Chapitre 16 - Zaiden 🥃

Bon sang, je suis parti tellement en trombe de chez moi que je n'ai même pas cherché à changer de vêtements. Me voilà aux portes d'un night-club, habillé d'un survêtement gris et d'un simple t-shirt noir, parfaitement inadapté à l'ambiance glamour du lieu. On est très loin de mes costards à vingt mille dollars, je le conçois.

Putain, Ava ! T'as vu ce que tu me fais faire ?

Les néons colorés du club se reflètent sur mes baskets, et je sens déjà les regards sceptiques des videurs qui me dévisagent.

L'un d'eux, un type baraqué avec une oreillette, s'avance vers moi, son expression trahissant son mépris. Si ce con savait qui j'étais, il ravalerait son rictus de dégoût. Je n'aurais pas dû garer mon Aston Martin dans la ruelle, mais débarquer aux portes de cet antre avec. Je suis certain que si je l'avais fait, ils m'auraient ouvert les portes en grand.

— On peut vous aider, monsieur ? Le club est plutôt... sélect, si vous voyez ce que je veux dire.

Je soupire, passant une main sur mon visage. Évidemment, je n'ai pas le temps pour ça et il commence déjà à me les briser. J'imagine que je vais être obligé de faire appel à mes amis Benjamin Franklin et Benjamin Franklin pour qu'ils me laissent passer.

Sans hésiter, je sors mon portefeuille et lui montre les deux beaux billets de cent dollars que j'ai entre les mains. Ses sourcils se froncent, mais ses yeux les regardent avec convoitise. Pas sûr que le propriétaire du local lui paie cent dollars pour ses services aujourd'hui. Avec moi, il aura touché le pactole. Puis, ma petite partie de poker de la soirée a été plutôt fructueuse. J'ai plumé Lex.

— Je cherche quelqu'un, dis-je sèchement. Si tu me laisses entrer, cet argent est à toi. Je veux juste entrer, retrouver la personne et ressortir. Je ne m'attarderai pas.

Il me contemple un instant, attrape le fric qu'il range rapidement dans sa poche et se pousse pour me laisser passer.

Mon but atteint, je ne traîne pas et m'engouffre dans le night-club, immédiatement happé par une ambiance électrique.

Une musique électro, agrémentée de touches de reggaeton, emplit l'espace, ses pulsations rapides et hypnotiques s'accordant parfaitement avec les lumières stroboscopiques qui balayent la pièce. Je déteste ce genre d'endroits, ils me filent la migraine, et je n'ai jamais eu la patience de supporter les meufs collantes et les mecs bourrés.

Des spots rouges et violets projettent une lumière tamisée, plongeant le lieu dans une atmosphère sensuelle, presque envoûtante.

Une odeur de sueur mêlée de parfums coûteux flotte dans l'air, mélangée à celle plus subtile de l'alcool qui déborde des verres. Le bar, illuminé d'un halo bleu, et parmi la foule, une silhouette, hissée sur le comptoir, se démarque des autres.

— Ava... grogné-je en la reconnaissant.

Elle se déhanche telle une gogo danseuse alors que les mecs autour sont à l'affut, tels des loups disposés à sauter sur leur prochaine proie. Ses mouvements sont lascifs, sensuels, et pendant un instant, je me retrouve comme un abruti en train de la dévorer des yeux. Elle s'accroupit sur le comptoir et commence à avancer à quatre pattes, le dos cambré, mettant en valeur ses fesses aux yeux de tous les dalleux du coin. Elle s'est crue dans Coyote Ugly ou quoi ?

Elle cesse d'avancer, demeure sur ses genoux tout en remuant son bassin dans des mouvements circulaires très évocateurs. Mon sang bouillonne dans mes veines tant je trouve ce spectacle tout aussi fascinant que déplorable. Fascinant, parce qu'elle bouge comme une déesse et déplorable, parce qu'elle se donne en spectacle devant plein de mecs qui veulent juste la baiser.

À bout, je me fraie un chemin parmi tous ces abrutis afin de rejoindre le comptoir au plus vite. Une fois devant Ava, elle ne tarde pas à me reconnaître, mais je remarque enfin ce qui ne va pas : elle est totalement torchée.

— Zaiden !!!! scande-t-elle en me gratifiant d'un grand sourire. Les gars ! Je vous présente Zaiden Reed ! Mon coloc !

Ouais, définitivement, elle est complètement bourrée. Elle exalte la joie de vivre. Au moins, elle a des cuites heureuses, elle ne pleure pas dans un coin comme s'il n'y avait pas de lendemain.

— Allez, Ava, descends de là, m'agacé-je en l'attrapant par le haut du bras. Je te ramène à la maison.

Sans attendre, je me fais huer par une bonne cinquantaine de mecs qui veulent continuer à profiter du spectacle.

— Remonte ta jupe, ma belle ! gueule quelqu'un.

— Ouais, laisse-nous voir ce qui se cache en-dessous ! crie un autre.

À gerber, vraiment !

Il vaut mieux pour eux que je ne les retrouve pas, parce que là, en ce moment, mes poings me démangent.

— T'es pas marrant, boude-t-elle comme une gosse de cinq ans. Je veux continuer à m'amuser.

— Ava, je te jure que si tu continues à te comporter comme une gamine capricieuse, tu vas avoir droit à une fessée.

Elle ne réalise pas le danger de la situation. Elle rit à ma menace, un rire cristallin, mais son équilibre vacille légèrement alors qu'elle tente de se lever sur le comptoir, m'obligeant à raffermir ma prise sur son bras.

— Je suis certaine que tu adorerais, lance-t-elle, ses mots légèrement trainants, accompagnés d'un sourire provocateur qui me fait perdre patience.

Ni une ni deux, je la hisse sur mon épaule comme un sac à patates porteuse d'une robe qui coûte la peau des fesses, ignorant ses cris indignés.

— Zaiden ! Mais qu'est-ce que tu fais ? Repose-moi tout de suite !

Elle martèle mon dos de ses poings, balance ses jambes contre mon torse. Son genou atterrit au milieu de mon estomac, mais au lieu de m'arrêter dans ma course, je continue à avancer.

— Elliot !! hurle-t-elle. Aide-moi !

En me retournant, je vois une fille aux cheveux roses que j'imagine être Penny et le gars de la veille, accompagné d'un autre type dont j'ignore totalement l'identité. Néanmoins, leurs mains entrelacées ne m'échappent pas, et soudain... j'ai très envie de tuer Ava. Elle a joué avec moi, m'a laissé sous-entendre qu'elle voulait s'envoyer en l'air avec lui alors que ce mec n'est visiblement pas très branché femmes.

Cette gamine va vraiment m'en faire voir de toutes les couleurs.

— Zaiden, c'est ça ? demande-t-il en s'approchant de moi.

— Je peux savoir pourquoi elle se dandinait sur le comptoir du bar ? C'est comme ça que vous prenez soin de vos amis ?

Certes, je les accuse de l'avoir laissée seule face à une bonne cinquantaine de chiens en chaleur, mais je n'apprécie pas non plus le fait qu'ils l'aient laissé boire sans l'arrêter. Eux, d'après ce que je vois, n'ont pas tant picolé que ça.

Je n'attends pas une réponse de leur part. En tenant Ava fermement contre moi, je me dirige vers la sortie du Saphyr sans...

— Mon Louboutin ! s'écrie Ava en perdant son escarpin droit à force de gigoter comme une pieuvre entre mes bras.

Rapidement, je jette un regard en arrière pour voir que son amie nous suit et qu'elle le ramasse avant que quelqu'un d'autre ne s'en empare.

— Zaideeeeeeen ! T'es vraiment chiant ! Laisse-moi descendre !

Cause toujours, tu m'intéresses !

Bon sang, est-ce que Shane a dû aller la chercher à des soirées lycéennes alors qu'elle était dans cet état ? J'ai raté cette étape de sa vie, mais j'imagine que ça ne devait pas être très différent à l'époque. Putain, depuis quand est-ce que je fais du babysitting ?

Une fois dehors, le videur me salue d'un mouvement de tête et sous le regard rieur de plusieurs personnes présentes, nous nous dirigeons vers la ruelle où j'ai garé ma voiture. Bien qu'il fasse chaud, au moins, une légère brise d'air circule, contrairement à l'intérieur de ce maudit club.

Lorsque nous arrivons auprès de mon Aston Martin, je me dépêche d'ouvrir la portière côté passager et d'y déposer Ava sans la moindre délicatesse. Elle atterrit sur le siège avec un hoquet de surprise, ses jambes encore désordonnées par son agitation.

— T'es vraiment rien d'autre qu'une brute épaisse ! m'accuse-t-elle, les joues rougies par l'alcool.

D'ailleurs, j'ai remarqué que son corps était bouillant. Putain, combien de verres a-t-elle bu ? Et surtout, pourquoi est-ce que ses amis ne l'ont pas arrêtée avant qu'elle se tourne en ridicule devant toute cette foule ?

Je me redresse, massant légèrement mon estomac là où son genou a atterri plus tôt.

— Et toi, t'es rien d'autre qu'une pauvre gamine inconsciente ! braillé-je en me battant avec elle afin de boucler cette maudite ceinture de sécurité. Danser sur un comptoir, devant une foule de types prêts à tout... T'as perdu la tête ou quoi ?

— Je prenais du bon temps, ok ? Tu sais ce que cela signifie s'amuser ou tu as complètement oublié le sens de ce mot ? me provoque-t-elle en tapant sur ma main pour que je la laisse tranquille.

Mes mâchoires se contractent et je recule d'un pas, les lèvres pincées, avant de dire une connerie que je pourrai regretter.

— Pourquoi t'as éteint ton téléphone ? soufflé-je, à bout.

Une femme m'a rarement autant agacé.

Face à ma question, elle se recroqueville sur elle-même, puis détourne le regard, avant de marmonner :

— Je ne sais pas de quoi tu parles.

— Ton frère t'a appelé pendant plus d'une heure et il m'a contacté pour que je vérifie que tu allais bien ! Tu crois que j'ai que ça à foutre que de quitter mon appartement à deux heures du matin pour m'assurer que t'es pas morte dans une ruelle ? T'as bu combien de verres, Ava ? Hein ?

Elle hausse les épaules.

— J'sais pas... Deux, trois verres.

Je renâcle, incrédule face à son culot et son mensonge.

— Deux ou trois bouteilles, tu veux dire.

Je claque sa portière et m'apprête à faire le tour de la voiture pour prendre le volant, lorsqu'en me retournant je vois Penny. Je suis tellement en colère que j'avais oublié sa présence. Elle s'avance vers moi, puis me tend l'escarpin que je saisis sans aucune délicatesse. Les faux amis qui laissent leurs proches déconner et se mettre en danger me foutent en rogne.

Jamais je n'aurais laissé Ava boire jusqu'à perdre le contrôle. Et là, c'est ce qui s'est passé. Elle était seule face à une horde de types prêts à la sauter à la moindre occasion. Certes, elle voulait s'envoyer en l'air, mais je doute qu'un petit gang-bang l'aurait branché. Rien qu'à cette idée, je frisonne d'effroi.

— On... on a vraiment voulu l'arrêter, bredouille-t-elle, mais...

— Si vous aviez vraiment voulu l'arrêter, vous auriez quitté le club et vous l'auriez ramenée chez elle.

Elle pourra dire ce qu'elle veut, ses excuses ne seront jamais valables pour moi. Ils n'ont pas bien agi, un point c'est tout. Ils voulaient sûrement continuer la fête et contrôler Ava dans son excès aurait ruiné leur délire. Je vois les choses ainsi.

— Je comprends que tu sois en pétards. Le coup du comptoir, j'ai voulu l'en empêcher mais elle est têtue comme une mule. Je suis allée chercher Elliot et Billy pour qu'ils m'aident et entre-temps, tu es arrivé. Je ne sais pas ce qu'elle a mais...

Elle se mord la lippe, comme si elle avait peur de trop en dire.

— Mais quoi ? grondé-je en lui lançant le regard le plus noir que j'ai en réserve.

— Elle avait l'air de vouloir oublier.

***

À moitié endormie sur le siège passager, Ava grogne lorsque je la prends dans mes bras pour monter à mon appartement. Une fois dans l'ascenseur, je me détends un peu, alors que son corps chaud et frêle repose contre moi. Ses bras autour de mon cou, elle murmure quelque chose qui ressemble à « Zaiden, t'es chiant », sa voix basse et alourdie par l'alcool.

Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur le vestibule, je me dépêche de monter les escaliers, puis la dépose un moment sur le canapé afin d'appeler Shane pour le rassurer. Ça fait près de trente minutes maintenant que je l'ai retrouvée, mais je n'ai pas encore eu le temps de le contacter. J'étais bien trop occupé à me prendre la tête avec elle et à conduire.

— C'est bon ? Elle est avec toi ? répond-il au bout de deux tonalités.

— Ouais...

— Je veux lui parler, lâche-t-il d'un ton autoritaire. Passe-la moi.

— Comment te dire qu'elle est complètement torchée et qu'elle est en train de pioncer ?

— Quoi ?

Je vais passer outre l'épisode du comptoir, sinon il serait capable de débarquer à New York pour sermonner son inconsciente de sœur. Demain matin, elle va m'entendre. On peut très bien s'amuser sans se mettre en danger, et d'après les paroles de Penny, elle s'est contentée de boire non-stop pendant toute la soirée. Mais qu'est-ce qui lui est passé par la tête, honnêtement ?

— Elle t'a donné du fil à retordre ?

— Ça va, soupiré-je, de plus en plus fatigué. Elle est juste têtue comme une mule et j'ai dû employer la méthode du sac à patates pour la sortir de cet endroit.

Shane ricane, et je ne peux m'empêcher de l'imiter afin d'évacuer la pression. Appuyé contre le comptoir de la cuisine, le regard rivé sur le mur, je ne peux m'empêcher de me demander ce qui se serait produit si je n'étais pas arrivé à ce moment précis. Qu'aurait-elle fait ensuite ? Retirer sa robe et leur offrir un strip-tease ?

Rien qu'à l'idée que ces sales types aient lorgné sur son corps, j'ai des envies de meurtre.

— Elle va bien ? Elle n'est pas blessée ?

— Non, c'est plutôt moi qui le suis. Elle m'a roué de coups, et je me suis mangé son genou en plein dans l'estomac. J'ai bien cru que j'allais la jeter dans l'East River pour me débarrasser d'elle.

Derechef, mon ami s'esclaffe, bien plus détendu que lors de son précédent appel. Néanmoins, j'ai plein de questions qui tournent dans ma tête. Comme le fait qu'Ava ait un traceur dans son téléphone, par exemple. C'est quand même assez tordu, non ?

Pourtant, quelque chose au fond de moi me dit qu'il ne me répondra pas si je demande. Après tout, ce sont leurs affaires, et si Ava accepte qu'on la suive à la trace, qui suis-je pour m'en mêler ? Shane ne ferait jamais rien sans son approbation, et je sais qu'il a sans doute une bonne raison pour faire preuve d'autant de paranoïa.

Qu'ai-je donc raté au cours de ces dix dernières années ? Jusqu'à présent, ça ne semblait pas me poser problème. Mais cette nuit... j'ai l'impression d'avoir raté de nombreux épisodes d'une série et de débarquer en plein milieu d'une saison.

— Prépare lui ton cocktail pour les lendemains de gueule de bois, me conseille-t-il. À coup sûr, elle ne voudra plus jamais se bourrer la gueule.

Il y a des chances. Ce mélange réveillerait un mort tant il est dégueulasse, mais il n'en reste pas moins efficace.

— Compte là-dessus, ricané-je, amusé rien qu'à l'idée de l'imaginer avaler ce truc. Je te laisse. Je vais la border et retourner me coucher.

— Mec, commence-t-il alors que je suis sur le point de raccrocher. Merci, pour tout. Pour l'avoir accueillie chez toi et de prendre soin d'elle. Comme aux bons vieux temps.

De la bile remonte le long de ma gorge, et je serre les dents. Pourquoi est-ce que je me sens comme une pauvre merde à présent ? Si Shane savait les pensées que j'aies vis-à-vis d'Ava, je ne suis pas certain qu'il me remercierait. Au contraire, il me maudirait et me souhaiterait que ma bite se gangrène et tombe.

Avant de répondre, je me racle la gorge.

— Ouais, c'est rien. Je vous dois bien ça.

Après tout, sa famille a tant fait pour moi... Même si je veux laisser ma vie à Napa derrière moi, je ne pourrai jamais oublier à quel point la famille Lincoln a été bonne avec moi. Ils m'ont recueilli et traité comme si j'étais un membre de plus. Toutefois, ces souvenirs heureux n'empêchent pas les mauvais de refaire surface, puisqu'ils sont étroitement liés.

— Je te laisse. Salut.

Puis je mets fin à notre conversation, sans lui donner l'opportunité de rebondir. Je déteste parler de mon enfance, de mon adolescence et du début de ma vie d'adulte. Les sentiments qui ressurgissent ne me font aucun bien, et même si la rancœur m'a aidé à avancer et à devenir celui que je suis aujourd'hui, je ne tiens pas à m'y replonger plus que nécessaire. Tout ce que cela m'apporte, c'est une douleur sourde et une colère que je ne peux jamais totalement éteindre. Ce soir, encore une fois, ces souvenirs viennent me hanter, comme des fantômes frappant à une porte que j'essaie désespérément de barricader.

Je repose mon téléphone sur le comptoir, inspirant profondément pour chasser ce flot d'émotions. Ce n'est ni le lieu ni le moment pour m'abandonner à mes pensées.

— Zaiden ?

La proximité soudaine d'Ava me fait sursauter. Bon sang, je ne l'ai pas entendu se lever. Pieds nus, elle se tient à côté de moi alors que mon cœur manque de me sortir par la bouche.

Ses yeux sont injectés en sang, et même si elle a somnolé un peu, l'effet de l'alcool est toujours là. Elle n'arrive pas à se tenir droite sans tituber. Comment a-t-elle fait pour arriver jusqu'ici depuis le salon sans se vautrer ?

— Quoi, Ava ?

Mon timbre rauque montre parfaitement mon agacement. Cette nuit est une véritable plaie.

— T'es fâché ?

— Ouais, tu ne me rends pas la tâche facile, gamine.

Je la vois se tendre de la tête aux pieds, puis serrer la mâchoire, alors qu'elle détourne le regard.

— Je... je ne suis pas une gamine, rétorque-t-elle, piquée à vif.

Sans problème, je comprends qu'elle déteste que je m'adresse à elle comme si elle avait encore dix ans.

— À mes yeux, tu le seras toujours.

Elle tressaille puis me foudroie de ses prunelles vertes. Il s'agit d'un rappel pour elle, mais également pour moi. Je ne dois pas oublier qui elle est, d'où elle vient et ce qu'elle représente. Même si je la trouve à croquer habillée de cette robe qui épouse chacune de ses formes à la perfection. À croire qu'elle a été confectionnée pour elle et rien que pour elle, au lieu d'être du prêt-à-porter.

— Tu veux vraiment me faire croire ça ? réplique-t-elle, la voix traînante et le regard rempli de malice.

Un petit sourire s'esquisse sur le coin de sa bouche, et au moment où je m'apprête à lui faire comprendre qu'il est temps d'aller dormir... elle m'accule contre le plan de travail, ses mains se plaçant sur mes hanches.

Pendant un instant, mon esprit se fige, tout comme chaque atome de mon corps. La chaleur que ses mains irradient traverse le tissu de mon t-shirt alors qu'elle se plaque contre moi. Elle presse sa poitrine contre la mienne, balade ses doigts sur l'élastique de mon pantalon de jogging et... continue plus bas. Elle m'effleure, mais ce simple geste est suffisant pour réveiller ma queue endormie. Bordel, qu'est-ce qu'elle me fait ?

— Ava, grogné-je en reprenant mes esprits.

— Oui ?

— Arrête ça tout de suite.

— Arrêter quoi ?

Sa question est suivie par un bref baiser sur mon cou. Un courant électrique me parcourt de la tête aux pieds tandis que j'étrangle un grognement sourd, pratiquement animal. Elle continue, passant langoureusement le bout de sa langue sur ma pomme d'Adam.

Je ne la touche pas. Je m'accroche aux rebords du plan de travail pour m'empêcher de faire une énorme connerie.

— Ava, je t'ai dit d'arrêter ! grogné-je, plus fort cette fois, mon ton trahissant la lutte acharnée que je mène contre moi-même.

Elle relève la tête, son regard brumeux croisant le mien. Ses prunelles vertes, amplifiées par l'alcool, brillent d'une intensité dangereusement séduisante.

— Tu es certain que tu veux que j'arrête ? me provoque-t-elle d'une voix basse, presque un murmure, teinté de malice.

Son souffle effleure mon visage, et chaque mot qu'elle prononce semble allumer une étincelle supplémentaire dans ce brasier intérieur que je m'efforce d'éteindre.

— Non, je pense plutôt que tu veux me baiser.

Je clos mes paupières et prends sur moi, de plus en plus à bout. Elle joue avec moi, comme la veille, mais cette fois... c'est pire. Elle est ivre, désinhibée et ses filtres se sont fait la malle. Sans parler du fait qu'elle est en manque de sexe, et que... je suis un mec. Un mec qui bande lorsqu'elle le touche. Et ça, ça ne lui a pas échappé.

— Tu dis n'importe quoi.

Elle ricane, puis pose à nouveau sa main près de mon entrejambe. Sa proximité, sa chaleur, son parfum et son corps font réagir mon membre comme aucune autre avant elle. Je suis déjà dur, au point où cela devient douloureux.

— Je veux te chevaucher, murmure-t-elle à mon oreille. M'empaler sur toute ta longueur... et te sentir au fond de moi.

Son chuchotis me frappe comme une décharge électrique, envoyant une vague de désir brut à travers tout mon corps. Je serre les mâchoires, mes poings crispés sur le bord du plan de travail, luttant désespérément pour garder le contrôle.

— Je rêve d'être à genoux entre tes jambes et de te prendre dans ma bouche...

Ses mots m'atteignent comme un coup de poing dans le ventre, me coupant le souffle. Putain, elle est tellement belle et séduisante... Mais elle est ivre. Et ce n'est pas juste la seule raison pour laquelle je ne peux pas la retourner, l'acculer contre le comptoir de ma cuisine, soulever sa jupe et m'enfoncer en elle jusqu'à atteindre la délivrance entre ses chairs chaudes et moites.

Je ne suis pas le genre de salopard qui profite d'une femme saoule. Et encore moins le genre de connard qui se tape la petite sœur du mec avec qui il a grandi, et qui est dix ans plus jeune.

Pourtant, faire appel à mes souvenirs d'enfance ne diminue en aucun cas cette horrible trique qui menace de trouer mon pantalon. Putain, je me sens tellement à l'étroit !

— Ava, ça suffit, grondé-je, ma voix gutturale, chargée de tension.

Amusée, elle se hisse à nouveau sur la pointe des pieds, rapprochant son visage du mien, ses lèvres frôlant mon oreille.

— J'ai envie de te goûter, Zaiden. De sentir ta chaleur, ton goût sur ma langue...

Chaque mot qu'elle murmure, chaque soupir qu'elle émet semble me tirer un peu plus au bord de l'abîme. Je sens mon cœur tambouriner dans ma poitrine, ma respiration s'accélérer.

Je ne peux pas céder, ni aujourd'hui, ni jamais. Elle ignore tout de moi, de quel genre de relations j'entretiens avec les femmes. Si elle savait de quelle façon j'utilise Heather, je suis certain qu'elle serait dégoûtée.

Je ne peux pas être à elle. Même pour une nuit. Je suis conscient que si je dépasse les limites, tout sera fichu. Pour toujours. Et il n'y aura pas de machine arrière possible, même si... en cet instant je lutte comme jamais pour maintenir la tête froide parce que je l'imagine sans mal me sucer, puis me chevaucher, et crier mon nom dans une explosion de plaisir. Et je m'imagine grogner le sien tandis que je la pénètre sans relâche, jusqu'à finir tous les deux épuisés, nos corps en sueur, nos membres tremblants et nos respirations hachées.

Oui, je n'ai aucun mal à me projeter lui faire de très vilaines choses... Et bordel, je me sens comme une merde pour ça.

— Ava...

Aucune réponse.

C'est alors que j'entends un ronflement, et je manque d'éclater de rire tant cette situation me semble délurée.

Elle vient de s'endormir sur la pointe des pieds, ses bras autour de mon cou et son visage niché contre mon torse.

Il me faut quelques secondes pour me ressaisir et je soupire de soulagement, remerciant le ciel de m'avoir offert une telle issue. J'ignore combien de temps j'aurais pu résister.

Sans mal, je la rattrape et la porte en berceuse jusqu'à sa chambre, où Buddy l'attend, couché sur le lit. En me voyant entrer, de peur que je ne le gronde, il descend et je me dépêche d'allonger sa maîtresse sur le matelas ainsi que de retirer son unique escarpin. J'ai oublié l'autre dans la voiture.

Le corps en tension, je quitte la chambre après avoir couvert Ava de sa couette. Puis une fois dans la mienne, je me laisse choir sur mon lit, à bout, alors que les lueurs de l'aube s'infiltrent déjà à travers les vitraux.

— Putain, Ava...

Un mélange de colère et de désir me consume de l'intérieur. Toutes ses paroles indécentes ne quittent pas mon esprit, augmentant cette tension dans mes membres et dans ma queue.

Je sais alors que je ne trouverai pas le sommeil.

Comment le pourrais-je ?

❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️❤️

Eh oui ! C'était l'avant goût au complet 🙈

Ava alcoolisée, c'est quelque chose 🤣 En tout cas, Zaiden déguste comme pas permi 🤣 D'abord Ava qui lui tient tête, ensuite Ava qui se montre entreprenante... avant de s'endormir 🤣🤣🤣 Le réveil va être drôle 🤣

Bref, j'espère que le chapitre vous a plu ! 

On se retrouve samedi pour la publication du chapitre 17. 

Bisous ! ❤️

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