Jour 10
Aujourd'hui, je rentre chez moi. À la maison. Je vais découvrir mon univers, ma vie. Je vais enfin pouvoir essayer de me souvenir. Ce n'est pas dans cet environnement que je peux me rappeler de quoique ce soit, il n'y a que chez moi que je peux y arriver. Enfin, c'est ce que j'espère. Et c'est ce que je veux par dessus tout.
J'étais devant mon miroir et j'arrangeais mes cheveux comme je le pouvais. Je passai un coup de brosse et laissai mes cheveux lisses tomber sur mes épaules.
J'enfilai une robe couleur saumon qui m'arrivait à mi-cuisse et ne pris pas la peine de me maquiller, encore une fois.
Dans les affaires qu'on m'avait apporté, j'ai retrouvé un collier en argent qui comportait mon prénom. Je le trouvais très joli et le passai donc à mon cou. Je n'ai pas la moindre idée d'où il pouvait sortir, mais je l'aimais beaucoup.
J'ai rangé toutes mes affaires, ce qui se résumait à quelques robes, tee-shirts et shorts, et quelques accessoires de douche. Une fois tout cela terminé, j'appuyai sur le bouton d'appel de ma chambre, espérant voir Steven entrer. Il était presque dix heure et mon père n'allait pas tarder à arriver. J'allais donc en profiter pour dire au revoir à mon infirmier. Même si j'allais sûrement le recroiser un jour puisque j'allais revenir à l'hôpital assez souvent, je voulais le voir avant de partir.
- Je vois que tu es déjà prête, s'exclama Steven en entrant.
- Oui, lui souris-je. J'ai hâte de partir d'ici !
- Tu avais besoin de quelque chose ?
- Je voulais juste te remercier.
Je m'installai sur mon lit, il m'a suivi en s'asseyant sur le bord.
- Tu n'as pas à me remercier, c'est mon métier, rit-il.
- Tu m'as soutenue et c'est toi qui m'a incitée à voir mes parents. À m'ouvrir à eux. Et tu m'as aidé à ouvrir les yeux pour me réveiller réellement. Alors merci.
- Tout vient de toi, je n'ai rien fais d'autre que de te donner mon avis.
- Je te remercie, alors tais-toi, rigolai-je.
- Très bien. De rien alors !
Il me sourit, et un silence s'installa, qui fut interrompu par l'entrée de mon père.
- Prête pour retourner à la maison ?
- Plus que prête ! m'exclamai-je en me levant.
Je passai mes mains pour lisser ma robe et m'approchai de mon père pour lui faire la bise. Il y a trois jours, quand il m'avait fait la bise, j'avais été étonnée, mais depuis, je le fais chaque jour, avec lui et ma mère.
Je lui montrai ma valise qui était au pied de mon lit pour qu'il la prenne et avant de sortir, je me retournai vers Steven et le pris dans mes bras. Il avait l'air surpris mais ne m'a pas repoussée.
- Merci, lui dis-je en me reculant.
- À bientôt Nikky.
Je lui souris et sortit de la chambre en suivant mon père. Il avait déjà rempli les papiers pour ma sortie et on marcha jusqu'à sa voiture.
- Tu es stressée ? me demanda-t-il en démarrant.
- Un peu. Mais c'est normal, non ? dis-je en faisant tressauter mes jambes.
- Tout va bien se passer. Jordan est à la maison et maman rentre à midi pour manger.
- Ok.
Le silence se fit et une dizaine de minutes plus tard, nous étions arrivés devant un grand portail noir en fer forgé, qui s'ouvrit automatiquement après que mon père ait appuyé sur une télécommande.
- Attend. C'est là que j'habite ?
- En effet.
Il laissa la voiture dans l'allée qui descendait devant le garage et j'ouvris la portière de la voiture, pour me retrouver face à une maison immense. Mes yeux parcouraient l'ensemble de la façade blanc cassé.
Comme me l'avait dit Jordan, la maison possédait un rez-de-chaussé et un étage. Toute la surface devant la maison était recouverte de cailloux et je pouvais voir de la pelouse sur les côtés de celle-ci. La fenêtre encastrée dans le toit pointu fait de briques marron laissait imaginer la présence d'un grenier.
La lourde porte blanche s'ouvrit sur un Jordan souriant, encore un peu endormi à en juger par ses cheveux en bataille et seulement vêtu d'un short de sport. Je n'ai pas eu le temps d'ouvrir la bouche pour protester qu'il avait déjà descendu les trois marches du porche pour se jeter dans mes bras, et coller son torse nu contre moi. J'étais vraiment gênée, mais je n'ai pas osé le repousser. Il me serra fort contre lui et moi, je laissai mes bras le long de mon corps, et restai un peu réticente. Il se recula pour m'embrasser sur la joue.
- Tu m'as manqué ! Aller viens, je vais te faire visiter, me dit-il en souriant.
Il passa sa main sur mes épaules pour m'emmener en direction de l'entrée et je me laissai embarquer.
- Waouh !
C'est le seul mot qui a pus sortir de ma bouche en entrant.
- Je monte ta valise dans ta chambre, m'informa mon père et j'hochai la tête pour confirmer ce qu'il disait.
J'étais encore plus ébahie par l'intérieur de la maison. Tout le rez-de-chaussé n'était constitué que d'une seule pièce immense. Aucun mur ne délimitait la cuisine du salon, tout deux dans les mêmes tons de gris et de blanc. À gauche de l'entrée était la cuisine, qui possédait une imposante table, ou plutôt un gros bloc gris clair entouré de tabourets de bar blancs. Cela ressemblait à un bar mais avait la largeur d'une table.
- Ça te dérange si je finis de manger avant la visite ? me demanda Jordan, me sortant de mes pensées.
- Quoi ? Hum... Non, non, pas du tout. J'ai de quoi m'occuper rien qu'avec cette pièce.
- Ça, c'est sûr ! rit-il.
Il s'installa sur un tabouret et plongea une cuillère dans son bol. Je détournai mon regard pour continuer mon inspection. La cuisine comportait plusieurs objets et meubles, soit en inox, soit blanc, soit gris. Tout était vraiment moderne et élégant.
Je m'approchai doucement de la table, comme si j'allais salir le carrelage gris clair brillant, et passai mes doigts sur la surface lisse et toute aussi brillante de celle-ci.
Jordan me regardait, un sourire aux lèvres et continuait de manger ce qui me semblait être des céréales. Il me suivit du regard lorsque je me dirigeais vers le coin salon de la pièce. Un grand canapé en cuir blanc faisant l'angle du mur et pouvant facilement accueillir huit ou dix personnes, entourait une grande table basse en verre gris clair transparent. Une grande télé à écran plat reposait sur un meuble bas, de la même couleur que la table basse, contre le mur d'en face.
Une baie vitrée prenait place sur le reste du mur opposé à la porte d'entrée, près du canapé. Je m'approchai de celle-ci. Une table de jardin grise entourée de six chaises reposait sur une terrasse en pierres blanches. De la pelouse entourait la terrasse et une grande piscine creusée s'imposait au centre du jardin. Quelques chaises longues et parasols étaient posées sur les larges bordures de la piscine. Deux grands arbres faisaient de l'ombre au fond du jardin et des épais hauts buissons très hauts séparaient notre demeure de celle des voisins.
- Tu la trouves comment ta maison ? me questionna la voix lointaine de mon père.
Je me tournai vers lui et Jordan qui étaient à la table de la cuisine. Je marchai dans leur direction.
- C'est trop... génial. Parfait. Enfin, je crois, bafouillai-je.
- C'est trop drôle, rit mon meilleur ami en se levant pour déposer son bol dans ce qui devait être un lave vaisselle.
- Qu'est-ce qui est drôle ? lui demandai-je tout en continuant de balader mon regard autour de moi comme si j'étais dans un musée.
- Ta tête. C'est amusant de te voir bluffée comme ça.
- J'ai comme l'impression que ce n'est pas fini, marmonnai-je. Il y a quoi derrière les deux portes ? dis-je en remarquant deux portes à droite de la porte d'entrée.
- Cella-là, dit mon père en montrant celle qui était le plus proche de l'entrée, c'est le cagibi.
Il s'avançant vers la seconde porte qui était dans un renfoncement. En m'approchant, j'ai pu remarquer qu'il y en avait une troisième sur le mur qui faisait l'angle.
- Ici, c'est mon bureau, m'informa-t-il en pointant une des deux portes, et l'autre c'est le bureau de ta mère. Mais je pense que l'étage t'interresse un peu plus, non ? me sourit-il.
Je me tournai vers l'escalier fait de marches transparentes en verre, qui montait en colimaçon au premier étage.
- Tu peux monter, tu sais. Je vais commencer à faire à manger, et Jordan va venir m'aider. Je pense que tu peux te débrouiller pour visiter là-haut ? me sourit-il.
- Ouais, hum, ok, réussis-je à bafouiller.
J'ôtai mes sandales et montai à l'étage, qui, comme je m'y attendais, était de la même couleur que le bas. La première pièce, dans les tons marrons, était ce qui semblait être la chambre de mes parents et je ne m'y attardai donc pas. Sur la seconde porte, un petit écriteau avec inscrit le mot " Toilettes " m'informa que c'était inutile que j'entre. La troisième porte donnait sur une autre chambre. Les murs était bleus très clairs, quelques vêtements trainaient au sol et le grand lit double était défait. Ça devait être le chambre de Jordan, donc je ressortis rapidement. La chambre suivante était rouge et grise et me plaisait beaucoup. J'ouvris la dernière porte où trônaient deux petits lits simple : la chambre des jumeaux. Donc la chambre rouge était bien la mienne. J'y retournai pour la regarder un peu plus en détails.
La lumière du soleil illuminait la pièce. Deux murs en vis-à-vis étaient rouge foncé, tout comme le plafond, tandis que les deux autres murs ainsi que le sol étaient gris clairs. Un lit double à baldaquin était face à la porte, les montures en acier étaient grise, la couverture, rouge, et plusieurs oreillers des deux couleurs s'empilaient au niveau de la tête. À droite du lit, une lampe de chevet rouge reposait sur une table de nuit grise. De l'autre côté, un bureau en acier gris lui aussi était parfaitement rangé et un ordinateur portable était posé dessus. Sur le mur d'en face, juste à gauche de la porte, une étagère était remplie de livres, un fauteuil en tissu rouge était en face, près d'une longue lampe de la même couleur. Cette chambre était vraiment élégante, et j'aimais beaucoup mes goûts. Si toutefois la décoration était de moi.
J'avançai vers la porte sur le mur de gauche, près du bureau. Elle donnait sur une salle de bain aux murs et au sol carrelés rouge et blanc. Elle ne contenait qu'un évier avec un meuble blanc en dessous, une cabine de douche ainsi que quelques produits de douche.
Je ressorti s et me dirigeai vers la porte double sur le mur d'en face. Ma bouche s'ouvrit en grand, en même temps que les portes. C'était un dressing : une grande penderie remplie, plusieurs étagères occupés de vêtements ou de chaussures, et ma valise posée sur le côté. C'était impressionnant le nombre de vêtements que je possédais.
Je décidai de ranger mes affaires d'hôpital un peu plus tard, et continuai d'admirer ma chambre, et plus précisément une composition de tableau sur le mur gris à côté de la salle de bain. Il y avait huit cadres rouge collés les uns aux autres, à l'intérieur desquels des photos en noir et blanc, représentaient une rue avec des maisons de chaque côtés de celle-ci. Les huit cadres étaient une petite partie de ce qui formait un tout. Je trouvais ce cadre magnifique. Tout était magnifique.
Je ne voulais pas m'attarder trop longtemps ici, alors je redescendis les escaliers pou rejoindre mon père et Jordan. Les marches en verre me faisaient un peu peur. Le fait de poser le pied sur des marches transparentes était vraiment étrange.
Mon père était dos à moi et faisait cuire je ne sais quoi, quant à Jordan, il sortait plusieurs ingrédients du réfrigérateur, qu'il posait sur la table. Il était toujours torse nu et était vraiment... pas mal du tout. Il avait des muscles, mais pas trop. Il se retourna et me fit un grand sourire en me voyant. Il est vraiment craquant, c'est fou !
- Tu as déjà tout visité ? me demanda-t-il.
- J'ai fais un rapide tour, oui. C'est vraiment magnifique !
- Tu as trouvé ta chambre ?
- Oui, et je l'adore. Une minute, c'est bien la rouge ?
- En effet, confirma mon père avec le sourire.
Jordan donna un pot de crème à mon père et sortit un saladier pour entreprendre de faire ce qui me semblait être une salade de riz, d'après les ingrédients.
- J'ai même pu identifier facilement les trois autres chambres. C'était pas vraiment difficile, ris-je.
- Ah oui ? Et c'est laquelle ma chambre alors ? demanda Jordan avec arrogance.
- La bleue !
- Comment t'as deviné ? s'étonna-t-il.
- Parce que la chambre rose possède deux lits, donc je pense que c'est celle des jumeaux, et ensuite, la marron est rangée, et pas la bleue, lui souris-je.
- Je vois que tu n'as toujours pas débarrassé tes vêtements sales, déclara mon père.
- J'allais le faire. Après...
J'ai ris devant la situation et ils m'ont suivis. Mon meilleur ami avait, en effet, l'air proche de mon père.
J'ai demandé si l'un ou l'autre avait besoin d'un coup de main, mais on m'a de suite rejetée, alors je les regardais faire. Jordan mélangeait dans un saladier, du riz, des tomates, des œufs durs et du soja. De son côté, mon père s'affairait a remuer des morceaux de viande qui baignaient dans une sauce à la crème, tout en s'occupant d'une poêle pleine de pommes de terre.
- C'est toi qui a dessiné la maison ? demandai-je à mon père.
- Oui. Et presque toutes celles qui sont dans le quartier, me répondit-il.
- Dont la mienne, intervint Jordan.
- Elle est où la tienne ?
- À trois maisons d'ici.
- Alors pourquoi tu habites ici si ce n'est pas loin ?
- Ses parents voulaient être sûrs qu'il ne fasse pas sauter la maison après une fête trop arrosée. N'est-ce pas ?
Mon père arqua un sourcil à l'adresse de Jordan, qui se mit à rire.
- Aucune confiance ! s'exclama-t-il faussement indigné. Non mais en faite, je n'avais pas envie de rester tout seul, c'est plus amusant chez toi Nikky !
- Donc tu es riche aussi, si je comprend bien ?
- Tout à fait ! C'est un quartier de riche bourgeois, rit-il.
- Je suis riche, mais pas bourgeois mon petit, se défendit mon père, ce qui nous fit rire tous ensemble.
Ma mère entra à ce moment là, vêtue d'une robe serrée noire et d'un chignon parfait, un large sourire sur son visage radieux. Elle posa sa mallette et une boite blanche en carton sur la table et me prit dans ses bras pour m'embrasser la joue.
- Bonjour ma chérie ! Ce que je suis contente de te voir ici ! Comment tu trouves ta maison ? me demanda-t-elle impatiente d'entendre ma réponse.
- Le mot exact devrait être " musée " et non " maison ", lui souris-je. Mais j'adore, c'est magnifique.
- Je suis heureuse que ça te plaise, me sourit-elle à son tour.
Je vis Jordan qui sortait des assiettes d'un placard et je me suis levée pour l'aider.
- Laisse Nikky, je vais le faire.
Je ne l'écoutai pas et lui pris la pile des mains.
- Je ne vais pas rester sans rien faire. Déjà que je suis obligée de vous regarder faire à manger en me tournant les pouces.
Je disposai les quatre assiettes en face de quatre tabourets et demandai à mon père de m'indiquer où se trouvaient les couverts, il me répondit en me montrant le tiroir tout à droite.
On s'installa tous à la table, et on commença à manger. La salade était délicieuse, contrairement à la nourriture de l'hôpital qu'on me donnait, tout comme le plat qui suivait. Mon père et Jordan cuisinaient vraiment bien, et j'en étais bien contente, puisque ça voulait dire que j'allais toujours manger de la bonne nourriture. Je les félicitai, et ils me remercièrent d'un sourire.
- J'avais une question, dis-je en me rappelant soudain de quelque chose.
- On t'écoute, répondit ma mère.
- J'ai une cicatrice au dessus de l'œil droit. Je me suis fais quoi ?
- Je laisse Jordan te répondre, rit mon père.
Ce dernier et ma mère se mirent à rire eux-aussi, et mon meilleur ami prit la parole.
- C'est pas de ma faute, se défendit-il en riant. Enfin, pas entièrement.
Il prit le temps d'enfourner un morceau de pomme de terre dans sa bouche avant de reprendre.
- On devait avoir six ou sept ans, je crois, et on jouait aux sorciers dans le jardin de mon ancienne maison.
Un sourire commençait à arriver sur mes lèvres. Je sens que cette histoire va être passionnante.
- Ne rigole pas, c'était trop bien ! Enfin, jusqu'à ce que je te jette un sort pour devenir un fantôme, bien sûr.
- Un fantôme ? Tu plaisantes ?
- Non, rit-il. Mais tu n'as pas disparu alors tu m'as dis que peut-être tu pouvais passer à travers les objets ou les murs.
- Oh non... soufflai-je en cachant ma tête dans mes mains, imaginant facilement la suite.
- Oh si ! répliqua-t-il immédiatement. Mais t'inquiète, tu n'as pas foncé dans un mur tête baissée. Tu m'as seulement dis de te jeter une pierre pour voir si ça allait te traverser. Et je l'ai fais, en choisissant la plus grosse pierre que j'avais à disposition, bien sûr.
- Et tu me l'as jetée dessus ? lui demandai-je en connaissant déjà la réponse.
- Ouais. Et je dois t'avouer que je ne suis pas un sorcier !
- Et tu dis que tu n'y es pour rien ? m'étonnai-je en riant.
- Hé ! C'est toi qui a insisté pour que je le fasse ! s'exclama-t-il faussement indigné.
Je touchai le dessus de mon œil, comme si tout allait me revenir par magie, comme si Jordan, en me racontant ceci allait être le sorcier qu'il n'a pas été il y a dix ans et me redonner ma mémoire par le simple fait de me raconter cette histoire.
- Mais bien sûr ! lui souris-je.
Mes parents riaient et on les rejoignit Jordan et moi. Ma mère m'avoue ensuite que j'avais fini en pleure, l'arcade qui saignait abondamment, et qu'ils se sont dépêchés de m'amener à l'hôpital. J'ai eu droit à quatre points de suture après ça, et mes parents nous ont engueulé tout les deux, ce qui, d'après mon père, ne nous a nullement empêcher de faire d'autres bêtises.
Une fois toutes les assiettes vides, mon père débarrassa le tout, non sans me refouler lorsque j'ai voulu l'aider, et il apporta une large assiette où était posé un gros gâteau à la fraise. Au bout de la table, la boite que ma mère avait déposé était ouverte et vide. C'est donc ça qu'elle avait apporter.
Il découpa le gâteau en huit parts et en déposa quatre dans de petites assiettes. Je regardai mon dessert avec suspicion et le touchai avec le bout de ma cuillère. Est-ce que j'aime la fraise ? Si ma mère a choisi ce gâteau, c'est que je dois l'aimer, pas vrai ? Mon entourage connait ce que j'aime alors que moi non, je pense que je n'avais donc pas de soucis à me faire sur ce qu'on me donnait pour me nourrir.
- Ça ne va pas Nikky ? demanda mon père, me sortant de mes pensées.
- Si tout va bien, lui souris-je pour appuyer mes propos.
Je regardai les trois autres assiettes. Celle de Jordan était déjà vide, celle de mon père l'était presque, et la part de ma mère était à moitié entière. Je me dépêchai de prendre un morceau que je mis dans ma bouche, et je m'empressai de faire de-même avec le suivant. Ce gâteau était vraiment délicieux, et je ne mis pas très longtemps à avaler le reste, malgré le fait que mon ventre était déjà plein.
Après manger, je me suis installée sur le canapé. J'avais beaucoup, beaucoup trop manger et j'avais l'impression d'être sur le point d'exploser. Ils m'ont rejoint tout les trois et nous avons discuté pendant quelques temps, avant que ma mère ne s'excuse de devoir retourner travailler. Mon père fit de même et s'enferma dans son bureau pour finir ses plans qui avaient déjà du retard.
J'étais assise face à la télé, et un grand cadre était accroché au mur, juste au dessus de l'écran. C'était une photo en noir et blanc des jumeaux et moi, mais elle paraissait un peu plus ancienne que celle que ma mère m'avait montré à l'hôpital.
Je me suis levée pour me diriger vers la baie vitrée et j'ai tourné la clé qui était dans la serrure, pour faire coulisser la porte. En sortant sur la terrasse, j'ai pu ressentir la chaleur de l'extérieur parcourir ma peau. Le soleil réchauffait mon corps et contrastait incroyablement avec la fraicheur de l'intérieur de la maison. Je m'avançai pieds nus sur la terrasse, puis dans l'herbe, pour arriver à la piscine. J'avançai jusqu'à l'endroit où il y avait des marches et me mis debout sur la plus haute, l'eau m'arrivait un peu plus haut que les chevilles.
Jordan était appuyé contre la baie vitrée et me regardait, le sourire aux lèvres. D'un signe de tête, je l'invitai à me rejoindre, et il ne se fit pas prier. Il s'est assis sur le rebord, laissant ses pieds dans l'eau comme je l'avais fais.
- Je peux voir ton tatouage ?
Il ne me répondit pas, mais sortit sa jambe gauche de l'eau pour me montrer son mollet. C'était le dessin d'un dragon, fait de lignes fines.
- Il est vraiment beau, lui dis-je, me retenant de poser mes doigts sur l'encre noire.
- Heureusement que tu l'aimes bien ! s'exclama-t-il en riant, reposant sur pied dans l'eau. C'est à cause de toi.
- Pourquoi moi ? m'étonnai-je.
- Tu m'as dis, il y a quelques mois, que je ne serais pas capable de me faire tatouer, me sourit-il.
Son sourire était magnifique, et ses yeux gris brillaient d'une lueur d'amusement, ce que me déstabilisait. J'ai alors détourner le regard pour admirer l'eau de la piscine.
- Et tu l'as fais seulement pour me prouver le contraire ?
- Exactement ! rit-il.
- Et pourquoi un dragon ?
- Je ne sais pas, c'était joli.
- Un papillon aussi c'est joli, lui souris-je en le regardant à nouveau.
- Non, je ne me ferai pas tatouer un papillon ! Mes parents ont déjà failli me tuer, alors je vais attendre un peu, rigola-t-il.
Je me relevai pour descendre une marche supplémentaire.
- Je vois que tu es incapable de te graver un papillon sur la peau, constatai-je en riant.
- Oui j'en suis incapable, et je l'admet avec le sourire, Nikky !
- Heureusement, rigolai-je.
L'eau m'arrivait maintenant aux genoux quand je suis arrivée sur la troisième marche. Je parcourais la surface de l'eau du bout des doigts.
- Tu sais, tu peux te baigner si tu veux.
Je me retournai vivement vers lui, et il me souriait.
- C'est vrai ? m'étonnai-je, les yeux agrandis par la surprise.
- Bien sûr. Mais je viens avec toi, et je t'interdis de plonger.
Il riait mais je voyais bien qu'il était inquiet que je retourne dans l'eau.
- C'est promis ! Merci ! m'exclamai-je en sortant hâtivement de l'eau.
Je devais avoir l'air d'une gamine, mais j'avais vraiment envie d'aller me baigner.
Jordan me suivit à l'intérieur de la maison, et fit un arrêt dans le bureau de mon père pour le prévenir que nous allions faire un tour dans l'eau. Je n'ai pas entendu sa réponse, mais mon ami ressortit avec le sourire. J'en ai donc déduis que mon père était d'accord.
Après quelques secondes de recherches dans mon dressing, j'ai trouvé un tiroir rempli de maillots de bain. J'ai pris un deux pièces vert foncé que j'ai enfilé en vitesse, passant par la salle de bain pour m'entourer d'une longue serviette couvrant tout mon corps.
Comme je me suis déjà baignée avec Jordan, c'est qu'il m'a déjà vue en maillot de bain, mais j'étais tout de même gênée à l'idée qu'il me voit à moitié dénudée.
En sortant de ma chambre, il m'attendait assis par terre en haut de l'escalier. Il avait seulement changé son short de sport en un short fleuri, bleu foncé et blanc.
Nous sommes descendu en silence et Jordan est entré dans l'eau sans hésitation. Pour ma part, je me suis assise sur l'un des transat, et j'ai pris le temps de relever mes cheveux en chignon. Je le regardais nager sous l'eau, et je me suis surprise à détailler le moindre des muscles de son dos. Après avoir fait un aller-retour, il est revenu vers les marches, et a passé sa main dans ses cheveux mouillés. L'eau lui arrivait au niveau de l'élastique de son short, me révélant son torse bronzé et un peu musclé, me laissant voir ses abdominaux bien dessiné sous des gouttelettes d'eau qui glissaient sur sa peau pour retourner dans la piscine.
- Je croyais que tu voulais te baigner ?
Je clignai rapidement des yeux pour me sortir de ma contemplation, et dirigeai mon regard vers son visage. Je crois qu'il a dû remarquer que je le regardais avec insistance puisqu'il souriait et attendait visiblement ma réponse.
- Je... J'arrive.
J'ai laissé tomber ma serviette sur le transat et j'ai avancé jusqu'aux marches. Jordan était déjà reparti sous l'eau, et j'ai fais quelques pas, avant de me mettre à nager, gardant la tête à la surface. Ça ne m'étonnait même pas de savoir nager.
Nous sommes restés assez longtemps dans l'eau, sans pour autant parler. J'appréciais le fait d'être dans l'eau pour la sentir glisser sur mon corps. Même si c'est à cause de cela que j'ai perdu la mémoire, et que je me suis noyée, je me sentais bien et en sécurité ici, avec Jordan.
J'avais aperçu mon père à deux reprises près de la baie vitrée. Il se faisait du soucis, et je le comprenais ; il avait failli perdre sa fille dans cette même piscine.
Quelques heures plus tard, après m'être lavé, après avoir dîné, et après avoir dit bonsoir à mes parents et à Jordan, je suis partie me coucher. Je pensais être fatiguée, mais une fois allongée sur ce grand lit, je ne pouvais arrêté de penser. J'avais cru qu'en découvrant le lieu où je vivais, la mémoire me reviendrais, mais pas même une once de souvenirs ne m'est revenu. Rien. C'était une journée de découverte comme toutes les autres, rien de plus. Et j'étais déçue.
Je me retournai dans mon lit une nouvelle fois et vis sur mon réveil qu'il était vingt-trois heure trente-six. Déjà une heure et demi que j'étais couchée, et je ne faisais que de me retourner depuis tout ce temps. Mes parents m'avaient proposé de rester regarder un film avec eux, mais j'avais gentiment décliné cette invitation. J'avais besoin d'être seule un moment. Seule dans ma grande chambre sombre. Malgré l'épaisse couverture qui me recouvrait, j'avais froid, et je n'arrivais pas à fermer les yeux. J'avais cette impression qu'il me manquait quelque chose pour réussir à fermer les yeux, et j'ignorais quoi. Je fermai les yeux et attendis patiemment que le sommeil vienne s'emparer de mon esprit. J'essayais d'arrêter de penser en me recroquevillant sur moi-même, enfouissant ma tête dans mes oreillers.
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