❗️ Deux chapitres ce soir car demain je risque de ne pas en avoir le temps ! Bisouuus ! ❗️
Toute mon angoisse refait surface lorsque je me couche et sens son odeur imprégnée dans les draps. Pour beaucoup, cette angoisse semblerait clairement puérile, pour ma part, elle me ramène à un sentiment que je n'ai plus éprouvé depuis bien longtemps. Celui de "l'abandon", celui-là même qui m'a hanté lorsque j'ai perdu mes parents. Ce sont les dernières personnes que je me rappelle avoir aimées et ils sont morts. Me laissant seul à l'orphelinat et aux familles d'adoptions comme une tare dont personne ne voudrait jamais. C'est dur de ma part, bien sûr ils n'ont jamais voulu subir cet accident et j'étais choyés étant enfant. Une vie heureuse dans une famille heureuse. Mais lorsqu'on perd tout si jeune, on s'imagine et surtout on ressent un tas de choses, aussi horribles et éloignés de la réalité soient-elles.

Je me raisonne du mieux que je peux, une gonzesse que je connais si peu ne peut pas "réellement" m'abandonner. Il n'y a rien de concret entre nous, il faut avoir des liens spéciaux pour ce genre de sentiments. Quand je m'endors, je suis tiraillé d'un cauchemar à un autre. En sueur à cinq heures trente du matin, j'estime que ça a assez duré et me lève pour un run afin d'évacuer la tension accumulée, ensuite je ne me laisse pas une minute pour ruminer et tombe K.O. au soir.
Le lendemain, pareil, pourtant je ne peux m'empêcher de regarder mon téléphone toutes les heures mais comme je m'y attends, toujours rien. Et s'il lui était arrivé quelque chose ?
Non, j'aurais eu des échos au pub. Je m'endors sur ce demi soulagement.

Six heures du matin, running, douche, boulot, muscu, douche et un piètre repas sur le pouce. Je me résigne peu à peu à ne recevoir aucune nouvelle, qu'elle aille au diable. Au fond si elle avait parlé au lieu de partir "on" n'en serait pas là...
Ouais pauv' con sauf que tu avais capté aussi que ça n'allait pas et t'as rien fait...
Elle a été dans mon portable sans prévenir !
Voilà, pour aujourd'hui ça fera l'affaire, je peux me cantonner là-dessus pour réussir à lui en vouloir.

Cinq heures quarante-neuf du matin. Je voudrais ressortir courir mais tous mes muscles me brûlent, j'ai des courbatures partout, je fais une overdose de sport ! Je me contente de  sortir uniquement pour le boulot, pour le reste du temps, je suis complètement amorphe et morose.
Je tiens vraiment à elle, pourquoi elle en particulier et maintenant? Je n'en sais rien mais c'est comme ça...!
Étrangement, formuler et accepter cette pensée me fait me sentir plus léger mais mon humeur n'en reste pas moins maussade.

Ça y est !
Dernier jour avant qu'elle ne rentre !
Cinq jours qu'elle est partie et qu'elle ne m'a donné aucune nouvelle, qu'elle ne décroche ni ne répond à mes messages non plus.
Mais qu'est-ce qu'elle fout ?!
Je tourne en rond comme un lion en cage chez moi. Je serais prêt à aller la rejoindre mais je n'ai même pas son adresse là-bas. Merde, elle me manque à un point que c'en est douloureux. J'ai besoin de l'entendre, de savoir qu'elle me reviendra, que ce voyage ne l'a pas fait passer à autre chose. J'ai besoin de sa présence dans ma vie tout simplement !
Avant de la rencontrer, j'avais le contrôle de tout et tout me semblait facile mais maintenant, je comprends aussi que toute mon existence était vide de sens. Grâce à elle, je commence à ressentir toutes ces choses dont on parle dans les livres. Tout n'est pas noir ou blanc, elle ajoute une tache de couleur chaque jour et me donne une nouvelle raison de me lever chaque matin.
Pas le choix, il faut que je la revois.

Après vérification, il n'y a qu'une seule arrivée de l'eurostar demain, c'est parfait, je l'attendrai sur place...
Ne me reste plus qu'à patienter...

En vérifiant mon portable pour la énième fois sur une semaine, un Émail m'interpelle.
Ce prénom... Maxine, sa meilleure amie...
L'inquiétude me gagne, le temps que ce dernier s'ouvre est court mais j'ai quand même le temps de me poser un tas de questions. Et s'il lui était arrivé quelque chose, qu'est ce que je ferais ?!

L'émail est terriblement long, je suis de plus en plus inquiet mais aussi intrigué. Et si ce n'était pas ce que je crois ? Personne ne prend le temps d'écrire autant lorsqu'un accident se produit.
Et si ce n'était pas la personne que je crois ?
Mes yeux parcourent les mots sans les lire jusqu'à ce qu'ils enregistrent le seul que je cherche : "Elena".

Un verre dans ma main tremblante, je m'assieds et commence à lire tout le contenu du courriel.

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