« Voilà. J'ai pensé que tu pourrais sauter le petit-déjeuner, » dit Pansy alors que Drago s'asseyait à côté d'elle dans la grande salle.

Drago attrapa le pot de thé, laissant tomber trois morceaux de sucre dans sa tasse alors qu'il la remplissait à ras bord, "Ça ne vaut jamais la peine," marmonna-t-il.

« Uhuh, » dit Pansy d'un air absent, "Tu as terminé toutes tes potions à temps ?"

"N'agis pas comme si tu t'en souciais," dit Drago.

"Je m'en soucies!" Pansy lui donna une tape sur le bras. "Je pense que c'est stupide, mais je m'en soucie parce que tu t'en soucies."

Drago roula des yeux.

"Et c'est stupide parce que tu brasses au milieu de la nuit," dit Pansy.

« Chut, » siffla Drago, jetant un coup d'œil vers la table.

« Tais-toi. Les gens s'assoient toujours aussi loin de nous qu'il est humainement possible ; la table n'est pas assez pleine pour les oreilles indiscrètes, » dit Pansy en soufflant et en secouant ses cheveux "après le dîner ou même le matin."

"Le matin ne me laisse pas de temps libre si je fais une erreur et la nuit rend le temps trop court", déclara Drago, en sirotant timidement le bord de sa tasse.

"Trente heures, n'est-ce pas ? C'est le temps que durent les potions, et ils doivent les prendre avant le crépuscule. Il y a plein de temps-"

Drago fronça les sourcils, "La puissance commence à décliner à un rythme de-"

"Pas assez pour avoir de l'importance."

"C'est possible. Qu'est-ce que je l'ai mal brassé ou-"

Pansy renifla, "Toi, brasser mal ? Va te faire foutre."

"La complaisance conduit à des erreurs et à des erreurs"

"Ugh, bâillonne-moi avec une cuillère."

Drago fronça les sourcils de confusion, perdant complètement le fil de ses pensées, "Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?"

Pansy haussa les épaules, "Je crois que certains nés de moldus le disent."

"Bâillonne moi avec la cuillère?" dit Drago en fronçant le nez.

Pansy se détourna, "J'aime ça."

"Bien sûr que oui," marmonna Drago.

"Tu-" ce que Pansy allait dire, s'interrompit brusquement alors qu'elle regardait fixement quelque chose de l'autre côté de la pièce.

Drago suivit sa ligne de mire.

"Oh, ce n'est pas-" dit Pansy en agitant rapidement les mains, "ce n'est rien. C'est juste - putain de merde."

C'était Potter. Et il ressemblait à de la merde.

Pansy soupira de défaite, posant ses coudes sur la table. "Tu supposes qu'il est malade ? Il pourrait mourir tout seul, peut-être ?"

Drago pensa qu'il semblait que Potter n'avait pas dormi. Drago avait prévu de dire à Pansy ce qui s'était passé la nuit dernière, mais si Potter avait l'intention de se torturer, Drago n'avait guère besoin de la jeter sur lui. Non pas que Drago n'essaierait pas et même le score lui-même. Ce n'est pas parce que Potter avait une mâchoire qui ne demandait pratiquement qu'à être léchée que Drago n'obtiendrait pas une sorte de vengeance.

Drago prit son thé, recentrant ses efforts sur l'obtention d'autant de sucre dans son sang qu'il était humainement possible, "Potter est comme un cafard, il en faut plus que ça pour le tuer."

Pansy acquiesça, "C'est vrai."

***

"Euh, Malefoy ?"

Drago s'arrêta presque net avant de réaliser que c'était la pire idée imaginable. Les couloirs se vidaient et les cours allaient bientôt commencer, comme son ancien cours de runes auquel il n'allait pas être en retard. De plus, il y avait le tout petit détail insignifiant que si Drago était seul avec Potter ne serait-ce qu'une seule seconde, le monde pourrait s'arrêter alors il accéléra son rythme.

"Attend!" appela Potter, courant pour le rattraper.

Drago se tendit, agrippant les côtés de sa robe comme une bouée de sauvetage et regardant droit devant lui.

"Je veux juste parler, rien d'autre," dit Potter, apparaissant dans la vision périphérique de Drago, "Même- regarde ici-"Potter attrapa le bras de Drago en le tirant vers lui et Drago le sentit presser quelque chose dans sa paume, du bois lisse-

Drago s'arrêta de marcher, fixant sa main sous le choc. Une baguette. La baguette de Potter- Il avait- Potter lui avait donné sa baguette.

"C'est comme une démonstration de bonne foi ? Potter dit, "Alors je ne vais pas- tu sais."

Drago enroula ses doigts sur le bois usé, sentant les petites égratignures, les endroits lisses que Potter touchait le plus, et le bourdonnement magique contre sa peau. La baguette était anxieuse et incertaine dans sa main. Drago supposa qu'il ne pourrait lancer que des sorts très simples avec et peut-être même pas ça.

"C'est juste- à propos d'hier soir..." Potter hésita, déplaçant son poids d'un pied sur l'autre, "à propos de tout ce qui s'est passé."

Drago regarda Potter se frotter la nuque, semblant si étrangement peu sûr de lui, et se sentit presque étourdi par tout cela. Drago pinça la peau du dos de sa main jusqu'à ce qu'il grimace. Quand il leva les yeux, Potter était toujours là, le regardant avec un froncement de sourcil perplexe.

"Est-ce que tu viens de... te pincer ?" Potter demanda, "Comme si tu rêvais ?"

Et parmi la multitude de choses infinies que Drago aurait pu dire, il a bêtement répondu : "Oui."

« Allez, » soupira Potter, " j'essaie d'arranger les choses. Tu pourrais au moins arrêter d'être un imbécile pendant dix minutes."

Drago n'eut même pas de oui la fois. Comment pouvait-il même expliquer que depuis toutes ces années qu'ils se connaissaient, Potter n'avait jamais ressemblé à ce qu'il avait alors. Ce n'était que dans ses rêves que Drago avait vu une expression aussi sérieuse, une telle marque de confiance. Alors il hocha la tête en silence.

"Je me demandais si tu avais besoin d'aide ?" dit Potter.

Drago le fixa.

"Avec le brassage."

Drago avait très envie de se pincer à nouveau.

"Tu fais tout par toi-même, n'est-ce pas ?" Potter continua. Il souffla de frustration, "Tu pourrais juste dire non, plutôt que moi debout ici en train de parler à moi-même-"

"Non- je veux dire, tu n'as pas à-" Drago sentit ses joues devenir chaudes et voulait absolument mourir juste là, "Bien. C'est bien, tu m'aides."

"Vraiment?" dit Potter surpris.

"Oui, vraiment, Potter," dit Drago, s'accrochant à son agacement grandissant comme une bouée de sauvetage, "Et retiens ça. Tu ne donnes pas juste ta baguette aux gens comme ça." Il pointa la baguette de Potter vers lui, à la fois soulagé et déçu d'en être libéré.

"Alors c'est au même endroit, ce petit labo de potions bizarre ?" demanda Potter.

Drago hocha la tête, "Tu peux me retrouver là-bas à minuit, si tu décides de te montrer."

"Je vais me montrer," dit Potter d'un ton sec. Il étudia le visage de Drago avec un froncement de sourcils, « Pourquoi n'as-tu pas l'air crevé ? Tu es resté debout aussi longtemps que moi et pourtant tu as l'air- » il s'arrêta brusquement.

Drago haussa un sourcil, "J'ai l'air-?"

"... Pas aussi fatigué," marmonna Potter, l'air embarrassé.

Drago déclara: "Je dors trois heures après le dîner et trois autres après avoir fini vers l'aube. Ce n'est pas optimal, mais cela suffit."

"Oh," dit Potter pensivement, "Eh bien, avec mon aide, tu pourrais dormir un peu plus."

"Peut-être."

"Qu'est ce que c'est censé vouloir dire?" demanda Potter.

Drago soupira, principalement à cause de sa propre bêtise, "Que tu vas probablement être plus un problème qu'une aide."

"Oi ! Je peux suivre la direction aussi bien que n'importe qui !" dit Potter sur la défensive.

"Cela reste à voir," dit Drago, "Maintenant je dois aller en classe, je suis déjà assez en retard."

"Oh, tu as-"

Drago contourna Potter, "Runes anciennes et contrairement à certaines personnes, je n'ai pas de laissez-passer gratuit pour faire ce que je veux."

Potter suivit en fourrant ses mains dans son jean moldu, "Ouais et bien sauver le monde devrait être bon pour quelque chose."

Drago roula des yeux. Il avait l'intention d'ignorer Potter, mais Potter continua de marcher à côté de lui, dans le couloir et dans les escaliers, comme s'il avait l'intention de marcher avec Drago jusqu'en classe.

"Qu'est-ce que tu fais, Potter ?" demanda Drago juste au-dessus d'un sifflement.

Potter haussa les épaules, un petit sourire suffisant sur le visage.

Drago voulait désespérément s'arrêter et exiger des réponses mais il était en retard, un examen approchait et il soupçonnait plutôt que Potter appréciait son inconfort. Si tel était le cas, Drago n'avait certainement pas l'intention de lui donner ce qu'il voulait. Il leva le menton et se dirigea vers la salle de classe, faisant de son mieux pour ignorer l'idiot.

Il poussa la porte, se dirigeant sur le côté et espérant que le professeur Babbling ne le remarquerait pas.

"Vous êtes en retard, Mr Malefoy." Appela le professeur Babbling, le faisant se figer dans son élan, elle continua, "Si vous n'allez pas prendre mon cours au sérieux-"

"Désolé, professeur !" Potter l'interrompit joyeusement, s'appuyant contre le cadre de la porte, "J'ai dû demander quelque chose à Malefoy et je l'ai mis en retard."

Le professeur Babbling regarda de Potter à Drago et vice-versa, ses sourcils disparaissant dans sa frange. "Je vois." Elle s'éclaircit la gorge. "J'apprécierais que vous ne retardiez pas mes élèves à l'avenir, Mr Potter."

"Ça ne se reproduira plus," dit Potter avec une fausse solennité évidente. Il fit un signe de tête au professeur et, juste au moment où il fermait la porte, lança à Drago ce sourire effronté et suffisant qui donna envie à Drago de lui jeter un bureau.

"Asseyez-vous, Mr Malefoy," dit le professeur Babbling.

***

"Excuse-moi pour mon retard!" dit Potter en entrant dans le laboratoire de potions, fermant la porte derrière lui.

Drago grimaça au bruit, "Laisse la porte entr'ouverte à moins que tu ne veuilles retourner dans ton dortoir en sentant le marécage."

Potter ouvrit la porte d'un pouce, "D'accord... je pensais que c'était étrange que tu ne l'aies pas verrouillée et protégée avant, mais oui, c'est logique." Il s'arrêta pour bâiller, remontant ses lunettes et se frottant les yeux.

Drago retourna à son ingrédient.

"Donc qu'est ce que je devrais faire?" Potter se dirigea vers l'autre côté de la table.

"Lave-toi les mains," dit Drago, "Ce sont les bases, Potter. Et tu devrais peut-être retrousser tes manches sauf si tu as l'habitude de les mettre dans des choses."

"Je- bien sûr," dit Potter avec raideur.

Drago arrêta ce qu'il était en train de faire et leva les yeux, regardant Potter remonter les manches de son pull ample au-dessus de ses coudes, exposant ses avant-bras solides saupoudrés de poils noirs.

« Je ne peux pas dire si tu es toujours... » La voix de Potter s'éteignit alors qu'il ouvrait le lavabo et attrapait le savon.

Drago attendit, mais Potter ne semblait pas intéressé à finir sa propre ligne de pensée.

"Ce n'est pas grave," dit Potter, s'essuyant rapidement les mains et retournant à la table, "Dis-moi juste quoi faire."

Drago redressa son dos et passa à Potter un mortier, un pilon et un couteau, "Nous allons préparer chaque ingrédient ensemble pour que tu puisses voir à quoi l'idée de préparation-"

Potter renifla.

"- ressemble et puis les tâches peuvent être divisées en fonction de la préférence ou de la capacité pour la prochaine fois."

Ils travaillaient en silence, écrasant l'ortie, poudrant l'os, pesant la pierre de lune et mettant le tout sur des carrés de parchemin.

"Pas celui-ci," Drago dit en ramassant la bouteille d'aconit : "Je vais préparer ça moi-même."

"Je ne vais pas mettre mes doigts dans ma bouche cette fois, je le jure," dit Potter en retenant un bâillement.

Drago sourit faiblement, "Je devrais l'espérer, mais ce n'est pas pour ça que je le fais moi-même."

"Ouais, pourquoi alors ?" demanda Potter.

Drago enfila une paire de gants de brassage pour manipuler la plante et retira soigneusement une petite poignée de feuilles, "Dans cette potion, l'aconit est le foyer, pour ainsi dire. Tout autre ingrédient peut être légèrement plus ou moins que ce qui est demandé , et la potion fonctionnera toujours. L'aconit doit être parfait : c'est la différence entre la vie et la mort. Je ne peux pas me permettre d'être laxiste."

« J'ai compris, » dit Potter, s'appuyant contre le mur, "je veux dire que tu l'as assez brassé pour le mémoriser, et les potions ne sont pas exactement ma meilleure matière."

"Tu as bien fait pendant ta sixième année," dit Drago.

« C'était... » Potter hésita, "J'avais un manuel qui avait appartenu à Rogue quand il était à l'école, il contenait toutes ces notes et conseils. C'est pourquoi."

Drago fronça les sourcils, agacé.

"Quoi?" demanda Potter.

Drago recommença à poudrer les feuilles, "Je pensais que tu avais triché."

"Je ne l'ai pas fait !"

"Tu viens de dire ça, oui," dit Drago.

"Et je le pensais," insista Potter.

"Et je te crois."

"Je- tu fais?" Potter aide à l'incrédulité.

« Severus est- a toujours été un bien meilleur professeur sur le papier. » Drago leva les yeux, voyant Potter le fixer. Il baissa les yeux sur ses mains, balayant l'aconit en un tas, "Tu n'as peut-être pas l'aptitude inhérente d'un maître des potions, mais tu pourrais très bien être un brasseur très capable avec une instruction à moitié décente."

Potter le fixa, les sourcils froncés.

Drago continua à tester la puissance de l'aconit, essayant de ne pas se sentir mal à l'aise face au silence de Potter.

"Tu penses que je suis doué pour le brassage," dit Potter.

Dragog sursauta, laissant presque tomber son échantillon.

"Tu aurais pu juste dire ça," souffla Potter.

Drago sentit son visage devenir brûlant et jura silencieusement de ne plus jamais prononcer un autre compliment à haute voix.

"Alors tu le fais toujours alors," dit Potter.

"Faire quoi," demanda Drago sur la défensive.

Potter piqua un des carrés de parchemin, "Être poli et bizarre."

"Il n'y a rien de mal à être poli, et je ne suis pas bizarre", déclara Drago.

"Je ne sais pas," dit Potter, "Je veux dire que tu dois admettre que c'est bizarre pour toi."

"Les gens changent," dit Drago avec raideur.

Potter fronça les sourcils, "J'ai pensé que tu étais impérieux pendant un moment. Hermione pense que tu essayes peut-être de tourner une nouvelle page."

"Mon respect pour Granger grandit chaque jour," dit catégoriquement Drago.

Potter déplaça son poids, s'inquiétant de la cuticule d'une main, "Je pensais qu'après la nuit dernière et le couloir, tu étais revenu à la normale."

"Nous sommes prêts à brasser," dit Drago brusquement. Il commença la première et versa la base de la potion dans le chaudron, et conjura un feu, "Si tu voulais juste me donner les ingrédients comme tu l'as fait en classe."

« D-D'accord ? » dit Potter.

Drago pouvait presque oublier Potter là quand il préparait jusqu'à ce qu'il attrape un ingrédient pour découvrir que Potter le tenait déjà. Potter remplit et scella les fioles et lava les chaudrons vides, ainsi ils étaient prêts quand Drago passait d'une potion à l'autre. Tout alla beaucoup plus vite que d'habitude, ce qui signifiait heureusement qu'il n'y avait pas de temps pour parler.

Alors que la dernière potion faisait sa dernière gorgée et que Drago dissipait les flammes, il n'y avait absolument rien pour l'empêcher de penser à ce que Potter avait dit, le retournant encore et encore dans son esprit jusqu'à ce qu'il ne soit pas entièrement certain de la façon dont Potter l'avait réellement dit. 

Drago mordilla sa lèvre inférieure, "Tu préfèrerais que j'agisse 'normalement' comme tu le veux ?"

« Quoi ? Oh... » Potter bâilla énormément, fixant d'un air absent la potion visqueuse. "Juste bizarre, c'est tout," dit-il avec un haussement d'épaules.

"Oui mais-" Drago s'interrompit brusquement et horriblement conscient des mots qu'il avait presque prononcés à haute voix, qu'est-ce que tu aimes le plus ? 

Bien que les mots ne soient pas prononcés, Potter sembla saisir leur signification dans les airs. "Je veux dire, peu importe ce que je pense, n'est-ce pas ?"

Il leva les yeux vers Drago et Drago ne pouvait pas détourner le regard, ni supporter de répondre. La seule chose dont il semblait capable était de rougir furieusement. Puis il paniqua.

"Tu peux partir," lâcha Drago, "je vais finir ça. Tu as l'air d'une merde. Je veux dire, tu devrais te reposer."

"Euh, d'accord," dit Potter. Il fit un pas en arrière et hésita, se balançant comme s'il avait quelque chose à dire. Il secoua la tête, "Je te verrai demain alors."

"Oui," dit faiblement Drago. Il avança jusqu'à ce que Potter ferme la porte avant de s'effondrer sur ses talons, agrippant le bord de la table pour sa vie.