- Épisode spécial - Saint-Valentin 🔞
Maximilian me présenta une assiette bien garnie de pancakes dégoulinants de pâte à tartiner au chocolat, parsemés généreusement d'éclats de noisettes et de quelques morceaux de pomme. En les voyant, je n'avais pas pu m'empêcher de sourire et de lui lancer un regard entendu. Il fit comme si de rien n'était et s'installa à son tour à table. Son assiette était bien plus sage que la mienne ; un unique pancake, une tonne de fruits, quelques noisettes et un filet de miel.
Le soleil terminait de se lever, péniblement, sur les arbres enneigés qui encerclaient notre lieu de vie. La cuisine donnait sur la place centrale, où la plupart des membres de la Meute se préparaient pour aller travailler ou emmener les Louveteaux à l'école. Cependant, nous étions loin de ce tumulte matinal.
Maximilian avait pris quelques jours de congé et comptait bien profiter de son temps libre – même si, comme ça se passait à chaque fois, Edward lui donnerait quelques petites choses à faire... le Chef de Meute avait disparu en pleine nuit et n'était pas réapparu depuis. Ça ne semblait pas inquiéter son frère.
– À quel point tu as du travail aujourd'hui ? me demanda-t-il soudainement.
Maximilian gérait le planning de mes cours, les révisions et tout ce qui s'en suivait depuis le départ, mais ces dernières semaines je prenais les devants pour le faire moi-même. C'était, d'après lui, la simple expression de mon changement de statut...
Je devenais l'Alpha que je devais être ; fier, indépendant, et sauvage – même si j'étais loin de l'être totalement. Alors il s'effaçait sobrement. De toute façon, étant donné que je Dominais, il n'avait pas réellement le choix.
– Deux cours et pas mal de révisions, soufflai-je alors.
Une partie de moi avait très envie d'aller jouer dans la neige qui était tombée ses derniers jours. La forêt enneigée, c'était bien ce que je préférais au monde ! ce que je ne donnerais pas pour aller me perdre dans le coin durant des heures... cependant, je savais aussi que Maximilian serait intransigeant sur les cours. Qu'on soit ici ou au manoir.
– On va faire une exception pour aujourd'hui, lança-t-il avec un sourire charmant.
Passé la surprise, je l'étudiai avec méfiance, un peu désarçonné de ce qu'il venait de dire. À la limite, je me serais attendu à un « si tu te dépêches peut-être qu'on fera un tour cette après-midi » ou un « si tu t'avances pour demain on en profitera »...
– Ed ne sera pas là avant demain, ce qui veut dire que toi et moi on va pouvoir profiter de ce temps-là pour se détendre un peu, expliqua-t-il alors.
Oh, ça se tenait. Pour être honnête, je n'y avais même pas pensé. Depuis que nous étions rentrés au sein de la Meute, on ne sortait pas beaucoup. Nous étions blessés, déjà, puis une partie de moi avait toujours peur d'affronter les regards des autres. J'imagine que Maximilian préférait me surveiller que d'aller voir du monde – ou alors, il avait peur qu'on découvre notre petit secret en s'exposant trop.
– Je me disais que prendre un peu l'air serait une bonne idée, enchaîna-t-il.
Au fond de moi, j'étais soudainement plus qu'enthousiaste, ravi de troquer mon planning habituel contre un peu de bon temps. Surtout si c'était avec Maximilian.
Avec la neige qui était tombée la veille, ça m'enchantait vraiment. C'était pour moi l'allégorie du paradis ; pas de bruit en dehors de mes pas sur la couverture blanche, les odeurs hivernales de cette forêt que je connaissais (presque) comme ma poche, et Maximilian pour m'accompagner !
Que demander de plus ?
Doucement, il se pencha vers moi pour m'embrasser, j'approfondis le baiser en perdant ma main dans ses cheveux, j'entendis un râle au fond de sa gorge, qui m'avait grandement ravi...
* * *
La neige craquait sous mes pattes, le vent caressait ma truffe et j'étais d'une sincère bonne humeur. Je trottinais par-ci par-là, humant chaque odeur pour m'en imprégner, renouer avec cette terre qui était la mienne... tout était calme, je me sentais serein.
Maximilian me suivait de loin, son regard ne me quittait pas une seconde, mais il gardait ses distances. Son poil sombre contrastait grandement avec le sol enneigé immaculé et je m'amusais de voir les flocons parsemer son pelage noir... On aurait dit un ciel de nuit rempli d'étoiles.
Depuis que j'étais transformé, je n'accordais plus trop d'importance à mon amant. Ma nature solitaire ressortait encore plus sous ma forme de loup... j'avais si peu l'habitude d'être accompagné. Cependant, Maximilian restait égal à lui-même : il observait en s'effaçant, attendant patiemment que je fasse un pas vers lui.
Ce que je finissais toujours par faire. J'avais en moi un désir irrépressible de jouer, de courir, de me dépenser. Et l'Alpha que je devenais avait besoin de s'affirmer. De trouver sa place.
Et Maximilian se laissait faire, patient, amusé de la situation qui lui rappelait ses plus jeunes années. Il n'opposait qu'une résistance modeste – et heureusement pour moi, vu la différence de carrure...
Notre petite escapade avait duré une partie de la journée, ce fut l'appelle du ventre qui nous ramena au sein de la Meute, en fin d'après-midi.
* * *
Après une bonne douche bien méritée, j'avais un peu traîné dans la chambre. J'étais mort de fatigue, mais sans doute le Lycanthrope le plus heureux sur cette terre ! Qui ne le serait pas ? Passer la journée avec celui que j'aimais, à se balader et jouer dans la neige, c'était vraiment le paradis pour moi.
Quand j'avais voulu m'habiller, je trouvai un mot sur la pile de vêtements, de la main de Maximilian : « dans ma chambre ». Perplexe et intrigué, je délaissai le papier pour chercher son sac du regard. Il avait soigneusement rangé nos affaires dans nos chambres respectives et n'avait – du moins je le pensais jusqu'à présent – pas mis les pieds dans la chambre d'ami que j'avais investie. Où, au final, je ne passais que peu de temps, étant donné que je le rejoignais dans son lit pour y passer la nuit.
Sur le lit, un paquet emballé avec soin, couleur rouge sang. Une partie de mon être frissonna – ma Bête était sensible aux petites attentions, et réagissait d'une manière, disons, lubrique... la provocation l'excitait et c'était notre anatomie qui réagissait.
Rouge pivoine, je m'emparai du présent pour l'ouvrir, histoire de faire diversion et d'oublier à quel point j'étais stimulé physiquement par tout ça. Je déballais une nouvelle tenue neuve ; un pantalon noir, une chemise lie-de-vin cintrée, parfaitement à ma taille, ainsi qu'une cravate noire au toucher soyeux.
Une fois habillé, je laissais la cravate dénouée autour de mon cou. Je savais pertinemment que Maximilian la retoucherait – il ne pouvait pas s'en empêcher – et j'aimais le fait qu'il la noue lui-même ; il se rapprochait de moi au maximum, me dévorait du regard en exécutant des gestes sûrs et précis, puis il serait le nœud lentement avant de m'embrasser... j'aimais ce moment autant que lui – ça avait quelque chose d'érotique qui nous ravissait l'un autant que l'autre.
Sans compter nos hôtes aux hormones déchaînées.
– Ça te va bien, déclara-t-il en me voyant débarquer dans le salon.
Sa voix était plus grave que d'habitude et je savais pourquoi. C'était pour la même raison qu'il avait cet éclat dans les yeux ; sa Bête frôlait la surface pour apprécier le spectacle. La mienne restait tapie au fond de moi-même, ce qui la frustra un peu.
– Merci, murmurai-je alors.
Je prenais le temps d'apprécier ses efforts également ; une belle chemise noire, déboutonnée pour me laisser apprécier le haut de son torse, un pantalon noir qui mettait en valeur ses jambes musclées, puis il avait pris le temps de se coiffer et de tailler sa barbe. D'habitude, il ne sortait le grand jeu comme ça que lors des soirées d'entreprises lors de nos séjours à Glasgow ou lorsqu'il rencontrait un gros client. Jamais il ne le faisait lorsqu'il était en congé.
Après quelques secondes à se dévorer mutuellement du regard, Maximilian se leva, s'approcha tout en laissant traîner son regard langoureux sur ma personne, sans se cacher, sans se gêner. Il huma mon odeur, avant de déposer un baiser dans mon cou :
– Provocateur, ronronna-t-il de plaisir.
Enfin, « il », sa Bête plutôt. Elle avait pris le dessus, clairement. Je me demandais si Maximilian assistait à la scène ou pas. Je ne déterminais toujours pas quand elle le laissait voir ou non, ce qui me déstabilisait toujours un peu.
Pendant que je m'accrochais à ses iris avec les miens, il noua ma cravate, l'expression aussi charmeuse qu'envoûtante, avant de mordiller mon cou. C'était clairement pour provoquer et aguicher ma Bête, la faire venir à lui.
– Elle aime me faire languir, gronda-t-il alors.
– C'est pour mieux t'allécher, lâchai-je dans un souffle, trahissant mon désir.
La Bête sourit, émoustillée elle aussi, avant de prendre mes lèvres et de les dévorer. Elle avait grand appétit, je n'avais aucun mal à le sentir. Sa main passa de ma nuque à mon bassin, à mes fesses, où il pressa avec application la moindre zone érogène... Ça lui plaisait grandement de m'entendre souffler d'aise, gémir de plaisir, de sentir à quel point je pouvais désirer que ça aille plus loin.
Au moment où il comptait se débarrasser de mes vêtements, je l'avais stoppé, même si j'avais clairement envie de me laisser faire... La Bête ne comprit pas de suite ce qu'il se passait, mais lorsque je lui avais présenté le collier, elle sourit, aguicheuse :
– T'es sûr de toi, petit loup, susurra-t-il à mon oreille.
– Je ne suis pas le seul à... le vouloir, bafouillai-je, rouge pivoine.
– Je sais, je sens, petit loup, me nargua sa Bête.
Sa langue lécha mon cou, sensuelle, tandis qu'il se laissait passer le collier sans rien ajouter. Je n'étais pas sûr de savoir ce que je faisais, si c'était une bonne idée ou non, mais au fond de moi, quelque chose me poussait à agir ainsi.
Soudainement, je changeai d'attitude et il nota cela sans mal :
– Laisse-nous manger et on te laissera jouer, avais-je dit, la voix grave et assurée.
– Ne m'aguiche pas de la sorte, gronda-t-il.
– Plus vite j'aurais mangé, plus vite vous vous amuserez.
Comme il ne bougeait pas, je commençais à desserrer le nœud de ma cravate, à me caresser le torse à travers la chemise... Ce qui lui fit lâcher un grondement excité.
– Tu vas me rendre fou !
Sur ce, elle s'effaça et Maximilian me réapparut. Il avait l'air d'un type qui sortait d'un profond sommeil et me toisa drôlement pendant quelques secondes. Sa main trouva le collier sans mal, il rougit un peu, avant que je ne dépose mes lèvres sur les siennes. Ce baiser-là était plus doux et langoureux que le précédent... Ce que j'appréciais tout autant.
– J'imagine que j'ai bien fait de prévoir le coup, marmonna-t-il, mal à l'aise.
– Elle aussi le veut, tu sais... Elle attend juste le bon moment pour sortir.
Son regard trouva le mien, sa main caressa ma joue, tandis que ses lèvres se posèrent sur les miennes.
Je pense que jamais nous n'avions mangé un repas aussi rapidement. Je n'avais même pas le goût de ce que j'avalais, tellement j'étais concentré sur Maximilian... Sur ses iris qui me dévisageaient avec désir, sa langue qui passait sur ses lèvres que je voulais bouffer moi-même, ne perdant pas une goutte de la sauce qui nappait sa viande...
Le dessert attendra.
Quand je m'étais levé pour monter les escaliers, je ne tenais plus. J'avais chaud, je devais évacuer. Et cela ravissait mon amant, qui, à pas de loup, me suivit.
– À nous deux, petit-loup, susurra-t-il en se débarrassant de sa cravate.
Pendant que je m'allongeais sur le lit, il défaisait le nœud de sa cravate en me dévorant du regard, sa langue passant sur ses lèvres de temps à autre. Sentir mon excitation l'échauffait... et ça me ravissait.
Une fois nu, il prit place sur moi, dévorant mon cou et mes lèvres tout en baladant ses mains sur mon corps... Elle était plus bestiale et plus insistante que Maximilian, ce qui, habituellement, faisait ressortir ma propre Bête. Mais pas ce soir. Elle restait sourde et ça frustrait bien mon amant.
Sa langue explorait ma peau, ses dents la marquaient, et moi je ne pouvais qu'apprécier le traitement. C'était encore étrange pour moi, étant donné la différence de traitement entre Maximilian et sa Bête. L'un était doux et attentionné, tandis que l'autre était plus... sauvage ? Cependant je savais ce qu'elle cherchait à faire, qui elle voulait réellement voir.
Quand il fut assez frustré que sa méthode ne fonctionne pas, il se dirigea vers quelque chose plus au sud de mon anatomie. Je m'étais vite retrouvé nu, sa main autour de mon engin, puis sa bouche. Bon sang, c'était trop bon ! Il s'activait avec ferveur et je ne pouvais qu'apprécier. Son regard se planta dans le mien, provocateur, espérant sans doute que mes iris aient changé d'éclat, mais... non. J'étais toujours là, conscient.
Un grondement lui échappa et je commençai à me demander si ma Bête pointerait le bout de son nez un jour. À quel point elle pouvait le frustrer sans que ça ne dégénère ? Leur petit jeu du chat et de la souris, cette frustration-récompense sexuelle, je me demandai si ce n'était pas simplement jouer avec le feu. Mine de rien, même si ma Bête et moi avions déjà tué, je ne pensais pas faire le poids face à lui...
Mon amant passa à la vitesse supérieure, insinuant ses doigts humidifiés dans mon intimité. J'en soufflai d'aise, d'excitation, au point que le désir voile mes iris. Ce qui dessina un sourire satisfait sur le visage de mon amant, toujours un peu frustré de ne pas avoir affaire à celle qu'il désirait tant.
Et j'étais presque vexé qu'elle veuille tellement d'elle et ne se contente pas de moi, mais c'était comme ça. Il nous fallait les laisser trouver leur équilibre aussi, c'était vital pour que Maximilian et moi puissions vivre sereinement. Enfin « le plus sereinement possible » serait plus juste.
– Viens à moi, susurra-t-il à mon oreille.
Je ne savais pas s'il s'adressait à moi ou à l'autre, mais en tout cas, je m'en fichais royalement ! Le plaisir que je prenais était divin et si je pouvais en profiter encore un peu, je ne me gênerais pas...
– Elle te répond, c'est ça ? soufflai-je alors.
Ses iris flamboyants trouvèrent les miens, un peu surpris par la question. Il fallait avouer que nous parlions peu, tous les deux, cependant ma curiosité me poussait à essayer de mettre des mots sur leur relation, à toutes les deux. J'identifiais sans mal ce que Maximilian et moi étions l'un pour l'autre... mais les concernant, c'était plus difficile.
– Elle fait mieux que ça, lâcha-t-il finalement, mordillant mon oreille.
– Et qu'est-ce qu'elle fait ?
Je sentis soudainement que les choses m'échappaient. Je voyais la scène de loin, je ne contrôlais plus la bouche qui mordit brutalement le cou de mon partenaire... il poussa un râle mêlant douleur et satisfaction, avant de se laisser totalement dominer physiquement par mon corps. Elle me laissait voir, pour une fois.
Je voyais la Bête ravie, ma main ôter le collier autour de mon cou, des frissons parcourir la peau du prédateur en dessous de moi... sa langue passer sur ses lèvres, ses hanches onduler, son entrejambe caresser la mienne.
Sans que nos regards ardents ne se quittent, je lui mettais le collier autour du cou. Un grognement de désir, des mains qui remontent le long de mes cuisses pour les stimuler.
Une fois le collier refermé, quand il voulut m'embrasser, je le retins en plaquant ma main sur le collier, le maintenant contre le matelas. J'étais stupéfait d'avoir autant de force physique, de tirer autant de plaisir et de satisfaction de le voir soumis à moi. Mon corps ne m'obéissait plus, mais je ressentais tout – et étant donné que je n'avais que ça, tout me semblait décuplé.
Après un grondement d'excitation, je plaquai mes lèvres sur les siennes, je prenai d'assaut sa bouche et, avec assurance, je menai la danse... L'autre tenta un geste, ce fut avec autorité que je plaquai sa main sur le matelas. Clairement, moi, je n'étais pas capable de ça... Et je crois que je le regrettais un peu.
L'expression débauchée et le regard mutin de mon amant ne laissaient pas réellement planer de doute sur ce qu'il allait se passer dans les prochaines heures.
J'aurais voulu en voir plus, en profiter réellement, pour essayer de comprendre ce qui liait ma Bête à la sienne, ce qui pourrait expliquer les raisons de cette soudaine entente mutuelle, si ce n'était que charnel ou plus profond que cela... À quel point je voulais savoir tout ça ! Surtout, je voulais déterminer si cela aurait des incidences sur moi ou sur Maximilian...
Cependant, tandis que je me voyais plaquer mes lèvres sur celles de mon amant, réclamant l'accès à sa bouche avec autorité, je me sentais partir... Comme si je commençais à m'endormir.
Inutile de lutter, je le savais bien. Ce qui ne m'empêchait pas d'essayer.
Soudainement, plus rien, en dehors des limbes profonds et sombres, une vague sensation de chaleur qui s'estompa peu à peu, tout comme ma conscience...
* * *
Le lendemain, je me réveillais avec l'impression d'être passé à la machine à laver. Physiquement et mentalement. À mes côtés, Maximilian dormait de plomb, vraisemblablement à bout de force, tout comme moi...
Mon corps était recouvert de morsures, de suçons, de griffures, tout comme le sien... et je ne savais pas si ça me faisait sourire ou rougir. Peut-être un mélange des deux.
À tâtons, je récupérais le haut de son sweat, qui avait échoué sur une chaise, puis l'enfilais sans attendre... Je profitais du toucher soyeux de l'intérieur, de son odeur naturelle mêlée à son parfum, avant de replonger dans les draps chauds.
Je me glissais jusqu'à mon amant, il écarta ses bras, comme s'il m'attendait, puis, une fois que je m'étais calé dans ses bras, les referma sur moi. Un baiser dans mon cou compléta le tableau, propageant en moi une onde de bonheur, quelque chose de chaud et plus qu'agréable.
Là, maintenant, je me sentais bien, à ma place et rien ni personne ne pourrait me faire changer d'humeur... Au fond de moi, je ressentais la présence de ma Bête, chaude et repue, dormant paisiblement. Elle se laissait sentir uniquement pour me tranquilliser, mais j'aimais croire que c'était pour qu'elle partage un bout de ce moment parfait avec moi, avec nous...
– Je meurs de faim, lança soudainement Maximilian, au bout de longues minutes de silence.
Il finissait à peine sa phrase qu'il se levait déjà, après m'avoir embrassé sur la joue. Je l'observai chercher son sweat désespérément – mine de rien, il faisait froid ici aussi, pas seulement sur l'île.
– Max ? l'appelai-je avec un sourire.
Il me lança un regard interrogatif, avant de comprendre que ce qu'il cherchait était déjà porté par un autre. Je notais le petit sourire qui naquit sur ses lèvres, tandis qu'il quittait la chambre pour rejoindre la cuisine. Je le suivais de quelques pas, plutôt content qu'il ne réclame pas son haut. Celui-ci tenait bien chaud et le fait qu'il y ait son odeur me plaisait grandement.
Maximilian préparait le petit-déjeuner, copieux, pendant que je l'observai, assis sur le plan de travail. Je sirotai mon café en le dévorant du regard sans me cacher.
Pendant que des saucisses grillaient, ce qui me creusait sérieusement l'estomac, Maximilian s'approcha de moi, m'embrassant avec une douceur qui contrastait bien avec la ferveur passionnée de sa Bête, la veille. Parfois, je me demandais vraiment ce qu'il avait bien pu se passer pour que l'un soit aussi différent de l'autre... Même s'ils semblaient s'accorder sur leurs sentiments vis-à-vis de moi, de ma Bête, ça ne m'empêchait pas de vouloir en savoir plus.
Après avoir abandonné ma tasse à côté de moi, je parcourais son torse musclé avec mes mains, le laissant mener le baiser langoureux. Je le sentais frissonner sous mes caresses un peu hésitantes... Ce qui m'encourageait à continuer. J'avais encore du mal à me sentir totalement à l'aise, encore moins prendre l'initiative comme ça.
Je repensais à ce que j'avais vu la veille, l'assurance autoritaire de ma Bête avec la sienne, et j'avais rougi vivement... Leurs petits jeux finiraient bien par nous atteindre un jour. Et ça me mettait mal à l'aise d'imaginer la réaction que Maximilian aurait. Pour le moment, en tout cas.
Quand il en eut assez de m'embrasser, il colla son front au mien et plongea ses iris dans les miens. J'avais toute son attention, comme si plus rien autour de nous n'existait plus... Comme si la terre avait cessé de tourner, que plus rien au monde, pas même respirer, ne valait la peine qu'on s'y intéresse. Je me sentais important. À ma place.
Cela dura un long moment, et j'aurais voulu le faire durer éternellement... mais la réalité nous avait rattrapé.
– J'ai quelque chose pour toi, murmurai-je alors, fuyant son regard.
– Pour moi ?
Je hochais la tête, ne sachant pas vraiment quoi dire.
Il m'accordait toute son attention, tandis que je lui présentais un sachet qu'il reconnut de suite à sa couleur et au logotype. C'était une bouteille de son whisky écossais préféré. Il en avait quelques bouteilles au Manoir, c'était loin d'être original, mais je n'avais pas réellement eu l'opportunité de trouver quoi que ce soit.
Son regard étonné m'interrogeait avant que ses lèvres se posent sur les miennes :
– Comment tu as fait pour acheter ça ? murmura-t-il en m'embrassant le cou.
– J'ai dû mentir et soudoyer, ce n'était pas joli à voir...
Je disais ça sur un ton léger, mais c'était vrai. Ce n'était pas (encore) possible pour moi de dire que c'était « pour la Saint Valentin », alors j'avais simplement changé par « pour son anniversaire ». Danny n'avait pas posé plus de questions que ça, sans doute estimait-il que j'avais peu l'occasion de faire les magasins seuls...
– J'ai dû m'engager à lui cuisiner quelques gâteaux avant de partir.
– Ça ne m'étonne pas venant de Danny.
Moi non plus, d'ailleurs. Même si je lui avais promis de lui rembourser la bouteille dès que possible, il n'avait pas voulu. Pour lui l'argent n'était pas vraiment important, mais exploser son taux de sucre avec des gâteaux et du chocolat, si. Ça me fit sourire de l'imaginer au Manoir, soumis au même régime alimentaire que moi.
Pendant que je me jouais la scène mentalement, Maximilian m'embrassa, perdant une main dans mes cheveux et l'autre le long de ma cuisse. Passant de l'extérieur vers l'intérieur en une longue caresse érotique. Des frissons me parcoururent l'échine quand je sentis Maximilian se rapprocher, à la recherche d'un contact plus intime...
Pendant que sa langue dansait avec la mienne, je sentais ma Bête frôler la surface. Elle ne prit pas le dessus, se contentant de profiter de l'instant, de prendre ce qu'il nous donnait, sans rien réclamer. Quelque part, ça me soulageait, même si je gardais à l'esprit qu'elle pourrait surgir à tout moment et m'envoyer dans les vapes sans que je ne puisse rien y faire...
Enfin, pour le moment, j'étais heureux que ça se passe ainsi, qu'elle voie ça après m'avoir laissé entrapercevoir ce qu'elle faisait avec sa Bête à lui... j'avais l'impression de trouver de la stabilité quelque part pour la première fois de ma vie. D'être en harmonie avec moi-même.
Et c'était presque ironique que soit possible grâce à ma Bête, après tout ce qu'il s'était passé, après tout ce que j'avais ressenti, après tout ce que j'avais entendu sur la Défaillance...
Mais je crois que pour le moment, il n'y avait que les mains et la langue de Maximilian parcourant mon corps qui existaient – et j'espérais que cela dure encore longtemps – si ce n'était toute l'éternité.
* * *
Voilà pour cet OS spécial ! Il y a également une illustration qui avec :
Haydn
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