05 - Retour dans le présent
Becca Donovan
Le temps passe vite, très vite. Le temps a toujours eu l'art de jouer avec mes nerfs, c'est vrai. Parce que le temps passe une fois vite et une fois lentement. Parfois on a l'impression qu'il passe lentement et quelques heures plus tard, on n'en revient pas que ce soit passé aussi vite. Car la vie est courte et à la fois longue et s'éclate avec le temps à nous faire tourner en bourrique comme ça pendant longtemps, de notre naissance jusqu'à notre mort. Et comme la vie et le temps s'éclatent à nous faire des doigts d'honneurs, j'ai décidé de faire comme eux. Je n'ai pas décidé de venir au monde, et je n'aurais pas le choix sur le moment où je vais mourir, donc, je décide de ce que je vais faire entre les deux. Parce que de 1, je déteste lorsqu'on se fout de ma gueule et de 2, on n'a que rarement des secondes chances.
Et je peux vous dire qu'avec Charlène, c'est le bordel. C'est un capharnaüm pas possible. Je vous assure, je ne sais même plus où on en est. Parce qu'en même temps je la désire, mais au passage je ne peux m'empêcher de me dire que ce n'est pas bien et que ce n'est pas de l'amitié. Mais surtout que ce n'est pas réciproque. Et c'est probablement cela qui fait le plus de mal, parce que je l'ai sauvé et qu'en restant je me suis enfoncée comme une merde.
J'aurais dû tracé ma route, plutôt que de la faire sortir de sa routine quotidienne d'études, de ménages et de s'occuper de sa famille, le tout ponctuée de quelques doses de drogues pour supporter toute cette pression et oublier le temps de quelques secondes la maladie de sa mère qui l'a maintenant emporté. Et moi, je me tape une personne au dos encombré, aux épaules voûtées par la vie alors que je regorge de simplicité et de manque de prise de tête. Je n'avais pas du tout besoin d'une personne ainsi dans ma vie, mais malheureusement, c'est le cas.
D'ailleurs, Charlène est devant moi, de dos. Elle se brosse les cheveux tandis que je l'observe en m'égarant couramment. Ce n'est pas normal de ressentir de telles émotions, de tels sentiments pour quelqu'un. Ce n'est pas normal d'avoir des envies si spécifiques avec une personne en particulier. Ce n'est pas normal d'avoir quelqu'un qui hante vos pensées 24 heures sur 24 non-stop. Moi qui croyais que ces trucs, c'était pour les films et les fictions et bien je me suis gourée. Car, ça peut arriver dans la vraie vie. Ça peur survenir à tout moment pour n'importe qui et n'importe quand. Et c'est arriver sur moi, tombant ainsi sur Charlène. C'était vraiment la femme dont je ne pouvais pas éprouver de quelconque sentiment, mais pourtant, c'est devenu le cas.
Et même si je ne suis pas totalement sûre de ce que j'avance, je crois que l'on pourrait dire que je suis amoureuse d'elle, que je l'aime. Pour être franche, moi qui ait toujours vécu ma vie à 100 à l'heure sans me soucier du reste et sans non plus me prendre la tête pour des choses importantes alors encore moins pour des queues de cerises, je me retrouve à avoir un certain type de sentiments à l'égard d'une femme comme elle. Et pour continuer sur ma franchise, je ne suis même pas sûre de mes sentiments, car c'est tellement nouveau pour moi, et puis, nous sommes un peu tellement différentes que ça paraît complètement absurde. De l'amitié, je veux bien. Mais de l'amour ? Il ne faut quand même pas abuser, si ?
-Qu'est-ce que tu regardes comme ça, ma belle ? Tu as l'air... Perdue, s'enquiert-elle visiblement inquiète.
Putain si elle savait à quel point elle avait raison. Si elle savait à quel point je suis perdue, sûrement qu'elle n'oserait pas dire que j'en ai l'air et elle n'oserait pas le dire non plus parce qu'elle saurait que ça m'énerverait d'avoir la vérité juste en face de moi et que je ne peux pas la fuir comme je l'ai si souvent fait par le passé lorsqu'elle me dérangeait trop. Elle n'a pas si mal choisit son mot, ça c'est sûr et certain. Je passe ma main sur mon visage de manière lasse en soupirant légèrement. Je lui dégote un petit sourire et apparemment, ça à l'air de lui suffire pour le moment même si je me doute bien qu'elle ne va pas tarder à revenir à la charge. Avec son « ma belle » en prime et qui –Seigneur pardonnez-moi de vous impliquer là-dedans – mais qui va royalement me les briser.
Parce qu'habituellement, la plupart des personnes aiment quand on leur donne des surnoms, mais ce n'est pas mon cas du tout. Je ne sais pas, je n'aime pas. Je ne peux pas le cautionner, ou du moins plus maintenant. Car tout a changé dans notre relation et que je ne saurais dire pour quelles raisons. Peut-être parce que j'ai la connaissance de certains sentiments que je ressens pour Charlène ? Je n'en sais rien, mais en tout cas, je ne peux plus me faire avec ces surnoms parce que maintenant, je m'imagine tellement de choses. Je l'imagine me supplier d'aller plus rapidement en elle en me criant « ma belle » dedans. Ou je l'imagine encore me tenant la main dans un parc avec sa tête sur mon épaule, me disant quelques mots doux saupoudrés de « ma belle » tandis que le soleil ou la lune viendrait à se coucher au loin. Je deviens niaise, putain. Et une romantique à deux balles.
Je ne peux pas rester dans la même pièce qu'elle sans imaginer des choses. Je ne peux pas rester auprès d'elle sans analyser toutes ces paroles en me faisant des films sur la plupart. Je ne peux pas, je ne peux plus. Ce n'est pas qu'elle m'énerve ou que je ne peux plus la supporter, c'est juste que c'est complètement au-dessus de mes capacités de rester avec quelqu'un avec qui j'ai des sentiments pareils que je n'arrive pas à contrôler, que je n'arrive pas à gérer, que je n'arrive pas à accepter et qui me font imaginer de belles choses qui à la fin finissent par me faire souffrir. Il m'est impossible de continuer de la côtoyer comme ça plus longtemps. À moins que je ne change ma façon de comporter et que j'essaye quelque chose avec elle...
***
Musique ; More Than You'll Ever Know - Nathan Sykes
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