L'or maudit du dragon
Bonjour à tous! J'espère que l'isolement se passe bien pour vous, je vous embrasse fort ! ♡
Smaug était mort, mais la ville n'en avait encore rien su. Certains imaginaient déjà le dragon s'échapper de la montagne, soufflant sa colère sur la ville, la détruisant en représailles. Mais cela n'arriva pas. On vit simplement un vieillard monté sur un grand cheval blanc rejoindre la grande porte. On lui autorisa à prendre un bateau pour monter sur la montagne, après tout il avait su se montrer très persuasif lorsqu'il menaça le Bourgmestre avec son grand bâton tordu et noueux. Et enfin, il put monter sur le pic solitaire accompagné de son fidèle destrier. Mais, plus haut, dans la demeure des nains, on s'afférait ! le cadavre du dragon avait été bien difficile à déplacer si bien qu'on ne put que le jeter dans l'immense lit de la rivière qui passait dans la forge. Ici, on se servait de l'eau pour refroidir l'or et donc le dragon suivit le chemin de l'eau, glissant depuis l'intérieur de la montagne vers le lac où il trouva le fond. On pourrait penser que cette aventure était enfin terminée, si bien que certains songeaient déjà à leur part du butin en parcourant les salles aux trésors, mais ils ne savaient guère que quelque chose d'autre grandissait à l'intérieur de la montagne. Une ombre venait de se poser sur le pic, alors que l'hiver soufflait déjà violemment entre les pierres de la grande porte d'entrée. Thorin... Ô Thorin... tous le regardaient à présent avec un œil étrange, tandis qu'il montait et remontait les halls de sa demeure, admirant l'or et se voyant se noyer à l'intérieur. Tous avaient peur de son regard devenu froid, dur... meurtrier. Tous faisaient de leur mieux pour s'éloigner de lui, et Bilbon ne faisait guère exception.
Ainsi, après de longues discussions avec le chef de la compagnie, on autorisa les elfes et l'homme à retourner en ville pour apporter des denrées. La compagnie initiale se retrouva alors de nouveau réunie, mais bien des choses avaient changé depuis. Le petit Hobbit grimpa alors dans la salle la plus haute de la demeure, où un feu brûlait dans la cheminée. Une lueur dorée baignait la pièce aux murs de pierres vertes et bleues. Tout ici semblait chaud, douillet, tandis que plusieurs peaux étaient conservées dans un coin de la pièce, et qu'un immense lit de paille avait été abandonné depuis longtemps par ses propriétaires. Il s'agissait surement d'une chambre appartenant à un grand marchand de l'ancien royaume de Thror. Ici, les nains avaient essayé de remettre en ordre les pièces, débarrassant os et squelettes qui jonchaient le sol dans certaines salles. On pleura beaucoup tant de morts lorsqu'on leur donna une sépulture. Cela prit une semaine, et enfin la ville avait pu revivre -du moins en quelques sortes.
C'est ainsi que Bilbon entra dans la pièce, juste accompagné par les bruits de ses pieds nus raclant et claquant sur la pierre lisse. Il avait attrapé plusieurs peaux qu'il plaça dans le grand lit rond pour en faire un petit nid douillet. Il avait le cœur étrangement brisé alors qu'il avait réussi sa mission, qu'il avait été un bon cambrioleur, mais il avait l'impression qu'il avait perdu quelque chose en venant ici. Il avait l'impression d'avoir quitté ses dernières manières, d'avoir piétiné ses dernières bonnes pensées, et à présent... que faisait-il tandis que la méfiance grandissait dans les cœurs de tous ? En effet, on avait parfois parlé de l'Arkenstone, on avait même questionné Bilbon à ce sujet, et il n'avait jamais laissé entendre qu'il l'avait trouvé ce jour-là. Il ne savait guère comment faire. Il s'imaginait donner la pierre de pouvoir à son prince, faisant de lui à nouveau un roi, voir briller ses yeux de reconnaissance, de joie et d'amour. Mais... Thorin avait à présent un regard si noir qu'il avait peur qu'une telle chose entre ses mains le rendrait encore plus malade. Il se demandait même si cette pierre n'avait pas quelque chose de maléfique, ou trop magique. En effet, lorsqu'il enfilait son anneau, il lui semblait que la pierre lui parlait, comme si elle désirait être regardée, admirée, adulée... Et comme Bilbon avait peur que cela ne brise encore plus Thorin.
Il s'installa alors dans le grand lit encore un peu poussiéreux, où il commença par se couvrir jusqu'aux oreilles avant de fouiller dans sa poche pour sortir un petit objet avec lequel jouer. Il faisait alors rouler entre ses doigts un petit gland qui était tombé dans sa poche un jour alors qu'ils avaient fuit en forêt. Il songeait à le planter dans son petit jardin lorsqu'il entendit des pas remonter le couloir de pierre. Il se redressa alors avec lenteur et regarda l'entrée de la chambre. Cela ne prit guère longtemps avant que n'apparaisse un nain à la barbe courte et au manteau en peau de Warg. Il n'avait guère enfilé les atours des rois, même si beaucoup l'avaient encouragé à le faire. Mais sans la pierre du Roi il ne se considérait guère comme capable d'enfiler de grands manteaux de fourrures, ou de poser sa couronne sur son front soucieux. Il regarda alors tristement son ami hobbit tandis qu'il avait fermé la porte de bois pourrit.
« Puis-je... puis-je entrer ? »
Comme la chose était déjà faite, Bilbon se contenta de hocher de la tête et vit Thorin s'approcher du grand lit où il s'assit.
« Bilbon, mon ami. Pourquoi... Pourquoi suis-je si triste alors que mon royaume est enfin libéré du dragon. »
Le hobbit s'approcha lentement et posa une main délicate sur l'épaule du suzerain. On vit alors le nain se tourner vers le semi-homme avant qu'il ne sente cette petite main l'allonger sur les fourrures de ses ancêtres. Jamais encore on avait vu une lueur si triste dans le regard d'un roi, qui, si amaigrit se contenta d'observer son ami.
« Thorin... votre peuple a été blessé... et chaque perte d'un des vôtres à creusé un trou dans votre poitrine. » Bilbon posa alors quelques doigts contre le torse du prince. Il caressa avec tendresse cette zone, juste au-dessus du cœur. « Quel Suzerain serait heureux de retrouver une ville en ruines, froide, sentant le dragon et la chair brûlée ? Thorin, vous ne pouvez espérer sourire en voyant une telle désolation... mais quelque chose me fait si peur... »
Thorin se redressa sur ses coudes pour s'approcher un peu plus du hobbit dont le nez tout rond était à présent si près du sien. « Quelle... quelle peur ronge votre cœur. »
« Thorin. Vos yeux sont si attirés par les richesses de votre peuple. Je vous en prie, ôtez cette drôle de lueur dans votre regard lorsque vous parcourez les salles aux trésors. Balin m'a dit qu'autrefois, votre grand-père avait perdu la tête lorsqu'il avait eu tant d'or face à lui. Qu'une maladie de l'esprit l'avait rongé. Je ne peux imaginer de vous voir devenir ainsi... »
Le nain posa alors sa main sur la joue de son ami alors qu'un faible sourire avait orné ses lèvres pâlies. « Oui... l'or a été, de plus, couvé par un dragon vil et meurtrier... chaque fois que je regarde cet or, je vois mon peuple qui l'a forgé, je vois mon père, je vois mon grand-père, je vois tous ceux qui ont été perdus. » Thorin posa lentement son nez contre celui de Bilbon, tandis qu'il se mit à murmurer. « Mais... je ne comprends pas. Les prophéties des hommes disaient que le lac devait briller et brûler. Se seraient-ils trompés ? »
Bilbon eut un rire faible et secoua la tête. « Les prophéties ne se trompent jamais, regardez, vous voilà à nouveau dans votre demeure. Mais là où le malheur est annoncé, le malheur sera. Nous en saurons plus au retour de Bard Thauriel et Legolas. »
Thorin hocha faiblement de la tête avant de lentement glisser son visage vers le cou de Bilbon où il se lova un instant. Le hobbit ressentant la fatigue qui accablait son prince, le fit allonger confortablement, glissant une main dans ses longs cheveux pour maintenir son visage contre sa peau et ainsi protéger ses yeux de la lumière du feu. C'est ainsi qu'ils se couvrirent et trouvèrent un sommeil bien mérité, mais pourtant si frustrant. En effet, le petit homme avait eu bien du mal à s'endormir lorsqu'il vit les yeux apaisés, mais pourtant si fatigués de son chef de compagnie. Il sentait encore la chaleur de l'Arkenstone dans son veston, et il refusait de la garder plus longtemps alors que des salles et des salles plus bas on le cherchait sans s'arrêter pour rendre sa légitimité au descendant de Durin. Il n'avait guère le droit de garder cet objet, il n'appartenait même pas à son peuple, et même s'il l'espérait, le souhaitait et le priait avec toute la ferveur du monde, il ne se transformerait pas en nain. Il soupira alors longuement, serra Thorin dans ses petits bras amaigris par Dame Aventure, et enfin il trouva le sommeil.
À son réveil, le feu était déjà mort, et son ami avait déjà quitté les couvertures. En partant, il l'avait correctement couvert sous son grand manteau de Warg gris que Bilbon caressa avec une grande tendresse. Il avait le cœur affreusement lourd alors qu'il enfila lentement le manteau bien trop grand pour lui. Il devait à présent vider son cœur, purger toutes ses mauvaises idées, et enfin donner cette pierre du Roi à Thorin. Il parcouru alors les couloirs, ignorant tous les sons provoqués par des pièces s'entrechoquant alors qu'on creusait dans la grande salle, voulant seulement trouver son Prince Nain. Mais lorsqu'il le trouva, il fut rapidement attrapé par les épaules et ramené sous le regard tendre et bleu.
« Oh Bilbon, mon ami vous voilà ! j'ai besoin de vos conseils... j'ai l'impression qu'ici, tous se servent de moi, l'homme, les elfes, et mes nains. Je suis sûr qu'ils me trahissent, qu'ils se remplissent les poches de mon or, qu'ils m'ont volé l'Arkenstone ! »
Bilbon avala durement sa salive et ouvrit la bouche, mais il fut vite coupé.
« Vous êtes le seul en qui j'ai toute ma confiance, le seul qui m'a offert protection et réconfort lorsque je me sentais au plus bas. Ô Bilbon, je me dois de vous rendre la pareille. »
Le roi tourna sur lui-même et prit sur une étagère une cotte de maille aussi brillante que l'argent, magnifiquement tricotée par les mains des nains, alors que le col d'or était parsemé de joyaux délicats et colorés. Jamais le hobbit n'avait vu une aussi belle manufacture, pas même chez les elfes dont les fioritures et autres ajouts ne semblaient jamais superficiels sur leurs arts. Mais ici, tout semblait encore plus à sa place, encore plus destiné à se mettre sur cette cotte de maille.
« Ceci, est une cotte de maille en Mithril. Cette matière est prise dans les mines de la Moria, où les roches regorgent de ce métal le plus dur, le plus souple et le plus constant jamais connu. Et je veux vous l'offrir Bilbon. »
Le petit Hobbit ne savait que dire alors que le Prince nain lui enfilait la cotte qui lui scia parfaitement. Elle se posa avec légèreté sur son petit torse sans même alourdir ses épaules, et lorsque le col d'or toucha sa peau, il ne le senti qu'à peine. Tout à propos de cette cotte était magnifique, incroyable et délicat. Les petits doigts du semi homme se posèrent alors sur le métal qui cliqueta faiblement au passage.
« Thorin, c'est magnifique... »
Le nain eut un sourire. « Ce n'est rien, je sais que vous en ferez une belle utilité, après tout vous êtes un grand guerrier maintenant, vous avez tué un dragon ! et qui sait, peut-être votre famille aura son histoire elle aussi. Peut-être votre enfant voudra porter cette cotte. »
Quelque chose se brisa dans la poitrine de Bilbon alors qu'il regardait dans les yeux bleus de son ami nain. Pensait-il encore que le cœur de ce semi homme était à prendre ? Ne ressentait-il pas le même attachement ? Bilbon avait cru un instant que Thorin l'avait aimé, au moins un peu, mais cet espoir avait été réduit en poussières en une simple phrase. On vit donc le petit homme tendre à Thorin son manteau de fourrure avant de soupirer longuement.
« Vous devriez garder confiance en votre compagnie, ils sont ceux qui ont toujours été là cette dernière année, et personne d'autre qu'eux ne vous a aidé à tuer celui qui dormait dans votre demeure. »
Thorin prit son manteau tristement et hocha de la tête. « Vos paroles sont justes et éclairées. »
Bilbon eut alors un faible sourire et marcha à nouveau, mais cette fois un grand cri attira son attention, c'était Kili qui s'exclamait avec force. Ses grands pieds le menèrent donc à la source du cri et le hobbit se retrouva en haut d'une immense porte, celle qui avait la vue directe sur la ville du lac. Au loin, on voyait qu'un grand feu avait prit dans la minuscule ville alors que des bateaux s'approchaient de la côte pour espérer se sortir d'une telle situation. Mais on voyait bien plus de choses encore se profiler à l'horizon. Des hommes marchaient vers la montagne, une armée avait été levée, et elle s'approchait à grands pas ! Au loin, on voyait également les oiseaux quitter les sommets des montagnes, et on savait que toute cette panique ne disait rien de bon. On eut un hoquet en haut du pic solitaire tandis que Thorin était de nouveau si sombre.
Il se précipita à l'intérieur vers un grand bureau de chêne où traînaient encre plume et parchemin. Il écrivit dans sa langue des anciens et murmura, la peur et la fièvre pâlissant son visage.
« Je vais appeler mes cousins des montagnes de fer, ils doivent lever une armée pour protéger le pic, ils viennent ici me reprendre mon royaume ! »
« Thorin ! Je vous en prie réfléchissez ! Et si ces personnes qui marchaient vers nous ne voulaient combattre, je veux dire, les hommes de la ville ont subit une attaque vraisemblablement, et si cette armée que nous avions vue au loin était venue nous protéger de ceux qui ont fait du mal aux hommes ! »
« Vous êtes bien naïf de penser ainsi Bilbon ! et si cette armée elfique qui marchait vers nous venait pour mettre la main sur notre trésor ? Aurions-nous la force de leur résister à quatorze ? Non ! il me faut me prémunir ! » il prit les épaules de son hobbit et renifla faiblement. « Partez-vous mettre à l'abris. »
« S'il faut combattre je serai là. »
« Bilbon, vous ne devez combattre ! »
« Vous disiez il y a peu encore que je suis un guerrier à présent ! »
« Vous l'êtes, mais je dois parler aux elfes, aux hommes, et à qui qui puisse s'approcher de nos portes. »
Bilbon avala lentement sa salive et secoua lentement la tête. Mais, alors que le Prince sous la montagne allait répliquer on entendit un grand cri grave à nouveau venant de la porte. Mais cette fois c'était bien différent, et il ne fallut que peu de temps à notre hobbit pour reconnaître la voix de ce visiteur. Il se précipita alors vers la grande porte d'où venaient les grandes exclamations de joie avant de voir en contre bas son ami, son vieillard magicien, son cher Gandalf ! son chapeau pointu était toujours aussi pointu, et son bâton bien qu'un peu plus tordu était toujours aussi brillant de magie.
« Oh Gandalf mon ami ! Vous revoilà ! »
Le magicien hocha de la tête et répliqua. « Bonjour Bilbon, je suis heureux de vous voir en vie ! »
Le hobbit fut étrangement vexé de cette affirmation tandis que Thorin c'était approché et avait hurlé. « Vous arrivez après le combat, quel courage ! »
« Au contraire, je viens en avant Thorin. Une armée marche vers vous. »
« J'en suis conscient ! Les elfes et les hommes s'approchent d'ici ! »
« Ce sont des amis, mais il n'y a guère que des amis qui s'approchent de ces terres. J'ai parcouru les ruines d'une forteresse bien loin d'ici, Dolguldur. Un Nécromancien s'y trouvait, et il levait une armée de gobelins qui s'approchent pour venger la mort de leur roi plus loin dans les montagnes de brumes. Leurs armées sont chargées de monstres, ils veulent récupérer votre royaume. Les elfes et les hommes vous aideront, mais vous devez leur ouvrir votre cœur. »
« Comment pourrais-je croire celui qui nous a abandonné devant une forêt maudite où nombre d'entre nous ont failli mourir ! »
« Et j'en suis désolé, mais sans mon départ vous auriez été surpris de leur arrivée, vous n'auriez eue aucune armée sous le bras, et vous auriez été perdu. »
Bilbon eut un large sourire en voyant la bienveillance du magicien, mais le prince n'était guère du même avis. Son esprit avait été corrompu depuis bien longtemps par l'or sentant le dragon, et ses pensées devenaient si amères qu'on cru bien que Thorin allait décocher une flèche sur son vieil ami Gandalf.
« Partez ! et ne me récitez plus jamais vos vieilles stupidités ! vous nous avez abandonné à notre sort alors que vous deviez nous aider avec Smaug. »
« Ce n'était pas mon aventure, ce n'était pas écrit ainsi, je devais aller à Dolguldur. »
« Thorin je vous en prie raisonnez-vous, Gandalf est notre ami, il ne nous ferait jamais de mal ! »
Sous la colère le nain attrapa par son veston le hobbit et le secoua vivement. Et c'est alors qu'on entendit un grand choc sur la pierre, et tous, intrigués se tournèrent vers le sol. Aux pieds de Bilbon se trouvait une pierre ronde et polie, dont les couleurs aussi chatoyantes qu'hypnotisantes venaient caresser les iris de ceux qui voudraient bien la regarder. L'Arkenstone était là, parmi quelques glands et un vieux mouchoir. Le roi sous la montagne senti son cœur s'alourdir fortement lorsqu'il regarda à nouveau son ami Bilbon qui c'était mis à trembler avec force. Celui à qui il avait tout donné, l'avait trahi.
« Bilbon... vous... »
Bilbon secoua ses mains, tenta de s'expliquer mais en vain, Thorin avait le cœur aussi brisé qu'empli de haine. Il poussa alors son hobbit vers la corniche la plus proche et le poussa de sorte à ce qu'il soit suspendu de moitié au-dessus du vide. Il hurla alors de toutes ses forces, les larmes aux yeux.
« Vous m'avez trahi ! je devrais vous jeter du haut de la porte ! »
« NE FAITES PAS DE MAL A MON HOBBIT ET RENDEZ LE MOI ! »
Thorin relâcha alors son Bilbon sanglotant, tandis que tristement Fili apporta une corde à son ami hobbit, lui priant de vite descendre de la porte. Il s'exécuta tristement, et descendit de cette porte immense, sans même que son Prince nain ne le regarde à nouveau. À trop vouloir le protéger de cette pierre maléfique, il en avait perdu le seul qui avait su faire battre son cœur un peu plus vite. Il rejoignit donc Gandalf sur son grand cheval blanc où il se cacha dans la grande robe grise du magicien, car frigorifié et sanglotant il voulait trouver un peu de chaleur. Le vieil homme caressa ses cheveux bouclés et eut un sourire tendre.
« Thorin est un nain dont le cœur est rapidement touché. Il vous aime Bilbon, au moins autant que je vous aime, et il pardonnera lorsqu'il comprendra que personne ici ne lui veut de mal. Malheureusement sa famille a été maudite par cet or. »
« Gandalf, et si... c'était l'Arkenstone qui avait pourrit leurs cœurs ? »
Le magicien fronça les sourcils alors qu'il se dirigeait vers l'armée d'elfes qui approchait bien vite de la montagne. « Pourquoi dites vous cela Bilbon, que savez-vous ? »
Après une longue hésitation, le hobbit se décida tout de même à raconter toute l'histoire de Gollum, il expliqua chaque fois qu'il porta l'anneau magique, et il parla même de l'étrange réaction de Smaug qui se renfrogna en voyant cet anneau.
« Mais... je ne comprends pas Gandalf ! Je lis beaucoup, mais je n'ai que peu entendu parler d'anneaux magiques. Je sais que le seigneur des ténèbres avait un anneau comme celui-ci, et je sais que je possède peut-être le plus maléfique des anneaux. Mais je n'y connais rien. »
Gandalf, le front soucieux et plissé se mis à réciter. « Trois anneaux pour les rois elfes sous le ciel, sept pour les Seigneurs Nains dans leurs royaumes de pierre, neuf pour les hommes mortels destinés à mourir. Voici les anneaux qui furent forgés il y a bien longtemps et qui furent distribués aux plus grands représentants des trois races. Mais, un jour, le seigneur des ténèbres en voulu également un, il fit alors forger dans le feu un anneau, votre anneau Bilbon, si maléfique qu'il réveillait les côtés les plus affreux de n'importe qui. Cet anneau avait pour but d'amener toute la terre du milieu dans les ténèbres, pour tous nous gouverner. Mais, on tua Sauron, celui qui portait cet anneau, et ce bijou fut perdu. Gollum a dû le trouver il y a bien longtemps, il l'a chéri et protégé jusqu'à votre rencontre. Vous devez à présent le protéger jusqu'à ce que je sache que faire de cette chose. Et en ce qui concerne la peur de Smaug face à cet anneau, je vous dirais tout le temps venu. Et donc quel est le rapport avec la pierre du roi ? »
« Lorsque je porte l'anneau, j'entend les choses différemment, j'entendais les grandes araignées parler, j'entendais les murmures des ténèbres. Et lorsque je portais toujours cet anneau, j'ai entendu la pierre parler et chanter en langue nain... »
Gandalf se renfrogna faiblement et ils arrivèrent finalement face au roi elfe qui menait ses troupes. Bilbon fut bien intimidé de le voir à nouveau alors qu'il s'était enfuit de sa demeure sans même être vu. Mais le roi elfe ne semblait guère en colère, ou même empli d'envie, il était déterminé à aider ces nains, ce qui était bien étrange lorsqu'on songeait au fait qu'il avait en fait enfermé la compagnie dans ses geôles. Mais Bilbon ne fit aucune remarque lorsqu'il se retrouva au milieu d'un immense camp d'elfes placé sur le côté de la montagne. Rapidement ce camp fut gonflé par la présence des hommes qui avaient su fuir la ville en feu. Quant à notre petit héros ? Il avait été prié de rester dans une tente à se réchauffer alors que Thauriel, Legolas, Bard, Gandalf et Thranduil discutaient d'un plan. Mais il refusait de ne pas prendre part à tout cela, il voulait sauver ses amis ! il passa alors la garde qui surveillait sa tente grâce à son anneau de pouvoir avant de se glisser dans la tente des dirigeants en grognant.
« S'il faut prendre des décisions, je veux pouvoir être là ! »
Thauriel eut un sourire alors qu'elle posa une main sur ses cheveux. « Nous ne ferons aucun mal aux nains, bien au contraire maître Hobbit. »
« Peu m'importe, je connais cette compagnie mieux que vous tous ici, et je saurais sauver Thorin de cette folie. »
Gandalf hocha lentement de la tête. « Bilbon nous a d'ailleurs fournit de très bonnes informations, il nous en fournira d'autres... »
On accepta alors sa présence et c'est alors qu'on le fixa tous pour en savoir plus. « Oh ! euh Thorin a appelé une armée de son cousin des montagnes de fer, j'ai peur qu'il se méprenne et lui demande d'attaquer hommes et elfes plutôt que le vrai ennemi. »
Bard renchérit alors. « Thorin doit bien des choses aux hommes pour l'avoir accueilli lui et sa compagnie. Il a promis de faire couler sur notre lac de l'or et des bijoux. Maintenant que le feu a pris chez nous, nous aurions besoin d'or ! »
« Comment la ville a-t-elle prit feu ? » demanda alors Bilbon ce qui fit bomber le torse à Bard.
« Le Bourgmestre en voyant le corps de Smaug coulé au fond du lac a décidé d'organiser une grande fête au centre de la ville. Ils ont allumé de grands feux qui ont attiré l'attention d'éclaireurs gobelins. Ils entendirent les chants, leur apprenant la mort du dragon. Ils mirent alors le feu à nos réserves d'armes, à nos réserves de nourritures et à chaque coin de la ville. Puis ils repartirent en avertir les autres gobelins qui doivent être à une semaine de marche d'ici. »
Bilbon eut un long frisson et referma son veston sur son corps par-dessus sa cotte de maille en Mithril.
« Je vais aller voir Thorin, et s'il décide de m'ouvrir en deux, alors j'aurai quand même essayé de le raisonner. »
Bilbon n'avait put être retenu par qui que ce soit alors qu'il sorti dans la nuit. Les chefs se regardèrent étrangement avant que Thranduil toussote.
« Ce hobbit portait-il réellement une magnifique cotte en Mithril ? »
« Ce Hobbit, comme vous dites, répondit Gandalf, est plein de surprises. Et je sais qu'il fera des merveilles. »
Ils le laissèrent donc retourner à la porte principale où Bombur montait la garde. D'ailleurs il la montait si bien que le Hobbit put remonter à la corde qu'il avait laissée là le matin même. Il grimpa difficilement, mais il parvint tout de même à passer devant le nain obèse -qui était en fait endormit- sans grande difficultés. Et il entra alors dans la montagne où on n'entendait plus personne fouiller la salle aux trésors, un silence de mort régnait. Le hobbit enfila alors son anneau à contre cœur, et passa dans les couloirs où passaient parfois ses amis nains déprimés, apeurés, ou affamés. La compagnie n'avait jamais été aussi misérable que lorsqu'ils retrouvèrent cette montagne, et jamais encore on avait vu le si joyeux Kili si accablé. Sa Thauriel lui manquait, et il refusait de tuer les siens. Mais son oncle avait décidé qu'ils se battraient... parfois il songeait à rejoindre son maître Cambrioleur en bas. Il se cacha alors dans ses bras tandis que silencieusement Bilbon était passé devant lui.
Puis, il lui fut facile de retrouver Thorin, il avait suffi de suivre la voix grave du nain qui résonnait dans le hall où un grand trône était aménagé. Le nouveau roi sous la montagne se tenait à son pied, fixant ses mains et parlant à lui-même.
« J'ai failli le tuer, le précipiter dans le vide... Par Durin que m'arrive-t-il ?... »
Bilbon eut un sourire tendre en voyant que son Prince regrettait ses gestes. Il marcha lentement vers lui et retira son anneau. Thorin, de dos c'était soudainement mit à sangloter, se cachant dans ses mains rugueuses lorsqu'une autre petite, plus fine, ne se pose sur son épaule. Il sursauta alors et se détourna, les lèvres bleuies, les yeux enflés et le torse secoué de sanglots. Jamais Bilbon n'aurait cru le voir ainsi, perdu et dans le besoin. Il posa tendrement ses mains sur ses joues et abaissa son front soucieux. Il posa délicatement ses lèvres sur la peau froide tandis que son petit corps était pris avec lenteur par des grands bras guerriers. On vit un sourire apparaître sous le nez rond de Bilbon alors que Thorin c'était caché dans son cou avec tristesse. Il se laissa réconforter avec douceur, laissant ce petit hobbit passer ses mains dans ses longs cheveux, sur son dos et son torse.
« Thorin, cessez de vous faire tant de soucis, et tournez vous vers ceux qui vous tendent la main. Renoncez à créer des animosités entre des peuples si bons, et écoutez leur sagesse. Gandalf est un grand monsieur excentrique qui connait la terre du milieu comme le fond de sa poche. J'ai vu la misère chez les hommes, entendu les dires de tous, et je sais que les Gobelins veulent vous tuer Thorin, comme vous avez tué leur roi. »
Le roi sous la montagne se redressa alors et passa sa main sur la joue pâle du hobbit. « Que m'arrive-t-il ? »
« Cette aventure vous a changé, vous êtes devenu meilleur, vous avez écouté tout un chacun, et prit des décisions sages. À présent redevenez le vrai Thorin, celui qui durant toute cette aventure à tout fait pour protéger ses amis et sa famille. Acceptez l'aide des hommes et des elfes, et tenez vos promesses. La ville du lac n'est plus que ruines, vous devez leur donner or et joyaux en échange de toute l'hospitalité que nous avons reçu. »
Thorin eu un rire faible alors qu'il serra Bilbon dans ses bras aussi fort que possible.
« Peut-être est-ce mon esprit qui me joue encore des tours, mais vous avez raison Bilbon, que vous soyez pur fruit de mon esprit, ou toujours notre meilleur cambrioleur capable de passer notre vigilance avec facilité, je suivrais vos conseils. Mon ami... »
Bilbon se lova avec délicatesse dans cette étreinte avant d'embrasser la joue de Thorin.
« Je suis bien là, auprès de vous, et je me jure de ne plus jamais quitter vos bras... »
Les cœurs battirent à l'unisson face à cette révélation alors que la tendresse venait faire battre leurs sangs dans leurs joues. Et c'est à cet instant, dans cet aveu silencieux que tous les deux comprirent quel amour avait fini par naître entre eux, et à quel point tout cela était précieux...
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