Partir
« Un deux trois. »
Je replonge dans mes souvenirs, si fragiles, si incertains. Cela fait plus d'un an que je suis dans cet hôpital pour malades mentaux. Mais je ne suis pas comme eux, je suis bien lucide moi. Je ne suis pas folle, juste un peu suicidaire mais pas folle ! J'ai voulu me jeter en haut de ce pont car j'avais plus le goût de vivre, celui qui te fait toucher le bonheur. Mais mon père m'en a empêché, et c'est bien le seul, car personne, absolument personne, n'est venu me voir pour me demander si ça allait. Juste des amis qui disparaissent du jour au lendemain, des parents absents et une soeur mourante de fatigue. Je n'avais plus rien, même pas de petit copain à qui me confiait, pourtant je l'avais atteint, ce bonheur, je le voulais ce bonheur. Mais comme je l'ai dit dans un texte précédent, le bonheur n'est qu'abstrait et nous ne pouvons pas l'avoir pour toute la vie. Un jour, une petite m'a demandé où est-ce qu'on atterrit après la mort. Je lui ai fait qu'on atterrissait là où Dieu le voulait : soit au Paradis, soit en Enfer. La petite m'a ensuite demandé où était le Paradis et l'Enfer. Je lui ai dit que le Paradis se trouvait aux cieux et l'Enfer tout en bas de notre monde, au centre de la Terre.
Et puis il arriva ça, cet événement triste et morbide. La mort d'un de mes amis virtuels. Il avait fait une tentative de suicide, et ne s'était jamais réveillé. Tout ça, tout ce mélange d'angoisse et de peur, toute cette tristesse fit que je ne pouvais plus vivre, j'en avais marre de la vie, marre de perdre des amis, marre de tout tout simplement. Alors j'y suis allée, sur ce pont, le pont de Bourran, et j'ai failli sauter. Je ne sais pas ce qui m'a retenu, peut-être mon ego surdimensionné qui en avait pris un coup, ou peut-être l'orgueil, je ne sais pas. Et me voici de retour à Sainte Marie, avec ces infirmiers qui me veulent du bien, mais en qui je n'ai point confiance, et ce putain de psychiatre qui me donne envie de vomir à chaque fois que je le vois. Je me dis que c'est pour mon bien, cher journal, mais j'ai peur, peur d'affronter à nouveau la vie.
« Un deux trois »
Je pars, cher Journal.
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