Chapitre 11
Harry
Les trois premières semaines après le retour de Harry à Santa Barbara furent tellement chargées, avec les fêtes, l'achat de ses livres, les programmes d'études et la prérentrée que ce ne fut pas facile d'assimilé que c'était sa dernière année à la fac, puisqu'il avait à peine eu le temps de se poser tranquillement pour méditer à la finalité de tout ça.
Et ce n'était pas qu'il ne pensait pas à Louis, c'était qu'il ne pouvait pas combler le fossé entre penser à lui et lui envoyer plus qu'un seul message égaré quand il se réveillait. Il n'y avait vraiment pas assez de temps pour qu'il lui manque activement. Il était toujours distrait par quelque chose d'autre, soit c'était Niall tombant ivre sur le sol de leur cuisine en sous-vêtements ou alors une trentaine de personnes s'amassant à travers leur porte, portant tous de fausses moustaches.
C'était un cycle assez prévisible dans lequel tomber, et il ne laissait pas beaucoup de temps pour se poser et penser avec plein de tendresse à son été comme s'il était Danny Zuko, ou autre. C'était plutôt : se lever, aller en cours, faire une sieste, relire ses cours, boire, rester debout jusqu'à quatre heures, dormir, et ainsi de suite.
Lorsque le semestre serait plus avancé, Harry avait conscience que son emploi du temps impliquerait beaucoup moins de relations sociales et beaucoup plus de visage collé à un livre quand il s'endormirait à la bibliothèque, mais le premier mois était toujours le plus amusant – tout le monde semblait avoir un peu changé pendant l'été, mais seulement d'une bonne façon, et les histoires qu'ils échangeaient étaient toutes encore fraîches et drôles.
Ça faisait plaisir à Harry que lui et Niall avaient au moins partagé quelques souvenirs pendant l'été, et qu'ils impliquaient également Louis. Personne ne posa beaucoup de question sur lui, mais Harry avait pris l'habitude après quelques verres de raconter, à tort et à travers, des 'histoires' à propos de Louis, ce qui était en réalité plus des faits – « Louis est belge au un seizième, » dit-il une nuit, sans grande pertinence, passant le bol à sa droite après que personne ne réagit ou sembla s'en soucier – mais à part ça, le prénom de Louis ne revenait pas souvent. Il y avait juste tellement d'autres choses, tellement de choses se passaient à chaque instant qu'il y avait à peine le temps de s'attarder sur une seule chose.
Ça n'arrivait presque jamais, et quand c'était le cas, ce n'était pas avant d'avoir l'esprit reposé pendant ces quelques minutes avant de s'endormir la nuit ; celles qui étaient réservées à Louis.
**
Ce fut un vendredi matin qu'il reçut le coup de téléphone qu'il avait attendu depuis qu'il était revenu à Santa Barbara : son tatoueur préféré avait un rendez-vous annulé cet après-midi, et il pouvait caser Harry à la dernière minute.
Il sécha son séminaire Chaucer pour y aller.
Louis
Avant le départ de Harry, Louis avait été convaincu que tout serait différent une fois qu'il serait parti, et il fut surpris de découvrir que ce n'était pas le cas, vraiment. Il y eut un vide certain dans ses journées pendant les premières semaines, puis la vie avait repris son rythme normal parce que, que pouvait-il fait d'autre, hein ? Se languir n'allait en aucun cas changer leur situation.
Charlotte et Miles reprirent l'école, et Louis trouva un poste d'enseignant remplaçant quelques jours par semaine. Il gardait toujours Annie les jeudis et vendredis et récupérait les jumeaux à la maternelle à quinze heures. Ils faisaient la plupart des choses qu'ils avaient fait tout l'été – aller au parc, manger une glace, jouer à des jeux idiots et regarder des dessins animés. Louis essayait de ne pas penser aux blagues que Harry feraient, ou à la façon dont il imiterait les voix à la télé, ou toutes les autres nombreuses façons dont il rendrait tout tellement meilleur.
Les enfants faisaient parfois des remarques, pour dire qu'il leur manquait ou demander quand il revenait. Louis leur donnait juste des réponses évasives, disant qu'il viendrait bientôt leur rendre visite parce qu'il ne savait pas quels étaient les projets de Harry pour le futur. A chaque fois qu'ils en avaient parlé, Harry avait semblé laisser les choses complètement ouvertes, et pour autant que Louis en savait, il n'avait aucun plan défini.
Même si c'était facile de retomber dans une routine et faire en sorte d'être occupé, il lui manquait quand même. Ça le frappait aux moments les plus inopportuns, comme quand il faisait des courses pour les Wood et devenait stupidement émotifs en mettant des bananes dans le caddie, ou le jour où il fit sa lessive et trouva le tee-shirt de cross country que Harry portait le jour où ils s'étaient rencontrés, mélangé à ses propres vêtements. Il jeta un coup d'œil circulaire à la buanderie et renifla le col, espérant y trouver l'odeur de quelque chose qu'il ne pouvait plus sentir.
Les deux premiers jours après le départ de Harry, ils s'étaient envoyé des messages de façon presque continue, de la seconde où il avait touché le sol californien jusqu'à ce qu'ils s'endorment la seconde nuit. Ce n'était pas que c'était devenu le silence radio après, mais les messages devinrent moins fréquents et à présent, Louis s'attendait vraiment seulement à un seul message de la part de Harry le matin et peut-être un le soir, dans les bons jours.
Ce n'était pas la façon la plus efficace ou fluide de communiquer, si ça pouvait même s'appeler de la communication.
Harry était occupé, ayant un rythme presque non-stop d'après ce que Louis en avait conclu, et il essayait de ne pas le prendre personnellement mais c'était quand même difficile. Il finissait par se sentir coupable et comme une merde à chaque fois qu'il passait du temps à penser à Harry et espérer avoir de ses nouvelles, alors qu'il ne savait pas si Harry faisait la même chose.
La seule chose qui le réconfortait était le fait qu'il savait que Harry serait parti pendant assez longtemps pour que la plaie finisse par se refermer. Elle le devait.
**
Il fut pris au dépourvu un vendredi soir quand il reçut un message alors qu'il essayait de gérer un plat de lasagnes brûlé après avoir tenté de se faire à manger. C'était un moment inhabituel pour entendre parler de Harry, et Louis haussa ses sourcils à son écran, comme s'il s'attendait à voir les mots disparaître ou à venir de quelqu'un d'autre.
Hé, t'es occupé ? viens sur skype !!! j'veux te montrer quelque chose..
Louis soupira, relisant le message au moins cinq fois en pinçant l'arête de son nez, détestant le fait qu'il ressentait une certaine anxiété vis-à-vis de ce qu'il devait lui répondre alors que, moins d'un moins auparavant, ils auraient pu tout se dire sans même réfléchir.
Cependant, le mieux était de garder une légèreté, alors il opta pour une blague plutôt qu'une question.
J'ai déjà vu ta queue harry
Il pouvait imaginer Harry en train de rire, vif et amusé comme un grand enfant de cinq ans, dans son appartement – son chez lui – où Louis n'avait jamais été ; et n'irait probablement jamais.
Excuse-moi louis, je suis pas ce genre de garçon, connecte-toi allez je t'attends !!!
Connerie, pensa Louis, il était exactement ce genre de garçon. Il mordit sa lèvre, essayant de ne pas sourire, et commença à gratter les bords du plat avec la spatule, faisant de son mieux pour sauver au moins une partie des lasagnes, même si son appétit avait disparu à la seconde où le prénom de Harry s'était affiché sur son écran. C'était en quelque sorte thérapeutique d'évacuer ses frustrations sur sa recette ratée, mais il était trop distrait à présent. La simple idée de voir Harry avait noué son estomac.
Il laissa tomber la spatule sur le comptoir, essuya ses mains sur une serviette et ouvrit son ordinateur sur la table de la cuisine. Pendant que Skype se connectait, il courut dans le salon pour se regarder dans le miroir, coiffant ses cheveux sur le côté et se demandant s'il devait ou non être embarrassé de porter le vieux tee-shirt de cross country de Harry.
Et puis merde, pensa-t-il, et il retourna en courant dans la cuisine où il avait un appel en attente sur l'écran venant de Harry_Styles.
Merde. Il était nerveux et il détestait ça. Il essuya ses paumes sur ses cuisses et laissa sonner une fois de plus avant de répondre. Il y eut un moment de silence pendant lequel ils attendirent d'être connectés, et Louis ajusta son écran pour avoir un meilleur angle.
« T'arrives à me voir ? » demanda-t-il fronçant ses sourcils à l'écran. La fenêtre de Harry était noire, mais il pouvoir entendre sa voix et Louis fit un grand sourire, si foutrement heureux de simplement l'entendre.
« Ouais, j'te vois, » dit-il, et Louis put entendre le sourire dans sa voix. « Et toi, tu me vois ? »
Pendant une seconde sa fenêtre resta toujours un carré noir, mais ensuite – ouais. Il put le voir.
Putain.
Leurs yeux se rencontrèrent et Louis crispa son visage, essayant de retenir son sourire jusqu'à en faire mal physiquement, puis il laissa sa bouche se courber. « Salut, » dit-il, faisant un signe de la main.
« Saluuut, » répondit Harry d'une voix traînante, son expression se radoucissant, et putain de merde, c'était une terrible erreur, horrible, la pire, parce qu'il avait l'air tellement touchable et Louis ne pouvait juste pas. Il était à quatre-mille-cinq-cents kilomètres.
Harry portait un tee-shirt blanc moulant avec un col échancré dont les manches étaient roulées jusqu'à ses épaules. Il faisait encore jour en Californie, et le soleil devait être sur le point de se coucher parce que la lumière dans la pièce était dorée, mais assez vive pour le voir parfaitement.
Comme si c'était un signe, ils commencèrent tous les deux à rire, peut-être un peu nerveusement pour Louis, peut-être juste parce que c'était génial de voir l'autre sourire à nouveau, d'entendre le rire de Harry.
« Alors, » dit Louis, dans l'attente.
« Est-ce que t'as cuisiné ? » demanda Harry, se rapprochant de l'écran. Louis regarda par-dessus son épaule vers le plat plein de lasagnes brûlées, visible sur le comptoir derrière lui.
« J'ai essayé, » il fronça des sourcils et Harry ricana. « J'étais sur le point de manger quand tu m'as envoyé le message. »
« D'accord. » Harry remua ses sourcils, ce qui n'était jamais bon. Il était si foutrement – il était tellement, tellement beau, genre, Louis avait presque oublié à quel point il l'était parce qu'il avait essayé de ne pas regarder ses photos sur Instagram. Il était si stupidement sexy et sûr de lui et il regardait Louis avec cet air qu'il aimait penser lui être réservé. Tout était vraiment, vraiment submergeant après trois semaines sans rien avoir.
Du moins, rien de plus que les souvenirs vifs qu'il utilisait pour se branler. Mais à part ça, rien.
« Est-ce que tu vas me le dire, ou tu vas me le faire deviner ? »
« Je vais te montrer. » Harry se mit debout et pendant une seconde Louis pensa vraiment qu'il allait sortir son sexe, mais il recula, se tenant assez loin pour que Louis puisse voir ses cuisses dans son slim et tout son torse. Sa bouche devint sèche rien qu'en imaginant comment ce serait de le toucher, laissant chaque petit détail qu'il avait laissé échapper venir à nouveau l'inonder alors que Harry souriait à son écran. « T'es prêt ? »
« Est-ce que t'as appris la Macarena, Harold ? C'est ça que t'es sur le point de faire ? » demanda Louis, vraiment pas sûr qu'il y ait une autre option à cet instant.
Harry rigola et attrapa l'ourlet de son tee-shirt, et Louis pensa non, non, non, putain non, s'il te plaît non, le suppliant silencieusement d'arrêter – mais il fut retirer en quelques secondes et il le jeta quelque part hors du champ de la webcam.
Louis cligna des yeux. Il y avait un papillon tatoué au milieu du torse de Harry.
Il devait être tout nouveau parce qu'il brillait et même à distance, Louis pouvait voir qu'il était teinté de rouge sur les bords.
Harry mit ses bras derrière son dos et joignit ses mains, se tenant avec les jambes collées comme un très gentil et poli garçon.
Il souriait en coin à l'écran avec une sorte d'air confiant qui rendit Louis complètement fou parce que sa pose était tout en fausse innocence, comme s'il n'était pas conscient d'à quel point le tatouage avait l'air absolument, et de façon toute à fait exaspérante, magnifique sur lui et à cet endroit.
« Tu l'aimes bien ? »
Louis jeta un coup d'œil à son propre visage sur l'écran, embarrassé quand il vit à quel point il avait l'air émerveillé, puis il tourna à nouveau son regard vers Harry, son torse parfait, ses hanches minces et ce putain de papillon tatoué. Harry se tenait toujours avec les deux mains derrière son dos, comme s'il attendait une approbation, ou d'être louangé, mais Louis n'arrivait même pas à parler.
Sans y réfléchir deux fois, il ferma son ordinateur et se mit debout.
« Putain, » grogna-t-il, puis il le dit une fois de plus, plus fort, alors qu'il défaisait sa braguette et allait dans la salle de bain pour se branler si rapidement que sa tête tourna au moment où il ouvrit à nouveau les yeux. Son esprit était truffé d'images du corps de Harry actuellement en Californie.
Ses joues étaient rouges et il fut embarrassé quand il se regarda dans le miroir. Il se passa de l'eau froide sur le visage après s'être lavé les mains, puis il retourna dans la cuisine et ouvrit à nouveau son ordinateur. Même pas une minute plus tard, il y avait un appel entrant de la part de Harry.
« Désolé, » dit Louis, une fois que les écrans redevinrent normaux. Harry était à nouveau assis à son bureau, appuyant un coude dessus et le fixant avec un air tellement satisfait que Louis eut presque envie de raccrocher à nouveau. « Internet s'est coupé. »
« Oh. » Harry semblait nonchalant, et il avait été se chercher de quoi manger pendant que Louis avait fait une dépression nerveuse et était allé se branler dans la salle de bain. Il mit un grain de raison dans sa bouche puis se rapprocha de la webcam, ses sourcils froncés. « Qu'est-ce que t'as fait pendant qu'internet était coupé, Louis ? »
Connard. « Remets ton haut, Harry. »
Harry fit un grand sourire et attrapa un autre grain, sa mâchoire se serrant quand il mâchait. « J'vois que tu portes le mien. »
Louis baissa les yeux et soupira parce que, pour couronner le tout, Harry prenait l'avantage sur tout et Louis pataugeait dans son propre embarras, ses hormones et l'ancien tee-shirt de Harry trop grand.
« J'y vais, » grommela Louis, puis il ferma à nouveau son ordinateur, clairement pas équipé pour faire face à Harry. Il était juste tellement énervé par à quel point il était beau, trop frustré de ne pas pouvoir être là-bas avec lui et le pire était que Harry le savait et faisait comme si de rien n'était.
Une demi-heure plus tard, il était couché sur le ventre dans son lit et se demandait si c'était possible de s'étouffer tout seul avec un oreiller, quand son téléphone vibra à côté de lui. Louis savait sans même vérifier que c'était Harry, et il s'arma avant de regarder l'écran illuminé.
Au fait t'es tellement beau putain
Louis geignit réellement et ondula ses hanches contre le matelas par instinct, parce que putain. Il serra tellement fermement le coussin que ses jointures furent blanches au moment où il le lâcha, puis il reprit son téléphone et tapa une réponse.
Evidemment
Il enfonça son téléphone sous l'oreiller, après ça, et souhaita une mort rapide et douloureuse dans son sommeil.
Harry
Comme Harry l'avait prédit, toutes les fêtes et les nuits blanches de septembre se transformèrent en heures passées méticuleusement sur les devoirs et bachotage pour les examens, une fois que octobre arriva. Son devoir de littérature comparée de mi-trimestre à lui tout seul était presque assez pour lui donner envie d'abandonner l'université, et finir par passer le reste de sa vie sur le canapé de ses parents, mais il passa tout cette épreuve en se disant que s'il arrivait à passer à travers alors il aurait, au moins, Halloween pour se réjouir à la fin.
Il passa même ses pauses entre ses révisions à la planification d'un costume élaboré. Il acheta une vieille canne à pêche dans une friperie et un chapeau à bords larges pour compléter le tout. L'espoir qu'il avait que ses amis trouvent le clin d'œil à Le Vieil Homme et la Mer de Hemingway était, au mieux, minime mais il pensait que c'était du génie.
Ce fut pour cette raison que ce fut particulièrement dévastateur quand Halloween arriva enfin et qu'il finit dans son lit avec quarante de fièvre. Son costume se transforma en le pas si vieil homme et la mer de mouchoirs utilisés.
Il espérait que Niall resterait peut-être avec lui, qu'ils regarderaient des films d'horreur dans le noir avec un bol de popcorn que Harry ne pourrait pas manger à cause de sa gorge beaucoup trop douloureuse. La chance n'était pas de son côté, cependant, parce que Niall lui demanda simplement, « T'es sûr que tu vas pas mourir, ou quoi ? » avant de pratiquement rebondir contre la porte d'entrée en sortant dans son costume de Godzilla.
A chaque fois qu'il toussait, Harry se sentait de plus en plus pathétique et il devait grimacer quand il déglutissait, geignant un petit peu et s'apitoyant sur lui-même. Les restes de son costume étaient éparpillés dans le salon et il les fixait avec mélancolie, pleurant l'opportunité gâchée et pensant à Niall qui allait probablement beaucoup s'amuser, tandis qu'il s'enfonçait de plus en plus dans le canapé après la rediffusion de trois épisodes de Friends.
Après s'être préparé une cinquième tasse de thé blindé de miel, Harry la posa sur la table basse et retourna en tremblotant sous les couvertures sur le canapé, puis il attrapa son téléphone. Son Instagram était particulièrement déprimant – il y avait tellement, tellement, de photos de personne ayant l'air ridicule et passant ce qui semblait être le meilleur moment de leur vie. Harry détestait louper des choses, surtout l'une des plus grandes fêtes de l'année.
Il était un peu plus de onze heures du soir sur la côte Est et son esprit dériva inévitablement vers Louis, curieux de savoir ce qu'il faisait et ce qu'il portait, puis dans un autre moment amer, il pensa qu'il était peut-être simplement avec les enfants et leur volait leurs bonbons. Cependant en faisant défiler un peu plus son fil, il trouva la réponse à ses deux questions.
Louis avait de fausses pattes et ses cheveux étaient dégagé de son front, brillant grâce à de la cire. Une cigarette non-allumée pendait d'un des côtés de sa bouche et il fixait l'appareil photo, faisant son air de gars super cool en tenant les revers de sa veste en cuir. La description sous la photo de Liam disait greasee lighteinggg!!!
C'était raté, en fait, parce qu'il était un plus beau Danny Zuko que le vrai Danny Zuko. La fièvre de Harry fut la seule excuse qu'il trouva pour appeler Louis plutôt que de lui envoyer un message, et il se rendit compte pendant qu'il entendait son téléphone sonner que le bar, dans lequel il était, était probablement trop bruyant pour permettre une conversation, mais il voulait quand même essayer.
La sonnerie s'arrêta et fut remplacée par de la musique et gens parlant par-dessus, et puis un « Allo ? » plus distinctement crié.
« Louis. » Sa voix était tellement cassée et ça lui faisait mal de parler plus haut qu'un fort murmure. Harry souffla, frustré et pathétique, et il se demanda s'il ne devait pas simplement raccrocher.
« Harry ? J'arrive pas à t'entendre, » beugla Louis, « Attends une seconde, d'accord ? »
Il attendit. Il y eut plus de bruit et il put entendre Louis s'excuser lorsqu'il batailla apparemment à passer à travers une petite foule pour aller dans un endroit tranquille. Une porte grinça puis le bruit de fond disparut et Harry attrapa sa tasse de thé, en prenant une gorgée fortifiante.
« Hé, » dit Louis, « T'es là ? »
« Ouais, j'suis là. » Harry avala et reposa sa tasse avec une main tremblante.
« Qu'est-ce qui va pas ? »
« Quoi ? Je vais bien. »
« T'as l'air mal au point, » dit Louis. « Tu vas bien ? T'es... c'est le générique de Friends ? »
Harry grogna, longuement et peut-être un peu dramatiquement. C'était inhabituel pour lui de chercher la sympathie de quelqu'un, vraiment, mais pour une quelconque raison il voulait entendre Louis lui dire quelque chose de réconfortant, même s'il savait que ce n'était pas juste de le tourmenter avec ses propres problèmes alors qu'il était en train de s'amuser. « J'suis malade, » grommela-t-il. « Quarante putain de fièvre. »
« Oh, » dit Louis d'une voix traînante, son ton quelque part entre sérieux et sarcastique. « Désole, mec, t'as pris quelque chose ? »
« Eh bien, ouais, » dit Harry en faisant la moue. « Parle-moi de ta soirée, t'es où ? »
« Oh, on est à Williamsburg. J'ai oublié le nom de l'endroit où on est maintenant, on est genre tombé ici en sortant d'un autre bar. Mais 'y a des tonnes de putain de personne ici. Et des costumes géniaux. » Il laissa traîner le mot géniaux assez longtemps pour que Harry se rende compte qu'il était peut-être un peu pompette, et c'était absolument mignon.
Harry éclaircit sa gorge. « Je t'ai vu sur Instagram. »
« Oh ouais ? » Louis sembla enthousiaste. « Qu'est-ce que t'en penses ? »
« Que t'es foutrement sexy, » dit catégoriquement Harry, comme si c'était évident, parce que ça l'était, et Louis devait le savoir où il n'aurait pas lorgné l'appareil photo comme ça.
« J'parie que t'es magnifique, aussi, Harry, » rigola Louis, le taquinant, et Harry grogna simplement, se sentant blessé, contrarié et mis à l'écart parce qu'il loupait tout ce pour quoi il avait été pressé pendant tout le mois précédent.
Louis lui manquait et tout arrivait en quelque sorte en même temps. Pendant les deux dernières semaines, il avait été trop débordé pour interagir avec lui en dehors d'un message occasionnel, et il se souvenait qu'à chaque fois qu'ils avaient eu la chance de parler, ce qu'il ressentait envers lui n'était jamais ressorti de la façon dont il continuait d'espérer que ce soit le cas. La distance entre eux était seulement pénible au début, mais après deux mois, Harry pouvait finalement admettre qu'il lui manquait et ça craignait.
C'était même encore moins réaliste que le fait de se sentir mieux comme par magie, mais ce que Harry voulait vraiment – il ne s'attendait pas à ce que la sensation pèse autant quand elle le frappa – était que Louis soit ici avec lui, même juste pour une nuit, juste pour traîner, le taquiner sans pitié et le faire rire jusqu'à en faire mal au ventre.
« Hé, ne le prends pas comme ça. » Il y eut une seconde pendant laquelle Harry put entendre Louis s'excuser pour se décaler du chemin de quelqu'un qui avait dû entrer dans les toilettes, puis il parla à nouveau. « Pourquoi t'essaie pas juste d'aller dormir ? Et arrête d'aller sur Instagram, tu vas juste te faire plus de mal. »
« Je sais, » marmonna Harry, son visage se tourna dans le coussin du canapé, les yeux fermés. « J'aimerais que tu sois là. »
Il y eut une pause puis Louis soupira. « Ouais. »
« Trois semaines. »
« Alors, c'est sûr que tu rentres pour Thanksgiving ? » demanda Louis, presque comme s'il s'attendait à ce que Harry renonce à ce voyage.
Harry comprenait pourquoi Louis lui demandait ça en considérant le fait qu'il s'était plain de détester prendre l'avion pendant les fêtes au moins une douzaine de fois, au cours du mois précédent. Mais ça blessait quand même un peu qu'il ne semble même pas enthousiaste qu'ils aient un moment déterminé pendant lequel ils se verraient. Et, d'accord, peut-être que Louis n'avait pas mis de ton dans sa façon de le dire, mais Harry se sentait mal et il en venait rapidement à hyperboliser le fait que tout le monde était contre lui.
« Je serais rentré dans tous les cas, Lou, » grommela Harry, éloignant brièvement son téléphone de sa bouche pour tousser, ayant l'impression qu'un million de petits poignards étaient en train de transpercer ses poumons en même temps.
« D'accord. Bien alors. Je sais que tu manques déjà à ta famille. »
Ce fut presque suffisant à Harry pour mettre fin à l'appel, peut-être même jeter son téléphone à travers la pièce dans une certaine façon dramatique, parce que Louis semblait juste tellement nonchalant à propos de tout ça. Même s'il était ivre et même s'ils ne se faisaient pas de longs discours poétiques sur à quel point ils se manquaient à chaque fois qu'ils parlaient, il voulait entendre que Louis était celui à qui il manquait et qu'il était celui qui attendait impatiemment son retour.
Avant même que Harry ait la chance de répondre, il entendit une sorte de bruissement sur la ligne, comme si quelqu'un venait de rentrer dans Louis. Peu importe qui c'était, il devait avoir attiré l'attention de Louis parce qu'il pouvait les entendre se parler et Harry attendit simplement, abasourdi que Louis semble avoir vraiment oublié le fait qu'il était à l'autre bout du fil.
Le sentiment qu'il ressentit en imaginant Louis en train de flirter avec la personne avec qui il était en train de parler était mille fois pire que la jalousie qu'il avait ressentit à Point Pleasant, parce qu'il avait beaucoup plus qu'un désavantage à présent. Il n'avait aucun droit sur Louis et il n'était pas présent pour essayer d'attirer à nouveau son attention sur lui, en étant plus sexy ou plus drôle que l'autre gars. Ça ne semblait pas être un combat qu'il pouvait gagner en étant de l'autre côté du pays, alors que l'autre personne était juste en face de Louis, souriant, concret et avec le potentiel d'être beaucoup plus permanent dans sa vie que Harry l'était.
Il attendit pendant cinq minutes entières, croassant parfois le prénom de Louis aussi fort que sa gorge le lui permettait, avant de finalement renoncer à l'espoir qu'il l'entende.
Se sentant encore plus misérable qu'avant, il raccrocha, tapant rapidement un message à Louis qui le lirait quand il aurait fini de parler avec peu importe qui, la personne sans visage qu'il détestait purement par principe parce qu'elle pouvait toucher Louis et regarder la façon dont le bleu de ses yeux devenait plus foncé dans la lumière tamisée du bar, tandis que lui ne pouvait pas.
J'vais dormir. Happy halloween
Harry ne s'attendait pas à une réponse, surtout pas aussi rapidement qu'elle arriva, et il prit une douloureuse inspiration avant de faire glisser son pouce sur l'écran de verrouillage pour lire le message en entier.
Désolé jvoulais pas couper notre convo. Dur 2 parler ici mais jtappelle demain si j'ai pas tp la gueule de bois. Bois un bouillon et fais semblant que je l'ai fait pour toi. Fais en sorte qu'il soit dégeu pour que ce soit crédible
C'était plus que ce qu'il pouvait espérer de cette réponse, mais Harry avait juste vraiment eu envie de lui parler, d'entendre sa voix parce que pour une raison inconnue, il commençait à ressentir l'impact d'être loin plus qu'à n'importe quel moment depuis qu'il était parti. Tout allait bien jusqu'à présent, il n'avait même pas été triste dans l'avion, mais il avait l'impression que tout était en train de le rattraper et il ne savait pas comment y mettre une halte avant de devenir fou.
Harry n'avait jamais cherché à ce que quelqu'un comme Louis rentre dans sa vie, mais ça avait été le cas et il s'était dit à plusieurs reprises que ce n'était pas grave, qu'ils pouvaient passer leur été ensemble et que ça ne changerait rien d'autre dans sa vie.
La plupart du temps, il avait l'impression que c'était le cas, sauf quand Louis lui manquait, qu'il lui manquait réellement.
La façon dont Louis avait l'air quand il avait de l'eau savonneuse jusqu'aux coudes pendant qu'il faisait la vaisselle lui manquait, ainsi que la façon dont ses aviateurs se balançaient sur le bout de son nez pendant qu'il chantait dans le siège passager, et la façon dont il faisait semblant de ne pas être en manque d'affection et le fait qu'il l'était malgré lui.
Ce fut facile d'ignorer ces choses avant, parce que Harry avait été tellement occupé et qu'il avait simplement profité de la vie à laquelle il était habitué avant que Louis Tomlinson soit quelqu'un qu'il connaisse, quelqu'un avec qui il avait ri et couché, et maintenant quelqu'un qui lui manquait également.
C'était peut-être sa fièvre ou la réalisation que quelqu'un d'autre allait finalement remplir le vide qu'il avait laissé dans la vie de Louis, mais le fait qu'il ne pouvait plus l'ignorer le rendait presque encore plus malade que sa grippe.
Laissant tomber son téléphone, il pensa à se faire un bouillon parce que ça serait probablement bon pour sa gorge. Cependant, se lever du canapé lui demanda plus d'effort qu'il pouvait en fournir, donc il s'installa pour regarder des adolescents s'entre-tuer à coups de hache à la télévision, essayant de se concentrer sur le Ghostface plutôt que de s'apitoyer sur à quel point il se sentait nul au milieu de sa jalousie soudainement persistante et irrationnelle.
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