tout pour la détendre.
- Je demanderai à la secrétaire s'il est possible qu'ils excusent votre absence au lycée, pour aujourd'hui, affirma-t-elle tout en conduisant. Vous savez, j'ai l'impression d'être un chauffeur de taxi, là, plaisanta-t-elle afin de détendre l'atmosphère.
Évidemment, ce ne fut pas très fructueux : Elyana serrait toujours les doigts de Jughead de toutes ses forces, et celui-ci était, étrangement, presque aussi tendu que son amie. Toutefois, il allait se résoudre à dire quelque chose quand le téléphone portable de la brune sonna. Jughead laissa échapper un petit sourire lorsqu'il entendit sa sonnerie, inchangée depuis qu'il la connaissait : l'intro fulgurante de Cryin', le célèbre morceau d'Aerosmith. Comme sonnerie, on avait fait plus discret. Elle s'empressa de décrocher à la vue du nom sur l'écran.
- Cheryl ? Tout va bien ? s'inquiéta immédiatement Elyana. Je suis désolée de ne pas être là mais...
- Ne t'inquiète pas, je comprends, la rassura Cheryl à l'autre bout du fil. Je dois juste t'annoncer quelque chose.
- Je t'écoute.
- J'ai cédé les River Vixens à Veronica.
- Tu as fait quoi ? s'étrangla presque la jeune fille. Tu les lui as cédées ? Mais je t'ai pourtant dit que j'allais revenir, oh la la...
- Il fallait que je le fasse. Crois-moi, avec ma mère, ici, à Thornhill, et tout le reste... Je n'ai ni le temps, ni l'envie de m'occuper de cette bande de bécasses.
- Oui, je m'en doute... Tu crois que je pourrais toujours les rejoindre ?
- Probablement. Et puis, ce n'est pas parce que je lui ai laissé les commandes que je ne me permettrai pas de lui faire une de mes grandes remarques, tu sais bien.
- Ouais... Il y a autre chose que tu veux me dire ? Ou que je peux faire pour toi ?
- Non, c'est gentil. Aussi, je voulais juste te souhaiter bon courage, d'accord ? Il n'y a pas de raison pour que ça se passe mal.
En fait, des raisons, Elyana en voyait trois. Primo, elle avait plus ou moins envoyé son père en prison. Secundo, les antécédents de son père ne la rassuraient pas. Tertio, elle savait qu'il allait lui reprocher mille et une choses. Après avoir raccroché, elle expira un bon coup, serrant les doigts de son meilleur ami une nouvelle fois. Ils ne pipèrent mot jusqu'à la prison où était détenu Dave Bennet. Une fois à l'intérieur de l'imposante bâtisse, on leur demanda de déposer leur cellulaire et autres effets personnels dans une boîte en métal. Sérieusement, pourquoi devaient-ils retirer leur montre ? Elyana se posait des tas de questions, tentant coûte que coûte de penser à autre chose. Bien sûr, elle ne put se résoudre à faire face à son père sans Jughead, alors ils prirent place tous les deux devant une vitre, dans le parloir. La chaise en face d'eux ne resta pas longtemps vide : Dave Bennet, en tenue orange de prisonnier, s'y assit. Arborant un regard étrangement doux, il s'empara du combiné à sa gauche et le porta à son oreille.
- Ma Lya...
- Papa. C'est...ça fait...
- Longtemps ?
- Oui.
- Pourquoi viens-tu me voir ? Je croyais que tu ne voudrais plus jamais avoir affaire à moi, cracha-t-il d'un air presque attristé.
- Tu es toujours mon père, tu sais, répondit-elle en cachant étonnamment bien sa mélancolie. Le père de Cheryl... Il a fait quelque chose de mal, lui aussi, mais il n'est plus là pour voir sa fille. J'avais besoin de te voir.
- Moi aussi, ma princesse, moi aussi... J'ai un tas de questions pour toi. Comment ça va, à l'école ?
- Bien ! Sauf en math, bien sûr, tu me connais.
Jughead, qui se sentait un tantinet ignoré, ne put qu'être soulagé de voir le léger sourire qui naissait sur le visage de sa meilleure amie.
- Évidemment, évidemment. Et tu dessines toujours ?
- Quand j'ai le temps, oui.
Malgré la joie qu'on pouvait lire sur le visage de la jeune fille, Jughead doutait de la sincérité de cet échange. Selon lui, Dave Bennet n'était pas clair. Il se rappelait très bien le regard qu'il avait lancé à sa fille, lors de son arrestation, puis lors de son procès. Il ne pouvait expliquer ce changement dans son attitude envers elle.
- Et tu fais souvent du shopping ? Je ne sais pas moi, avec tes amies, par exemple ?
- Non, pas vraiment, et puis ce n'est pas comme si je pouvais me le permettre, tu sais. Nelly se donne corps et âme au travail, et maman n'envoie pas de pension, alors...
- Tu es sérieuse ?
- Ouais.
- Écoute, j'ai quelque chose à te demander. Un service.
- Je le savais, l'interrompit Jughead d'une voix si basse que seule Elyana pouvait entendre. Il y a quelque chose de louche.
- Chut. Laisse-le parler, lui répondit-elle. Dis-moi, papa.
- Sur ce papier, il y a le numéro d'un compte, ainsi que le code. Il est...bien fourni, lui expliqua-t-il en lui tendant avec discrétion un bout de serviette en papier. J'aurais besoin d'un peu d'argent. Ici, en prison, il y a...des trafics. De la nourriture, des cigarettes...
- Tu veux que je t'amène de l'argent...clandestinement ?
- Oui. Il y a d'abord une chose que tu dois savoir. Par précaution, comme il s'agissait de l'héritage de ta grand--mère...
- Tu veux dire que Nany nous a laissé quelque chose ? s'étonna-t-elle, attendrie par le souvenir de son aïeule tant adorée.
- Plus exactement, elle t'a laissé quelque chose, à toi.
- Pardon ? Je ne...
- La mère de ta mère t'a laissé son héritage.
- Mais Nany était...
- Pleine aux as, oui, affirma Dave, son regard de plus en plus avide. Alors ?
- Je...je ferai de mon mieux, papa. Mais...je dois y aller, là, on m'attend, tu comprends ?
- Bien sûr, lui répondit-il, dépité, tandis qu'elle séloignait. N'oublie pas, crut-elle l'entendre murmurer.
Elle se dépêcha de sortir, de récupérer ses affaires et, une fois sur le parking, Nelly leur demanda de les attendre pendant qu'elle parlait avec Dave. Lorsque sa belle-mère fut enfin partie, Elyana exprima le fond de sa pensée.
- Il n'était pas heureux de me voir, pas vrai ? Je veux dire...pas de la manière dont j'aurais voulu qu'il le soit.
- Écoute...
- Tout ce qu'il voulait, c'était profiter de moi, sa fille. Je ne comprends rien... Tu te rends compte ? Si ce que mon père dit est vrai, alors ce compte est probablement plus rempli que celui de ma mère, Nelly, des Cooper, des Andrews... Tu te souviens de ma Nany, pas vrai ? Celle qui nous faisait tout le temps des tartes au citron.
- Oui, je m'en souviens, mais Lya...
- J'en reviens pas.
- Lya, j'ai quelque chose à te dire, avoua enfin Jughead, soulagé d'avoir engagé cette conversation une bonne fois pour toute.
- Q-quoi ?
- Je sais que ça ne va pas te plaire, et je ne devrais pas te le dire maintenant, mais...
- Accouche.
- On me transfère à Southside High.
- C'est...quoi ? Non, ils ne peuvent pas...
- Fred Andrews ne peut pas s'occuper de moi ; il a ses propres problèmes. Une famille d'accueil m'attend là-bas.
- Jughead, c'est...pourquoi ne pas me l'avoir dit avant ? lui demanda-t-elle, les larmes aux yeux.
- Je ne sais pas. Quitter Riverdale High, même si je déteste ce bahut, ça équivaut à quitter Betty, Archie, et toi. Surtout toi. On n'aurait probablement pas survécu au lycée, l'un sans l'autre. Enfin, tu te serais peut-être débrouillée, mais moi... Le dire, ça rend ça...tellement concret.
- Est-ce que c'est le moment où je te prends dans mes bras ?
- Tu sais bien que j'ai horreur...
- La ferme.
Elyana se jeta presque dans les bras de son meilleur ami et le serra très fort contre lui. Tout allait changer, tout avait déjà changé, et en même temps, tout était pareil. Un jour, ils n'auraient plus aucun problème. Ils trouveraient la solution. Elyana s'accrochait à cette conviction aussi fort qu'elle le pouvait. Même si, à ce moment-là, elle en était de moins en moins convaincue.
***
Le final de la saison 2 de Grey's Anatomy m'a gardée éveillée, aloooors voilà le chapitre 51. Je posterai probablement les trois derniers demain, j'ai vraiment envie de clôturer ce tome 1 et vous faire découvrir le trailer du tome 2.
N'hésitez pas à commenter et voter !
-Cxlxnx13
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