Chapitre 14 : Cache-toi

Les cours débutent dans le calme. Phil me rejoins – en retard – comme à son arrivé. Il s'excuse auprès du professeur de maths et s'installe à mes côtés. Il recopie les bouts de la leçon qu'il avait raté durant ses dix minutes de retard. Je lui passe mon cahier, et appuie ma tête contre la paume de ma main. Je pense à la discussion entre Stevie et moi hier soir, et à ce que je pourrais bien faire pour trouver un moyens de cesser le harcèlement même si cela va être dur, et si pour la plupart des personnes ça paraît fou. Je prends mon cahier que Phil me tend. Je suis un peu distraite, et il me le fait remarquer.

— Tu n'as pas bien dormi ?

— Si, si. J'ai absolument bien dormis. Pourquoi cette question ?

— Tu es absente.

Je ne réponds pas et fait mine de m'interresser au cours. Il reste deux minutes avant la sonnerie autant faire profil bas.

Une seconde plus tard tous les élèves quittent la salle. Je fais exprès de mettre du temps en rangeant mes affaires. J'avais juste envie de rester seule. Mais, peine perdue, Phil m'attend devant la porte. Je sors en le bousculant et trace jusqu'à la pause.

— Summer. Dit-il planté au milieu du couloir.

Je ne me retourne pas et m'en vais à grand pas le plus rapidement possible. Je veux rester chez moi, ne pas sortir, ne voir personne. Juste être avec moi-même, en oublier la vie extérieur. J'entends des pas taper le sol du couloir. Je me retourne. Plus personne. Phil a dû partir en courant de l'autre côté.

— Ferme-la !

Je me coince entre deux casiers et essaie de me faire le plus discrète possible. C'est pas possible, qu'est-ce qu'ils peuvent bien faire ces cons encore. J'essaie de discerner des paroles, des bruits, des pas. Rien. Silence. Pourquoi personne ne passe dans les couloirs quand il se passe ces choses... Horrible.

— Laissez-moi...

Une voix masculine retentit hurlant de pitié qu'on le lâche. Il faut que j'aille l'aider, je ne peux pas faire comme si de rien était. Je l'entends, et si quelque chose lui arriver je m'en voudrais de ne pas avoir pu lui être venu en aide. Je souffle un bon coup serrant les deux cahiers de cours contre ma poitrine. Il faut que je passe au-dessus de cette horreur, si jamais aujourd'hui ça aurait été moi... J'aurai aimé que l'on me vienne en aide. Je sors à pas de loup de ma petite cachette, où, des fois j'aimerais m'y remettre mais trop tard je suis dans le couloir. Si de toute manière ils sortent de leur cachette eux aussi ils me verraient ici, planté comme un santon écoutant comme un espion leur discours et leur harcèlement. Pourquoi faut-il qu'il y ait des personnes comme cela ? Je m'avance à tâtons vers le bruit qui m'indique qu'ils sont cachés dans un local à rangement. Je m'approche difficilement près de la porte et mets ma main sur la poignée, tremblante. Je ne peux plus faire retour en arrière, partir en courant comme une lâche. J'aurai préféré ne pas être confrontée à cette situation, être partis plus tôt en courant vers la cours de pause, que m'arrêter prise par ma curiosité ou plutôt envoûtée par mon envie d'aider, car oui je veux qe cela finisse, pour les autres, pour les prochains... Pour moi. J'ouvre délicatement la poignée m'imaginant toute sorte de scénario possible. Est-ce que quand je vais entrer ils vont être face à la porte dévisageant celui qui s'infiltre à l'intérieur de leur grotte ? Ou bien vont-ils m'assassiner de coup ? Vont-ils me tuer ? Vont-ils m'enfermer ? Me menacer car je suis entrée, croyant que je vais les dénoncer ? Mes mains se crispent à l'idée d'entrer, j'ai envie de reculer et de repartir me cacher... Mais impossible pour moi je suis près du but que je le veuille ou non. J'ouvre la porte grinçante. Je sers mes cahiers et m'aventure dans la pièce, je ne sais où je vais. Elle n'est pas si immense que cela. J'entends des hurlements. Des coups de claques.

— Frappe le plus fort que cela.

Sans attendre je jette mes cahiers au sol, et arrive au bout. Trois garçons entourant une chaise où un jeune, la tête baissé, hurle à mort. Les poignées reliés à une simple corde derrière le dos de la chaise. J'ai mal pour ce garçon. J'aperçois du sang tombé, goutte par goutte, au sol. Les cheveux noirs dégoulinant de sueur, il a dû mal à soulever son visage. Les trois autres continuent sans pour attendre à le bastonner. J'entre dans la lumière pour qu'ils m'aperçoivent. Tout cela doit cesser.

— Qu'est-ce qu'elle fait là elle ! Hurle un autre qui sort de l'ombre. Sûrement celui qui donne des ordres à ses chiens.

— J'en sais rien, répond l'un des trois.

— Occupez-vous d'elle, je finis l'autre. Ordonne le type qui s'approche du garçon à moitié mort.

Ils empoignent mes mains et me jettent sur une chaise plus loin. En passant j'aperçois seulement les yeux du jeune fermé, le sang roulant sur ses joues. Je ne veux pas penser ça... Mes yeux s'humidifie... A cet instant même je venais de voir à quel point leur cruauté étaient poussé. Ils n'en avaient rien à faire des autres, peut-être que des fois il fallait être parmi eux pour pouvoir s'en sortir... Et finir vivant.

*

— Non, arrêtez... Pleure-t-il.

J'ouvre les yeux. Ma chaise est posté face à deux mecs qui fument jouant sur leur écran. Quelle bande d'abrutis. Je cherche à trouver un moyen de me débarrasser de cette corde qui lie mes pauvres petits poignées souffrant. Mais aucune idée ne me vient en tête. Si seulement je serai resté caché... Non je ne dois pas me penser cela ! C'est bien trop égoïste. Quelques secondes plus tard un des deux décide de sortir prendre l'air. Sans attendre je pose une question.

— Pourquoi ?

Il me regarde, puis retourne sur son téléphone.

— Pourquoi ? J'insiste, je veux une réponse.

Il soupire.

— Pourquoi quoi ?

— Pourquoi ici, pourquoi faire ça ?

— Tu ne devrais pas trop poser de question si j'étais toi.

Mon visage se décompose. Qu'est-ce qu'il lui prend à lui ! Je décide de ne pas parler jusqu'au retour de son collègue. Celui avec qui j'avais lancé la question chuchota quelque chose à l'oreille de l'autre. Ce que j'aimerai sortir d'ici...

— On s'absente pour pas plus de trente seconde, crache le deuxième. Ne bouge pas de là.

— De toute manière vous m'avez attaché bande de con. Lance-je.

Il prit la cigarette qu'il avait entre les doigts et me brûla le bras avec.

— Salaud. Siffle-je entre mes dents.

Ils partent, laissant la porte claquer derrière eux. Je pris avec mal, le bout de mon bracelet en croix, et frotta avec la pointe la corde. J'allais y passer la nuit c'est certain. Mais ça en valait la peine. Bien deux minutes plus tard un bout se décrocha et une de mes mains était libre. Je m'empresse de défaire la seconde et de me volatiliser aussitôt de cette endroit ignoble. Je me cache derrière le premier mur avant d'attérir dans la pièce principal où se tient le jeune homme complètement endormie. Je cours vers sa chaise. Personne à l'horizon. Je détache la corde qui le tienne prisonnier et essaie de le réveiller.

Je soulève sa tête qui a dû mal a ne pas retombé. Il est en sang. Son arcade et toute ouverte, ses mains sont complètement molles. Je n'arriverai pas à le traîner jusqu'à la sortie... Il faut que le sauve quand même... Il ne faut pas que j'abandonne.

— Réveille-toi. Dis-je en lui mettant de légère claque pour qu'il revienne à la vie. Je t'en prie, reste...

Je soulève ses cheveux noirs tout trempé et découvrir enfin son visage... Des larmes jaillissent de mes yeux. Il faut que je le sauve, il faut que j'arrive à me barrer avec lui... Il faut que je le sorte de cette merde. Je prends mon téléphone et compose le numéro des urgences. Je leur décris en détails la situation. Des bruits de pas retentisse juste quand je raccroche. Putain ! Je prends le corps contre moi et me dirige derrière une porte avant la sortie. Les trois mecs arrivent hurlant.

— Putain ! Retrouvez-les ces morveux. Qu'on leur fasse la peau.

Une boule se forme à l'intérieur de mon ventre, j'avale un énorme sanglot. Le corps n'arrête pas de glisser. Je ne vais pas y arriver, ils vont me faire le même sort qu'à lui...

J'arrive à discerner l'agitation dans le couloir. Des professeurs indiquent tous les recoins de l'établissement. La sortie est tout près...

— On est là... Dis-je tout bas. On est là.

Je m'effondre en larme. Je sers dans mes bras le corps tout froid du jeune garçon... Il faut que j'arrive à ouvrir la porte, il faut que je le sauve, il faut qu'il revive... Pour nous, pour moi. J'agrippe avec difficulté la poignée de la porte. Des frissons parcourent ma colonne vertébrale, j'entends des pas derrière moi... Ils sont derrière moi... J'ouvre. La lumière m'aveugle. J'hurle dans le couloir... des professeurs s'approchent avec les pompiers.

— J'ai réussi... Dis-je. Je l'ai sortit de là.

Je prends sa main froide et la mène à ma joue...

— Stevie... On va te sauver.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top