Chapitre 17

Alors que Scyllia rêvait de son académie et de ses amis, un déluge s'abattit soudain sur elle et la trempa de la tête aux pieds. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre ce qui lui arrivait et se réveiller. Le grand inquisiteur se tenait devant elle, un seau vide dans les mains. Tout ce qu'elle pouvait voir autour n'était que des pierres froides et sombres ainsi que des barreaux d'une cellule. Elle sentait aussi qu'elle était immobilisée par des chaînes qui drainaient son énergie.

— Bonjour Archibald, vous avez une mine affreuse aujourd'hui ! Tout va bien ?

Pour toute réponse, le directeur lui frappa la joue avec son poing. La tête de la prétendante ne bougea cependant pas d'un millimètre et le père de Maximilien se caressa les phalanges pour atténuer la douleur. Au moins, la résistance que lui offrait Shed fonctionnait toujours.

— Donc, je suis toujours en vie... Vous devez m'apprécier finalement.

— Tu ne le dois qu'à mon fils, le professeur Fonriche et ma curiosité personnelle.

— Trois raisons de me laisser en vie ? j'ai déjà connue pire. Auriez-vous l'amabilité de m'expliquer cela en détail ? Il me manque malheureusement quelques fragments... de l'histoire.

— J'étais sur le point de t'achever, mais Maximilien est intervenu pour te protéger. Ce petit effronté ne paye rien pour attendre.

— Vous aimez frapper les enfants n'est-ce pas ? Un traumatisme lié à votre enfance peut-être ?

— Je ne comprends pas. Je t'ai vaincue, tu es emprisonnée et, une fois que j'aurai mes réponses, ton sort sera scellé. Pourquoi t'obstines-tu à me tenir tête ?

— Vous m'avez vaincu ? C'est la meilleure ! Vous ne devez cette victoire qu'au fait que, contrairement à vous, je me souciais de la vie de ceux qui nous entouraient, rien de plus. Si je n'avais pas eu à renforcer le bouclier, j'aurai eu ce que je voulais et vous n'auriez rien pu faire.

— C'est en effet ce que m'a dit Fonriche lorsqu'il a pris ta défense. À présent, dis-moi ce que le royaume de Tremiss veut pour avoir envoyé un assassin dans mon académie ? Et depuis quand utilisent-ils des démons capables de passer outre les prodiges ?

— Vous dites qu'une fois votre curiosité satisfaite, mon sort sera scellé, alors pourquoi vous répondrais-je ?

— Parce que ton intrusion ici et ton comportement pourrais déclencher une guerre entre les deux royaumes et qu'à la fin de cette semaine, tu me supplieras de t'achever. Je te laisse jusqu'à demain pour t'y préparer.

— Trop aimable... Pour ce qui est de la guerre, dites-moi lorsque vous serez prêts, j'ai hâte de voir ça et de vous faire reculer d'une simple phrase. Sur ce, si vous voulez bien m'excuser, j'aimerai me reposer un peu avant de me faire torturer. Déjà que cette position n'est pas confortable, si en plus je dois supporter votre visage blafard.

Le grand inquisiteur allait pour la frapper une nouvelle fois, mais se retint au dernier moment en se rappelant sans doute que c'était inefficace et douloureux pour lui. Il se contenta donc de lui tourner le dos et de sortir de la cellule avant de la refermer.

Scyllia attendit d'être sûre que l'inquisiteur soit parti et examina la situation. Elle était toujours en armure. Ils ne devaient pas avoir réussi à la lui enlever lorsqu'elle était encore inconsciente. Les chaînes qui la retenaient l'empêchaient de lancer le moindre sort et elle se trouvait dans une prison inconnue. Tout d'abord, elle tenta de forcer sur les menottes comme avait fait Enzo pour se libérer lorsqu'il avait lui-même été arrêté. Elle n'arriva cependant pas à en venir à bout et avait une étrange impression d'impuissance.

— Shed ? appela-t-elle.

Quoi ? répondit le démon avec un air agacé.

— Je n'arrive pas à me défaire de ses chaînes, c'est normal ?

Démerde-toi ! grogna-t-il.

— Qu'est-ce qui t'arrive ?

Pas de réponse, le démon restait totalement silencieux.

— Shed ? Tu boudes ?

C'était plus fort que toi ! Il a fallu que tu sauves tout le monde et nous mette dans une merde pas possible ! Tu n'aurais pas pu en finir rapidement au lieu de le laisser s'amuser avec sa putain de lumière ?

— Hé ! C'est toi qui voulais du spectacle ! Maintenant arrête de faire l'enfant et prête-moi ta force !

Non, démerde-toi.

— Shed, ne m'oblige pas à venir la chercher moi-même, prévint la prétendante.

Tu peux toujours courir. Tant qu'on ne sera pas sorti de cette prison moisie, tu n'obtiendras rien de moi.

— Mais c'est pas possible d'être aussi borné !

— Scyllia ? appela une voix familière dans le couloir.

Entre les barreaux de la cellule de la prétendante apparut soudain le visage de Maximilien. Malgré la gravité de la situation, il semblait soulagé de la voir en vie.

— Je suis content que tu ailles bien. Tu parlais à quelqu'un ?

— Je me parlais à moi-même. Comment ça se fait que tu aies le droit de venir ici ? Tout le monde va bien à l'académie ?

— Oui, mais je n'ai pas assez de temps pour te raconter ce qui s'est passé. Je viens juste pour te dire que tout ira bien. Sois patiente, je trouverai bientôt un moyen de te faire sortir.

— Max, je vais être bien clair. Ne m'aide surtout pas ! Je n'ai pas envie que tu te retrouves embarqué dans cette histoire. Tu es déjà intervenu en ma faveur et je t'en remercie, mais n'essaie pas de me libérer, c'est bien trop dangereux.

— Je reviendrai dans peu de temps, rétorqua-t-il comme s'il n'avait rien écouté. D'ici là, tiens le coup !

Avant qu'elle ne puisse répliquer quoi que se soit, le fils du directeur se sauva. Elle l'entendit courir dans le couloir, pousser une porte et la refermer derrière lui, puis plus un bruit.

— Bon... Où en étions-nous ? réfléchit Scyllia après cette interruption. Ha oui ! Arrête de te comporter comme un enfant et fait-moi sortir !

Non !

— Rha ! ragea l'adolescente.

— C'est pas un peu fini ce bordel ? tonna une nouvelle voix, inconnue cette fois-ci. Il y en a qui aimeraient bien passer leurs dernières heures dans le calme !

— Dernières heures ? s'étonna la prétendante.

— Et ouai, t'es dans la section des condamnés à mort, fais-toi une raison.

— Vous avez fait quoi pour mériter ça ?

— Qu'est ce que ça peut te foutre ?

Il a pas tort.

— Shed, ta gueule ! Tu ne veux pas m'aider alors tu ne parles pas !

— Super, je suis tombé sur une cinglé. Pour information, j'ai trucidé une famille parce que leur tête me revenait pas, et juste pour ça, on m'a condamné à être décapité.

— Et après c'est moi qu'on traite de cinglé... Bon. Tu ne veux pas m'aider, tant pis, je me débrouillerai seule.

— Mais à qui tu parles ?

— Le psychopathe, la ferme... Elazar ? Tu m'entends ?

Pour toute réponse, le démon rouge se matérialisa devant la prétendante et, comme à son habitude, la salua en s'agenouillant.

Ha non ! Tu n'as pas le droit de les utiliser !

— Je vais me gêner. Elazar, aurais-tu l'amabilité de me libérer de ses chaînes ?

— Bien sûr, vos désirs sont des ordres maîtresse.

C'est de la triche !

— Mais c'est quoi cette voix ? Et cette langue ? s'étonna l'autre prisonnier.

Ignorant totalement ces questions qu'il ne comprenait de toute façon pas, le démon s'approcha de Scyllia, agrippa la chaîne et tira dessus d'un coup sec pour la déloger du mur. Une fois cette opération faite, il brisa celle qui reliait les menottes entre elles et attendit les ordres suivants.

— Tu ne peux pas me les enlever totalement ?

— Je suis désolé, mais je ne vois pas comment faire sans vous briser la main.

— Tant pis, on fera avec. Fais-moi sortir de cette cellule s'il te plaît.

Elazar, avec un mouvement d'épaule signifiant qu'il n'y avait rien de plus simple, s'approcha des barreaux et les tordit comme s'ils étaient faits de paille. L'un d'eux, sous la force du démon, alla même jusqu'à céder en laissant un trou béant par lequel Scyllia put sortir. Son serviteur, lui, aurait bien plus de mal à passer.

— Attend. Faire sauter tous les barreaux ferait trop de bruit. Contente-toi de repartir chez Ouros et revenir à mes côtés, ça devrait suffire pour te faire sortir.

— Mais tu fais quoi ? demanda le condamné alors que le démon disparaissait.

— Dis-moi, le psychopathe. Il y a beaucoup de garde avant la sortie ?

— Ouai, mais ils sont répartis sur plusieurs étages. Pourquoi ? Tu comptes quand même pas t'éva... Haaaaa ! Mais c'est quoi ça !

Devant sa cellule, Elazar venait de réapparaître et lui faisait face. Scyllia s'approcha alors et regarda à l'intérieur. Si on lui disait toujours de ne pas se fier au physique des gens, lui ne faisait pas exception. Grand et maigre, presque filiforme, le prisonnier ne donnait pas l'impression d'être un meurtrier. En apparence tout du moins. Son âme, elle, avait déjà commencé à prendre une teinte noire qui signifiait qu'il était déjà trop tard pour le sauver.

— Tu penses qu'il suffira pour me faire sortir ou il m'en faudra plus ? lui demanda-t-elle.

Le condamné était tétanisé. Ce devait être le premier démon qu'il voyait de sa vie, mais pas le dernier qu'il allait rencontrer là où il atterrirait bientôt. Autant qu'il se fasse à ce qu'il avait devant les yeux.

— Bon, on ne tirera rien de lui. S'il y a trop de monde, je ferai appel à ton frère en renfort.

— Il se tient prêt à intervenir, affirma le démon rouge.

— Parfait, alors en route.

Tricheuse.

Elazar en tête, l'adolescente et son démon ouvrirent la porte pour sortir du couloir des condamnés à mort et tombèrent tout de suite nez à nez avec un garde. Stupéfait par cette rencontre inhabituelle, l'homme mit un certain temps avant de comprendre ce qui se passait et essayer de donner l'alerte.

— Empêche-le de prévenir les autres, mais ne lui fait pas trop de mal, ordonna-t-elle.

En presque trois ans, Scyllia avait réussi à inculquer à ses démons les valeurs qui lui tenait à cœur, comme le fait de ne pas faire de mal aux innocents. Elazar savait donc exactement comment s'y prendre pour le neutraliser à la façon de sa maîtresse. Il s'approcha rapidement du garde avant qu'il n'ait eu le temps de faire quoi que se soit, le saisit à la gorge pour l'empêcher de crier et le souleva contre un mur.

— Bonjour monsieur, salua-t-elle joyeusement. Dites, vous ne sauriez pas où trouver les clés pour enlever ça par hasard ?

L'homme, à part quelques gargouillis, ne répondit rien.

— Elazar, desserre un peu, tu l'empêches de respirer, le réprimanda-t-elle gentiment.

— Ho, pardon.

Le démon relâcha totalement sa prise et fit tomber le garde au sol. Ce dernier, pris d'une quinte de toux, mit quelques secondes avant de s'en remettre. Il restait, malgré tout, dans une situation fâcheuse qu'il n'avait sans doute jamais connu avant aujourd'hui.

— Alors ? Vous avez les clés ?

— Je... Je ne les ai pas, bafouilla-t-il.

— Et tu ne saurais pas ou les trouver ?

Timidement, le garde tourna la tête de gauche à droite pour signifier qu'il n'en savait rien.

— Tant pis, je me contenterai de ça, rétorqua la prétendante en lui prenant son épée. À votre réveil, allez prévenir le grand inquisiteur que son élève favorite viendra bientôt.

Le message passé, Scyllia assomma le garde avec un coup de pommeau sur la tempe et continua son chemin à travers la prison.

— Shed ? appela-t-elle en continuant à semer le chaos dans les couloirs sans jamais causer de mort.

Quoi encore ?

— Je me demandais... Pourquoi est-ce que tu n'as pas pris ma place lorsque je me suis évanouie ?

Rappelle-toi des explications que t'avait données ta mère sur le fonctionnement du sceau. Je ne sors pas lorsque tu tombes de fatigue.

— Et c'est pour ça que tu m'en veux ? Tu aurais aimé l'affronter ?

— Ça n'aurait pas été un affrontement, je l'aurais brisé aussi facilement que j'ai brisé les envoyés de la fédération. Je l'aurais terrassé devant tout ce public et affirmé ma supériorité sur ce serviteur pathétique des dieux.

— N'oublie pas qu'aussi exécrable qu'il soit, il reste mon... Elazar, qu'est ce que j'ai dit ! On ne mord pas !

— Pardon maîtresse, je me suis emporté, s'excusa le démon en assommant le garde qu'il tenait entre ses griffes.

— Il reste mon oncle, reprit-elle. Et je crois avoir une théorie quant aux actes totalement irresponsables dont il a fait preuve pendant le combat.

Les fragments d'orbe altèrent les comportements de leurs porteurs, devina Shed.

— Oui, c'est ce que je pense. Archibald ne correspond pas du tout avec ce que me décrivait Maximilien au début de l'année. Son comportement s'est aussi de plus en plus dégradé alors que je lui tenais tête. En plus, malgré ses actes inqualifiables, il garde le soutien des dieux et son âme ne semble pas s'assombrir. Tout ça doit être dû au fragment.

C'est en effet une théorie qui tient la route.

— Si je te promets de te laisser l'affronter à condition que personne ne meurt ou ne soit blessé gravement, tu me pardonnes ?

— Ça te coûtera beaucoup de choix de repas de retour à l'académie.

— Comme tu voudras, sourit-elle. Tu me libères de ses liens maintenant ?

Il me semble que tu n'es pas sortie de cette prison, rit le démon.

— T'es chiant !

Scyllia continua de se balader dans la prison et d'interroger chaque garde sur leur hypothétique possession de la clé qui allait la délivrer. Malheureusement, personne ne semblait savoir où elle se trouvait et l'adolescente dû se résigner à devoir attendre d'être sortie pour être libéré de ses entraves.

Elle était d'ailleurs presque arrivé à l'extérieur. Il ne lui restait qu'un seul étage à arpenter et, selon ses estimations, pas plus d'une dizaine de garde à assommer. Alors qu'elle descendait tranquillement les escaliers, une intuition la fit s'arrêter. La prétendante stoppa le démon et se concentra pour ressentir les âmes proches.

À l'étage d'en dessous, juste avant la sortie, un groupe important de garde s'était rassemblé et il était fort possible qu'il y en ai tout autant à l'extérieur qui entouraient le bâtiment pour empêcher toute fuite. Ils avaient préféré laisser un minimum de résistance pour avoir le temps de se préparer convenablement et de l'arrêter juste avant qu'elle ne s'échappe. Une bonne stratégie qui leur aurait coûté cher en homme si l'évadé n'avait pas été Scyllia.

— Meracus, j'ai besoin de toi.

Répondant à son appel, le démon bleu apparut au côté de son frère et salua sa maîtresse.

— Trente personnes en armure et sans doute armées d'épées, de masses et peut-être d'arbalètes. Ça va aller ?

— Tout dépend de la qualité de leurs armes, mais la plupart ne peuvent pas percer notre peau.

— Bien, alors allons-y. Et n'oubliez pas. Pas de mort ni de blessure irréversible.

Sur ses mots, la prétendante fit signe à ses gardes du corps de descendre l'escalier, puis les suivit de près. Comme elle l'avait prédit, les gardes s'étaient organisés au dernier étage. Bouclier en main, ils formaient une ligne parfaite pour bloquer la sortie. D'autres, arbalètes armées, attendaient le signale de l'officier en charge de la défense.

Spectacle ?

— Sans tes pouvoirs ? Ça va pas ! Je tiens à la vie moi !

— Si vous tenez à la vie, renvoyez ces monstres et retournez dans votre cellule sans faire d'histoire ! tonna le chef de la garde qui croyait qu'elle s'adressait à lui.

— Elazar, Meracus, j'ai besoin de prendre un peu l'air. Déblayez-moi le passage.

J'en étais sûr ! Au fond de toi, tu aimes avoir le rôle de la méchante.

Non, ça n'était pas vrai. Lorsqu'elle avait commencé à endosser ce rôle, elle se trouvait sur le plan démoniaque et n'avait pas eut le choix pour survivre. Ici, elle le faisait surtout pour que ses actions arrivent éventuellement aux oreilles de Maximilien et qu'il ne tente rien d'insensé, ce qui aurait été le cas si elle s'était contenté de s'évader furtivement.

Cette pensée qu'elle jouait la méchante pour le bien de son ami en tête, elle avança, couverte par ses démons, vers la sortie sans même se préoccuper du monde qui se trouvait en face, si bien que certains d'entre eux commençaient à douter de leur capacité à l'arrêter.

— Tirez ! ordonna l'officier.

Une volée de carreaux partit soudain dans sa direction, mais aucun d'entre eux ne l'atteignit. Ses immenses gardes du corps l'avaient protégée en interceptant tous les projectiles. Aucun d'entre eux n'avaient d'ailleurs réussi à percer leur peau épaisse et s'étaient contentés de ricocher dessus.

— À vous de jouer.

Sans attendre que les soldats aient rechargés leurs arbalètes, les deux démons se jetèrent dans la mêlée et firent un carnage mesuré dans les lignes ennemis. Un seul coup de leur part suffisait pour assommer un homme, même équipé d'un casque. Elazar s'occupa de terrasser les soldats armés d'épée tandis que Meracus balayait ceux qui tenaient les armes de distance et ce, avec un rire machiavélique digne d'un démon. Il n'y avait heureusement parmi eux aucun mage qui aurait pu poser de gros problèmes.

— Après ça, il va falloir que je passe des semaines à les rééduquer, souffla la prétendante.

Tu y penseras plus tard, voila de la compagnie.

Shed avait raison. Un garde avait réussi à contourner les démons et s'approchait de leur invocatrice.

Je me demande comment tu vas t'en sortir.

D'un mouvement assuré, Scyllia dégaina l'épée qu'elle avait prise à un garde et sourit à son assaillant. L'homme, sûr de lui, chargea la prétendante, bouclier en avant. Avec une vitesse bien moindre qu'à son habitude, elle esquiva le coup en roulant sur le côté et tenta une estoc avant qu'il ne ramène son bouclier à lui. Son attaque atteignit sa cible, cependant, sans la force de Shed, la lame ripa contre l'armure sans faire plus de dégâts. Pire, Scyllia se tenait dans un équilibre précaire, à la merci de son assaillant.

Un nouveau coup, d'épée cette fois-ci, lui fit lâcher son arme qui vola hors de sa portée. Emportée par le choc, l'adolescente elle-même tomba à la renverse et ne trouva plus rien autour d'elle pour parer la prochaine attaque. Avec un sourire triomphant, le garde leva son épée devant la prisonnière qui, juste avant qu'un coup fatal ne lui soit porté, poussa un soupire de soulagement.

Son adversaire n'avait pas remarqué que l'un des deux démons avait fini de jouer avec ses frères d'armes et se trouvait à présent derrière lui. Avant que quoi que se soit de fâcheux n'arrive, Elazar assomma d'un coup derrière la nuque celui qui avait failli blesser sa maîtresse et tendit sa main griffue à cette dernière pour l'aider à se relever.

— Tout va bien maîtresse ? s'inquiéta-t-il.

— Parfaitement bien, répondit-elle avec un sourire rassuré tout en acceptant son aide. Tu es arrivé pile au bon moment.

— Les humains sont si fragiles, se moqua Mercacus.

— Je te rappelle que je suis humaine aussi.

— Veuillez m'excuser, je ne voulais pas...

— Ne t'en fait pas, je comprends. Les humains sont bien plus faible physiquement que les démons, c'est un fait et je ne vais pas me vexer pour ça. Merci de m'avoir protégé jusque-là. Je pense qu'il est préférable que je continue seule à présent.

— Comme vous voudrez. Au revoir maîtresse.

Alors que les deux démons disparaissaient, Scyllia se dirigea tranquillement vers la sortie. Elle jeta tout de même un rapide coup d'œil à toutes ses personnes étendues au sol. Toutes étaient inconscientes et n'avaient pas de blessures graves. Elazar et Meracus avaient fait du très bon travail.

Heureuse d'enfin pouvoir respirer un peu d'air frais, l'adolescente poussa la porte et mit un pied dehors. Comme elle l'avait sentie, un deuxième comité d'accueil l'attendait et lui, contrairement au premier, avait des mages dans ses rangs. Ils attendaient tous l'ordre de la charger et certains avaient déjà des sorts prêts à être lancé. Le grand inquisiteur en personne se tenait en première ligne, épée en main, et lui jetait un regard noir.

— Shed ? Je suis sortie. Tu me prêtes ta force maintenant ?

Et si je ne le fais pas ?

— On meurt tout les deux ici et tu ne pourras jamais récupérer les fragments.

Bon, très bien, céda-t-il.

En un instant, Scyllia se sentit de nouveau forte. Avant que ses adversaires ne puissent faire quoi que se soit, elle frappa ses poignets l'un contre l'autre et brisa les menottes qui drainaient son énergie. La stupéfaction gagna l'assemblé et certains lancèrent leurs sorts sur elle, de peur qu'il ne soit trop tard après. Ils n'atteignirent cependant pas leur cible qui, avec un dernier sourire à l'égard du directeur, disparut dans un nuage de fumée noir.  

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