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Harry pique peut-être des vêtements mais au moins il les rend fraîchement lavés. Et il arrive aussi très bien à mettre peu à peu ses affaires dans le placard de Louis, un pull par ci, un t-shirt par là. Quand Louis se plaint que les chaussettes de Harry prennent trop de place dans le panier à linge, il lui fait un câlin et lance les deux prochaines machines puis étend le linge et le plie correctement. Il y a une certaine ironie dans le fait que le plus proche que Louis ait été dans une relation soit avec celui qui n'en veut pas.

Louis laisse tomber. Ça ne le dérange pas, donc il ne fait pas de remarques jusqu'à ce qu'une partie de son bureau soit devenue réservée aux manuels de Harry.

"Tu sais, c'est sûrement une bonne chose que tu n'aies pas de copain." Avec un sourire, il montre toutes les affaires de Harry et une pile de livres avec des titres tels que Anatomie Interactive ou L'Encyclopédie d'Oxford de la Médecine Clinique. "Ça serait difficile d'expliquer pourquoi t'as emménagé ici."

Harry est étalé sur le lit de Louis, sur le ventre avec les pieds en l'air, un livre épais de biologie ouvert sur un oreiller. "C'est parce que t'es génial," dit-il comme si c'était la chose la plus évidente au monde. "Je deviens anxieux quand je suis séparé de toi."

"Charmeur." Louis surligne un passage dans son texte sur la procédure de comitologie européenne. ('Article 291 TFEU, la Commission peut disposer du pouvoir d'adopter des "actes d'exécution" qui sont purement destinés à l'exécution des actes législatifs de base. Ils couvrent essentiellement tous les actes qui ne sont pas des "actes délégués".') Fascinant.

Il bâille et interrompt sa lecture pour lancer une chaussette sale à Harry. "Je pense que c'est juste parce que je suis beaucoup plus cool que Tom."

Deux minutes après avoir fait connaissance avec le colocataire de Harry, Louis avait déjà dû contrôler ses pulsions pour ne pas le gifler ; et Harry dit ne pas avoir de besoins similaires, il ne le croit absolument pas. Tom est ce genre de personnes dont seul Liam arrive à leur parler gentiment.

Harry attrape la chaussette en plein vol et sourit. "C'est un bonus."

Ils sont silencieux pendant un moment mais il semble que la lecture de Harry soit aussi fascinante que celle de Louis car quand il le regarde, Harry le regarde déjà, en attente d'une distraction.

Louis hausse les sourcils. "Quoi ?"

"Bon." Harry sort le mot comme un vieux chewing-gum. "A quand remonte ton dernier copain ?"

Avec la mine de son surligneur en suspend au-dessus de la page, Louis fait un rapide calcul. "Environ sept moins. On s'est séparés l'été dernier."

"Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" Harry semble bien trop heureux de fermer son livre, utilisant son pouce pour ne pas perdre la page et bougeant un peu pour faire face à Louis.

"Rien de bien méchant," dit Louis. Il hoche la tête vers les photos au-dessus de son bureau, différents souvenirs de sa vie. Malgré le peu de temps depuis qu'ils se connaissent, Harry apparaît déjà sur une bonne partie du mur, en partie parce qu'il a son mot à dire sur les sélections de Louis et aussi car... bah parce que c'est Harry.

Une des photos montre Jonas et Louis en train de faire coucou à l'appareil photo. Louis ne voit aucune raison pour l'enlever. "On est toujours bons amis." Il pointe la photo. "C'est juste que Jonas est parti un an à l'étranger et on a décidé qu'une relation longue-distance n'était pas faite pour nous."

"On dirait pas que t'étais amoureux." Harry donne un regard critique à la photo.

"C'était sympa," dit Louis.

Harry continue d'étudier les photos. Son ton est presque absent. "Tu sais ce qui est bizarre ? Je pensais que..." Il s'arrête avant de changer de direction. "T'es une sorte de romantique rationnel. Comment c'est possible ?"

"Je sais pas." Louis sourit. "Qu'est-ce que tu veux dire par là ?"

"Genre, tu veux les bonnes parties de la relation mais tu veux pas prendre le risque d'être blessé. C'est pas tout ou rien normalement ? Soit tu le fais et tu t'investis à fond dans ta relation, soit tu t'emmerdes pas à le faire." Il presse ses lèvres puis ajoute plus timidement, "Ou du moins c'est sûrement ce que je ferais."

Louis est trop sobre pour cette conversation. C'est pas qu'il ne veut pas parler de ce sujet avec Harry, c'est juste qu'il ne veut pas parler de ça, point.

"Je tombe pas facilement amoureux." Il espère que la finalité dans le ton de sa voix est assez pour stopper les questions de Harry. Puis il finit par se retourner sur son livre et surligne un passage au hasard.

Quand il relève les yeux, Harry s'est remis à étudier quelque chose qui semble trop compliqué pour lui. La biologie n'a jamais été son fort.


°°°


C'est seulement plusieurs heures après le départ de Harry que Louis remarque le changement d'écriture sur le panneau. "Propriété de Harry," avec une flèche pointant la chambre et un petit smiley.


°°°


Ils s'étaient mis d'accord pour se retrouver au Starbucks, mais trois minutes avant l'heure du rendez-vous, Harry lui envoie un message qui dit, 'Oublie Starbucks, j'ai déjà ton café, rejoins-moi devant la bibliothèque ! Il fait beau !!!'

Louis le retrouve sur un des bancs qui longent le chemin en gravier, les revers de son manteau retroussés, les yeux fermés et le visage orienté vers la faible chaleur du soleil de février, ses boucles qui bougent grâce à la petite brise prédit qu'ils ne vont pas rester là longtemps. Il n'a pas beaucoup de temps avant son prochain cours de toute façon.

Louis s'assoit en tapotant Harry avec sa chaussure, ce dernier lui fait un sourire endormi. Il attrape le gobelet encore chaud de Louis sous le banc et le lui tend. "Tu sens le formaldéhyde," lui dit Louis en guise de bonjour.

Harry hoche la tête. "Et les gants en latex."

"T'es mon David Hunter." En voyant qu'il n'a aucune réaction, Louis clarifie, "Le gars dans les livres de Simon Beckett."

"Mauvaise spécialité, Lou. La chimie c'est pas mon truc." Il y a quelque chose de douloureusement attirant quand Harry est ouvert comme ça, tout sourire, la lumière reflétant sur son visage et éclaircissant ses yeux. Louis ressert son emprise sur son café et regarde ailleurs.

"Mais," rajoute-t-il après une petite pause en buvant son café, "si je devais choisir, je préférerais être Bones. Docteur Brennan. David... quelque chose, c'est quoi son nom ? Le partenaire de la fille. Il est carrément canon."

Louis pouffe de rire. "Trop vieux pour toi."

"Mais il a de l'expérience. Beaucoup d'expérience même." Harry s'appuie à moitié sur Louis. Après inspections, il y a des petits cernes sous ses yeux, révélant son manque de sommeil ; ça pourrait être parce qu'il a passé la nuit avec un garçon, mais il avait confessé être stressé pendant les partiels, au point de se réveiller en plein milieu de la nuit pour vérifier des cours. Mais il ne l'avait jamais fait en dormant chez Louis.

"Fais comme chez toi." Louis passe un bras à l'arrière du banc, ses doigts sur l'épaule de Harry. "Tu viens réviser tout à l'heure ?" Bien que son offre soit principalement pour la santé de Harry, leurs sessions de révisions sont un arrangement mutuel ; Louis s'en sort mieux avec du monde autour et il est plus que content de pouvoir distraire Harry lorsqu'il commence à prendre les choses trop au sérieux.

Harry hausse les épaules, plein de nonchalance, mais il y a une pointe de gratitude dans sa voix. "Ouais, pourquoi pas."

Louis entoure une boucle autour de son index et tire légèrement dessus. "Tu me feras des tacos ?"

"Si tu demandes gentiment," répond-il avec un petit sourire qui veut tout dire. Louis appuie sa joue contre sa tempe, prend une autre gorgée de café et ne pense à rien en particulier. Il apprécie juste le moment tel qu'il est.


°°°


"Arrête de gigoter," dit Harry en resserrant son emprise sur la cheville de Louis.

"Peut-être que," Louis tourne la tête avec une expression incrédule, "j'arrêterais de bouger si tu arrêtais de me chatouiller." Il est couché sur le ventre, étalé sur le lit avec une liste d'exemples de cas en face de lui. Pour être complètement honnête, il a du mal à se concentrer depuis que Harry avait commencé à lister les os, tendons et muscles de son pied.

"Je te chatouille pas," dit Harry. "J'ai juste besoin de sentir les choses, c'est tout. C'est la seule façon que j'ai pour arriver à retenir des noms comme l'articulation métarso-phalangienne." Il s'arrête, jure et se reprend. "Articulation métatarso-phalangienne."

"Et qu'est-ce que j'en tire moi de ça ?" Demande-t-il.

"Considère ça comme un cadeau à la science." La lampe sur sa table de nuit fait du visage de Harry un jeu d'ombres et lumières semblable à une photo en noir et blanc. "Imagine, un jour il pourrait y avoir une petite fille sur ma table d'opération qui vient de se casser le pied en essayant de grimper à un arbre ou en faisant la roue sur le goudron ou un truc du genre, et je serais en mode," sa bouche s'affaisse, "'oh merde, je suis vraiment désolé mais je sais pas sur quel os travailler car mon ami, Louis Tomlinson, était trop égoïste pour me laisser m'entraîner sur lui.'"

A la fin de son petit discours, Louis est mort de rire dans la couverture. Il serre le genou de Harry, plutôt bizarrement car il tient toujours son pied. "D'accord," dit-il, "continue ton truc. Je voudrais pas qu'une petite fille boîte pour le restant de ses jours."

"Saint Louis," la voix de Harry est pleine d'adoration. Il rapproche son livre et passe son doigt le long de ce qui est, d'après Louis, une simple voûte plantaire. Le toucher chatouille toujours mais c'est aussi... agréable. Rien ne le distinguait vraiment d'une caresse.

C'est assez ridicule que Louis soit content d'avoir pris une douche avant que Harry arrive. Après tout, il n'est pas obligé de remplir son rôle de cobaye scientifique, donc il n'a aucune obligation d'en faire une expérience plaisante pour Harry.

Les doigts de Harry appuient sur la fin de sa voûte plantaire, juste avant le talon. "Talon," dit-il, puis bouge pour examiner ses orteils, récitant doucement les termes en même temps pendant que Louis se reconcentre sur le cas de parents se disputant pour le dossier médical d'un enfant. Enfin. Essaye de se reconcenter sur le cas de parents se disputant pour le dossier médical d'un enfant. Et il n'y arrive pas tellement.

Lorsque Harry lâche son pied, Louis roule sur le dos et passe ses bras au-dessus de sa tête pour s'étirer. Ce n'est pas vraiment tard mais il est assez fatigué, à l'aise et rempli de tacos.

"Bon." Harry se couche à côté de lui, semblant beaucoup trop énergique. Il s'appuie sur un coude et sourit à Louis. "J'ai fini avec ton pied. Maintenant déshabille-toi que je puisse continuer avec d'autres parties."

Louis le fixe pendant un long moment. Puis il sent ses lèvres trembler. "S'il te plaît, dis-moi que ça n'a jamais marché."

Le sourire de Harry s'élargit, complété par ses dents blanches, ses fossettes proéminentes et ses cheveux en bataille. "Tu veux que je te mente ?"

Louis soupire. "T'es terrible. Sérieusement, il faut que tu te fasses tatouer, 'Attention, ce contenu peut choquer la sensibilité des plus jeunes' sur le front."

Harry rit doucement en posant sa tête sur le torse de Louis et lui faisant un câlin par la taille. Tout est calme pendant un moment, seuls leur respiration et les échos de la musique de Niall se font entendre.

"Hey," dit Harry d'une voix douce, et Louis sait ce qui est sur le point de se passer, il a appris à reconnaître ça comme le prélude de Harry pour poser une question potentiellement dérangeante. Ce qui est difficile avec lui, c'est qu'il le demande de manière tellement détendue que Louis se sent obligé de lui dire ce qu'il veut vraiment entendre.

Louis fait un petit bruit et ne bouge pas.

"Niall m'a dit quelque chose il y a quelques jours." Il remonte sa tête sur son torse pour pouvoir le regarder avec son air sérieux. "Je pense pas qu'il voulait vraiment dire ça, mais... C'était à propos de toi et..." Il a l'air de réfléchir à quelque chose. "Et tu m'as aussi dit que tu tombes pas facilement amoureux."

"C'est vrai." C'est plus tranchant qu'il l'aurait voulu.

"Ouais." Harry fronce les sourcils, formant une petite ride entre eux que Louis veut effacer, lisser, car elle ne semble pas au bon endroit. "C'est juste... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"

Louis devrait couper court à cette conversation dès maintenant, sauf que Harry le regarde encore et... merde. "Sois encore moins spécifique."

"Qui t'a blessé ?" Clarifie Harry.

Qui t'a blessé ?

C'est la question à laquelle il répond généralement par une blague, ou pas du tout. Niall était là quand ça s'était passé donc il n'avait pas besoin d'expliquer, et Zayn avait surpris Louis dans un moment de faiblesse, en manque de sommeil et avec assez d'alcool dans le sang pour s'ouvrir à lui.

Il veut donner sa réponse classique, 'les gens qui mettent leur pantalon dans leurs chaussettes', il le veut vraiment, mais Harry le regarde avec une expression sincère et des yeux écarquillés, et ce que dit Louis est, "Je suis tombé amoureux de mon meilleur ami il y a quelques années. J'étais assez con pour le lui dire."

Et avoir le cœur brisé comme les pare-brise de voiture, ceux qui ne se cassent pas en morceaux mais, pour des raisons de sécurité, se brisent en millions de minuscules petits bouts tranchants.

Le regard de Harry s'assombrit. "Pourquoi ça serait con ?"

"Il était hétéro. Je le savais." Il s'éclaircit la gorge et fuit le regard de Harry, préférant regarder le ciel noir. "J'aurais dû garder ma putain de bouche fermée parce que je savais que ça nous coûterait notre amitié."

"Alors c'était lui le putain de con." La colère dans la voix de Harry est quelque chose qu'il n'avait jamais entendu avant. "Même si ce connard ne t'aimait pas, il aurait pu arranger les choses, faire que ça marche. Enfin, je parle pas d'une relation mais..." Ça lui demande visiblement des efforts pour contrôler sa furie, et quand il y arrive à peu près, c'est avec les doigts enfoncés dans l'épaule de Louis, comme pour y laisser des marques. Son ton est certain mais plus calme.

"Il devrait être vraiment taré pour briser votre amitié. Personne d'assez sensé le ferait."

"Stan n'était pas un connard," lui dit Louis, "mais merci."

Il est gêné que sa voix se brise au second mot. Harry ne lui a rien dit qu'il n'avait pas déjà entendu par Niall et Zayn, rien qu'il ne s'était pas dit à maintes et maintes reprises, mais la conviction dans ses yeux faisait une différence, et donne à Louis l'impression d'avoir été mis à nu.

"C'est la vérité," dit Harry en ne laissant aucune place au doute.

Louis le croit presque.


°°°


Le ciel est bleu clair lorsque Louis se réveille. Ils ont dû oublier de fermer les rideaux hier. Il reste couché pendant plusieurs minutes, se réveillant doucement tout en écoutant la respiration régulière de Harry.

Un beau dimanche à ne rien faire l'attend, un jour qu'il ne veut pas passer dans ses livres, un jour où il ne laissera pas Harry les toucher non plus. Pas d'obligations, nulle part où aller, pas de promesses à tenir.

C'est un sentiment génial.

Il se tourne pour regarder Harry, les traits détendus dans son sommeil, étrangement vulnérable. La lumière du soleil qui envahit la pièce reflète dans ses cheveux et sur ses épaules nues, et Louis est soudainement aveuglé à quel point il veut.

Oh merde. Il prend une profonde inspiration et pense, je suis amoureux de lui.

Son corps entier lui fait mal. Sa gorge brûle avec quelque chose de piquant, comme l'arrière-goût de vomi.

Il se recule et reste couché, figé car Harry va se réveiller d'un moment à l'autre. Il va se réveiller et voir Louis et savoir car il n'y a aucun moyen pour qu'il ne le voit pas quand Louis est sûr que la peur recouvre son visage, exposé à tout le monde.

Harry ne bouge pas.

Peu à peu, Louis sent la contraction de son torse diminuer. Il pense que s'il essaye, il peut arriver à bouger, à échapper cette capsule noyée dans le soleil et s'apercevoir que ce n'est qu'un mauvais rêve, que rien ne le menace de l'avaler tout entier et bousiller son amitié avec Harry.

Lorsque Louis bouge enfin, c'est pour s'apercevoir qu'il a dû se casser plusieurs côtes car sa cage thoracique est trop petite pour contenir son cœur et ses poumons, elle est trop serrée, mais il sort tout de même du lit et va dans le couloir. Avec l'épaisseur de bois dur qu'est la porte entre Harry et lui, il se sent déjà mieux.

Il peut y arriver. Il y a juste besoin d'un thé et de quelques minutes pour lui, c'est tout ce dont il a besoin pour que ça s'arrange, mais quand il arrive à la cuisine, Zayn est déjà là. Il se tourne en entendant les pieds nus de Louis sur le carrelage et quand il voit sa tête, un sourire prend un peu place sur son visage.

"Lou ?"

Louis s'arrête au milieu de la pièce et ne sait pas quoi faire de lui-même. Il secoue la tête et marmonne quelque chose qui ressemble à, "Je pense que..." Expire, inspire et réessaye. "Harry. Je suis..."

Il faut seulement deux grands pas à Zayn pour venir lui faire un énorme câlin en chuchotant doucement, à peine audible, "Oh, Louis."

Ils restent comme ça pendant quelques secondes, ou heures, ou semaines. Louis cale sa respiration sur celle de Zayn, inspire, expire. C'est juste... un choc, et Louis se sent tellement stupide, trahi par ses propres émotions alors qu'ils devraient savoir mieux que personne que ce n'est pas la bonne chose à faire.

Il n'enlève pas sa tête d'où elle est nichée contre le cou de Zayn, même pas quand il entend une autre personne entrer dans la cuisine. Si c'est Harry, il préfère se cacher encore un peu.

"Qu'est-ce--" Liam se tait, et lorsqu'il reprend la parole, son ton est passé de confus à doux, trop doux. "Il a compris ?"

Zayn hoche la tête, le mouvement retransmis à Louis par un petit frottement de barbe contre son front. Ça lui prend un moment avant de faire le lien entre la question de Liam et la réponse de Zayn, puis il repense à sa réaction face à son explication à moitié formée, à son manque de surprise.

"Putain." Louis se recule juste assez pour pouvoir regarder Zayn et voit Liam à un pas de lui. Bordel... "Vous saviez, pas vrai ? Tous les deux, depuis le début."

"C'est assez évident." Le ton de Zayn est doux. A l'expression horrifiée de Louis, il clarifie rapidement, une main dans son dos, "Pas pour Harry. Il est à peu près aussi naïf que toi."

Louis ne veut pas en arriver là. Il se demande s'il y aurait ne serait-ce qu'une minuscule chance pour... plus. Mais ce n'est pas une option. C'est un risque que Louis ne veut pas prendre.

"Tu penses," commence-t-il tout de même et s'arrête en pleine question. Il a mal à la tête.

"Je sais pas," répond quand même Zayn. Il a l'air triste et plein d'espoir en même temps. "Enfin, il pense que t'es absolument incroyable. Je pense que ça se pourrait, oui, mais je le connais pas autant que je te connais."

Liam le coupe avec un sourire et pose sa main sur l'épaule de Louis, de la certitude plein la voix. "Evidemment qu'il te voudrait, Lou. Il serait un idiot de ne pas te vouloir."

Bah, il ne te voulait pas.

Louis réfléchit et ne dit rien car c'est une situation désormais complètement différente ; peut-être que Harry pourrait avoir envisagé une relation avec Liam s'il l'avait connu pendant plus d'une journée. Peut-être. Ou peut-être pas.

Bon sang, il veut que tout ça s'arrête. Il ne va pas s'apitoyer sur son sort. Il n'est plus comme ça. Il est mieux que ça et il va y arriver. Donc au lieu de se morfondre encore plus, il passe une main sur son visage et fait ce qu'il espère être un sourire convaincant.

"Dis pas ça comme ça Liam."

"Je le dis pas dans le vent." Liam secoue la tête, il est adorable à vouloir essayer de faire en sorte que ça tourne bien. "Enfin, il a rien dit, mais je pense que je le connais un peu mieux que Zayn et... Tu devrais lui parler. Vraiment."

"Non." Louis met toute sa conviction dans ce petit mot. Les échos tremblent dans ses os et s'installent lourdement dans son ventre. Non.

"Lou," commence Zayn, et Louis l'interrompt.

"Non. Jamais de la vie." Il relève les épaules, inspire en comptant doucement jusqu'à trois et se redresse. C'est comme si pour la première fois depuis qu'il était réveillé, il arrivait enfin à avoir assez d'air dans les poumons. "Harry profite encore de sa nouvelle liberté, et je serais un ami vraiment merdique pour lui enlever ça. Je veux pas qu'il se sente obligé de quoique ce soit, comme s'il avait des comptes à me rendre."

Harry le détesterait pour ça. Pas tout de suite car il essayerait. Mais il finirait par se sentir coupable de savoir qu'il ne peut pas lui donner assez, il se lasserait de ne pas pouvoir flirter avec les autres en la présence de Louis pour ne pas le blesser. Et il a dit qu'il fallait être con pour gâcher l'amitié de Louis.

Il sait de quoi il parle, une fois suffit.

Liam est clairement sur le point de dire quelque chose lorsque d'autres pas approchent la cuisine, Harry passe sa tête quelques secondes plus tard. Ses boucles sont en bazar et il a le regard endormi. "S'il vous plaît, dites-moi qu'il y a du thé ? Ou du café ?"

Louis a envie de l'embrasser. Il veut le remettre au lit, le tenir cloué au matelas et explorer chaque centimètre de sa peau jusqu'à ce que Harry le supplie, jusqu'à ce que Louis soit tout ce qu'il voit, tout ce à quoi il pense, tout ce dont il a besoin. Bon sang, juste. Putain. Louis le veut tellement, sa bouche s'assèche. Ce n'est pas-- Peut-être que Harry le laisserait faire, ce n'est pas impossible, mais. Mais non.

Louis entortille ses doigts dans son t-shirt en souriant et se recule de Liam et Zayn. Il prétend ne pas remarquer leur expression inquiète.

"Je te sers une tasse si tu promets qu'aujourd'hui est une journée sans révisions."

Harry y réfléchit en s'appuyant contre le plan de travail, les yeux à moitié fermés. "Ok. On fait quoi alors ?"

On.

Louis trouve que son sourire fait beaucoup plus naturel. En passant, il laisse courir ses doigts sur le poignet de Harry, le toucher est tellement doux qu'il peut prétendre n'avoir jamais existé, mais Harry fait un sourire.

"Je pensais qu'on pourrait aller au zoo," dit-il. "J'ai toujours rêvé de kidnapper un pingouin."


°°°


Étonnamment, rien ne change vraiment. Avec les partiels qui arrivent, ils révisent ensemble, se voient pour le repas ou un café le plus souvent possible, Harry passe la moitié de ses nuits chez Louis et s'il trouve quelqu'un à baiser, ce n'est pas où Louis peut le voir donc il n'a jamais eu l'occasion de le saboter.

Si Louis se retrouve en train d'écouter la respiration de Harry quand il s'endort, si chaque sourire, chaque toucher veut dire un peu plus... Eh bien que ça le fasse.

Harry n'a pas à le savoir.


°°°


La chance de Louis a fait que son partiel de Droit des Familles a commencé en retard, ce qui a raccourci son rendez-vous déjà court avec Harry juste avant que ce dernier parte en examen pratique en compétence clinique avec une simulation sur patient, celui pour lequel il a stressé toute la semaine car il croit que c'est cet examen qui va décider si oui ou non il est assez compétent pour être un bon docteur.

Lorsque Louis court à travers le campus - car évidemment l'examen de Harry doit être à l'opposé du sien - il leur reste à peine vingt minutes et le 'T'es ou putain' que Harry lui avait envoyé il y a un quart d'heure n'aide pas.

Il le trouve dans le couloir, en face de sa porte attribuée, avec deux amis. Alors que les autres parlent, Harry est replié sur lui-même, semblant incroyablement petit dans le pull de Louis, et a le regard vide. Il est presque sûr qu'il ne respire pas correctement.

Sautant au milieu du groupe, Louis affiche un sourire. "Bonjour tout le monde, désolé tout le monde, je vous emprunte ce jeune Harold une minute. Il ne sera pas blessé, promis."

Il attrape son poignet et le tire avec lui. Harry le suit sans questions, mou comme une poupée, sans trace de son énergie habituelle. Louis a envie de pleurer.

Il se tourne en appuyant son pouce dans le poignet de Harry pour lui donner un point sur lequel se concentrer. Ils sont toujours dans le couloir, les gens se séparant pour rejoindre leurs salles respectives, mais Louis les a emmenés dans un coin un peu moins fréquenté, coincé entre une fenêtre et un placard. A la lumière du jour, Harry est pâle et a une fine couche de transpiration sur le front.

"Harry." Louis garde une voix douce et resserre son emprise sur son poignet. "Regarde-moi."

Harry inspire profondément.

"Regarde-moi," répète-t-il, doucement. Harry relève les yeux pour croiser son regard, et Louis sait qu'il se serait calmé à temps, sûrement après avoir vomi, mais il veut tout de même y couper court.

"Lou." Il secoue la tête, prend sa lèvre inférieure dans la bouche et expire en tremblant.

"Calme-toi," lui dit Louis. "Respire. Ça va aller. Imagine que c'est moi qui serai assis en face de toi, comme quand on s'entraînait." Il n'ose pas lui faire un câlin, pas encore, mais il prend son autre main dans la sienne et s'approche assez près pour que le bout de leurs chaussures se touchent. "T'es incroyable avec les gens, t'arrives à maîtriser n'importe quel symptôme. Tu vas gérer. Ils vont t'adorer, c'est obligé."

La façon dont Harry le regarde en vaut complètement le coup, Louis le dirait encore et encore s'il continuait à le regarder comme ça. Comme s'il était la seule chose qui le gardait sur terre.

"Respire," murmure-t-il et Harry le fait. Sa poitrine se soulève en prenant une grande inspiration, puis il serre Louis contre lui, pressé l'un contre l'autre de la tête aux pieds avec son bras trop serré dans son dos.

"Merci." Louis peut l'entendre avaler, puis Harry lâche un petit rire. "Désolé. C'est débile, hein ?"

"Un peu," lui dit-il.

Sa respiration est toujours un peu tremblante. "Comment tu fais pour être si bon à ça ?"

"Une de mes sœurs faisait des crises d'angoisses." Louis ne dit pas que ce qu'il vient de faire n'est rien par rapport à l'intensité de la crise de Charlotte quand sa meilleure amie avait été blessée lors d'un accident de voiture.

Harry n'aura pas envie d'entendre que ce qu'il ressent n'est rien. Ce n'est pas rien de son point de vue.

Louis compte trois respirations avant de passer une main dans le dos de Harry. "Tu vas tout déchirer, j'en suis sûr. Tu vas les épater et devenir un bon docteur, et après on ira en Italie et je bronzerai toute la journée et tu devras me nourrir et m'habiller parce que tu seras le seul à ramener de l'argent grâce à tes compétences incroyables de docteur."

L'emprise de Harry se resserre momentanément, puis se détend en reculant sans vraiment lâcher Louis. Son sourire est presque de nouveau normal. "T'as encore piqué mon iPod, pas vrai ?"

"Babe." Louis prend un ton dramatique. "Let's move to Sicily, just you and me and the Mediterranean se. I'd word on a scallop boat-"

"-that would keep us afloat. Je sais." Harry passe une main dans ses cheveux, les déplaçant dans plusieurs directions à la fois. A la place du teint pâle de sa peau, ses joues sont rosées et il a un regard clair. Il baisse la tête en chuchotant, "Merci."

A peine audible dans le mouvement qui les entoure, ils sont assez près pour que Louis l'entende parfaitement. Sa gorge se serre en se rendant compte à quel point il veut reprendre Harry dans ses bras, veut l'embrasser jusqu'à ce qu'il se détende contre lui et ait oublié son examen. Au lieu de tout ça, il sourit et se force à reculer.

"De rien. Maintenant, vas-y."

Harry commence à partir mais s'arrête après quelques pas, tourne la tête pour lui sourire et murmure 'Merci,' avant de reprendre son chemin vers ses amis.


°°°


'T'avais raison, je sais pas pourquoi j'étais si stressé ! On se rejoint au Donegans ? Je te paye un verre. xx'


°°°


Après trois pintes de bière, Louis commence à s'exciter, assis confortablement à la table qu'il partage avec Harry, les lèvres collantes à cause du sel des cacahuètes. Il en lance une à Harry, qui l'attrape directement dans la bouche et la mâche exagérément.

"Trop sexy," lui dit Louis. "Je sais pas comment je fais pour te résister."

Enfin, il ne le résiste pas. Mais ça reste entre lui et sa tête.

"Super pouvoirs." Harry reprend une cacahuète et continue de parler. La lumière douce du bar fait ressortir toutes les couleurs de ses yeux, leur rendant une teinte de gris, mais son sourire est aussi clair que d'habitude. "Les super pouvoirs sont la seule explication car mes boucles attirent tous les garçons, je te le dis."

"S'il te plaît, me le dis pas, merci." Louis regarde autour de la salle, il y a un garçon au bar qui était déjà là quand Louis est arrivé qui le regardait discuter avec le barman en attendant Harry. Perché sur un tabouret, il continue de les regarder, mais il ne sait pas s'il l'observe lui ou Harry - mais bon, tout le monde regarde toujours Harry.

Louis prend sa bière et fait un mouvement de tête vers le bar. "Juste pour informations, y a un mec intéressé au bar. Brun, plutôt pas mal." Il boit une gorgée. "Ça pourrait être ton style."

Harry suit le regard de Louis avec une expression largement désintéressée. "T'essayes de te débarrasser de moi ?"

La question le prend de court et le fait se demander ce qu'est un comportement normal pour lui. En y réfléchissant, il a tendance à ridiculiser les potentielles conquêtes de Harry au lieu de le pousser vers quelqu'un - pas qu'il ait besoin de ça ; Harry s'en sort très bien tout seul. C'est bizarre que depuis l'heure qu'ils sont là, Harry n'a regardé personne.

A part Louis.

Quand Louis se tourne vers Harry, il le surprend en train de déjà le regarder, les yeux fixés sur ses lèvres et - Harry se ressaisit, et ce qui se montrait sur son visage a soudainement disparu. Ça doit sûrement être son imagination qui lui joue des tours.

"Non !" Proteste Louis, légèrement en retard, mais la pensée même d'essayer de se débarrasser de lui est ridicule. C'est plutôt l'opposé. "Non, bien sûr que non. T'es le soleil de ma vie et la prunelle de mes yeux et tout ça. C'est juste que je veux pas que t'aies la sensation de devoir me tenir compagnie."

Harry le regarde comme s'il avait perdu la tête. Il a l'air déconcerté. "Je suis parfaitement bien où je suis, Lou."

"D'accord." Rigole-t-il en sentant quelque chose s'envelopper autour de son cœur. "Alors tout va bien."

Harry secoue la tête en souriant. "Te tenir compagnie ?" Répète-t-il. "Sérieusement ? T'as fumé ou quoi ? Quelqu'un a mis de la drogue dans ton verre ?" Il attrape la bière de Louis en se couchant à moitié sur la table pour l'atteindre. Après l'avoir sentie, il lui donne un coup dans la cheville. "Elle a l'air normale. Il y a pas l'air d'avoir de raisons pour que tu sois tout bizarre."

Louis arrange son expression en une tristesse tragique. "Peut-être que ces derniers temps tu m'as pas dit que tu m'aimais."

"Je t'aime, débile. Et en plus, si j'étais arrivé dix minutes plus tard, tu serais déjà pote avec tout le personnel. Te tenir compagnie..."

Reprenant sa bière, Louis pouffe de rire et boit une gorgée, presque à température ambiante. "Je pense que je vais rentrer dans pas longtemps, je prendrais peut-être un truc à manger sur la route. Tu fais quoi ?"

"Je pourrais me contenter de quelque chose de fris. Il y a pas un Wok'n'Go sur le chemin de la maison ?"

Il n'y a pas de Wok'n'Go sur le chemin des résidences universitaires mais il y en a un en rentrant chez Louis. Peut-être que Harry n'a même pas remarqué son choix de mots. Ça le fait quand même sourire.

"C'est un bon plan."

"Je veux du poulet dans le mien," déclare Harry. "Mon faux patient m'a totalement adoré, et pour fêter ça je mérite du poulet."

"Je vote pour des crevettes," dit-il pour faire le difficile.

Harry lui lance un regarde offensé. "Tu sais vraiment pas ce qui est bon, toi."

"Mes goûts sont impeccables." Louis passe son bras par-dessus la table pour lui donner une petite tape sur le nez et prétend réfléchir à ce qu'il vient de dire. "Enfin, à part pour mes choix d'amis."

"Tu m'aimes autant que la nourriture italienne et Grease," dit Harry en semblant complètement convaincu. Louis espère que ça, leurs blagues, leurs touchers et leurs déclarations d'affection ne deviendront jamais bizarres entre eux et ne les feront jamais réfléchir deux fois avant de parler. Il ne se sait pas comment il réagirait face à ça.

"Peut-être un peu," finit-il par dire en lui lançant une autre cacahuète.


°°°


Ça commence avec des sueurs froides et un nœud désagréable dans l'estomac de Louis. Il n'a pas bien dormi la nuit dernière, les nouilles et les crevettes ne sont pas bien passées. Décalant Harry du lavabo pour cracher le dentifrice et se rincer la bouche, il se regarde dans le miroir, sa peau est pâle et il est rapidement distrait par le torse nu de Harry.

Lorsqu'ils entrent dans la cuisine, ils trouvent Niall en train de manger les dernières céréales. Il les regarde et pointe Harry, le contenu de sa bouche à la vue de tous. "Hey, maintenant que t'es un habitué des matins, il faut qu'on discute de l'accoutrement approprié dans cette cuisine. Où les gens mangent de la nourriture."

Harry se regarde. Il ne porte qu'un boxer qui semble très familier. "Je crois qu'il est à Louis, en fait."

Le traiter de voleur serait une réponse adéquate, mais Louis ne se sent pas bien, sa vision devient floue. Peut-être qu'il est distrait par l'idée de Harry dans ses sous-vêtements, trop occupé à suivre la fine ligne de poils qui disparaît dans le boxer. Louis s'agrippe au dossier de la chaise de Niall et essaye de se concentrer.

Niall pince sa hanche.

"Eh ! C'était pour quoi ?" Proteste-t-il.

"T'étais à portée de main," lui dit Niall avec un clin d'œil. "Pas Harry. En parlant de..." Il lève sa cuillère pour montrer, faisant couler du lait sur la table. "Vêtements. Aime-les, assume-les et, tu sais, porte-les."

Harry hausse les épaules. "Pff. C'est vu et revu."

Quelque chose se tord dans le ventre de Louis. Putain... aïe, bon sang, bordel. Il s'appuie contre la table et essaye de ne pas s'évanouir.

"Lou ?" La voix de Harry est lointaine, à des kilomètres, même si sa main est sur son épaule. "Louis. Qu'est-ce qui va pas ? Regarde-moi."

Sa vision est brouillée. Il prend une grande inspiration et se recule de la table, son corps se révoltant contre le monde. Il passe à côté de Harry et pense, Toilettes, maintenant, parce qu'il ne va pas vomir dans le couloir ; quelqu'un avait fait ça lors de la crémaillère de leur appartement et c'était dégoûtant, presque impossible à nettoyer les fentes entre les lames de parquet.

Ok, ça n'aide pas.

Louis arrive dans la salle de bain pile au moment où il sent son estomac essayer de sortir de sa bouche. Il tombe à genoux en face des toilettes et frissonne, mourant de froid même en transpirant. Il vomit ce qu'il a mangé la veille et à des remontées à cause de l'odeur.

"Hey," chuchote Harry, le prenant par derrière pour le tenir. "Hey, je te tiens."

Louis secoue la tête mais se recule tout de même contre lui, reposant son front contre la cuvette froide des toilettes. Sa gorge lui fait mal. "Fais gaffe, je pourrais t'y passer."

Harry desserre son étreinte mais garde une main dans son dos en se relevant, sa paume faisant une pression solide entre les épaules de Louis. "Je pense pas que ça soit contagieux," dit-il. "Et si ça l'est, c'est trop tard de toute façon, on dort ensemble je te rappelle."

Il laisse le robinet couler et tend un verre d'eau à Louis. Il s'en sert pour se rincer la bouche puis tire la chasse d'eau sans se relever. Son estomac lui fait toujours un peu mal, un mal de tête a pris place et ses membres sont trop faibles pour considérer un mouvement quelconque à part se déplacer un peu pour s'appuyer contre la baignoire. Harry s'assoit en face de lui et l'examine.

"Tu devrais boire quelque chose."

Louis n'a pas spécialement envie d'avoir quoique ce soit dans le ventre mais il cède tout de même. L'eau se promène un peu dans son estomac avant de se calmer. "Je me sens trop mal."

"T'es toujours aussi beau." Harry sourit. "Je pourrais totalement de baiser."

"T'es pas drôle." Louis ramène ses genoux contre son torse.

"Je le trouve assez marrant," dit Niall depuis la porte. Son visage est un mélange de sympathie et d'inquiétude, clairement pas envieux de s'approcher plus près. Louis le comprend.

"Merci, merci." Harry fait une demi-révérence complètement ratée étant donné le fait qu'il est toujours assis par terre. Il se tourne vers Louis. "Ça doit être les crevettes d'hier, t'as dit qu'elles avaient un goût bizarre."

Un point pour lui.

"Sûrement," valide Louis.

"Bon, la bonne nouvelle c'est que même si c'est chiant, ça partira aussi vite que c'est arrivé. T'iras mieux dans quelques jours." Harry pose sa main sur le genou de Louis. "Tu te sens déjà un peu mieux ?"

Il réfléchit aux signaux de son corps ; il a toujours froid mais son mal de ventre a assez diminué pour qu'il n'ait pas l'impression qu'il va encore vomir, du moins pas dans les prochaines cinq minutes. "Je crois que je me sens assez bien pour me relever," dit-il à Harry. "Et me brosser les dents."

"Puis te recoucher, peut-être ?" Suggère Harry en sautant sur la brosse à dents de Louis pour la mouiller et mettre du dentifrice dessus pendant qu'il essaye de se relever. C'est vraiment difficile. Il ne pense pas que le sol bouge autant d'habitude.

"Tu t'en sors, Harry ?" Demande Niall d'où il se tient.

"Je vais être docteur," répondit-il. "Evidemment que je m'en sors."

Louis a envie de l'épouser.

Au lieu de ça, il laisse Harry le tenir pendant son brossage de dents et se soutient à lui sur le chemin vers le lit, des petits points parcourant sa vision. Ce n'est peut-être pas intelligent de mettre autant de distance entre lui et les toilettes, mais quand il se couche sur le matelas incroyablement moelleux et que Harry le couvre, il s'en fiche un peu.

Sa tête lui fait un mal de chien. Il aurait demandé des anti-douleurs s'il pensait être capable de les garder dans le ventre, mais il préfère éviter. Il ferme les yeux et se met sur le côté en se repliant sur lui-même.

"Ça va ?" Demande doucement Harry. "T'as besoin de quelque chose ?" Il est assis sur le rebord du lit et passe sa main sur son front pour vérifier sa température avant de passer ses doigts dans ses cheveux. Contre sa peau moite, les doigts froids de Harry lui font un bien fou.

"T'es le meilleur petit-ami," marmonne Louis dans l'oreiller.

La main de Harry se fige pendant une seconde, puis Louis gémit pour qu'il continue et Harry embrasse sa joue même s'il est dégoûtant et sent sûrement le vomi.

Il s'endort avec Harry qui lui caresse les cheveux.


°°°


Cette fois-ci, le Starbucks est bondé lorsque Louis arrive. A onze heures et demie, il pensait éviter la cohue de midi, mais apparemment le repas commence plus tôt pour certains.

Avec la queue qui va jusqu'à la porte, il pense changer de plan mais reste finalement dans la file d'attente. Harry aime le Banana Nut Loaf à un point inimaginable, et dix minutes n'est rien comparé au temps que Harry a passé collé à lui la veille, le soutenant lors de ses deux allez-retours aux toilettes et dans sa nuit mouvementée. Ce n'est rien, oui. Même s'il est coincé derrière un mec qui porte une veste en daim noir et un pantalon en tissu écossais marron. Si l'élégance est un état d'esprit, cet homme vit sur une autre planète.

Louis regarde les messages sur son portable. Il essaye de reconnaître les paroles de la chanson de fond, quelque chose à propos du chanteur qui aime... les chats ? Il regarde l'emploi du temps de ses contrôles pour les deux prochaines semaines, calcule la dernière fois qu'il a fait une machine et réfléchit s'il devrait réduire l'espace sur le mur dédié aux photos contenant Harry pour éviter d'éveiller les soupçons.

Lorsqu'il arrive enfin au comptoir pour dire sa commande à Matt - et non, il ne veut vraiment pas de café, à part si Matt veut qu'il vomisse sur le comptoir car pour le moment, Louis se contente de ses bretzels - dix minutes se sont écoulées.

Harry ferait mieux d'apprécier l'effort qui a été mis dans ce petit cadeau de remerciements.

Matt semble pressé, donc Louis lui fait un petit sourire avant de sortir. Tenant le sac en papier d'une main, il sort son portable et envoie à Harry un rapide, 'Merci de t'être occupé de moi ! J'ai un truc pour toi, je te l'emmène dans ta chambre.'

Il n'a pas de réponse, ça doit être parce que le cours de Harry termine en retard ou parce qu'il attend de le voir en personne. C'est vrai que Louis ne devrait peut-être pas déjà avoir quitté son lit - Harry lui a dit de rester couché - mais à part de la fatigue et un certain manque de confiance envers son estomac, il va bien. Il n'a pas envie de rater son dernier cours de Politique Pénale avant son partiel, merci bien.

La marche à travers le campus le mène au milieu de plusieurs groupes d'étudiants qui mangent dehors, assis dans l'herbe pour profiter du soleil.

Il regrette presque arriver au bâtiment de Harry. Peut-être qu'une fois qu'il aura fini de l'engueuler, Louis pourra l'emmener dehors pendant une heure, jusqu'à ce que son cours commence. Ils pourraient prendre un ballon et jouer un peu.

Tournant dans le couloir de Harry, Louis compte les portes jusqu'à atteindre celle avec un panneau disant 'Dégage !', courtoisie de Tom. C'est une bonne chose qu'il ne soit pas là cette semaine. Il toque à la porte et n'attend pas de réponse avant d'entrer.

"J'ai apporté un Banana Nut Loaf," déclare-t-il, "donc tu peux pas être énervé contre moi pour avoir quitté mon lit."

Puis il voit Harry, à moitié nu, le jean baissé et un garçon agenouillé devant lui.

Oh putain.

Louis n'est pas censé voir ça, il ne veut pas voir ça, pourquoi est-ce qu'il voit ça ? Pourquoi Harry ne peut pas fermer la porte à clé comme une personne normale, pourquoi Harry ne peut pas -- Parce que c'est Harry, évidemment, mais Louis pensait que -- Merde, il ne sait même pas ce qu'il pensait. Tout ce qu'il sait c'est que ça ne devrait pas faire autant mal.

"Désolé," marmonne-t-il. Il pose le sac en papier sur le bureau de Harry et ne regarde personne avant de partir. Quelque chose craque sous sa chaussure, ça doit être son cœur.

Un pas. Un autre.

Harry dit quelque chose, mais il a les oreilles qui bourdonnent et n'entend rien. Ne veut rien entendre. Refuse de regarder Harry.

Il ferme la porte derrière lui avec des mains tremblantes. C'est seulement lorsqu'il arrive à la fin du couloir qu'il commence à courir. Harry ne le suit pas, c'est juste Louis dans le couloir, Louis et sa poitrine qui lui fait mal et la douleur dans son ventre qui revient.

Dès qu'il est dehors, il se penche en avant, son corps essaye de régurgiter rien d'autre que de l'eau et une demi-douzaine de bretzels. Le goût de la bile reste dans sa gorge.


°°°


Harry essaye de l'appeler pile quand il monte dans le bus et une nouvelle fois lorsqu'il arrive au zoo et regarde le plan pour trouver le chemin le plus court jusqu'aux pingouins.

Louis ne répond pas.

Il ne l'ignore pas vraiment, il... il a juste besoin d'un moment pour lui. Un moment, c'est tout, un moment pour rassembler les morceaux de son cœur alors qu'il est incroyablement débile pour l'avoir laissé se briser. Ce n'est pas que Harry l'a voulu, lui a donné une raison de tomber si amoureux si rapidement, c'est juste Louis.

Il n'aurait pas dû réagir comme ça en voyant Harry avec quelqu'un d'autre, il s'était préparé à sourire si jamais ça arrivait, sauf qu'il ne l'avait pas prévu en ouvrant cette porte. Il ne pouvait plus respirer, Harry avait sûrement remarqué que quelque chose n'allait pas, mais Louis rejettera la faute sur une envie de vomir et Harry le croira.

Ses mains tremblent lorsqu'il éteint son portable, mais dans une heure tout ira mieux.


°°°


Il commence à faire nuit lorsqu'il monte les escaliers de son appartement, chaque marche est un challenge. Peut-être qu'il aurait dû rester couché. Ça aurait été mieux pour tout le monde.

Il ne remarque pas Harry jusqu'à atteindre la dernière marche. Comme dans un film, il est assis par terre contre la porte, la fine lumière reflète sur son visage, le faisant apparaître fatigué et triste.

Louis essaye de ne pas le détester.

Il commence à chercher dans son sac pour ne pas le regarde. "T'as pas une clé ?"

"Si." Harry s'éclaircie la gorge et se lève, les mains dans les poches. Il se balance sur ses talons. "Mais ça me semblait pas juste de l'utiliser." Il a une petite voix.

Louis ferme brièvement les yeux. Il n'est pas prêt pour cette conversation, pas encore, mais c'est le moment où il a besoin de ravaler sa fierté et choisir entre s'accrocher à un espoir inutile ou... Harry.

Ce n'est pas une décision difficile.

Il sort ses clés et arrive à regarder Harry avec un petit sourire. "Allez entre, alors."

Harry ne lui rend pas son sourire, le suivant timidement à l'intérieur de l'appartement. Ils enlèvent leurs chaussures et Louis le mène jusqu'à la cuisine, il allume la lumière, regarde s'il y a du lait dans le frigo et allume la bouilloire, il fait tout pour rester actif.

"Tu veux du thé ?" Demande-t-il, dos à Harry.

Ce dernier reste silencieux pendant un moment et lorsqu'il parle, c'est avec un ton incertain. "Je suis désolé."

Louis hausse une épaule et sourit en regardant quelque part à gauche de Harry. "Pour quoi ?"

"Tu sais pour quoi." Lorsqu'il fait un pas vers lui, Louis essaye de ne pas reculer. Il ne veut pas qu'il le touche, pas maintenant, pas encore. Il s'appuie contre le plan de travail et croise les bras, surveillant la lumière clignotante de la bouilloire.

"Louis." Harry fait un nouveau pas vers lui et parle un peu plus fort. "Louis, tu peux me regarder ?" Un moment passe dans le calme. "Tu pourrais juste me regarder, s'il te plaît ?"

"T'as pas à t'excuser," dit Louis sans lever la tête.

"C'est pour ça que t'ignorais mes appels ?" Harry marmonne des insultes, semblant désespérément exaspéré, fatigué et furieux en même temps. "Treize fois, connard. Je t'ai appelé treize fois et t'as jamais répondu."

"Oh." L'eau bout mais Louis ne bouge pas. Il n'est pas sûr que ses mains soient stables. "J'ai éteint mon portable quand j'étais au zoo."

"Au..." Harry ne finit pas. Il prend une profonde inspiration et du coin de l'œil, il peut voir qu'il passe une main dans ses cheveux puis reste immobile, la tête baissée. Lorsqu'il reprend la parole, sa voix est vide. "Tu veux savoir ce qu'il s'est passé ?"

"Merci." Louis essaye de lâcher un rire qui reste coincé dans sa gorge. "Je pense que j'en ai assez vu."

"Mais tu comprends pas," dit Harry.

"Il y a quoi à comprendre ?" Cette fois-ci, son rire sort de sa bouche, mais il ressemble à un cri d'animal blessé. "C'est du sexe, Haz. Tu me dois pas d'explications."

"J'essayais de me convaincre que je ne suis pas éperdument amoureux de toi." Ses mots sont suivis par un grand calme. Puis il rajoute, en chuchotant, "Ça n'a pas marché."

Les bras de Louis tombent le long de son corps, puis il lève la tête pour regarder Harry, incapable d'avoir des pensées cohérentes car... Il a sûrement mal entendu, ce genre de choses ne peuvent pas arriver, pas quand il était complètement préparé à ravaler sa fierté et sourire.

Harry le regarde, sans trace de sa joie habituelle. "Quand tu m'as appelé ton petit-ami hier ? Ça m'a carrément effrayé parce que j'ai réalisé que je voulais ça, le truc tout entier, que même quand t'es malade et que tu dors toute la journée, je préfère quand même être avec toi qu'avec quelqu'un d'autre, et je-" Il avale sa salive. Il a les yeux écarquillés et la voix raque. "Je pensais que je pouvais y faire disparaître si je... Mais je pouvais pas, et après t'es rentré dans ma chambre et je t'ai demandé d'attendre mais t'as... T'as juste couru et tu décrochais pas ton portable non plus."

Louis ne sait plus comment bouger.

Après un moment, Harry laisse un petit bruit s'échapper. "Dis quelque chose, s'il te plaît ?"

"Putain." Louis expire et passe une main sur ses yeux. "Je pensais que t'allais me briser le coeur."

Un petit soulagement adoucit les traits de Harry. Il semble plein d'espoir et inhabituellement timide. "Ça veut dire oui ?"

"Oui. Bien sûr que oui." Louis hoche la tête et cache à moitié son sourire avec une main car ça semble tout de même trop fragile, trop beau pour être vrai. Le sourire de Harry est aussi timide, mais il fait un autre pas pour réduire la distance entre eux, presque assez près pour se toucher. Il lève une main puis semble penser à quelque chose de mieux.

"Louis, j'ai besoin que tu..." Harry regarde ailleurs puis repose son regard sur Louis. "Ce que t'avais avec ton ex, cette relation sans engagements ? Je peux pas faire ça. Pas avec toi. J'ai besoin que tu sois à fond dedans."

Il est tellement magnifique.

Louis laisse échapper un petit rire, le sol sous ses pieds n'est plus très stable, le rebord du plan de travail rentre dans son dos. "Je suis à fond dedans. Tellement que ça me fait peur."

"Moi aussi," répond doucement Harry.

Pendant un battement de cœur, ou trois, ils se regardent.

Ils ne savent pas qui a fait le premier pas mais ça importe peu ; tout ce qui compte c'est qu'ils bougent, se rentrent dedans avec Harry qui le presse contre le plan de travail et les doigts de Louis enfoncés dans ses cheveux. Leurs dents se cognent, puis Louis se sert de son emprise dans ses cheveux pour orienter sa tête juste comme il faut, bouche à bouche. Les lèvres de Harry s'ouvrent sans qu'il ne pose de questions, sans hésitation, et pour la première fois, Louis commence à croire que c'est réel.

C'est réel. Harry est à lui, maintenant.

Soudainement, ce n'est pas bon que Harry prenne le contrôle. C'est lui qui a lancé les choses entre eux, lui qui a les doigts enfoncés dans les hanches de Louis, le gardant pris au piège contre le plan de travail, et c'est bien, c'est génial et Louis voudra ça aussi, autorisera Harry à prendre complètement le contrôle, faire tout ce qu'il veut, juste... Pas maintenant. Maintenant, Louis a besoin d'avoir le contrôle.

Il repousse Harry, les fait tourner, et Harry desserre son emprise sur lui sans rien dire, il se laisse faire. Le frigo bouge lorsque Louis le pousse contre et tout ce que fait Harry c'est de remettre ses mains sur lui, les joues rosées, et il pense, j'ai fait ça, c'est pour moi. Quand il galère à ouvrir la braguette de Harry, ce dernier bouge son bassin en avant et il a l'air obscène comme ça, presque désespéré avec la tête en arrière pour exposer son cou, relâchant une expiration tremblante lorsque Louis enfonce ses dents dans sa peau douce. Louis suce son cou, faisant passer la douleur avec sa langue jusqu'à ce que Harry se colle à lui, son pouls rapide où il a un pouce pressé contre son poignet. C'est trop et en même temps pas assez et les mains de Louis ne sont pas encore complètement stables lorsqu'il baisse leurs pantalons.

Louis se colle à Harry, alignant leurs hanches et, putain, oui. Harry est dur, tellement dur, son érection est évidente à travers la fine couche de tissu qui les sépare, et c'est tout pour Louis. En ce qui semble être un geste inconscient, Harry glisse un peu contre le frigo, permettant à leur corps de se coller parfaitement. Il écarte les jambes pour laisser Louis glisser une cuisse entre. Harry le regarde avec cette expression émerveillée, les pupilles dilatées et c'est impossible que ça dure longtemps. Bon sang. Louis ne se rappelle pas la dernière fois qu'il a atteint l'orgasme juste en se frottant contre quelqu'un, le jean aux chevilles et encore en boxer, mais Harry défie toutes ses lois et le fera toujours.

A bout de souffle, Louis se frotte à lui, oh. Encore une fois. Les mains de Harry, un peu froides, se glissent sous son pull, ses doigts traçant un chemin sur sa colonne et Louis se fige, se demandant s'il pouvait jouir juste comme ça, juste avec ça, pressé contre Harry, les hanches bougeant en petits cercles car sinon ça serait trop. Il pourrait sûrement. Il est déjà si près.

"Lou, s'il te plaît." C'est à peine cohérent, sa voix est basse et rauque, sonnant presque comme s'il n'était pas sûr de ce qu'il demande. Ses yeux sont à moitié fermés et Louis prend son visage entre ses mains et l'embrasse et il veut plus, il veut tout, tout ce que Harry est prêt à lui donner.

Il met fin au baiser juste pour dire, "Je suis tellement amoureux de toi."

Harry frissonne contre lui et gémit, "Oui," comme si c'est une réponse. Peut-être que ça en est une. A ce stade, Louis ne sait plus vraiment, il est étonné de se rappeler de son propre prénom alors que les seuls mots qui ont du sens sont Harry et A moi. Il ferme les yeux et mord le cou de Harry en jouissant.

Il est encore en train de s'en remettre quand le bassin de Harry se soulève une dernière fois, c'est presque trop pour Louis, puis Harry se fige, chuchote, "Louis," et se penche en avant. Louis l'attrape et les tient tous les deux en reprenant leur souffle.

Wow.

Wow, okay, il vient juste d'avoir une relation sexuelle. Avec Harry. Contre le frigo.

Il ne doivent jamais le dire à Niall.

"La prochaine fois," Harry semble endormi et content, "On y va doucement."

"La prochaine fois ?" Il passe une main dans les cheveux de Harry et se recule juste assez pour voir la marque qu'il a laissé dans son cou. Il n'est pas si possessif habituellement, mais Harry lui donne envie de marquer son territoire. Ce n'est probablement pas sain. "Donne-moi cinq minutes."

Harry ne répond pas. Tirant sur le col du t-shirt de Louis, il baisse la tête et embrasse sa clavicule.

"Okay." Louis inspire rapidement. "Deux minutes. Et on va dans notre chambre."

Notre chambre.

Il n'est pas sûr si Harry l'a remarqué, mais il rigole contre son cou même si ce n'était pas si drôle, son souffle chatouillant la peau de Louis. S'il pouvait mettre ce moment en bouteille, il le ferait. Il la mettrait dans sa poche et l'emmènerait partout avec lui, vérifiant plusieurs fois dans la journée si elle y était encore.

Ils restent comme ça pendant peut-être une minute, entouré autour de l'autre, se touchant de la tête aux pieds. Le boxer de Louis commence à être désagréable mais il n'arrive toujours pas à bouger.

Quand Harry relève la tête, Louis est étonné de le voir froncer les sourcils.

"Hey." Sa voix est douce. "Tu peux - S'il te plaît, ne m'ignore plus jamais, okay ? Tu peux me gueuler dessus ou me balancer des choses mais juste." Il hausse bizarrement les épaules. "S'il te plaît ne disparaît pas. J'ai pas aimé."

Oh.

"D'accord." Louis le serre plus fort que ça en est possible. Même à travers le t-shirt, la peau de Harry est chaude et Louis se laisse apprécier ce moment avant de demander, "Donc je peux te jeter des trucs dessus ?"

"Des trucs doux," clarifie Harry. Il presse un sourire contre sa tempe. "Des coussins. Des bisous. Des choses comme ça."

"Des assiettes ?" Demande Louis. "Des chaises ? Des spaghettis ?"

Harry pouffe de rire, le regard doux. "T'es bizarre." Et Louis se rappelle soudainement que c'est une des premières choses que Harry lui a dites quand il se connaissait à peine. Il a l'impression que c'était il y a très longtemps.

"On a fait un bon bout de chemin, pas vrai ?" Demande Louis, peut-être que Harry comprend le rapport car il entremêle leurs doigts.

"Oui, c'est vrai." Et ça sonne comme une promesse.


°°°


La vessie de Louis le réveille à une heure impossible dans la nuit. Il roule doucement hors du lit, faisant attention à ne pas réveiller Harry et reste debout un long moment pour étudier sa forme endormie. Il est couché sur le ventre, nu avec la couette sur les fesses, les bosses de sa colonne vertébrale suppliant Louis de les embrasser chacune individuellement jusqu'à ses fesses.

Plus tard.

Il sort de la chambre et se soulage, frissonnant légèrement en revenant. Ce n'est pas avant qu'il soit sur le point de rouvrir la porte qu'il remarque que Harry a dû se lever cette nuit car le panneau volé à un nouveau message.

L'ancienne phrase effacée, il affiche maintenant, simplement et avec l'écriture de Harry, "Maison de Harry."

Une chaleur se propage dans son ventre et le fait sourire en retournant dans la chambre et se recouchant en se collant immédiatement contre Harry.

Même dans son sommeil, Harry bouge vers lui.



___________

Et voilàààà j'espère que ça vous a plu ! J'avais oublié à quel point j'aimais cette fic

On se retrouve après demain pour la dernière fic: So Why Don't We Go, Somewhere Only We Know

"Attends, t'es trans ?" Demande Harry de nulle part. Le regard de Louis se durcit et son corps se prépare à bondir."Et alors ? Ça fait quoi ? Putain, les gens sont des vraiment tous des connards. Salut-" commence-t-il, énervé. Il se tourne pour partir mais on lui rattrape le bras et il se stabilise pour être prêt à se battre."Attends !" Dit Harry, "Je m'en fiche. J'étais juste surpris parce que tu ressembles vraiment à un garçon, c'est tout."Ou, Louis est transgenre et Harry est son petit-ami.

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