Chapitre 70 : Taehyung - 86%
En constatant que sa popularité avait baissé ce jour-là, Taehyung avait décidé de s'entraîner plus encore qu'à l'accoutumée. Aucun doute possible : il avait passé son temps à souffrir. Ainsi, lorsqu'il avait pu retrouver Jungkook en début de soirée, ça avait ressemblé pour lui à une libération. Il avait travaillé dur, plusieurs fois les caméras s'étaient intéressées à lui, et il songeait que bientôt il regagnerait ces quelques pourcentages envolés.
Mis de bonne humeur par son moment avec Jungkook, il lui semblait que sa journée avait été parfaite. Néanmoins, une fois le dîner terminé et les bracelets éteints, alors que le jeune homme s'apprêtait à bondir sur le dos de son ami, il fut stoppé par Namjoon, seul autre garçon resté à la cuisine.
« Vous devriez éviter d'être aussi proches, conseilla-t-il simplement sans que son visage trahisse une quelconque émotion.
— Bah pourquoi pas ? demanda Taehyung en enroulant les bras autour de la taille de son cadet. En plus, le public adore nous voir proches.
— Ça pourrait finir par vous faire souffrir. »
Taehyung fit la moue en haussant les épaules : certes, il serait atrocement peiné de perdre Jungkook, mais il préférait ne pas s'inquiéter de ça. Il désirait profiter de l'instant avec quelqu'un capable de lui témoigner un peu d'affection. Ainsi, constatant que ses amis n'étaient pas disposés à l'écouter, Namjoon entrouvrit les lèvres, prêt à répliquer, avant de changer d'avis. Il se contenta de pousser un soupir :
« Dans ce cas, faites comme bon vous semble, mais faites attention à vous.
— Promis, hyung ! » lança Jungkook avec un sourire rassurant.
Et le rappeur se retint une nouvelle fois d'ajouter quoi que ce soit : il acquiesça d'un bref hochement de tête avant de s'en aller. Les deux cadets pour leur part, épuisés, décidèrent d'aller se coucher – ensemble, bien sûr. Tous deux vêtus d'un t-shirt, le plus jeune en jogging et son aîné en short, ils s'enfoncèrent sans plus tarder sous les draps, ravis de pouvoir se lover l'un contre l'autre si confortablement. Face à face, ils échangèrent un sourire et, tandis que Jungkook fermait les paupières, son ami entreprit de lui caresser le front pour tenter d'en écarter les petits cheveux bruns rebelles « Tu penses que Namjoon a tort ? demanda le maknae d'un murmure.
— Tu penses qu'il a raison ?
— Non, je suis d'accord avec toi... mais je sais pas... ça m'attriste qu'il ait dit ça. Tu crois qu'il est jaloux ? Je l'avais vu sympathiser avec Seokjin et Hoseok-hyung, peut-être qu'au fond, il est vraiment très triste et qu'il veut nous protéger.
— Aucune idée.
— Il nous aurait jamais dit ça, sinon. Je... on peut lui faire confiance, tu sais.
— Comment ça ? Donc tu veux dire que t'es d'accord avec lui ?
— Non, pas du tout, mais on devrait peut-être quand même l'écouter, je sais pas...
— Tu voudrais qu'on fasse comme si on se connaissait pas ? »
Jungkook entendit vibrer dans la voix de son ami toute la détresse qu'il éprouvait à cette simple idée. Ça le peina de constater que comme Taehyung, il se sentait atrocement triste à l'idée de réduire les contacts qu'il avait avec lui. Il ne s'était même pas aperçu de la force de leur lien.
« Peut-être pas non plus, répliqua Jungkook, mais juste... pas être si proches physiquement.
— Tes parents t'ont déjà fait des câlins ? demanda Taehyung.
— Il y a longtemps, oui.
— Ils ne le font plus ?
— Mon père est mort. Depuis, ma mère ne me montre plus vraiment d'affection. Et toi ?
— J'ai jamais connu mes parents, avoua Taehyung.
— Jamais ?
— Ils ont été arrêtés par le régime quand j'étais bébé, je pense qu'ils ont été tués. J'ai grandi dans un orphelinat.
— C'était pas... trop difficile ? osa timidement Jungkook.
— Il y avait une femme, une femme vraiment très gentille. Elle s'occupait vraiment bien de moi, alors je l'appelais « maman ». C'est elle qui m'a encouragé à enregistrer mes premiers covers. Elle disait que je chantais vraiment bien.
— Elle est... toujours en vie ?
— Oui, mais elle a quitté l'orphelinat, et je sais pas où elle est allée. Je l'ai cherchée pendant un an, et puis j'ai laissé tomber quand je suis devenu adulte et que j'ai dû me débrouiller par moi-même. J'ai jamais été malheureux, essentiellement grâce à elle, mais je me suis jamais senti vraiment heureux non plus. On s'occupait bien de moi, mais j'ai jamais eu droit à des câlins, des bisous, ou ce genre de choses qu'un parent doit à son enfant. Ceux qui nous avaient à charge n'avaient pas le droit de se montrer affectueux.
— Pourquoi ?
— Je sais pas. Ils avaient pas le droit. Ou peut-être qu'ils disaient ça juste parce qu'ils voulaient pas. J'ai jamais su. J'ai toujours rêvé d'avoir un frère, une sœur, ou un ami que je pourrais prendre dans mes bras. Mais j'en ai jamais eu... avant toi.
— Jamais ?
— Jamais, répéta Taehyung d'une voix éteinte. J'aurais juste voulu... »
Il se stoppa là, incapable de poursuivre sa phrase : qu'aurait-il voulu ? Une personne pour le prendre dans ses bras, sans doute, ou bien au moins un ami un peu tactile, juste quelqu'un pour compenser ce cruel manque d'amour qu'il avait éprouvé toute sa vie. Il avait vu en Jungkook cet ami qui pouvait tant lui apporter, il avait besoin d'y croire.
Son cadet se rapprocha, enlaça sa taille et se blottit contre lui qui se recroquevilla dans son étreinte.
« Merci, Jungkook-ah, murmura-t-il.
— Dors bien, hyung.
— Toi aussi. »
Chacun posa sur la joue de l'autre un baiser éthéré, et tandis qu'ils fermaient les yeux, leurs deux bracelets s'allumaient pour montrer au monde la touchante proximité des deux garçons.
Semaine 3 – Jour 5
Taehyung ouvrit les yeux lorsque Jungkook bougea. Dans un râle agacé d'être tiré de son sommeil, le jeune homme le ceintura et grimpa sur lui pour s'étendre sur lui.
« Hyung... tu m'écrases, grogna Jungkook.
— Parce que tu bouges. Dors...
— Hum, j'étouffe, bouge. »
C'était la même dispute tous les matins. L'un voulait dormir, bercé par le corps chaud de son ami qui pour sa part s'estimait prêt à entamer sa journée et ne souhaitait pas perdre de temps. Pourtant, ils continuaient de se chamailler.
Taehyung enfouit la tête dans le creux du cou de son cadet, ravi de sentir sa proximité ainsi que son parfum délicat à peine perceptible. Et Jungkook le tenait lui aussi dans ses bras, passés autour de sa taille. Il glissa finalement une main sous le t-shirt de son aîné pour lui caresser le dos, geste dont se délecta Taehyung qui en frissonna de plaisir. Il adorait ces petits câlins qu'il trouvait d'une douceur renversante. Jamais il n'aurait imaginé aimer autant l'affection. C'était tellement agréable !
« Continue, réclama-t-il d'un ton enfantin quand Jungkook cessa ses mouvements. S'il te plaît... »
Ils ne quittèrent le lit qu'une dizaine de minutes plus tard, et le maknae fila retrouver Namjoon tandis que Taehyung le suivait d'un pas lent. Il paraissait groggy, à croire que la tendresse avait sur lui des effets similaires à ceux d'une drogue. Il se sentait léger, sur un petit nuage, les paupières mi-closes.
Arrivé dans la cuisine, comme équipé d'un radar, il repéra Jungkook dos à lui en train de préparer le petit déjeuner avec Namjoon en discutant, et il s'approcha avant de se coller contre son dos, les bras autour de sa nuque. Jungkook n'en fut pas même surpris, il gloussa.
« Hyung, aide-nous au lieu de te pendre à moi.
— Je finis ma nuit. »
Jungkook esquissa un sourire et ne répliqua pas, il le garda tout contre lui sans remarquer le regard de Namjoon qui, quoiqu'amusé, se fit un très court instant désapprobateur. Il ne pouvait néanmoins pas empêcher ses amis de se témoigner leur affection, et il ne comptait pas lutter. Taehyung et Jungkook étaient assez grands pour avoir conscience des possibles répercussions de leurs actes, inutile de les chaperonner comme s'il s'agissait de deux enfants.
Ils se séparèrent, et Taehyung décida d'aller retrouver Jimin, dont il se douta qu'il était probablement occupé à s'épuiser dans sa salle de danse habituelle. Et le jeune homme avait visé juste : le voyant rouge était allumé au-dessus de la porte de la salle, un autre au-dessus de celle du studio à côte – Yoongi. Taehyung entra de manière discrète, peu enclin à déranger son meilleur ami en plein milieu d'une chorégraphie.
Ses yeux se posèrent alors sur la silhouette malingre de son aîné. C'était évident qu'il ne se nourrissait presque plus, et Taehyung en avait le cœur douloureux. Il l'avait connu si beau, si musclé et fort... aujourd'hui, il ne restait qu'un écorché de qui les muscles fondaient peu à peu. Jimin dansait, et Taehyung jurerait qu'il s'agissait d'une danse macabre exécutée par un mort. Seul le regard de Jimin prouvait qu'une âme habitait bel et bien ce garçon à l'allure cadavérique.
« Bonjour, dit Jimin une fois la chanson terminée. Tu veux quelque chose ?
— Juste te voir un peu. »
L'autre acquiesça, le morceau suivant s'éleva et il dansa. Taehyung l'observa. Il fut attendri d'entendre les voix de Yoongi et Jimin.
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