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Archie et Lya, enfermés dans le préfabriqué depuis cinq minutes, ne s'étaient pas encore adressé la parole depuis l'évidente constatation du rouquin. Le silence pesait dans la pièce, sur leurs épaules. Ils ne se regardaient même pas. Le seul bruit perceptible était celui de leurs souffles. Celui d'Archie était lent, trop contrôlé ; celui de Lya, haletant, discret, cependant. Assise sur le bureau présent dans la minuscule pièce, elle n'osait pas quitter le sol des yeux, craignant ceux sur lesquels elle tomberait inévitablement.
Elyanna avait toujours craint les petits espaces : un jour, âgée de dix ans à peine, elle s'était enfermée par mégarde dans les toilettes de son école. Elle avait commencé à paniquer, puis à pleurer. Elle avait crié une seule fois, et au bout de cinq minutes (qui lui semblèrent durer une éternité), Betty et Archie débarquèrent, alertés par l'absence de leur amie. Il s'était avéré que, perdue dans son angoisse, Lya ne sétait pas rendu compte qu'elle n'appuyait simplement pas assez fort sur la poignée, particulièrement récalcitrante à cause de son ancienneté. Lorsque la porte s'était ouverte sur ses deux amis, elle tremblait comme une feuille et s'était jetée dans leurs bras. Assise sur ce bureau, dans le préfabriqué, elle paniquait à l'idée de cette porte fermée à double tour. Jughead savait qu'elle était claustrophobe, mais il n'avait pas hésité à l'enfermer là-dedans, pour qu'elle parle à Archie.
- Pourquoi tu es si distante ? demanda Archie, rompant soudain cet incessant silence. Pourquoi tu ne me parles plus ? Je vois bien que tu m'évites, ces derniers-temps, et...
- Je ne sais pas, mentit la jeune fille tout en se remémorant la dernière fois où elle avait voulu lui avouer ses sentiments.
- Tu mentais mieux que ça, avant.
Lya devina un sourire dans les propos d'Archie, mais elle ne leva pas la tête pour autant, pas plus qu'elle ne sourit.
- Je ne mens pas...
- Si, c'est le cas. Je te connais, et tu ne fuirais pas quelqu'un sans raison. Alors dis-moi : pourquoi ?
- Archie, je...ce n'est pas le moment d'en parler.
- Et pourquoi ça ?
- Je... Archie...
- Non, Lya, j'en ai assez, la coupa-t-il tandis qu'il commençait à perdre son calme. Je sais que j'ai déconné, que j'ai pas été clair avec toi, mais là, tu fais pareil ! Ton silence me rend complètement fou, et je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe dans ta tête. Avant, je l'aurais su, tu m'aurais dit ce qui n'allait pas... Je ne veux pas te perdre encore une fois, tu comprends ? Je ne peux pas perdre une amie quelques semaines après l'avoir retrouvée !
- Hé, si quelqu'un a le droit de s'énerver, ici, c'est moi ! rétorqua-t-elle. Te rends-tu seulement compte de ce que tu me fais ? D'abord tu m'embrasses, puis tu cours dans les bras de Grundy. Une fois cette femme partie, tu m'embrasses encore, puis tu te jettes dans les bras de Valerie. Ce sera qui, la prochaine ? Veronica ? Je ne suis pas qu'un plan B, Archie !
Elle était sur les nerfs, et sa nervosité additionnée à son angoisse faisait rouler des larmes sur ses joues. Jughead, lui, écoutait attentivement leur conversation à travers les fines parois, et il commençait sérieusement à se dire qu'il n'aurait pas dû les laisser seuls.
- J'ai peut-être du mal à savoir ce que je veux, mais je ne pense pas devoir te rappeler qui a brisé le cœur de l'autre en premier !
- On était encore des gamins, l'an dernier ! Et puis tu sais très bien dans quel état j'étais.
- Justement ! J'étais là, jour et nuit, prêt à tout pour t'aider ! Et toi, tu m'as juste... Et toi... Tu m'as mis dehors, foutu à la porte, comme si je n'avais jamais compté !
- Je...
Lya était presque à court de mot. Il avait raison, sur ce point.
- Très bien, un point partout ! s'écria-t-elle. Au moins, moi, j'ai été claire et honnête ! Je ne me suis pas mise à jouer avec tes sentiments !
- Mes sentiments ? reprit Archie, plus calme. Est-ce que...toi...moi ?
- Si ta question est : « Lya, est-ce que tu as des sentiments pour moi ? » Et bien la réponse est oui, Archie. Sache que j'allais même venir te le dire, le soir du spectacle. Tu veux tout savoir ? Quand tu as chanté, je me suis dit que la manière dont j'agissais était puérile, que je n'aurais pas dû te laisser t'en aller, que j'aurais dû rester... J'allais venir te le dire, Archie, j'allais venir te raconter toute l'histoire. Et puis, je suis sortie dans le couloir, aux anges à l'idée que, peut-être, c'était enfin le bon moment...pour te trouver dans les bras d'une autre. Après tout, je ne peux en vouloir qu'à moi-même, pas vrai ? J'ai laissé passer trop d'occasions, je suppose. Et maintenant qu'il n'y en aura plus, je me dis que oui, je suis vraiment trop stupide pour les avoir laissées filer. Mais tant pis, Archie, parce que tu sors avec Valerie, et qu'il est bien trop tard pour moi.
- Lya...
- Non, non, je ne veux pas de réponse, soupira-t-elle, au bord des larmes. Inutile de me blesser encore plus.
Elle marcha d'un pas décidé vers la porte et tambourina de toutes ses forces.
- Jughead Jones ! Tu as intérêt à ouvrir cette porte ! Tout de suite !
Son meilleur ami obéit immédiatement : il se sentait coupable d'être, en quelque sorte, à l'origine de toutes ces larmes, mais d'un autre côté, au moins, Archie savait. Il savait qui, en ce bas-monde, l'aimait.
- Un grand merci, vraiment, lâcha-t-elle rapidement avant de s'en aller, au pas de course, jusque chez elle.
Elle rentra très vite, et profita de l'absence de ses parents pour monter dans sa chambre en claquant les portes derrière elle. Ne sachant plus quoi faire, elle attrapa son téléphone, et appela Cheryl.
- Allô ?
- Ch...Cheryl ? C'est Lya.
- Oh, toi, ça ne va pas. Raconte-moi tout.
Alors, Lya expliqua tout ce qu'elle venait de vivre à son amie. La rousse tenta de la consoler, chose peu aisée, via un téléphone portable.
- Écoute... Au moins, maintenant, il le sait, et ça veut sûrement dire qu'il arrêtera de jouer avec toi. Tu ne crois pas ?
- Peut-être. J'en sais rien. Je veux rester chez moi pour toujours, affirma Lya, au bout du rouleau.
- Non, non, non. Nous sommes des femmes fortes et indépendantes des garçons, tu te souviens ? Rappelle-toi ce que Jason nous répétait si souvent...
- Vivez pour vous, et seulement pour vous. Vous êtes deux pierres bien trop précieuses pour les garçons de ce monde.
- Tu vois, tu t'en rappelles mot pour mot. Mon frère avait sûrement tort : peut-être que quelqu'un te mérite. Mais ce n'est pas Archie.
- Je sais, et me dire que je l'aime...ça me dégoûte. Comment je peux être amoureuse de lui ? Il se joue de moi depuis la rentrée... Je sais que je lui ai brisé le cœur la première, il ne s'est pas gêné de me le rappeler, mais...
- Mais tu vas l'oublier, on va se faire des soirées entre filles, et tu trouveras quelqu'un digne de toi. Peut-être pas cette année, peut-être même pas avant la fin de tes études... Mais tu trouveras. On trouvera.
- Merci Cheryl. Tu sais, je ferais pas grand-chose sans toi et Jug, hein ?
- J'aime croire que je fais la plus grosse partie du boulot, mais je dois avouer que l'autre mec étrange est plutôt utile, plaisanta la jeune femme à l'autre bout du fil.
- Ah, revoilà la Cheryl que tout le monde connaît.
- Que veux-tu ? Tu es la seule à qui je laisse l'opportunité de me connaître... Allez, repose-toi, et pense à autre chose. Genre...Ryan Gosling. C'est bien ça.
- Ouais, t'as raison, je vais regarder The Notebook une nouvelle fois, merci pour l'idée.
- Mais tu vas encore pleurer devant ce film ! s'exclama Cheryl en riant à gorge déployée.
- C'est pas quelques larmes de plus qui feront la différence, crois-moi.
Lorsqu'elle mit fin à l'appel, elle alluma son ordinateur, bien décidée à se morfondre toute la soirée, avant de reprendre du poil de la bête. Elyanna Bennet avait une nouvelle règle : fini, de pleurer pour Archie.
***
Hey, j'espère que ce chapitre vous plaît. Voilà, Archie est enfin au
courant des sentiments de Lya. C'est une bonne chose, vous croyez ?
Dites-moi tout dans les commentaires !
-Cxlxnx13
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