Chapitre 3

-Tue-moi, je t'en prie.

A peine l'homme aux yeux d'or eut prononcé sa phrase qu'il s'évanouit, ses paupières refermant le trésor qu'était ses iris.
L'homme était -ou semblait l'être en tout cas- grand. Ses traits, comme dans le rêve de Rei, étaient coupés au couteau. L'homme était recouvert de blessures, mais elles se refermaient petit à petit, dévoilant son corps musclé et couvert de cicatrices. L'homme avait les cheveux longs et noirs virant à un rouge étrange sur les pointes. Ses vêtements étaient en lambeaux, même si on devinait qu'il s'agissait au par avant d'un costume deux pièces noir et blanc.

Rei rengaina le Yamato, puis il s'avança prudemment vers l'inconnu de ses rêves. Son visage lui rappelait une personne du conte du Quinquet du Haut Nuage, mais le jeune homme se dit qu'il s'agissait juste d'une coïncidence.

-Qu'est-ce que je vais faire de lui ? Un homme qui semble être une abomination, je devrais le tuer, pourtant... Je demanderais à Lan. pensa Rei.

Et le Général décida donc de le ramener chez lui. Sur la petite distance qui le séparait de sa maison, Rei remarqua deux choses : l'homme aux yeux d'or avait une épée qui semblait brisée, comme lui, et que l'inconnu psalmodiait quelques fois une phrase :

-Des cinq... Trois doivent...

A chaque fois, il se rendormait -si on peut qualifier ça de sommeil- et sa voix grave laissait place au silence. Sa voix faisait battre le cœur de Rei plus vite, sans que le désigné ne sache pourquoi.
Lorsque l'inconscient et Rei arrivèrent à la maison, Xingxing n'était pas rentrée. Rei en profita pour installer l'homme fort sédui... Euh, endormi, sur un canapé.

Le Général alla ensuite chercher différentes objets pour l'homme de ses rêves. Il alla d'abord prendre des vêtements -une espèce de chemise dorée, un manteau noir et un pantalon gris-, puis il prit des bandages, simplement au cas où ses blessures se rouvraient. Et enfin, Rei prit une couverture pour la déposer délicatement sur l'homme pour qu'il n'ait pas froid.

-Bien, voyons ce que Lan a à me dire. se dit Rei.

Et comme d'habitude, il dégaina le Yamato, prit une inspiration et... Se le planta dans le ventre.

...
...
...

-Puisque je vous dis que je ne peux pas la terminer demain ! criait Xingxing, en regardant les demandes écrites des vieux artisans.

Si Xingxing haïssait bien des gens, c'était les anciens forgerons et autres inverteurs de pacotille qui ne la laissait pas travailler en paix ! De toute façon, c'était elle la Générale et la prodige, et eux était juste de vieux croulants !

-Et bien jeune fille ? Comment osez-vous nous parler sur ce ton ?! Si votre mère était encore en vie, elle... commença un des anciens.

A peine le vieil artisan eut prononcé ses mots que Xingxing le frappa avec un de ses magnifiques droites dont elle avait le secret. C'était trop tôt pour parler de... D'elle. Elle était morte il y a quelques mois, et malgré le fait que Xingxing se baladait avec un sourire malicieux sur son visage la plupart du temps, elle n'avait toujours pas fait le deuil de sa mort.

La jeune fille, qui sentait ses yeux la piquer, inspira grandement avant de dire :

-JE suis votre Générale, à présent !... Avec mon frère. Et je ne vais pas me laisser faire par vous juste parce que vous êtes soi-disant meilleurs que moi en artisanat !

Après tout, c'était elle qui avait trouvé des choses révolutionnaires pour l'Alliance ! Entre le cycle jour-nuit factice ; la pluie artificielle qu'elle allait bientôt achever ; le système techno-magique, et sans compter toutes les idées qu'elle avait noté et qui attendaient !
Et c'était elle qui manquait de respect ?!

L'ancien qui venait d'être gifler regarda la jeune Générale avec des yeux de merlans frits, avant de se lever avec l'aide des autres vieux artisans. Il bafouilla plusieurs fois avant d'articuler difficilement une phrase :

-N-Nous en reparle-reparlerons la p-p-p-rochaine fois !

Il se retourna ensuite de façon dramatique, et Xingxing crut voir sur une maigre partie de son visage des feuilles de mara, mais elle n'y fit pas plus attention. L'ancien fut ensuite suivi par ses collègues. Peut-être Xingxing avait créé un incident diplomatique, mais qu'est-ce que ça faisait du bien de se défouler !

...
...
...

Rei se réveilla -comme d'habitude- dans l'habituel espace semblable à un ciel étoilé. Il se leva et contempla le vide, émerveillé par tant de beauté. Même si il "venait" plutôt souvent ici, la beauté de l'"endroit" lui faisait toujours autant d'espace.

-Allons, Rei ! Quand tu n'admireras plus cet espace ? demanda une voix semblable à une flèche, que Rei connaissait bien.

Le jeune homme se retourna et vit comme d'habitude, Lan entrain de boire un thé dans un service à thé ancien.
L'Aeon était très différent de ce qu'on pouvait imaginer. La première fois que Rei avait rencontré son maître, c'était il y a quelques mois. Si on le représentait traditionnellement sous la forme d'un espèce de prince-centaure-archer-dieu ; il prenait souvent, avec Rei, une forme humaine, d'un homme en un kimono très large, avec un arc absolument magnifique sur son dos, et des flèches de lumière à la lueur réconfortante mais dangereuse, un peu comme du feu. Ses traits étaient comme ceux d'un flèche tirée, on arrivait mal à les distinguer.

-Rei, viens t'asseoir, j'ai préparé du thé !

Rei se pressa et s'assit en tailleur, avant de prendre la tasse posée face à lui.

-Alors, si on parlait de l'homme que tu as recueilli il y a quelques instants ? demanda l'Aeon d'un ton malicieux.

-Hum... C'est... Il est une abomination, non ?

Rei, pour la première fois de sa vie, venait de traiter une "abomination" comme une vraie personne. Et ce n'était pas rien !
Lan avait remarqué la même chose, mais il ne tint pas à le faire remarquer.

-Et bien, c'est un peu compliqué...

Lan prit ensuite une gorgée de thé, avant de continuer son histoire :

-Est-ce que tu connais le conte du Quinquet du Haut-Nuage ? demanda-t-il, en posant sa tasse en terre cuite.

-Oui, mais vous voulez dire que... commença Rei.

-Il y a bien longtemps, l'Imbibitor Lunae Dan Feng et un artisan du nom de Yingxing essayèrent de ressusciter Baiheng, une des membres et amie qui était tombée au combat. Cela se solda par une... Demi-réussite, mais aussi par une malédiction. Si Dan Feng se transforma en dragon sanguinaire, Yingxing fut condamné à une chose encore pire... L'immortalité sous le joug du mara.

-Donc, l'homme que j'aim...

J'ai failli faire une bourde ! pensa Rei.

-L'homme que j'ai secouru est Yingxing, autrement dit Blade ?

-Oui, Rei. Tu abrites à présent un des plus grands criminels de cet univers.

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