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Une fois que ma peau est complètement enlevée, Roger et Michael sortent ma nouvelle enveloppe corporelle. Par précaution, comme toujours, ils la comparent avec l'ancienne pour assurer que c'est le même teint de peau et de cheveux, normalement il n'y a aucun risque que ce ne soit pas le cas, mais ils veillent tout de même à vérifier dans le doute. Ça pourrait être embêtant que j'aie brutalement changé physiquement après seulement un week-end prolongé.
Une fois sûr d'eux, Thomas sectionne la nouvelle peau aux points clefs avant de me permettre de me revêtir avec cette nouvelle enveloppe. Dans les faits, ils m'aident tous les trois à le faire puisqu'il est presque impossible de la mettre seule avec les parois qui ne doivent pas se toucher avant d'être bien mises, sous peine de devoir sectionner de nouveau la surface pour qu'elle soit parfaitement ajustée. Et une fois que j'ai regagné mon apparence humaine, je me sens tout de suite beaucoup mieux. Je me rhabille alors, histoire d'arrêter de faire de l'exhibitionnisme.
— Bill t'attend dans son bureau, m'annonce Roland me faisant ainsi comprendre qu'ils doivent vérifier mon programme également.
Quand cette étape n'est pas à faire et qu'il faut uniquement transférer mes souvenirs récents dans mes nouveaux dispositifs de stockage, Bill Gates ne fait pas le déplacement et les scientifiques font directement la manipulation dans la salle d'opération. Mais là, du coup, Bill va s'en charger en même temps que contrôler mes lignes de codes.
— J'y vais alors, déclaré-je en sortant après avoir pris le bocal contenant mes derniers souvenirs, histoire que je puisse les récupérer.
Je regagne ainsi le couloir et je trace ma route jusqu'à une porte un peu plus loin correspondant au bureau de Bill Gates où se trouvent également tous les dispositifs informatiques qu'il faut. J'entre après avoir frappé, par pure politesse puisque Bill m'y attend et sait très bien que je viens.
— Installe-toi, je vais m'occuper de tout ça.
J'obéis et pose mon ancien dispositif de stockage en face de moi. Comme toujours, je me connecte ensuite manuellement à l'unité centrale, l'unique moyen pour quelqu'un d'avoir accès à mes lignes de codes et à ma mémoire. Enfin non, pas complètement, accessoirement, il serait possible de me pirater en s'implantant dans mon système, mais pour ça, il faudrait traverser ma peau pour avoir accès à mes circuits électroniques, ce qui est impossible pour quelqu'un qui ne fait pas partie du projet RONII. Donc a priori, le seul moyen d'avoir accès à mes lignes de code, c'est que je fasse sortir de mon index une prise et que je l'introduise dans un ordinateur ou une unité centrale.
Pendant que je fais ça, Bill place un câble dans le bocal et le connecte également à l'ordinateur, ce qui lui permet d'accéder à toutes les données puisque les grains de stockage sont tous interconnectés uniquement par le contact. Un peu à la manière de grains de sable liés ensemble par de l'eau qui forme des sculptures de verre quand la foudre frappe, sauf que là, il n'y a ni eau ni éclair et les particules peuvent se déplacer à l'infini, mais à part ça, c'est la même chose.
Dès que toute l'installation est prête, Bill démarre le transfert via l'ordinateur et commence à vérifier rapidement mes principales lignes de codes. Pour une fois, il ne cherche rien de particulier, ça fait plus d'un an qu'il n'a pas trouvé de failles dans mon système, mais justement, il vérifie encore de temps à autre pour être certain, au cas où. Je pense que quand tu crées un robot surpuissant, armé, top secret et possiblement dangereux, tu préfères faire beaucoup de vérification au cas où, juste pour être certain de ne pas avoir lâché dans la nature la future arme de destruction massive. Je ne sais pas trop pourquoi ils font tant de contrôle, c'est bizarre quand même, je ne comprends pas la raison, ça me dépasse. Heureusement que je n'ai jamais bugué quand même, ils pourraient tous être légèrement dans la grosse merde. Légèrement. Pas grand-chose. Au fond, je ne suis pas dangereuse. Au très fond. Mais je ne suis pas dangereuse quand même.
À chaque fois, c'est forcément un peu long, même si Bill ne vérifie que les points clefs et qu'il sait exactement ce qu'il doit trouver, mon programme reste extrêmement long. Il lui faut donc presque une heure pour tout contrôler, alors que l'ordinateur examine déjà tout seul 90 % de mon programme en le comparant avec un fichier calibré et fiable. Mais au moins, dès qu'il a fini, nous sommes sûrs et certains et je suis enfin débarrassée, pouvant rentrer chez moi.
— Non, je ne veux juste pas que nous nous en approchions, répliqué-je mécontente en sortant du véhicule, je déteste vraiment devoir m'adapter ainsi. Je te signale que je ne sais toujours pas pourquoi c'est un danger.
— De une, je ne compte pas traîner avec lui, je n'en ai ni l'envie ni les raisons. De deux, tu es l'une des rares personnes qui se soucient encore de lui. De trois, ça fait six semaines que ça dure, alors s'il était vraiment dangereux, on le saurait déjà depuis longtemps. De quatre, j'en ai marre de faire cinq cents mètres de plus chaque matin pour passer loin de lui. Et de cinq, je sais que même si nous ne passons pas loin de lui, tu ne lui ferais pas de mal et lui n'a aucun moyen de t'en faire. De plus, il serait assez étonnant que je sois sa victime et que tu ne me sauves pas avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit, j'ai confiance en toi, liste-t-elle à une vitesse assez incroyable pour éviter que je ne la coupe.
— Tu as décidé de te plaindre aujourd'hui ? rigolé-je en ayant tout de même un peu honte de moi par rapport à tout ça, il faut admettre qu'elle a bien raison.
— Exactement, je n'en peux plus.
— Eh bien, figure-toi que pour moi, c'est pareil, je n'en peux plus que ce mec soit ici et je ferai tout pour qu'il soit renvoyé, mais je n'ai pas encore trouvé le moyen.
— Ah, ah, ah, très drôle. Bon, j'y vais, à ce midi.
Elle part de son côté et moi, je continue jusqu'à la classe de physique.
À peine tous installés à nos places, le professeur de physique annonce que l'on doit faire une thèse sur un thème au choix par groupe de deux ou trois dans l'objectif d'approfondir l'une des notions du programme. Nous avons déjà eu un travail du type à faire quelques semaines plus tôt, mais il l'a apparemment trouvé tellement pathétique qu'il nous fait travailler en groupe cette fois comme, je cite : « des petits enfants de primaire ». D'une amabilité rare ce prof, c'est assez incroyable. En attendant, moi, je me retrouve dans la merde, je n'ai jamais apprécié de travailler en groupe et ceux, tout particulièrement, avec des inconnues...
C'est vraiment dans ces moments-là que l'inconvénient de traîner avec les amies de ma sœur se fait sentir, puisque je ne côtoie personne d'autre dans la fac et encore moins dans ma classe. Les personnes se mettent donc en groupe d'amis, se répartissant tout naturellement. Après tout lorsque l'Humain a le choix, il se tourne vers ses proches et vers des gens de confiance. Ce qui fait que je me retrouve automatiquement toute seule, ce qui ne me pose pas le moindre problème, mais ça risque de déranger monsieur Hernandez, notre prof. Alors que, soyons honnêtes, mon dernier devoir était parfait, je devrai donc être, en toute logique, dispensée de ce travail de groupe. Mais la logique et l'Homme ne font pas deux, alors ça ne risque pas de fonctionner comme ça, même en négociant bien.
Tant pis, je vais me greffer au groupe de Quinn et James, les deux meilleurs élèves de notre classe, après moi bien sûr, comme ça, au moins, je ne travaillerai pas seule et je ne fournirai pas une super note gratuite à je ne sais trop quel idiot qui ne le mérite pas. Malheureusement, l'information que je n'ai pas prit en compte, c'est qu'un autre élève se retrouve seul, c'est si rare qu'il y est un pauvre paumé que je n'y ai même pas pensé dans ma logique.
Sauf que bien sûr, le seul idiot parmi les vingt-cinq élèves de notre promotion, c'est bien sûr notre très cher Elijah Stone. Je crois que je vais hurler si jamais je me retrouve en groupe avec lui. En plus, il se dirige droit sur moi, semblant bien décidé à ce que nous fassions équipe, mais si jamais j'arrive à refuser, avec la chance que j'ai, le prof nous mettra tout de même ensemble, je le sens bien cette histoire, ou mal plutôt. Misère.
— On se met ensemble ? demande une voix dans mon dos, la voix d'Elijah bien sûr.
— Non, Phœnix, je préfère encore être seule, refusé-je en utilisant son vrai nom, rien que pour voir comment il réagit, profitant de l'occasion et si en plus, ça le dissuade de me reparler, c'est tout bénef.
— C'est Elijah... répond-il la voix tremblante, qui me révèle au grand jour sa peur, même si ça ne doit pas s'entendre pour la plupart des personnes, mais moi, je le vois clairement.
Il est doué, il arrive presque à ne pas se monter déstabilisé alors que je viens quand même de l'appeler par un nom que je ne suis pas censée connaître. Ça ne prouve pas grand-chose, mais ça montre quand même qu'il est fort, très fort même.
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