Chapitre 59~

Ça y est, j'y suis. Mon plus grand obstacle se situe derrière ces portes. Je suis déterminée à mettre les choses au clair une bonne fois pour toute. Comment toute cette histoire ait pu aller aussi loin ? Plutôt, pourquoi serait-elle prête à tout pour m'éloigner de Ryan ?

Les lettres, le petit mot sur mon bureau, d'accord c'était pour m'apeurer mais mettre les menaces à exécution, –comme installer un virus sur mon ordinateur–, c'est pousser le bouchon trop loin ! Ne parlons même pas de la fois où elle a failli me faucher ! Si elle était arrivée à ses fins, je suis curieuse de savoir comment elle aurait géré les conséquences de ses actes. Serait-elle seulement apte à les assumer ? Selon Ryan, Jenny est une grande capricieuse. A force d'avoir été trop couvée par son grand-frère, –qui lui permet tout–, elle n'a plus aucune limite. Suis-je sa première victime ? Non, je ne crois pas. Sinon, comment cela se fait-il que personne –publiquement parlant– ne connaisse les identités des anciennes petites-amies de Ryan ? Je suis sûre que Jenny les a menacées de mort si jamais elles osaient revenir ou éparpiller n'importe quelle information sur son frère. De l'autre côté, c'est parce que Ryan sait tenir les journalistes à l'écart. Je m'attends à tout désormais. Alors oui, tant pis si ce sont des théories complètement tirées par les cheveux. Je ne peux plus reculer. Et je ne compte pas le faire, même pas d'un millimètre. Je le fais parce que Ryan en vaut le coup. Il a le droit d'être heureux.

Je sors de l'ascenseur qui m'amène à un long balcon filant assez étroit, bordé d'une rambarde en métal. Tout au fond, du côté droit, se trouve une seule porte.

(Qu'est-ce que c'est que cet immeuble ?!)

Cette unique porte mène-t-elle à un quelconque hall ou rez-de-chaussée avant de conduire aux appartements ? Plus j'avance vers cette porte, plus il y a de fenêtres et à travers elles, je distingue tout. Des meubles, des lustres, des plantes... Je comprends mieux le fonctionnement de cet immeuble. En réalité, c'est un appartement par étage !

(C'est sûr, il n'y a qu'à l'Upper East Side que l'on voit ça.)

Je sonne à la porte de l'appartement de Jenny.

Pas de réponse.

(Elle n'est pas là ?)

Je sonne à nouveau en insistant. Quelqu'un finit par répondre via l'interphone.

Jenny : « C'est pour quoi ? »

(Quelle amabilité...)

Samantha : « Jenny, il faut qu'on parle. Une bonne fois pour toute. »

(Elle devrait bien reconnaître ma voix.)

J'entends le bip de l'interphone.

(Elle m'a raccroché au nez ! Quel culot ! Pourquoi ça m'arrive encore ? Si j'avais reçu 1$ pour toutes les fois où l'on m'a raccroché au nez ou claqué à la porte, j'aurai déjà une coquette somme en ce moment !)

Je réessaie mais elle ne répond plus.

(S'il faut employer les grands moyens...)

J'inspire profondément et décide de hurler de toutes mes forces.

Samantha : « JENNY, JE SAIS QUE TU ES LA ! OUVRE CETTE PORTE, QUE L'ON METTE LES CHOSES AU CLAIR UNE BONNE FOIS POUR TOUTE ! »

Je continue même à frapper à sa porte. S'il faut déranger les voisins, –si ceux d'en-dessous existent–, pour qu'elle sorte, je m'en fiche. Finalement cette idée d'un appartement par étage n'est pas si bête. Je pourrai faire tout le boucan que je veux sans qu'un voisin vienne m'interrompre. Et il est impossible pour Jenny de s'enfuir, c'est le moment parfait !

Je continue de frapper, ma main devient rouge à vue d'œil. J'entends un déclic, comme le bruit d'une serrure et Jenny ouvre enfin la porte. J'ai la main toute endolori, ma paume en a souffert mais elle a fini par m'ouvrir, victoire ! J'ai frappé pendant cinq bonnes minutes ou peut-être plus que ça, je n'ai pas compté. Elle pose une main sur sa hanche. L'agacement se lit sur son visage. Tel un volcan en éruption, elle ne va pas tarder à exploser. C'est d'ailleurs la première fois que je ne la vois pas en robe. Elle porte une chemisette bleue très féminine avec un petit col en V, un pantalon noir taille-haute en tissu et des mocassins ornés de boucles argentées.

Jenny : « Pourrais-tu, s'il te plaît, arrêter ce vacarme ? »

Samantha : « à condition que tu consentes à m'écouter. »

Elle croise les bras et arque un sourcil tout en me dévisageant.

Jenny : « Pourquoi je devrais ? »

J'inspire un bon coup. Mes nerfs ne doivent pas lâcher. Elle est mon dernier obstacle, je suis presque à la ligne d'arrivée. Et au bout de cette longue route, il y aura Ryan.

Samantha : « Ne veux-tu pas voir ton frère heureux ? »

Je ne crie pas. Ma voix est même apaisante. Je ne pense pas que l'attaquer en lui criant dessus ou en lui balançant toutes les insultes possibles soit la solution. Il faut parler avec diplomatie. Cependant, ce n'est pas une discussion entre adultes, c'est plus comme si j'essayais de réconforter Jenny comme on réconforterait une enfant.

Elle recule d'un pas pour laisser la voie libre et j'entre. A peine referme-t-elle la porte que je décide d'attaquer.

Samantha : « Pourquoi tu me détestes autant ? Je ne t'ai rien fait. »

Elle avance dans un couloir puis se dirige vers ce qui me semble être le salon. Une grande pièce ouverte qui doit faire la taille de deux appartements dans mon immeuble ! Les murs sont blancs, la plupart des meubles sont noirs afin de s'accorder aux murs et casser le ton « immaculé » du salon. Trois immenses lustres pendent au-dessus de la pièce. Il y a bien évidemment un petit étage et plus de pièces qu'il n'en faudrait pour une personne qui vit seule. Jenny s'assoit sur un canapé et je fais de même. Je me place en face d'elle. Je remarque alors tous les magazines de cuisine éparpillés sur sa table basse.

(Peut-être était-elle occupée lorsque je l'ai interrompu ?)

Elle ne m'a pas regardé une seule fois. Elle croise les jambes et fixe un point invisible sur les magazines. C'est ma chance, tant qu'elle ne rétorque pas.

Samantha : « Jenny, tu ne me connais même pas et il est là, le problème. Tu ne te bases que sur tes propres préjugés, tu es butée. Tu penses que nous sommes toutes les mêmes parce que tu n'as même pas essayé de faire connaissance. Je sais que tu tiens beaucoup Ryan. Vous avez un lien... particulier. J'en suis consciente, je ne fais pas le poids. Cependant, je ne cherche aucunement à te déposséder de ta place ou quoique ce soit. Je veux seulement aider Ryan. Il n'a pas la vie facile »

Jenny : « Crois-tu réellement que je n'en ai pas conscience ? »

Elle serre des poings et se mord la lèvre, comme pour retenir ses paroles.

Samantha : « Alors nous sommes dans le même bateau ! Je cherche désespérément un moyen pour alléger ses épaules. Et là je me rends compte... que nous ne deviendrons que des fardeaux pour lui si l'on prolonge cette guéguerre intestinale ridicule. »

Jenny : « C'est tout ce dont tu avais à me dire ? »

Alors là je sors de mes gonds. J'essaie d'avoir une discussion sérieuse et elle m'essuie comme une vulgaire tâche.

Samantha : « Pourquoi tu ne m'écoutes pas ?! »

Jenny : « Je t'écoute ! Je ne fais que ça depuis que tu as débarqué. Mais qu'est-ce que je peux y faire si je ne t'aime pas ? »

Samantha : « Tu ne m'aimes pas mais Ryan m'aime. »

Autant mettre les pieds dans le plat. Ma pique l'affecte bel et bien. Elle m'affiche une expression de dégoût et détourne le regard aussitôt.

Jenny : « Je sais que tu es comme elles ! Si Ry est devenu comme ça... c'est à cause de ces filles ! »

(Des filles ? Quelles filles ?)

Samantha : « Attends un peu, de quoi tu parles ? »

Jenny : « Je n'ai rien à te dire, pars ! »

Son caractère de gamine commence sérieusement à me foutre en rogne.

Samantha : « Alors écoute-moi bien, espèce d'effrontée ! Je ne te pensais pas capable d'arriver à de telles méthodes... Ne pas m'aimer est une chose, en vouloir à ma vie en est une autre ! »

Elle fait volte-face et hausse un sourcil. Le sourire diabolique qui se dessine sur son visage ne me dit rien qui vaille. Par ce petit geste, elle me fait comprendre que je ne signifie rien pour elle. Qu'elle pourrait m'annihiler entièrement, à n'importe quel moment.

Samantha : « Ryan ne va pas apprécier... »

Jenny : « Oh mais vas-y, fais-toi plaisir. Dis-lui tout. On ne se cache rien. »

Cela voudrait dire que Ryan est au courant de ses actes mais qu'il n'en ferait rien ? Est-il au courant de ce qu'elle m'a fait subir ? Si tel est le cas, pourquoi il n'agit pas ? Pourquoi il la laisse me maltraiter ? Je ne compte pas pour lui ? Pourquoi il me garde près de lui alors ? Voit-il seulement notre relation comme une échappatoire à son quotidien et qu'il joue avec moi ? Non ! Impossible ! Je refuse d'y croire, je dois faire confiance à Ryan. Jenny cherche à me déstabiliser pour semer le doute dans mon couple. Elle ne cherche que notre séparation. Je dois lui extirper les vers du nez et comprendre ses motifs.

Samantha : « Tout à l'heure, tu as dit que si Ryan est devenu comme ''ça'', c'était à cause de ''ces filles''. Qui sont-elles et qu'est-ce qu'elles ont fait à Ryan ? »

Je serre les poings. Encore un pan de la vie de Ryan dont j'ignore l'existence. Cet homme est une énigme à lui seul. Serais-je capable de le décoder ? De résoudre tous ces mystères et enfin vivre une vie tranquille et normale avec l'homme que j'aime ?

(Faut pas rêver, Le mot « tranquille » ne convient pas au grand Ryan Carter.)

Jenny a disparu dans la pièce à côté. J'entends des tintements de verre et de casseroles, elle est sûrement dans la cuisine.

Samantha : « J'ai tout mon temps, tu sais ! Je ne partirai pas sans mes réponses ! »

Elle fulmine de l'autre côté de la pièce.

Jenny : « Oh mais tais-toi ! »

Le bruit des ustensiles de cuisine se fait de plus en plus entendre. Tout ce que j'espère c'est que Jenny ne sortira pas de là avec un couteau en main, prête à me trucider. Mais vu l'enivrante odeur qui s'y échappe, elle est incontestablement en train de cuisiner. Elle ne plaisantait pas en parlant de son restaurant...

En attendant que Jenny daigne m'adresser la parole, je décide d'envoyer un message à Ryan.

« Tu me manques énormément, j'ai l'impression que l'on se voit de moins en moins alors que nos bureaux sont tout juste côtes à côtes. Toute cette histoire est universellement dingue. Il ne me tarde de reprendre un rythme de vie normal et d'être dans tes bras. Bisous. »

Le message est immédiatement envoyé cependant je crains qu'il puisse y répondre tout de suite. Et pourtant... La réponse est immédiate ! Ça me rend tellement heureuse ! Je ne perds pas une minute de plus pour lire son message.

« Toi aussi, tu me manques. J'ai encore une réunion dans quelques minutes mais lorsqu'elle sera finie, je t'appellerai. On pourra se voir ce soir ? »

Je sautille sur place comme une gamine tout en veillant quand même à ce que Jenny ne débarque pas pour me voir en pleine crise d'hystérie. Je réponds de suite.

« Oui, ça me plaît. Appelle-moi vite. »

Enfin quelque chose qui s'annonce comme une routine de couple ! J'ai hâte. Je prends mes aises sur le canapé et respire en fermant les yeux. Quand soudain un bruit fracassant retentit. Je me précipite à la cuisine. J'ai failli glisser à cause du carrelage mais j'entre dans la cuisine sans prévenir. Devant moi... c'est la catastrophe.

La cuisine est sans dessus dessous. L'évier est plein à craquer de marmites et casseroles ; le comptoir est sale, il y a des cuillères posées partout dans les recoins ; les placards sont ouverts ; il y a un liquide sombre par terre à côté de quelques débris de verre, peut-être est-ce de l'huile ou de la sauce, je ne sais pas ; la bonne odeur qui était dans la pièce laisse sa place à l'odeur de brûlé puis il y a Jenny au beau milieu de tout ça. Une perle de sueur coule le long de son visage, elle est toute décoiffée et essoufflée.

Jenny : « C'est bon, j'abandonne ! »

Elle s'affale par terre et cache son visage. Quelques mèches de ses cheveux roux tombent en avant. Je ne l'avais jamais vu autant décontenancée auparavant. C'est de famille cette carapace infranchissable. Les faux-sourires, le ton hautain et parfois exécrable... tout ça n'est qu'apparence. Maintenant que je vois Jenny dans cet état, elle aussi joue un rôle pour cacher ce qu'elle ressent réellement. Les sentiments sont étranges. Ils influencent notre humeur.

Samantha : « Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Elle renifle avant d'essuyer son visage. Puis elle se relève doucement.

Jenny : « J'ai sorti mon soufflé du four et je l'ai posé sur le comptoir afin qu'il refroidisse un peu. Mais j'ai oublié que j'avais toujours mes légumes sautés sur le gaz. Ils ont brûlé. La poêle a pris feu, j'ai paniqué. J'ai pris de l'eau dans une casserole pour éteindre le feu mais j'ai failli tomber à cause de ce foutu carrelage glissant et j'ai fait tombé la bouteille de sauce soja. J'ai balancé l'eau sur la poêle puis j'ai jeté la casserole dans l'évier. Entre-temps, non seulement mon soufflé a refroidi mais il a également dégonflé. Je ne suis qu'une bonne à rien... »

(Plutôt maladroite.)

Je pose une main réconfortante sur son épaule et tapote gentiment.

Samantha : « Les petits accidents arrivent à tout le monde, ne t'en fais pas. Ne te décourage pas pour ça. »

Jenny : « J'ai tout foutu en l'air ! Je ne serai jamais prête à temps pour le concours ! »

Samantha : « Ne sois pas trop dure avec toi-même, tu peux recommencer autant de fois que tu veux pour t'entraîner. Vaut mieux que ça arrive maintenant et non pendant ton concours, si ? »

Elle lève les yeux vers moi, étonnée.

Jenny : « Pourquoi... Pourquoi tu me remontes le moral comme ça ? Je n'ai fait que te chasser de chez moi de toute la journée et je t'ai mal parlé. »

Je ris et hausse les épaules.

Samantha : « Disons que je comprends pourquoi Ryan s'inquiète pour toi. Tu es très passionnée et extrême comme personne. Tu es tellement à fond lorsque tu fais quelque chose qui te plait que tu en oublies ton entourage. Mais ce n'est pas une mauvaise chose en soi. Au contraire, ça donne envie d'aider. Ryan devient gaga lorsque ça te concerne. Il croit qu'en te surprotégeant, ça t'aidera. Ce n'est pas totalement vrai mais moi personnellement, je ne lui en veux pas. C'est tout simplement parce qu'il tient à toi. Je vois à quel point il est différent avec toi et vice-versa. »

Elle ne réplique pas et me fixe assez longuement. J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ? Jenny me fait les gros yeux.

Jenny : « Il t'a parlé de moi ? »

Samantha : « Il s'inquiète pour toi tellement qu'il devient mère-poule. Une fois, tu lui as dit que tu ne voulais pas de son aide pour monter ton propre restaurant. J'ai bien compris où tu voulais en venir. Tu gardes cela comme exploit personnel. Mais pour lui, ça a un peu été un choc. Il ne s'attendait pas à ce que tu rejettes sa proposition. Quand quelque chose préoccupe Ryan, il s'attaque à autre chose pour oublier. Il se sert principalement de son travail pour éviter que des pensées parasitent son esprit. Il comprend ton refus même s'il voulait que ça se passe autrement. »

Jenny : « Il t'a avoué tout ça aussi ? »

Samantha : « Non, j'ai essayé de le comprendre. Il faut dire que c'est difficile de vous extraire les vers du nez. Que ce soit le frère ou la sœur. »

Je soupire malgré moi.

Jenny : « Suis-moi. »

Elle se relève et j'obéis sans broncher. Nous revenons au salon où nous prenons place à nouveau. Jenny tapote la place à côté d'elle et je m'installe nerveusement. Cette soudaine proximité est... indéfinissable. Décidément, cette journée est pleine de rebondissement.

***

Je suis obligée de couper ce chapitre en deux parce qu'il est trop long, je ne l'ai même pas remarqué pendant l'écriture, haha xD J'essaie de revenir petit à petit, le syndrome de la page blanche est toujours là mais j'en profite un max dès que l'inspiration me vient.
Sinon, je ne pense pas être absente aussi longtemps de Wattpad (j'espère pas 😅) mais lorsque je reviens, l'histoire est à 70k vues ??? 😱😱😱
Wow, j'aurai jamais cru 🤣 même avant, atteindre 1k ou 10k c'était incroyable mais là...
Encore merci pour toutes vos lectures et vos votes 🙏
J'en reviens pas. Je vous en suis très reconnaissante 🙏

J'arrête pas de le répéter mais... Je travaille sur d'autres œuvres en dehors des fanfictions.
Cependant j'hésite encore à les publier parce que je n'ai pas envie de vous faire attendre 🤔 je sais à quel point c'est une torture d'attendre un nouveau chapitre 😅 donc j'essaie d'avoir des chapitres en avance avant de les publier.
Sauf si je publie quand même le premier chapitre par exemple mais on saura jamais quand un nouveau chapitre apparaîtra.
Si vous voulez, je peux créer un genre de rantbook ? Où j'écrirai les œuvres qui devront sortir (donc vous saurez ce que je prépare 😋)
En même temps, vous pourrez aussi me poser des questions  dedans si vous voulez 😊
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