Chapitre 14 : Les révélations de Luther 2/2

– Ça aurait arrangé tout le monde que tu sois... Différent de ce que tu es maintenant.

La tristesse forma une boule dans ma gorge.

– Mais la Lune a préféré ne faciliter la tâche à personne. Tu es un Mâle, né Alpha, donc selon nos lois, la tête de la Meute devait te revenir : le premier Mâle Alpha du Chef de Meute devient son successeur.

Tout simplement.


Le silence était religieux. Et long.

Son visage affichait une gravité étrange... Neutre. Comme s'il cherchait à annoncer les choses avec le plus de délicatesse possible, sans dissimuler les détails pour autant. Ce que j'appréciais tout particulièrement. C'était rare qu'il soit aussi honnête, surtout devant autrui.

–... Est arrivé ce qui devait arriver, reprit-il, j'étais un Bêta, et si avant toute la Meute se gardait d'ouvrir sa bouche sur la succession... Une fois ton statut identifié, ce n'était plus le cas. Les murmures ont cessé d'être discrets, la plupart des membres de la Meute pensaient que tout était plié, réglé, que je n'avais plus rien à attendre. Certains pensaient même qu'un jour viendrait où tu me forcerais à partir, parce que c'est ainsi que les choses se passent en pareils cas.

Et je pouvais imaginer, à son âge, ce que ça pouvait créer comme sentiment d'insécurité. Particulièrement pour un Bêta. Plus encore pour un Louveteau.

Je me sentais coupable, même si dans cette histoire, rien n'était de ma faute. J'étais né et je n'avais rien demandé à personne. Ni d'avoir un frère aîné qui soit un Bêta, ni d'être un Mâle, ni d'être un Alpha, ni que tout le monde agisse et pense comme ils l'avaient fait.

– Cette situation était compliquée à gérer, enchaîna-t-il, avec un ton détaché, j'étais en âge d'entendre ce qu'on disait, mais pas de comprendre réellement, ni de prendre du recul. C'était difficile d'accepter qu'un Louveteau qui ne savait pas marcher était la cause première de tout ce qui arrivait autour de moi.

Je ne le savais pas, parce que j'étais ce bébé, et que personne ne parlait jamais de ce temps entre sa naissance et la mienne. On savait qu'il existait, qu'il était conséquent, mais c'était comme un tabou. Personne n'abordait jamais ce temps, on faisait comme s'il n'existait pas. Or, il existait forcément.

Et là, j'en avais pris pleinement conscience.

– Les choses ont changé très vite, en l'espace de quelques jours, tout était devenu laborieux. Parler aux autres, s'intégrer, trouver une place. Alors qu'avant tout était parfaitement clair, simple, facile – j'étais le fils unique du Chef de Meute, tout reposait sur moi, il fallait que tout marche, que tout soit encourageant et agréable, même si j'étais un Bêta.

Et j'avais du mal à imaginer que tout ça, c'était à cause de moi. De ma naissance.

J'avais littéralement pris sa place en poussant mon premier cri. Tout avait été simple, facile, agréable et encourageant pour moi. Je n'avais jamais eu de mal à avoir des gens autour de moi, des sourires, de l'aide en cas de besoin.

Je n'avais jamais imaginé que cela puisse s'arrêter d'un coup, que tout le monde change totalement d'attitude, comme ils l'avaient fait avec Luther. Tout simplement parce que c'était inimaginable que ces gens que je connaissais depuis ma naissance soient aussi cruels.

– C'est à cet âge que j'ai compris une chose extrêmement importante, dans la douleur et tout ce qu'on veut, mais je l'ai compris ; tout est une question de pouvoir. De domination d'autrui. On ne t'intègre que si on peut attendre de toi une quelconque forme de pouvoir ; force, autorité, sécurité également.

Ce qui, en soi, n'était pas faux. Si tout le monde traitait bien la descendance d'un Chef de Meute, c'était bien parce qu'ils représentaient une certaine forme de pouvoir... Du moins, qu'ils étaient liés à quelqu'un qui en possédait, et le cèderait un jour, au sujet ou à quelqu'un qui lui était proche.

– C'était extrêmement irritant de te voir toujours sourire, passer dans les bras des uns et des autres, qui s'extasiaient sans arrêt de voir à quel point tu ressemblais à tes parents. Comme s'il y avait quelque chose de pas assez et d'incomplet chez moi, que c'était important de le notifier, que tout le monde le garde bien en tête...

Il marqua une pause, le regard vague et perdu au loin. Avec son ton calme et son expression neutre, on aurait dit qu'il parlait de la vie de quelqu'un d'autre. Ça me faisait drôle, parce que je ne m'imaginais pas parler de ça comme ça si je l'avais vécu moi-même.

– J'ai fini par interpréter ça d'une manière, disons, personnelle. À force d'entendre que tu ressemblais à nos parents, j'ai intégré cette idée, et j'en suis venu à une conclusion simple ; moi je ne leur ressemblais pas assez. Et donc, je devais plus leur ressembler pour que les choses changent.

J'avais les yeux écarquillés, venant de comprendre une chose qui jusqu'alors m'avait partiellement – totalement – échappée...

– Je savais comment devenir un Alpha, avec tous ces Défaillants qui vivaient à l'Institut, avec tout ce que j'entendais quand on ne faisait pas attention à moi... Et je pensais qu'une fois que je ressemblerais à ma famille, ce serait moi qui contrôlerais à nouveau ma vie, et non plus toi quand tu serais en âge de le faire.

Et ça, c'était très important pour lui, le contrôle. C'était un maniaque du contrôle.

D'un coup, cette maniaquerie, de toujours tout diriger, que tout soit fait comme lui l'avait décidé, m'apparaissait bien plus comme quelque chose qui devait colmater une faille, éviter de subir une situation qu'il redoutait, esquiver l'inconfort des problèmes qui le ramènerait en arrière, plutôt que des caprices de Dominant comme ce que je pensais jusqu'alors.

– Sans le contexte qu'il y avait autour de nous, je n'aurais jamais été un Alpha, parce que ce n'est pas simplement défier un Alpha qui te rend Défaillant... Il faut le vouloir très profondément, que la haine, la frustration ou la peur, soit telle qu'elle en devienne insupportable et explose d'un coup.

Peut-être que ce se serait passé autrement si on ne l'avait poussé à bout. Qu'on l'aurait rassuré, entouré, aidé à accepter la situation telle qu'elle était.

Si à la place de lui dire que je représentais une menace et que j'étais le responsable de tous les problèmes qu'il avait, on lui avait fait comprendre qu'il n'avait rien à craindre de moi, que je n'étais pas forcé de lui rendre la vie impossible si je devenais Chef de Meute...

Peut-être que nos vies auraient été très différentes.


On se regardait toujours droit dans les yeux, lui stoïque et détaché, moi, j'avais les larmes aux yeux. Elles ne devraient pas tarder à couler, il le voyait bien, et il semblait... Déstabilisé et intrigué à la fois.

– Un soir, quand je suis rentré, j'étais à bout. Comme une bombe prête à exploser. Et toi... T'étais seul, assis au milieu du salon, un grand sourire sur le visage, comme si cette journée était la plus belle que tu n'aies jamais vécu.

Il déglutissait en déviant le regard de mes iris, juste assez pour ne pas les affronter directement.

– Tu m'as tendu un gâteau que Mère avait fait, et là, j'ai... Totalement pété les plombs.

Ce qui expliquait probablement le sentiment de profond malaise que j'avais en passant dans le salon. Je n'y restais jamais plus que quelques secondes, et je dois dire que personne dans la famille n'avait pris l'habitude d'y séjourner bien longtemps.

– Je t'ai soumis facilement, tu étais encore jeune, tu n'as même pas compris ce qu'il se passait.

Tous mes souvenirs étaient perdus dans ma mémoire, j'étais bien trop jeune pour me rappeler de quoi que ce soit... mais une partie de moi était totalement sûre qu'il me disait la vérité. Sincèrement.

– Père à débarquer vite en t'entendant pleurer, il a tout de suite compris ce qu'il se passait... On s'est battu, parce que ma Bête était de sortie, parce qu'il voulait te protéger et qu'elle voulait te tuer.

La larme qui menaçait depuis quelque temps de couler dévala ma joue et se perdit sur mon jean.

– Je n'était pas totalement Défaillant à ce moment, du moins, c'est ce qui était plus ou moins déduit par la suite... Père à réussi à te garder en sécurité, mais avant de perdre connaissance, je l'avais soumis. C'est là que je suis réellement devenu Défaillant.

Okey, celle-là, je ne m'y attendais pas. Et personne ici ne semblait l'avoir envisagé, vu les mâchoires qui jonchaient le sol et les yeux écarquillés de tous.

Soumettre son Chef de Meute – qui plus était son père – alors qu'on était un Louveteau, même Défaillant, ce n'était pas ordinaire. Père était un adulte bien portant, tout de même ! Et même déchaîné, Luther ne pouvait rien changer à la différence de carrure et de poids de cette époque.

Les choses m'apparaissaient mieux. Cette Dominance si intimidante qui émanait de lui, cette autorité qu'il avait... Cette carrure si impressionnante. Cette nonchalance et cette insolence qu'il avait face à Père... c'était parce qu'il l'avait soumis. Parce que c'était lui le vrai Dominant de la Meute depuis tout ce temps.

– Une fois la crise passée, personne ne soupçonnait rien. On a pensé que ta soumission m'avait rendu Défaillant, tout le monde s'est contenté de ça, mais... Il n'y a aucun prestige à soumettre plus petit que soi. Par contre pour Père... C'est différent.

Il inspira :

– La politique a fait le reste. Père à bien dû trouver une solution. J'étais trop jeune pour être Chef de Meute, et lui devait nous élever, il ne pouvait pas être banni de sa propre maison... Alors il a dû faire en sorte que les choses rentrent dans un ordre convenable.

Il disait cela sur un ton acerbe, subitement.

– Il t'a choisi toi, alors, lâchais-je, sans même m'en rendre compte.

– Il n'avait pas le choix, de toute façon ; je l'avais soumis. Ma Bête était plus éveillée et déterminée que moi, elle connaissait sa valeur et comptait bien revendiquer tout ce qui lui appartenait.

Il se laissa aller contre le dossier du canapé, la grimace douloureuse :

– Puis, c'était aussi une question d'âge. Lui savait qu'il ne te verrait pas devenir adulte – et il a eu raison, tu n'étais même pas majeur à sa mort. Tu te serais vu Chef de Meute à cette époque-là ? Sans moi pour assurer quoi que ce soit ?

Je secouais la tête négativement. Non, bien sûr que non. Même pas maintenant je me verrais Chef de Meute. Jamais de ma vie, en fait. Je n'avais pas les aspirations et le caractère qu'il fallait pour.

Il fallait être un meneur, capable d'être à l'écoute, de trouver des solutions aux problèmes des autres, quels qu'ils soient, tout en assurant leur sécurité, faire en sorte qu'ils ne manquent ni de nourriture ni d'eau, que le Territoire soit suffisamment grand et que la paix règne dessus...

C'était beaucoup de travail et de responsabilité pour une seule personne – surtout si cette personne, c'était moi.

Ça m'allait très bien que Kaeden soit mon Chef de Meute. Que n'importe qui d'autre le soit d'ailleurs.

Je devais veiller sur une seule personne et c'était déjà assez sportif et prenant comme ça sans en rajouter d'autres.

– Alors pourquoi est-ce qu'il a fait de moi un Déficient ? Il n'avait pas besoin de le faire, si tout était déjà plié...

– Pour éviter que toi et moi soyons en concurrence, dit-il après un moment de réflexion, parce qu'il avait conclu la succession et que tout le monde devait s'y plier en théorie. En pratique, une majeure partie de la Meute reconnaît une plus grande légitimité à ce que tu sois le Chef.

Parce que j'étais un Alpha de naissance, alors que lui était un Bêta Défaillant devenu Alpha. Techniquement, ils n'avaient pas tort... mais dans les faits, Luther était un bien meilleur Chef de Meute que je ne le saurais jamais.

– La seule manière de mettre tout le monde d'accord une bonne fois pour toutes, c'était soit de te bannir, soit de te tuer, soit de faire de toi un Bêta.

Du coup, à choisir entre la peste et le choléra... Il avait choisi ce qui ferait le moins de mal.

– Il comptait lever ta Déficience, soupira-t-il, une fois ta place trouvée au sein de la Meute. Que personne ne trouve rien à redire à tout ça, toi le premier. Malheureusement, il est mort avant. Et ta Défience s'est levée avant que ce moment arrive, également.

Et ce n'était probablement que l'affaire de quoi... quelques semaines ? J'allais devenir un chasseur à part entière, j'allais m'installer dans une maison à moi, probablement choisir quelqu'un pour faire ma vie et... apprendre que j'étais un Alpha... puis tout reprendre là où ça s'était arrêté. Normalement.

Une partie de moi était soulagée que mon père n'ait pas fait de moi un Déficient pour le plaisir... mais pour me protéger. Faire en sorte que ma vie soit normale, du moins, le plus normal possible, en attendant de me rendre ce qu'on m'avait pris depuis mon enfance...

Et ça, ça me faisait du bien de l'entendre. Beaucoup de bien.


– Mais, pour l'instant, les choses ne sont pas totalement réglées, reprit Luther après une minute de silence. Quand tu as hurlé la Mise à Mort, ceux qui t'estiment plus légitime que moi ont pensé qu'il s'agissait d'un signal de ta part pour revendiquer la Meute. Toi et moi savons que c'est totalement faux, tu n'étais pas conscient de ce qu'il s'est passé. Sinon, tu n'aurais pas fui en pensant que c'était moi qui voulais te tuer.

Forcément, moi qui croyais qu'il en avait après ma vie... Je n'avais pas imaginé une seule seconde que ce n'était pas le cas.

Et je me sentais idiot maintenant.

– J'ai essayé tant bien que mal de remettre de l'ordre dans tout ce bazar, mais le noyau dur qui t'estime légitime – ton parrain en tête – est plutôt virulent... Et même avec toute la volonté du monde, je ne pouvais pas tenir plus longtemps avec ce rythme, disons... compliqué.

Ce qui expliquait qu'il mette autant de temps à me retrouver, j'imagine... Ce temps passé à essayer de retrouver l'ordre au sein de la Meute était un temps où il ne m'avait pas poursuivi.

Et je comprenais en quoi c'était plus important. Forcément, livrée à elle-même depuis si longtemps, car ne croyant plus en son Chef, ça devait mettre toute la Meute sens dessus dessous...

Des proches, des gens de notre famille, que des personnes que je connaissais appréciais, des gens avec lesquels j'avais grandi étaient en pleine tempête, et plus personne ne tenait la barre.

– J'ai attendu que quelqu'un me signale ta présence sur son Territoire, j'étais sûr qu'on te reconnaîtrait et qu'on m'appellerait immédiatement... Sauf que tu as été particulièrement discret. On m'a signalé ta présence à Glasgow seulement il y a quelques semaines, j'en ai déduit que tu avais réussi à trouver Max. Ou Edward.

Ce qui était véridique.

– Récemment, j'ai dû battre en retraite, j'ai même failli y passer... La Meute est sans-Chef depuis un moment, et tu sais comme tout le monde qu'une Meute vulnérable à sa tête ne survit pas longtemps.

Du coup, je comprenais un peu mieux ses paroles. Les choses qu'on avait à régler... c'était ça. Cette succession qui n'en finissait pas et menaçait l'équilibre de tous ces gens. De la Meute entière. Sans compter les Défillants de l'Institut.

– La seule chance que j'ai de remettre définitivement de l'ordre là-dedans, c'est que tu rentres à la maison, que tu mettes tout au clair avec tout le monde, et que la vie reprenne enfin un cours normal.

Comme tout bon Alpha qui avait une décision à prendre, je m'étais naturellement tourné vers mon Chef de Meute. Ce qui avait laissé Luther perplexe.

– J'ai Marqué Oliver, dit-il alors. Il se trouve que l'Hybride que tu as failli tuer en le précipitant dans le ravin, c'est mon cousin et...

– Riley et moi, on est ensemble, terminais-je alors.

Ce qui semblait le surprendre. Et il en fallait, pour le surprendre.

– On a tous pensé que tu piquais ta crise, se justifia Max, et t'avoueras que ça aurait bien pu être le cas... Et puis il vaut mieux qu'Oliver quitte ta Meute, il est un Alpha, il est majeur, il peut faire ce qu'il veut.

– Je m'en fiche qu'il parte ou qu'il reste, répliqua Luther, lui lançant un regard noir, ça fait partie des choses envisagées par Père pour son avenir, qu'il ressente le besoin de partir et faire sa vie avec la Lune sait qui ! Juste, je me laisse surprendre par l'identité du Chef, j'ai bien le droit ! Et aussi pour cet... Hybride.

Vu ce que je lui avais raconté sur le fait que je ne ressentais pas d'attirance pour qui que ce soit... C'était sans doute normal. Kaeden aussi, ça l'avait surpris, alors pourquoi pas Luther !

– C'est une longue histoire qu'on va résumer par « j'ai du boulot par-dessus la tête » et « de toute façon il est prêt, ça va bien se passer », dit Edward.

– J'imagine qu'avec un Venandi dans le coin, ça doit te rassurer.

Il avait dit ça sur un ton neutre, tout en lançant un regard brûlant audit Venandi qui se contentait de l'ignorer royalement.

– Bien, dans ce cas, si tout est clair entre tout le monde, déclara-t-il alors, Oliver n'a qu'à se rendre au sein de la Meute, annoncer à tout le monde qu'il fait partie d'une autre et qu'il en est très heureux, et tout rentrera dans l'ordre.

Ça semblait extrêmement simple quand il le disait, effectivement.

– Et la prochaine fois que vous avez des histoires de famille à régler, vous serez gentils de le faire pacifiquement ou loin de chez moi, j'ai horreur de faire des heures supplémentaires. Ça fait des tonnes de paperasses en plus.

Et on le reconnaissait bien là. Luther lui lançait un air mauvais, quand moi et Kaeden avions échangé un regard. William était toujours aussi imbuvable au premier abord, mais maintenant qu'on le connaissait, on s'en amusait plus qu'autre chose.

– Allons dîner, lança-t-il en se levant, ça me donne faim d'écouter des histoires comme ça...

Il nous tourna le dos pour prendre la direction de la salle à manger, où la table était dressée, Angelo déjà installé et le repas prêt à être servi.

C'était une marque de confiance extrême de nous tourner le dos ainsi. C'était plutôt mal vu pour nous, une sorte d'impolitesse qui remettait en cause notre autorité et notre statut – et à voir la tête qui tirait Luther, il le prenait ainsi – mais pour moi qui le côtoyais depuis un moment, je savais que ce n'était pas cela le message...

William était parfaitement détendu, pas le moins du monde inquiété d'avoir autant d'Alpha et de Dominant sous son toit. Nul doute que si on l'attaquait tous ensemble, il ne tiendrait pas longtemps... Mais ça ne semblait pas le moins du monde l'inquiéter.


Le dîner se déroula dans une ambiance clame et sereine. Luther était raidi par ses douleurs et ses blessures – et une partie de moi se sentait coupable de cela.

Il ne parlait pas beaucoup et devait probablement être crevé par les récents événements, de cette conversation... Puis aussi un peu ailleurs.

Les conversations allaient bon train, comme les autres savaient faire. Même si je ne disais pas grand-chose et que je suivais de loin, je souriais de temps à autre, et cela semblait suffire.

Ils devaient tous comprendre qu'après tout ce qui avait été dit, j'avais besoin de ruminer.

Et Luther également.


🌕 🐺 🌕 🐺 🌕 


Après une nuit réparatrice pour tout le monde, où j'avais dormi comme une masse, aux côtés de Riley, toujours au pays des songes, je m'étais réveillé dans la matinée, frais comme un gardon.

J'avais la sensation que tout dans ma vie était en ordre, de savoir parfaitement ce que j'avais à faire, là où je devais aller... Et ça, c'était probablement d'avoir eu cette conversation avec Luther. De savoir pourquoi et comment j'étais Déficient, pour mieux l'accepter.

Certes, ça prendrait un peu plus de temps que ça pour totalement m'accoutumer à cette histoire qui était la mienne, mais... pour le moment, je me sentais bien. Soulagé.

Enfin, je le serais plus quand Riley aurait ouvert les yeux. Pour l'instant, il les avait toujours clos. James lui avait transmis tout ce qu'il pouvait deux fois, à présent, c'était à lui de faire l'effort de revenir parmi nous.

J'étais impatient. Et Kaeden aussi. Ne serait-ce que pur être totalement sûr qu'il allait bien – même s'il avait l'air parfaitement serein et qu'il ne restait que son bras cassé pour témoigner de la bagarre et de sa chute.

J'avais pris un long moment à le regarder, quand je m'étais réveillé. À respirer son odeur, profiter de sa chaleur. À attendre qu'il revienne parmi nous.

– Faudrait songer à se réveiller un jour, murmurais-je à son oreille, tu commences à me manquer sérieusement...

Il ne répondit pas, se contentant de respirer normalement et calmement. Bon, au moins, il respirait.

Avec douceur, je déposais un baiser sur sa joue, avant de nicher mon nez contre son cou.

J'inspirais son odeur à plein poumon pendant un long moment, jusqu'à ce qu'enfin, je le sente bouger. Juste un peu. Juste assez pour qu'en me redressant, je croise son regard. Ses iris étaient un peu perdus, ses idées dans le vague.

– Hé, murmurais-je alors, bonjour...

– Mh... 'Jour...

Il avait pris un moment pour se frotter les yeux, inspirer et expirer, se réveiller... Avant qu'il ne se redresse vivement, les yeux exorbités, paniqués :

– Bon sang, Oliver ! Il y avait ton frère dans le coin et...

Je m'étais relevé pour le serrer dans mes bras, sa panique se calma peu à peu.

– Ça va, tout va bien, murmurais-je, on a réglé une bonne partie des problèmes... Il n'a plus envie de me tuer. Enfin, je crois... Pas littéralement en tout cas.

Il m'éloigna un peu, pour plonger ses iris dans les miens :

– C'est pas lui qui a hurlé, il voulait pas te tuer, il veut juste te parler et...

Je hochais la tête :

– Je sais, soufflais-je avec un sourire timide, on a discuté hier soir... C'est moi qui ai mis le bazar en hurlant et... Je n'ai pas pensé une seule seconde que c'était moi. C'était à cause de la Déficience, je crois...

Et il n'avait pas l'air fondamentalement surpris par cela. Ce n'était pas totalement impensable pour lui que peut-être j'ai mal interprêter des souvenirs qui étaient déjà flous dans ma tête...

– Je l'ai senti, avoua-t-il alors, au moment où on est rentrés dans la maison, mais je... Je pensais que si je lui parlais, il allait laisser tomber... Ou au moins que je pourrais l'éloigner un peu de la maison.

– Et tu comptais faire quoi après, hein ?

Il baissa les yeux :

– Je sais pas, mais je savais que tu devais pas te retrouver face à lui... j'ai agi sans vraiment réfléchir. À l'instinct.

– T'as peut-être eu raison, vu ce qu'on s'est battu et... ça ne se voit pas trop, mais je n'étais pas dans cet état hier.

– J'ai passé la journée au lit ?

Je hochais à tête :

– On t'attend depuis un moment, ouais...

– J'ai une faim de loup, tu n'imagines même pas, sourit-il avant de m'embrasser.

Il se leva avec prudence, les jambes pas forcément très sûres. Il était raide et son équilibre vacillait. J'étais à côté de lui, au cas où. Puis je l'avais aidé à s'habiller, profitant du moindre contact physique entre nous... Ça me faisait du bien, ça m'avait manqué, même si on n'était pas « séparés » depuis longtemps.


On était à peine arrivé dans la cuisine que Kaeden l'avait pris dans ses bras, soulagé de le voir debout et réveillé. Il avait eu peur que son sommeil prolongé soit une mauvaise chose, comme moi.

Pendant que Kaeden prenait de ses nouvelles et lui résumait ce qu'il s'était passé pendant sa petite sieste, assis sur la terrasse, j'aidais Max à préparer le repas.

Il était convenu depuis la veille que Luther, Edward et Danny déjeunent à la maison avec nous, avant qu'on prenne tous la route.

J'étais un peu nerveux de savoir Luther dans les alentours de Riley, c'était ce que je redoutais le plus depuis un moment... Et dire que ça allait arriver d'ici quelques instants, ça me stressait un peu. Même si je me doutais bien qu'il n'oserait pas s'en prendre à lui avec tout ce monde autour de nous...


Luther fut plus ouvert, tout comme moi, durant ce repas-là. Comme s'il avait digéré une partie de la conversation d'hier, comme moi, et que cela le soulageait tout autant.

Il était calme, détendu, parlait avec Max et moi de la maison, du temps où on vivait tous les trois sous le même toit. Ça me faisait du bien parce que je n'en gardais pas vraiment de souvenirs précis. Juste des bribes, des sensations, des sons, et des histoires que je connaissais déjà parce qu'on me les avait racontés.

Riley était assis à côté de moi, détendu, plus silencieux que d'habitude, mais j'avais mis ça sur le compte de la fatigue.

Luther et lui n'avaient pas vraiment parlé ni même échangé un regard, mais je n'avais pas vraiment fait attention à cela. Ils n'avaient pas l'air franchement hostiles l'un à l'autre, alors, ça se passait bien.


Une fois les salades et grillades consommées, en attendant le dessert et que tout le monde s'affairait pour préparer le café, servir les dessertes, Luther s'était un peu éloigné.

Il avait l'air éprouvé par la fatigue et ses blessures, d'avoir besoin d'un moment de calme... mais je m'étais approché quand même.

Jusqu'à présent, on avait parlé devant les autres, on n'avait pas eu de moment seul, pour parler ensemble.

Il m'avait lancé un regard quand je m'étais accoudé à la barrière de la terrasse, juste à côté de lui, avant de le perdre vers le fond du jardin, comme je le faisais.

Un petit silence s'était installé, détendu, ce qui était assez rare.

– Je comptais tout te dire quand tu aurais pris tes marques avec la chasse. C'était l'histoire de quoi ? Un mois. Peut-être moins.

Je gardais le silence, un peu triste que tout ceci soit arrivé, qu'à un mois près, je n'aurais pas eu besoin de fuir... l'espace d'une seconde.

La suivante, j'avais considéré que sans ça, je n'aurais pas rencontré Riley, que je ne serais pas tombé amoureux, et que probablement, je n'aurais pas été complet, comme j'avais l'impression que c'était le cas maintenant.

– Je suis désolé, murmurais-je alors, c'est de ma faute, ce qui est arrivé... Ce n'est pas une excuse, mais je... je n'avais aucun contrôle sur ce qu'il s'est passé. Je ne m'en souviens même pas maintenant, pour tout te dire...

– Ça reviendra un jour, probablement. Je n'y connais rien en Déficience, ce n'est pas ma spécialité.

On avait échangé un rire, puis un regard, avant de perdre à nouveau nos regards vers l'horizon.

– Je suis désolé pour ton copain, lâcha-t-il, après un long moment silencieux. J'ai cru qu'il t'avait endormi, comme disait les vieux... Je n'ai pas pensé un seul instant que vous étiez... ensemble.

Il était vrai que ça pouvait surprendre. Moi qui avais en héritage la haine des Venandi et des Hybrides... Tomber amoureux d'un type qui rassemblait les deux, c'était fort.

– Enfin, je ne pensais pas non plus que tu serais capable de survivre bien longtemps hors du Territoire, comme quoi...

– Je ne pensais pas non plus, en fait, mais... je suppose que la Lune avait déjà tracé quelque chose dès le départ. Riley, c'est la seule personne pour qui je... Tu vois, j'ai envie d'être près de lui. De partager des choses.

– Prends bien ton temps avant de t'Unir, c'est la seule chose qu'un grand frère pourrait te conseiller.

– On n'en est pas encore là... J'ai promis à Max et Kaeden qu'on le ferait uniquement le jour où on se sentira totalement prêts et sûrs. Et puis... Il aime sa petite liberté aussi.

– Comme tous les Venandi.

Il disait cela sur un ton neutre, mais je savais que pour un maniaque du contrôle comme lui, ça devait le dépasser que moi j'accepte cela. Même, que je trouve ça séduisant. J'aimais que Riley soit épris de liberté, aventureux, qu'il aime faire ce qu'il veut quand il veut.

Moi, je l'aimais lui, tel qu'il était, et je ne voulais pas que ça change.


Un long silence s'était installé, que j'osais finalement briser :

– Je peux te demander quelque chose ?

Il m'accorda son attention, pas vraiment surpris, comme s'il savait déjà ce que j'allais demander.

– Est-ce que... Tu sais pourquoi tu es né Bêta ?

En discutant avec William des choses de Venandi, j'avais appris plusieurs choses importantes, des choses qui me laissaient perplexe sur Luther, sur moi, sur notre famille.

Déjà, il était extrêmement rare qu'un couple d'Alpha – qui plus était, celui à la tête de la Meute – mette au monde un Bêta.

C'était possible au bout de plusieurs grossesses éprouvantes, que fragilisées par celles-ci, le corps de la mère ne soit plus capable de mettre au monde un Alpha... Et ainsi, le Louveteau se retrouvait Bêta.

(Même si, de nos jours, les grandes fratries étaient plus rares, les Louveteaux survivaient mieux grâce à la médecine humaine, à leurs technologies...).

Luther était leur premier enfant, donc techniquement, il n'aurait pas dû être un Bêta.

Visiblement, il savait avant même que je pose la question qu'un jour, je la poserais. Lui, il savait pourquoi il était ce qu'il était.

– Quand je l'ai appris – quand Père me l'a dit – c'est là que... j'ai compris beaucoup de choses sur moi. Sur les autres aussi. Sur Elle.

Elle, sa Bête, probablement.

– Comment ça « Elle » ? Ça a un rapport avec ta Défaillance ?

Il hocha la tête :

– En partie, enfin, c'est ce que je pense... Tu sais que Mère était malade, n'est-ce pas ?

– Eprouvée après la seconde grossesse, je l'ai entendu quinze millions de fois depuis que je suis né.

– Pas exactement.

Okey, là, il attisait ma curiosité et avait toute mon attention :

– C'est vrai que ça n'a pas arrangé son état, mais... En réalité, c'était la première qui était la plus éprouvante pour elle. Celle où je suis né.

– Mais ça n'a pas de sens... Si tu étais un Bêta, elle n'aurait pas dû l'être autant que...

Je me stoppais moi-même dans ma propre phrase :

– Ça a du sens si on était deux à la base, murmura-t-il, deux fils. Un Alpha, un Bêta. Comme dans la plupart des grossesses gémellaires.

J'avais perdu la réalité l'espace de quelques secondes, mes iris le dévisageant, l'expression troublée et grave.

Ainsi, c'était ça... c'était ça l'explication à tout ce qui gravitait autour de lui, de moi, de nous. Il y avait eu un autre frère.

Un Alpha. Puis lui, le Bêta.

– Tu sais ce qu'il se passe quand une mère Lycanthrope attend des jumeaux, enchaîna-t-il dans un soupire, « l'un des trois est voué à mourir », comme on dit. C'est extrêmement dangereux pour les enfants et pour la mère de mettre au monde deux petits en même temps.

Souvent, ce qu'il se passait, c'était que le plus faible des Louveteaux mourrait. Parce qu'il n'était pas assez fort pour survivre, tout simplement. Il mourrait à la naissance ou quelques jours – voir semaines – plus tard.

Mais des fois...

– Malheureusement, cette fois-là, c'est l'Alpha qui n'a pas survécu. Il est né avec une malformation cardiaque, et, à l'époque, l'Institut n'avait pas de quoi l'aider. La Meute était réfractaire à toute invasion de la technologie humaine. Depuis, ça a changé, mais... lui il est mort et personne n'y pouvait rien.

Lui, il avait survécu, probablement était-ce un miracle d'ailleurs... Mère, qui avait supporté une grossesse de jumeau, s'était retrouvée grandement diminuée après cela.

Je comprenais bien mieux pourquoi elle ne voulait pas risquer d'avoir un second enfant... À cause du risque d'une grossesse gémellaire, et aussi, parce qu'elle sentait ses forces déjà bien diminuées. Que moi, je risquais de ne pas avoir ce qu'il fallait pour vivre. Pour être en parfaite santé.

– La seule chose pour laquelle Père à remercier la Lune, c'est que tu sois en pleine santé. À ta naissance, ils savaient tous les deux que tu ne grandirais pas avec une mère. Pas suffisamment à leur goût, en tout cas. Mais au moins tu vivrais. C'était là l'important. Ils avaient déjà perdu un fils, hors de question d'en perdre un autre.

Et d'un coup, l'urgence de me protéger, de me préserver, m'apparut beaucoup plus nettement.

Luther, quand il était Défaillant, qu'il perde le contrôle ou non, représentait une menace pour ma vie à chaque instant... Me rendre Déficient, c'était s'assurer que sa Bête ne ressente pas le besoin de s'affirmer, qu'elle ne sente pas de concurrence... Qu'elle ne se sente pas obligée de se débarrasser de moi définitivement.

Je comprenais parfaitement pourquoi Père m'avait rendu Déficient avec cette révélation. C'était pour ma survie, mon bien. Ça m'apparaissait d'autant plus sûr et obligatoire à cet instant précis...

Il avait déjà perdu un fils, ça avait dû être insupportable pour lui et pour Mère, qu'il fasse ce qu'il fallait pour éviter d'en perdre un second semblait légitime.

– Je suis désolé, murmurais-je alors, la voix prise par l'émotion, je... Je n'ai pas pensé une seule seconde que...

Son regard était rougi et embrumé, et je voyais – pour la première fois de ma vie – une larme couler le long de sa joue, pour se perdre à nos pieds.

– Ils avaient raison quand ils disaient que je n'étais pas complet, tu sais. Je ne l'ai jamais été et je ne le serais jamais. La moitié de moi est morte le jour de notre naissance, personne n'y peut rien, pas même moi ou Père.

On s'était recueillis quelques instants, chacun pour soi, en sa mémoire. Je ne savais pas qu'à la base, nous étions trois. Même si je ne l'avais pas connu, qu'il était mort bien avant ma naissance, je ressentais de la peine comme si c'était le cas. Comme si j'avais perdu Luther.

C'était assez étrange de ressentir cela pour quelqu'un qu'on n'avait jamais rencontré et dont on ignorait l'existence il y a quelques minutes.

Sans vraiment me contrôler, je m'étais rapproché de lui, il s'était laissé faire, et, quelques secondes plus tard, on se serrait l'un contre l'autre.

Et on était resté comme cela un long moment.


De l'intérieur, Riley nous observait discrètement. Au début, il était un peu nerveux, mais il fut finalement soulagé de nous voir nous réconcilier.

On ne pouvait pas effacer tout ce qu'il avait enduré, tout ce que j'avais vécu, tout ce qu'il s'était passé... mais on pouvait décider qu'à partir de maintenant, les choses seraient différentes. C'était le bon moment pour enfin apaiser les tensions.

Luther croisa son regard – moi, je lui tournais le dos – et Riley fila rejoindre les autres dans la cuisine... Il gardait une certaine méfiance teintée de peur concernant Luther, et préférait de loin ne pas avoir à faire directement à lui avant un bon moment.

– Il a l'air de tenir à toi, murmura Luther.

Je cherchais machinalement Riley du regard, sans le trouver – malheureusement.

– Moi aussi je tiens à lui, avouais-je alors, il y a quelque chose qui me pousse à protéger Riley...

« Je m'en étais rendu compte », pouvait-on lire dans son regard – et vu ce qu'il s'était passé, les doutes n'étaient pas permis.

– Je parie que c'est Kaeden qui t'a dit quelque chose de ce genre...

Je l'interrogeais du regard, un peu surpris :

– Tu reconnais Kaeden et son autorité au point de te laisser Marquer... avant cela j'imagine que tu as dû vouloir l'impressionner et lui prouver que tu avais de la valeur. S'il est important pour lui, ce n'est pas idiot de penser qu'il t'ait ordonné de le protéger, sans forcément s'en rendre compte... Et toi tu prends ça à cœur parce que tu veux l'impressionner. Puis parce que tu aimes cet hy– Riley.

Je notais l'effort qu'il faisait pour l'appeler par son prénom, réfléchissant sur tout ce qu'il me disait-là. Ça n'expliquait pas mal de choses sur notre relation, à moi et Kaeden.

Je réalisais que j'avais commencé à me sentir bien mieux dans ma peau, à laisser ma part d'Alpha s'exprimer – sans le savoir – à partir du moment où lui et moi avions tout mit à plat. Quand il m'avait accepté.

Après, j'avais tenté de l'impressionner, de m'attirer ses faveurs, que ce soit en chassant ou en veillant sur Riley, pour finalement, parvenir à ce que Luther qualifiait de « but », c'était à dire ; faire partie de sa Meute.

– Père à toujours pensé que tu ferais un bon Alpha, un de ceux à qui tu peux confier une mission et qui y dédient leur vie, un Alpha sur lequel son Chef de Meute peut compter... Ça ne m'étonne pas vraiment que tu fasses de cet ordre – de « protéger Riley » ta priorité. Tout comme la chasse, d'ailleurs.

– Tu crois ?

Il se contenta d'un hochement de tête, ce qui me suffisait grandement. Au fond de moi, je savais déjà tout ça... en tout cas, ma partie d'Alpha le savait. Moi, je ne faisais que mettre des mots sur ce que nous ressentions, elle et moi.

– Ne le prends pas trop au pied de la lettre non plus, murmura-t-il, c'est un Venandi, c'est assez susceptible avec sa petite liberté, ces bestioles-là.

Malgré moi j'avais souri, imaginant Riley et William s'insurger de ses paroles avec véhémence...

– C'est un Hybride, corrigeais-je alors, la moitié de lui a besoin qu'on le protège... que ce soit moi ou pas.

Luther se contenta d'un hochement de tête, avant de retrouver sa place. Je faisais de même, tandis que les autres nous rejoignaient pour que l'on termine le repas.

On s'était simplement séparés, assit chacun d'un côté de la table... Riley s'était réinstallé près de moi, laissant sa main traîner sur ma cuisse, quand moi, je laissais ma main sur la sienne.

Sans doute pour la première fois de nos vies, Luther et moi étions en totale harmonie, à la fois personnellement, mais également l'un par rapport à l'autre. Et cela semblait nous aller. Ce qui était tout de même le plus important pour nous à l'heure actuelle.

Ne restait plus qu'à mettre la Meute au courant de tout ça, à faire en sorte que ce noyau dur qui me soutenait, et qui donnait du fil à retordre à Luther, abandonne définitivement ces idéaux.

Je ne serai spas leur Chef de Meute, je ne serais jamais Chef de Meute, il fallait qu'ils le comprennent et l'acceptent.

En premier lieu, il fallait que mon parrain l'accepte.


🌕 🐺 🌕 🐺 🌕


Voilà pour ce chapitre révélation :D

Dîtes-moi si tout est clair et compréhensible x)

Je parie que vous vous attendiez pas à tout ça BD enfin j'espère, parce que sinon c'est triste XD


Sinon, j'ai fini la série du Mermay, et j'embraille sur celle du Pride Month :3

On sera sur le même principe que celle de l'année dernière (l'orientation de mes OCs), sauf que les personnages seront différents que ceux de 2019 :3

Vous pouvez suivre la publication sur mon artbook : 
https://my.w.tt/xq6JWd7W06
Ou en passant par mon profil !


Il reste encore un chapitre, donc deux parties, donc deux semaines de publi !

D'ici là, bonne semaine tout le monde !

Haydn

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