Chapitre 13

oO0Oo
PDV Damon

Inutile de dire que je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Inutile de dire que je titillais l'interrupteur de mon humanité. Et inutile de dire que je voulais à tout prix que mon petit frère revienne. Je l'avais détesté pendant tellement d'années, pour au final être complètement dévasté de sa disparition… Finalement, qui étais-je sans lui ? Je m'étais tellement habitué à sa présence, aux émotions qu'il provoquait en moi, que je m'étais persuadé qu'il était éternel. Il était censé l'être, en plus. Sinon, à quoi cela servait-il d'être vampire ?
Tous les autres s'en étaient sortis.
Sauf lui.
C'était complètement injuste.
Mon regard se perdit une nouvelle fois dans le vague. J'avais peut-être un peu forcé sur le bourbon, mais qu'importait si j'étais sobre ou pas ? La vie n'est qu'une chienne.
Sans vraiment savoir quoi faire, je me levai du sofa du séjour et marchai machinalement vers la chambre de Stefan. Là où pourrissait sa dépouille. Quand son corps entra dans mon champ de vision, je regrettai instantanément d'être venu. Mais je n'arrivais pas à repartir.
Bordel, qu'est ce qui m'empêchait de l'éteindre ? Au moins, j'aurais pas envie de pleurer comme un gosse en voyant son cadavre… Le problème était qu'on ne me laisserait pas vivre en paix si je l'éteignais.
Mais, à la réflexion, on ne me laissait pas être tranquille non plus avec mon humanité sur "on". La seule différence serait que, sans mes émotions, je me ficherais royalement de tout. Sauf qu'ils feraient tout pour me la faire retrouver. En utilisant soit les souvenirs de Stefan, soit Kathleen. J'étais face à un dilemme auquel je n'avais aucune envie de répondre. Je n'avais d'ailleurs plus envie de rien.
Je parvins enfin à détacher mon regard du corps de mon frère et sortis de la pièce pour me rendre au salon. Je n'avais plus de bourbon dans ma chambre. Alors autant boire celui-là.
Je descendis toute la réserve en l'espace d'une heure. Et j'avais encore soif. Soif d'oublier. Et je ne pouvais même pas dire à quelqu'un de rester avec moi pour noyer ma peine, étant donné qu'ils étaient tous partis chez les Originels.
Eh bien, je n'avais qu'à me rendre chez eux ! Je n'avais que ça à faire…
Sur un coup de tête, je sortis de la pension et m'y rendis à vitesse vampirique, ayant un peu de mal à ne pas trébucher. Personne ne m'ouvrit la porte à la première sonnerie, pas plus qu'à la douzième. Tant pis, j'entrai.
Il n'y avait personne. Pourquoi n'y avait-il personne ? Ils étaient censés être là, non ? Surtout que, s'il n'y avait personne, où était-elle ?

Moi : Kathleen ?

L'appel était venu presque malgré moi, j'imagine que l'alcool y était pour quelque chose.
Non, elle n'était pas ici, Bonnie non plus. Où diable étaient-elles passées ?

Moi : Damon, que tu es bête... Pense à la technologie. Ton portable.

J'étais vraiment bourré. J'allai dans ma liste d'appels et appuyai sur son nom. Après de longues, trop longues, secondes, elle finit enfin par décrocher.

Kathleen : Allô ?

Moi : Princ- hic ! Princesse ? Où est-ce que tu es ?

Kathleen : T'es bourré hein ? Souffla-t-elle.

Je ne savais pas si elle m'en voulait, ou si elle était déçue. Peut-être les deux.

Moi : Un peu. Mais ça va, je te le promets. T'es où ?

Kathleen : Hum... Je sais pas si...

Je l'entendis vaguement s'adresser à quelqu'un d'autre, comme si elle demandait confirmation avant de pouvoir me répondre. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien foutre, bon sang ??

Kathleen : On est au Mystic Grill. Bekah et Kol sont revenus de la Nouvelle Orléans.

Moi : T'es encore avec les Originels ?

Kathleen : Ce sont mes amis. Et eux, au moins, se sont réjouis de notre retour, répondit-elle d'un ton amer. Bref, ça ne sert à rien que tu viennes alors que t'as bu comme je ne sais quoi.

Moi : Tu plaisantes, j'espère ? Bien sûr que je viens ! J'arrive tout de suite.

Moins de cinq minutes plus tard - ou peut-être six, à cause de ma démarche moins assurée que d'habitude - j'arrivai au bar de la ville, cherchant des yeux la table où était assise Kathleen. Je la repérai et contractai la mâchoire en la voyant assise à côté de Kol.
Elle parlait avec Bonnie et ne m'avait pas encore vu. Je m'approchai de la joyeuse troupe avec moins de discrétion que voulu et m'assis aux côtés de Rebekah, qui, étrangement, m'offrit un sourire.

Rebekah : Cool que tu ne sois pas mort. T'as l'air vachement  content d'être ici.

Moi : Shhhh, Stefan est mort, je me fous de ce que tu me racontes. Kathleen ? Viens, on rentre.

Kathleen : Sûrement pas. Je t'avais dit de ne pas venir. Je suis très bien avec eux ici.

Moi : Tu vas vraiment passer ton temps avec eux alors que je viens de perdre mon frère ?

Tous me jetèrent un regard noir que je décidai d'ignorer.

Moi : Kathleen, s'il te plaît, j'ai besoin de toi…

Kathleen : Moi j'ai besoin de souffler. Je viens presque de passer les pires moments de ma vie.

Moi : Mais tu viens de me retrouver, j'ai passé un mois privé de tout, privé de toi, comment peux-tu me délaisser comme ça ?!

Elle ne me répondit pas, et ce fut le blaireau d'Originel qui le fit à sa place.

Kol : Fous-lui la paix, un peu. Souffla-t-il.

Moi : Oh, toi, la ferme. C'est pas à toi que je m'adresse.

Kathleen : Si tu veux rentrer, rentre. Moi j'ai pas envie. Je...

Moi : Tu préfères être avec eux plutôt que moi ?! La coupai-je.

Kathleen : C'est pas ce que j'ai dit, simplement tu...

Moi : Tu sais quoi ? Fais ce que tu veux. Je ne veux plus te voir.

Je m'apprêtais à partir, mais on me retint. Je me retournai et vis que c'était ce connard de Mikaelson qui me tenait. J'allais l'exploser.

Moi : Lâche-moi, ordonnai-je en le regardant dans les yeux.

Kol : Excuse-toi. Tout de suite.

Je ricanai. Il se pensait sincèrement en droit de me remonter les bretelles.

Moi : Sinon quoi ? Tu vas me tuer ?

Kol : Je ne vois pas ce qui pourrait m'en empêcher.

Moi : Tu me ferais un cadeau en m'ôtant la vie.

Kathleen : Arrête avec ce genre de connerie, souffla-t-elle en se tournant vers nous.

Moi : Tu sais très bien que, sans mon frère, ce n'est plus pareil, et comme à priori il n'y a pas moyen de le ramener…

Kol : Voilà une bonne raison de ne pas te tuer. Te voir souffrir est plus amusant. Intervint-il.

Kathleen : Kol, n'en rajoute pas, tu vois bien qu'il n'est pas dans son état normal.

Kol : Pitié, ne me dis pas que tu prends sa défense ?!

Rebekah : Ne fais pas de scandale.

L'Originel leva les yeux au ciel, outré. Son regard alla de sa sœur à moi, puis de moi à elle.

Kol : Où est passée ta solidarité féminine, ma sœur ? Tu vois bien qu'il y a un problème, nom de...!

Kathleen : Kol, ne t'en fais pas.

Kol : Et voilà qu'il va s'en sortir sans répercussion. Encore une fois.

Moi : T'as un problème, Mikaelson ? Ça te démange de m'en mettre une, hein ? Qu'est-ce que tu as, tu as peur ? Tu hésites ? Viens, défoule-toi, on va régler ça dehors si tu veux…

Kol : T'as vraiment pas peur de crever. La seule chose qui me retient de t'achever, c'est celle qui sort avec toi. Et encore, je lui ferais un beau cadeau en lui offrant ta tête sur un plateau.

Sans réfléchir, j'empoignai l'Originel et l'emmenai à l'extérieur à vitesse vampirique. Il m'avait fait voir rouge, ce qui était inévitable vu le taux d'alcool que contenait mon sang. Je lui envoyai mon poing dans la mâchoire, mais il perdit son sang froid d'un seul coup et m'envoya valser contre un mur.

Kol : Tu vas perdre, Salvatore !

Moi : Laisse mon arbre généalogique en dehors de ça, contente-toi de m'appeler Damon.

Il afficha une mine de dégoût tandis que je me relevai, et je tentai de le mettre à terre, sans succès. L'alcool ne m'aidait vraiment pas, pour le coup. Je ne comptais même plus les étoiles qui dansaient devant mes yeux. J'étais complètement étourdi. Le sang brouillait ma vue, la douleur entravait mes mouvements. Kol me refaisait le portrait bien comme il le fallait. Je l'avais bien mérité... Je sentais mes paupières abandonner leur lutte pour rester ouvertes. Je voulais me faire happer par la souffrance de mon corps engourdi. Mais malheureusement, ce fut à ce moment-là que Rebekah et Kathleen décidèrent de faire leur apparition. Kol se stoppa après les supplications de cette dernière.

Kathleen : Kol, arrête ! Ça suffit, stop !! Tu n'avais pas à faire ça, il...

Kol : Tu rigoles ? T'as vu comment il te traite ?!

Kathleen soupira, leva les yeux au ciel, et soupira de nouveau avant de lui répondre.

Kathleen : Il n'est pas dans son état normal. Il vient de perdre son frère, il sort d'une prison pour esprits d'une autre dimension, et il a bu. Que veux-tu faire pour arranger ça ? Sérieux, laisse, c'est bon. Je ne me sens pas outrée, ni quoique ce soit.

Moi : J'ai beau te sortir les meilleurs arguments, tu vas rester là, hein ? Lui demandai-je en levant les yeux vers elle.

Elle acquiesça. Son visage était grave.

Kathleen : Je rentrerai avant ce soir, ne t'en fais pas. Évite les bêtises, d'ici là. D'accord ?

Je ne répondis pas et partis à vitesse vampirique.
Je ne parvenais pas à mettre des mots sur mon état. J'étais furieux. Triste, esseulé, vexé... Les effets de l'alcool se dissipaient peu à peu, faisant remonter mes peines et ma douleur. J'essayais d'étouffer tout ça pour éviter d'exploser. J'avais besoin d'une nouvelle bouteille.

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PDV Kathleen

Cela faisait trois petites heures que Damon s'était évanoui dans la nature. J'étais toujours au Grill avec les Mikaelson, Caroline et Bonnie, mais mon esprit se détournait des retrouvailles supposées être joyeuses.
Je savais qu'une fois rentrée, ça allait être la guerre. Je savais aussi qu'il m'en voulait et que j'allais devoir réussir à le persuader de conserver son humanité. Je ne me sentais vraiment pas capable de gérer ça ce soir, mais pourtant, il allait bien falloir s'assurer qu'il reste sur le droit chemin. Si seulement quelqu'un d'autre pouvait s'en charger... Mais là était le problème ; la seule autre personne capable d'une telle prouesse était morte, tuée par les Sentinelles.

Caroline : T'es sûre que ça va ? Me demanda-t-elle, me faisant sortir de mes pensées.

Je me ressaisis et levai les yeux vers elle, le sourire aux lèvres pour être plus crédible.

Moi : Oui, nickel. J'étais juste en train de réfléchir. Mentis-je.

Bonnie : Je vais rentrer, Enzo m'attend, enchaîna la sorcière.

Rebekah acquiesça, la rejoignant sur la décision de rentrer. Tous commençaient à quitter le bar, et je ne me levais pas de la table.

Caroline : Tu ne viens pas, Kathleen ?

Moi : Je ne rentre pas tout de suite.

Caroline : Pourquoi ?

Moi : J'ai envie d'un dernier verre. Mais vas-y, ça ne me dérange pas.

Elle acquiesça, et l'Originel qui avait pris ma défense quelques heures plus tôt se rassis à mes côtés.

Kol : Tu m'autorises à te tenir compagnie ?

J'acquiesçai et commandai un bourbon. Il prit la même chose.

Kol : Qu'est ce qu'il y a ? M'interrogea-t-il.

Moi : Rien, ça va.

Il leva les yeux au ciel en prenant une gorgée de son verre.

Kol : Bien sûr. Il n'y a plus les autres, alors tu peux arrêter de mentir.

Moi : Ça va, je te dis.

Kol : Si ça allait, tu serais repartie chez ton Salvatore. Ne fais pas celle que rien n'atteint, je n'y crois pas une seconde.

Moi : Et si j'avais juste envie de boire un verre ?

Kol : Je suis certain qu'il y a des réserves complètes chez toi. Qu'est ce qu'il y a ?

Je soupirai. Il n'allait donc pas me lâcher ?
Mes yeux croisèrent les siens. Ils scrutaient mon visage, à la recherche de l'explication de mon état. Il n'obtiendrait pas satisfaction aussi facilement. Après tout, on ne se connaissait pas tant que ça…

Moi : Je peux savoir en quoi ça t'intéresse ? Soufflai-je en reportant mon attention sur mon portable.

Kol : Tu as déjà entendu parler de la politesse ? De la galanterie, de la gentillesse ? Je t'aime bien, tu sais. Et pourquoi n'aurais-je pas le droit de m'inquiéter ?

Moi : Parce que le mot "gentil" n'est pas vraiment fait pour te qualifier, "galant", ça m'étonnerait vu ce que racontent tes frères et Rebekah… Parce qu'on ne se connaît tout simplement pas, et qu'il n'y a aucune raison pour que tu t'inquiètes, Mikaelson.

Kol : Tu as tort, je peux être très gentil et galant si je le veux. Quant au fait qu'on ne se connaît pas, comme tu dis, on peut y remédier.

Moi : Et si je n'en ai pas envie ?

Kol : C'est comme tu le souhaites, je ne veux pas te forcer. Mais, après tout, maintenant que je suis de retour, on va se fréquenter plus souvent…

Moi : Sérieusement, Kol, pourquoi tu veux autant me parler ? T'essaies pas de le faire avec Bonnie, ou quelqu'un d'autre.

Il leva les yeux au ciel, lassé mais déterminé.

Kol : Je te l'ai dit. Je t'aime bien.

Moi : Si tu le dis. Même si j'y crois pas... Au fait, vous avez réglé le problème à la Nouvelle-Orléans ?

Kol : Ça a été difficile, mais oui.

Moi : Quel était le souci ?

Kol : Des sorcières voulaient tuer notre famille complète. Encore. Et elles ont trouvé des trucs qui pouvaient les aider mais qui m'appartiennent.

Moi : Et comment ça s'est terminé ?

Kol : Une partie d'entre elles sont mortes, d'autres grièvement blessées, et les quelques-unes restantes ont trahi leur congrégation et se sont rangées de notre côté.

Moi : Ma foi, je ne suis pas particulièrement surprise du résultat, commentai-je en vidant mon verre. C'est une constante guerre pour le pouvoir que vous menez, à la Nouvelle Orléans, je me trompe ?

Kol : C'est surtout Klaus qui s'en occupe depuis quelques mois. Avant, il avait fui la ville, comme nous tous. Depuis qu'il a décidé de reprendre le pouvoir, c'est la merde. Et cette fois, j'ai été forcé d'y aller avec Bekah, sinon, crois-moi, je serais resté ici.

Moi : Pourquoi, tu aimes cette petite bourgade de Mystic Falls ? demandai-je dans un sourire moqueur. Jamais je n'aurais pensé que toi, tu apprécierais... Ce genre d'endroit.

Kol : Ah oui ? Et tu imaginais quoi ?

Moi : Que tu serais plus… Grande ville ? Ça semble te convenir davantage.

Kol : C'est certain qu'il y a davantage de carotides à vider, mais ici c'est charmant, le manoir est évidemment très confortable, et puis j'apprécie les autochtones.

Moi : En tout cas, si je le pouvais, je partirais loin d'ici.

Kol : Et pourquoi donc, ma belle ? Tu ne te plais pas, ici ?

Moi : C'est un nid à problèmes, et rempli de mauvais souvenirs. J'en ai marre de devoir me battre pour rester en vie chaque seconde. Je préférerais avoir un peu de temps tranquille.

Kol : Ce que je te comprends ! Si tu savais le nombre de fois où j'ai ressenti ça ! D'ailleurs, je connais des endroits en Amérique assez sympathiques pour être pénard... Peut-être qu'un jour, tu te laisseras tenter ?

Moi : Si à ce moment-là, je n'ai pas un mec qui pète un câble toutes les trois secondes, pourquoi pas ?

Kol : Tu peux partir sans lui.

Je ris franchement.

Moi : Je ne pense pas qu'il soit ok avec ça, t'as vu comme il est pot de colle.

Il soupira.

Kol : Tu lui laisses pas le choix, et voilà.

Moi : À coup sûr il s'emballera et me plaquera...

Kol : Pfff, et alors ? T'as vu l'état dans lequel il te met ? Tu mérites mieux que lui, Kathleen ! Tu n'es pas censée avoir peur de lui.

Moi : J'ai pas peur de lui. Mais de l'état dans lequel je vais être mentalement ensuite.

Kol : C'est une relation toxique, là, tu le perçois, j'espère ? Franchement, s'il te plaquait, ça ne te serait que bénéfique. Et puis tu as des amis sur qui compter pour aller mieux…

Moi : C'est plus facile à dire qu'à faire, tu sais.

Je soupirai.
Nos verres étaient vides. Il était tard. J'étais fatiguée, j'avais l'esprit légèrement embrumé par l'alcool, et cette conversation me déprimait. Quand est-ce qu'il allait me foutre la paix ? C'était pourtant pas compliqué, comme requête !
Je voulais être seule... Seulement ses yeux n'avaient de cesse de se planter dans les miens, ce qui avait le don de m'énerver et de me faire rougir sur le coup. Quel pot de colle, lui aussi...
Mais une petite voix dans ma tête me disait que ce n'était pas pareil. Il ne me collait pas pour calmer ses insécurités et rassurer son égo. Il prenait soin de moi. Et ça ne m'enchantait pas vraiment non plus, d'ailleurs. Je n'avais pas besoin de ça.
J'avais toujours envie d'être seule, mais à la pension, Damon ne me lâcherait pas. Et, de toute évidence, Kol ne me lâcherait pas non plus... Tant pis, j'allais devoir jouer la carte des excuses bidons pour m'éclipser.

Moi : Bon, ça a été très sympathique, mais je dois-

Kol : Tu vas vraiment retourner à la pension pour dormir ? Avec ce malade ? Viens plutôt dormir au manoir Mikaelson.

Je ne l'avais pas vue venir, celle-là.

Moi : J'ai pas demandé aux autres et j'ai pas envie de déranger. Je te jure que ça ira, déclarai-je en me levant.

Kol : Tsss, sottises ! Allez, viens, tu sais que tu ne déranges pas. On a plein de chambres d'amis.

Moi : Kol, je peux pas.

Il leva les yeux au ciel en soupirant.

Kol : Pourquoi ?

Moi : Mais parce que Damon va mal le prendre ! Je lui ai dit que je rentrerai, là il doit m'attendre, et s'il apprend que je le fuis et que tu m'aides, il va vriller pour de bon…

Kol : Pense à toi, pour une fois. Il le prend mal, et alors ? T'as pas besoin de te prendre la tête ce soir, ça peut attendre. Tu dois surtout te reposer et penser à autre chose qu'à toute cette merde.

Après une intense réflexion de dix secondes, parce que j'étais trop crevée pour me remuer les méninges plus longtemps, je soupirai et acceptai. Tant pis pour Damon, je verrais ça le lendemain.

Kol sourit et me paya gentiment mon verre avant de quitter le bar, me conduisant chez lui.
Rebekah sauta du sofa en me voyant pénétrer dans le salon.

Rebekah : Tu restes cette nuit ?! me demanda-t-elle, le sourire aux lèvres.

Je hochai la tête, faisant grandir le sourire de mon amie.

Moi : Kol me l'a proposé pour m'éviter de supporter Damon ce soir.

Rebekah : Il a bien fait. 

Kol : Je compte sur toi pour faire ton boulot d'amie et lui rentrer dans le crâne qu'elle doit dégager son mec.

Rebekah : C'est comme si c'était fait, mon frère ! Allez, viens Kathleen, je vais te montrer où tu peux dormir !

Je soupirai et saluai l'Originel d'un sourire avant de suivre la blonde à travers le manoir. Nous gravîmes les escaliers, parcourîmes les couloirs, jusqu'à arriver devant une porte en bois joliment sculptée derrière laquelle se trouvait une chambre luxueuse aux teintes vertes et gris perle.

Rebekah : Tu peux y rester autant que tu le souhaites, du moment que tu ne nous casses pas les pieds, dit-elle avec un sourire espiègle. Je rigole, ça ne risque pas d'arriver ! ajouta-t-elle, comme si je n'avais pas saisi qu'elle plaisantait.

Moi : Je suis certaine que je ne suis pas pire que vous, souris-je.

Rebekah : Mmh, permets-moi d'en douter... Quand tu es de mauvais poil, tout est possible !

Moi : Qui a dit que j'étais de mauvais poil ? demandai-je, faussement indignée pour rentrer dans son jeu.

Rebekah : Le fait que tu ne rentres pas à la pension.

Mon visage se durcit un peu. Je m'assis sur la literie, faisant signe à mon amie de faire de même.

Rebekah : Comment tu te sens ? 

Moi : J'en sais rien. J'ai des envies de meurtres, c'est tout ce que je sais.

Rebekah : Est-ce que c'est uniquement à cause de Damon, ou est-ce qu'il y a autre chose...? 

Moi : Aucune idée. Je comprends plus vraiment ce qui se passe dans mon crâne à l'heure actuelle.

Rebekah : Damon s'est comporté en véritable goujat tout à l'heure, ne te préoccupe plus de lui. D'accord ? Il ne mérite pas que tu te tracasses pour lui. C'est de l'énergie perdue. Et, concernant le reste... Parce que, j'imagine que ton séjour au Royaume et ton retour ne t'ont pas fait du bien. Essaie de te convaincre que c'est passé, que c'est derrière toi tout ça, maintenant.

Moi : Va dire ça à ma meilleure amie qui a fait taire ses émotions pour se barrer le plus loin possible de son mari décédé après l'avoir trompé avec Elijah.

Rebekah : PARDON ?!

Moi : Ah, oui, t'es pas au courant. Ils se sont embrassés. Mais bref, on s'en fout, on a perdu Charlotte de toute manière.

Rebekah se leva et se planta devant moi, l'air scandalisé.

Rebekah : Ils se sont embrassés ?? Et personne ne m'a mise au courant ?!

Moi : Bekah, je viens de te dire que ça n'avait aucune importance puisqu'elle n'a plus d'humanité. En plus, elle s'en voulait à mort d'avoir trahi son mariage, blablabla...

Rebekah : Mais Kathleen, tu ne comprends pas ?? Elijah peut la ramener !

Moi : Je ne suis pas de ton avis.

Rebekah : Mais enfin, c'est certain que ça fonctionnera ! Tu as bien vu toutes les réactions que provoque mon frère chez Charlotte ; attirance, désir inavoué, admiration, amour, mais aussi colère, chagrin et culpabilité. S'il y a bien une personne qui peut la ramener, c'est Elijah. Il peut réveiller n'importe quelle émotion chez elle !

Moi : Elle en est sûrement consciente et ne le laissera pas l'approcher.

Rebekah : On est plusieurs, elle est seule. On n'a qu'à la forcer. On la kidnappe, on l'empêche de quitter le manoir, et abracadabra, elle passe ses journées avec Elijah !

Moi : Si tu veux… faudra la trouver. Et en parler à ton frère.

Rebekah : Aucun problème, tu peux compter sur moi pour le lui dire ! Ah, j'ai hâte de voir sa tête..., jubila-t-elle.

Moi : Il va mal le prendre, j'en suis sûre…

Rebekah : Pourquoi il le prendrait mal ? Justement, c'est une bonne nouvelle, je trouve !

Moi : Tu l'aurais vu, au Royaume... Il tirait une tête de six pieds de long tous les jours à cause d'elle. Enfin, à cause de ses sentiments pour elle. Et maintenant qu'elle a éteint son humanité pour oublier la douleur de la perte de Stefan, ça m'étonnerait qu'il veuille lui infliger ça... Et peut-être qu'égoïstement, il ne veut pas non plus lui faire retrouver ses sentiments pour Stefan.

Rebekah : On saura pas si on lui demande pas. Mais je crois qu'aujourd'hui ça va être mort, je ne l'ai pas vu rentrer.

Moi : Tu ne sais pas où il est ?

Rebekah : Klaus m'a dit qu'il était sorti tard hier, mais depuis personne ne l'a recroisé. Apparemment, d'après certains hommes de Nik, il est allé jusqu'à Whitmore... 

Moi : Qu'est ce qu'il pourrait faire là bas ? C'est loin.

Rebekah : On pourrait demander aux larbins de Klaus. Mais demain. Là, tu as besoin de te reposer. 

Moi : Pas spécialement, ça va.

Rebekah : Tu rigoles ? Quand tu es arrivée avec Kol tout à l'heure, j'ai cru que tu allais t'effondrer dans l'entrée tellement t'as l'air crevé !

Moi : Je sais pas comment je dois le prendre. 

Rebekah : C'est juste réaliste. Et au passage, toi et moi demain il faut qu'on parle.

Je fronçai les sourcils en la regardant.

Moi : Pourquoi ça ?

Rebekah : Tu verras demain. Maintenant, dors. C'est un ordre.

Je levai les yeux au ciel en soufflant.

Moi : Le jour où je t'obéirai, ce sera un miracle. Mais me poser, ça, je ne dis pas non.

Rebekah : Alors je vais te laisser, dit-elle dans un sourire.

Elle quitta la chambre, non sans un petit signe amical de la main avant de refermer la porte derrière elle. 
Je posai ma tête sur le coussin en me repassant cette journée en tête.
Damon s'était vraiment comporté gauchement, aujourd'hui... Enfin, "égoïstement" serait un terme plus approprié.
Mais j'avais pris la décision de ne plus me préoccuper de Damon jusqu'à demain, alors je devais arrêter de penser à lui. En revanche, je pouvais penser à moi et à comment je m'étais sentie à cause de lui et de son égo. À part me faire me sentir comme une merde et une bonne à rien avec ses propos, je n'avais rien éprouvé de positif en sa présence. J'avais vraiment envie de lui en envoyer plein la gueule dès que je le verrais, mais je savais qu'il riposterait et qu'au final le même schéma se reproduirait. On se blesserait mutuellement, et ce serait encore pire que la situation de départ. Je n'avais pas envie de ça. Je ne savais pas quoi faire.
Il voulait que je sois à tout pris avec lui pour faire revenir son frère, refusant d'accepter le fait que ce soit possible qu'il ne revienne pas, sans se préoccuper une seule seconde des conséquences qu'il y aurait sur moi ou notre relation. C'était toxique. Purement toxique. Je détestais l'avouer, mais sur ce point, Mikaelson avait raison.
Cette situation n'était en rien bénéfique et si ça ne changeait pas rapidement, ça ne ferait qu'empirer. Je devais peut-être envisager une pause. Je devais peut-être prendre un peu de temps pour moi. Tant pis si Damon partait en vrille, au moins je ne coulerais pas avec lui.
Il fallait que j'arrête de penser à ça maintenant. J'avais passé une bonne soirée avec Kol et Rebekah, et j'aurais tout le temps possible et inimaginable pour ruminer et prendre une décision demain. Lessivée par ces pensées trop négatives, et à cause d'un manque de sommeil évident, je commençai doucement à m'endormir. Puis les bras de Morphée m'accueillirent.

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