Partie 2 : Lune d'Azur - Chapitre 13 : Retrouvailles à l'aube
Byleth se frappa la tête, comme si ses pensées pouvaient se remettre en place par ce simple geste.
Même dans ses rêves les plus fous, jamais Byleth n'aurait imaginé cela. Cinq ans. Cinq ans. Il avait dormi cinq ans. Ses élèves... enfin, s'il était encore en droit de les appeler ainsi, devaient avoir grandi. Ils étaient probablement pris dans les tourments de la guerre.
Byleth ne pouvait qu'espérer. Espérer qu'ils se souviennent d'une promesse lointaine, celle de se réunir au festival du millénaire, qui aurait dû avoir lieu le lendemain. S'ils ne venaient pas, Byleth serait seul dans un monde en guerre dont il ne connaissait rien.
La voix qui l'avait tiré de son profond sommeil était celle de Sothis, il en était quasiment certain. Mais il avait beau l'appeler, elle ne répondait pas. Peut-être avait-il rêvé, finalement. C'était un homme vivant dans l'un des villages en contrebas du monastère qui l'avait trouvé et qui lui avait donné la date, ainsi que briefé sur la situation. Il l'avait également mis en garde : Garreg Mach était infesté de pilleurs et de bandits, et des soldats envoyés par l'Empire, aucun n'était revenu. Il y avait quelque chose dans ce monastère, et ce n'étaient pas des pilleurs.
« Autour d'une tasse de thé bien chaud, hein ? Je préparerai les scones, alors. »
Byleth se sentit extrêmement gêné en repensant à la scène qui avait eu lieu même s'il était seul. Il avait... il avait vraiment osé faire ça. Il avait failli l'embrasser. Sur le champ de bataille ? Alors qu'il devait faire évacuer les élèves ? Mais qu'est-ce qui lui était passé par la tête, enfin ?
De toute façon, il avait probablement déjà oublié. Cela faisait cinq ans. Qui se souviendrait d'un professeur d'une académie qui n'existait plus, et dont le monastère qui l'hébergeait n'était plus qu'un tas de ruines ?
La vision d'un corps étendu, à l'intérieur du monastère dans lequel il avait pénétré quelques minutes plus tôt, interrompit le cours de ses pensées. C'était un homme ; il portait l'uniforme des soldats de l'Empire. Il ne fallut au professeur qu'un coup d'œil pour constater qu'il était mort.
« On dirait que j'ai retrouvé les escouades disparues de l'Empire, » lâcha-t-il à voix haute.
Un peu plus loin, deux autres corps. Byleth avança lentement et avec précaution, suivant ce chemin macabre tracé par les corps qui semblaient toujours plus nombreux. Ses pas le menèrent à un escalier, qu'il gravit jusqu'à ce qu'il n'y aie plus de morts sur son chemin.
Il leva la tête. La pièce était vide et la lumière se déversait d'en haut ; il n'y avait pas le toit. Une forme amorphe était comme tassée contre un mur dans l'obscurité, là où la lumière ne l'atteignait pas.
Byleth sentit son cœur se serrer. Cette masse de cheveux blonds, bien que désordonnée et tâchée de rouge, il serait capable de la reconnaître entre mille.
L'homme leva la tête, semblant enfin réaliser sa présence. Son visage était maculé de sang et l'un de ses yeux était recouvert d'un bandeau, mais alors qu'un doux rayon de soleil vint éclairer son visage, Byleth vit immédiatement une ombre familière dans ce regard bleu, une ombre qui avait autrefois menacé de le posséder tout entier, et qui semblait y avoir réussi. Quelque chose semblait être mort en lui.
En voyant Dimitri ainsi, Byleth eut l'impression que ses plus grands espoirs et ses plus terribles cauchemars s'étaient réalisés. Une culpabilité insensée l'étreignait. Il avait l'impression de l'avoir laissé tombé, d'avoir échoué. Il aurait dû être là. Cinq ans plus tôt, et celles qui avaient suivi. En quelque sorte, c'était de sa faute.
Ces sentiments s'évanouirent alors que Byleth s'avançait dans la lumière, seulement pour être remplacés par quelque chose de plus paisible. Dimitri était en vie. Il était là, avec lui. Peu importaient les circonstances, la guerre, les corps qui jonchaient le monastère. Tout cela pouvait être résolu, à présent.
Dimitri grogna en levant un peu plus la tête. Son œil mettait du temps à s'adapter à la lumière.
Byleth s'arrêta pour lui laisser le temps de le distinguer.
Puis il fit un nouveau pas vers Dimitri et tendit la main au cœur des ténèbres, prêt à s'y abandonner tout entier.
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