13. Un vrai rendez-vous ? (E)

  Depuis cette fameuse soirée de mon agression, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, de même pour les jours. Nous sommes à présent en automne soit un bon mois après le festival, et les feuilles commencent à tomber des arbres tapissant les trottoirs de milles couleurs. J'ai également déménagé depuis deux semaines et ma vie s'écoule paisiblement.

Je vis pour la première fois seule dans un grand et bel appartement ! Le déménagement n'a pas été une mince affaire..., en effet nous n'étions que 4 pour monter tous mes meubles acheté pour l'occasion : Cheryl, G, mon père et moi. Ma sœur nous a aidé, mais pas avec les meubles, elle aime plutôt diriger les choses ne pas y participer. Alors sous son œil de petite chef autoritaire, elle nous donnait l'endroit où déposer les meubles. À la fin de la journée, nous avons tous dévoré une pizza sur un carton, car ma table basse n'était pas montée.

Cheryl est toujours avec G, et ils forment ensemble un couple très mignon.
Ils sont assez complices et je les jalouse presque... Surtout le soir quand je suis seule chez-moi et que je passe ma soirée à ruminer devant une comédie romantique.
Je n'ai pas revu Sonny depuis qu'il m'a sauvé d'Hugo, et ça me désole.
Il n'y a pas un jour où je cherche son regard lumineux dans le parc à côté de mon boulot, mais je ne l'ai pas revu... Alors je désespère toute seule dans mon grand appartement... Cheryl vient régulièrement pour commencer à aménager également comme son bail finit dans deux mois.
Je suis pressé qu'elle vienne vivre ici, car la solitude me pèse certains soirs.

Au travail, tout se passe bien même si les premiers jours, j'y aller la boule au ventre de peur de croiser Hugo. Mais contre toute attente, jamais je ne l'ai croisé, et c'est tant mieux. Je ne sais pas comment il réussissait, mais il m'évitait avec brio.
Mes collègues au début me racontaient les bruits de couloir. Hugo était arrivé avec un gigantesque œil au beurre noir et ne voulait pas donner d'explications sur ses blessures.
Quelques jours après j'avais appris qu'il voulait changer de ville et avait demandé sa mutation dans une autre ville dans laquelle la maison d'édition était implantée. Cette annonce avait tout de même quelque chose de très rassurant.

Pour combler ma solitude, je passais beaucoup de temps au travail. Je dévorais les livres qui m'étaient demandé, et je m'investissais à fond dans la sélection des sorties. Il fallait que je sois constamment occupé, alors le soir certaines fois, je continuais le livre que j'avais commencé à écrire il y a bien longtemps.
C'est probablement cliché, une personne qui travaille dans une maison d'édition et qui écris, mais tant pis. Cette passion a au moins le mérite de me faire penser à autre chose...
Je ne pensais plus à lui.

Ce soir, nous allons dîner avec Cheryl dans notre restaurant préféré. Nous prenons toujours l'habitude de se faire au resto une fois par semaine. Quand je sors du travail, je suis assez contente de ma journée et l'idée de me détendre ce soir me rend encore plus heureuse. Un collègue me salue quand je descends les marches dehors. Par habitude, je jette un œil au parc et tourne la tête immédiatement.

Je manque de défaillir ! Ai-je bien vu ?
Je tourne à nouveau la tête dans cette direction et je croise le regard de Sonny posé sur moi. Je crois qu'il est en train de m'attendre, assis sur le même banc sur lequel on s'est rencontré. Mon cœur tambourine comme un fou dans ma poitrine.

Je reprends brusquement mes esprits. Est-ce que je dois aller le voir alors qu'il ne donne pas signe de vie depuis des semaines ? En même temps, il n'avait aucun moyen de me contacter... Et je suis bien trop heureuse de voir qu'il va bien pour me torturer l'esprit avec des hésitations.
J'avance vers lui ce qui déclenche un beau sourire qui détend ses traits. Je crois bien que je tremble au fur et à mesure que je m'approche de lui.
Lorsque je suis à son niveau, il se lève et me dépasse d'une bonne tête et demie, un sourire toujours accroché à son visage. Il effleure légèrement mon bras et me tend un gobelet Starbucks. Ses mains sont parsemées de tâches de peintures.

- Eden..., il lâche provoquant une accélération brutale de mon cœur.
- Bonjour Sonny.
- Je ne savais pas si tu accepterais un nouveau rendez-vous avec moi donc je suis venu avec.
- Tu as de la chance qu'il ne pleuve pas..., je lui réponds en souriant.

Sonny se rassied et je l'imite. Nous nous observons l'un et l'autre longuement et sans aucune pudeur. Le café chaud dans mes mains, ça m'aide à moins trembler. Dans mes souvenirs, il était un peu moins beau que là devant moi... Je suis subjuguée par chacun de ses traits.

- Tu vas bien ?, il demande en me sortant de mes pensées.
- Oui et toi ?
- Ça va beaucoup mieux, il m'avoue.
- Ça se voit...
- Ah oui ?, dit-il en se tournant vers moi. À quoi ça se voit ?
- Tu es plus souriant qu'avant..., je réponds troublée par notre proximité.
- Peut-être parce que je suis content de voir. Ce qui est le cas vraiment... Eden, j'ai pas mal été occupé ces derniers temps...
- Ce n'est pas grave, je le coupe.
- Laisse-moi finir, il me reprend en souriant avant de lâcher une bombe. Je n'ai pas arrêté de penser à toi.

À ce moment ça en est fini de mon corps et de mon esprit.
Une puissante chaleur m'envahit, et mes joues me chauffent. Mince, on dirait une gamine qui se fait draguer pour la première fois. Je suis touchée par ses aveux, et un peu perturbée aussi...
Je ne sais pas quoi lui répondre même si j'aimerais lui avouer que j'ai souvent pensé à lui... Que je l'ai souvent imaginé m'attendre après le boulot et s'excuser d'agir comme un minable.
J'ai envie de lui dire que j'ai régulièrement rêvé de notre baiser, et même plus certaines nuits. Mais maintenant qu'il est devant moi et qu'il se met à nu, je reste muette comme une carpe.  

  - Je sais que j'agis souvent comme un con, mais je ne sais pas faire moi tout ça..., il continue.
- Ça quoi ?
- Les filles, tout ça quoi...
- Ah, je lâche en réalisant qu'il parle d'un hypothétique nous. Ce n'est pas grave.
- Que je ne sache pas ou que je sois un con ?, il demande en souriant.
- Un peu des deux, je suppose.

Sonny éclate de rire et manque presque de renverser son café. J'ai l'impression d'avoir un homme différent devant moi... La seule fois où il a vraiment ri, il était complétement saoul.
Son rire cesse petit à petit, et ses yeux brillants se posent de nouveau sur moi.

- Ça te dirait un vrai rendez-vous ?

Mon cœur se compresse encore dans mon cœur. Sonny, celui que je prenais pour un je-m'en-foutisme et un rebelle me propose à moi un rendez-vous ?
Mes mains sont moites et je prends le temps de répondre pour ne pas lui hurler un oui.

- Ça serait une bonne idée.
- Ouf, j'ai cru que tu allais refuser... Tu es bien moins bavarde que d'habitude, il constate.
- C'est que tu m'as surprise, j'avoue en triturant mes mains.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Je ne m'attendais pas à te voir...
- Et pourtant quand tu es sorti, tu as regardé le parc en premier. C'est que tu espérais me voir ?
- C'est vrai. J'espérais oui...
- Pourquoi ?

Sonny assit à mes côtés se tourne complètement vers moi. Sa main touche ma cuisse et il me fixe du regard. Mon dieu... Je regarde compulsivement ses lèvres, j'aimerais tellement l'embrasser de nouveau, mais il me prendrait probablement pour une folle.

- Tu ne veux pas répondre ?, il demande en s'amusant.
- Si... Parce-que je pensais que le courant était passé entre nous, je réponds bêtement en baissant la tête.
- C'est tout ?, il continue en faisant mine d'être vexé. Je te pensais moins timide...
- Pour le moment, c'est tout ce que tu auras, pas la peine de me faire cet air de chien battu !, je m'exclame en le frappant doucement à l'épaule.

Sonny est rapide et retient ma main avant qu'elle ne le touche puis il conserve ma main. Tout contre lui, contre son cœur que je sens battre à toute vitesse...
Ce geste peut sembler anodin pour beaucoup de gens, mais j'ai le cœur au bord des lèvres. Sonny est tellement différent... Et il me plaît encore plus comme ça.

- Tu es sadique ! Je n'avais pas vu ce côté-là de ta personnalité, il lâche.
- Et du coup tu veux t'enfuir avant que j'accepte ce rendez-vous ?, je l'interroge par défi.
- J'n'en ai pas la moindre envie... Eden prend moi au sérieux.
- Je le suis. Bon, ok, va pour un rendez-vous, j'accepte.
- Ne te force pas surtout, plaisante t'il.
- Du tout. Et où compte, tu m'emmener ?, je demande.
- À une exposition.
- Une expo de ?
- Tu verras. C'est dans 10 jours, je sais que c'est long, mais tu arriveras à tenir jusqu'ici ?
- Tu parles ! C'est toi qui ne vas pas tenir, je réponds un peu plus sûre de moi.
- J'n'ai pas d'autre choix moi ma jolie... C'était le seul temps libre que j'avais.
- Que fais-tu pour être si occupé ? Es-tu ministre ?
- Quelques choses comme ça. Tiens voilà l'adresse de l'expo, il me dit en me tendant un bout de papier.

Je remarque par la main occasion qu'il tremble lui aussi. Si je réfléchis bien, il est peintre et va exposer ses tableaux dans dix jours. Pour le coup, je trouve cette invitation encore plus plaisante et stressante... Sonny le rebelle énigmatique est-il en train de se dévoiler pour moi ?

- Je vais y aller, mais j'ai encore le temps de te raccompagner à ta voiture si tu veux, il me propose.
- Oui, très bien, je suis garé un peu loin, il n'y avait pas de place ce matin...
- Tu habites loin ?, il me demande soudainement.
- Avant oui, mais j'ai déménagé. Je ne vis pas trop loin du boulot maintenant, d'habitude, j'y vais à pied, mais je dois aller au resto ce soir, je lui explique.

Son visage se ferme à mes derniers mots. Croit-il que j'ai un rendez-vous galant ?

- Je dois dîner avec ma meilleure amie, je me corrige précipitamment.
- Tu fais ce que tu veux, Eden..., il lâche avec un sourire satisfait sur le visage.
- À quoi occupes-tu ta soirée ?
- J'ai plein de boulot...
- Tu ne veux pas parler de toi ?, je demande.
- Pas maintenant, nous discuterons autour d'un verre et d'un repas. Pas là en train de marche vers ta voiture...
- Ok. Tu préfères rester mystérieux ?
- Le mystère peut être intéressant...
- Trop de mystère tue le mystère.

Nous continuons de marcher et je me félicite d'être arrivé en retard ce matin, ça me permet de passer un peu plus de temps avec lui. J'agis vraiment comme une gamine quand je suis sous le charme d'un mec en vrai... Je me déteste presque pour cela.
Sonny est plus silencieux lors de notre marche.
Par moment, nos mains se touchent dans notre promenade et rien que ce minuscule contact fait hérisser les poils sur mes bras. Lorsque ça se produit j'ai envie d'attraper sa main et d'y mêler la mienne mais je me retiens.  

  Quand nous arrivons à ma voiture, j'ai envie de faire demi-tour. Cette rencontre est beaucoup trop rapide... Sonny semble du même avis quand ses yeux se posent dans les miens, ses épaules sont voûtées :

- Bon nous y voilà.
- Et oui... Donc on se voit le 17 ?, je demande.
- Ouep, le 17 à 18h, ça te va ?
- Parfait, il y a un dress-code ?
- Non tu es très bien comme ça, il me complimente me faisant rougir.
- Ça marche.

Je baisse la tête, car je ne veux pas revivre la même chose que la dernière fois. Je n'ai pas envie d'espérer qu'il m'embrasse, car il ne le fera pas. Alors j'ouvre rapidement ma voiture et me baisse pour y rentrer, mais à ma grande surprise il me retient par le bras.

- Tu fais quoi, Eden ?, il demande visiblement surpris.
- Je rentre..., je réponds en déglutissant avec difficulté.

Sonny m'adresse son plus grand sourire et me regarde avec tendresse. Je me perds dans ce bleu si intense...
Sa main tient toujours mon bras solidement, on dirait qu'il a peur que je parte. Mon cœur me fait souffrir tellement, il martèle dans ma poitrine.

- Je t'ai déjà laissé partir comme un gamin... Tu mérites mieux Eden, tu mérites même le meilleur.

Sous mes yeux grands ouverts Sonny se penche vers moi, et dans un geste tendre rempli de douceur, il appuie ses lèvres sur ma joue. Puis il recommence mais cette fois un peu plus près de mes lèvres. Je retiens mon souffle, raide comme un piquet alors qu'il continue de déposer des baisers sur ma joue. Avant qu'il ne s'éloigne de moi, il dépose un dernier baiser à cheval sur ma bouche et ma joue. J'ai l'impression d'avoir des papillons dans le ventre et d'avoir couru un marathon tellement mon palpitant bat fort.

Ses yeux se posent finalement sur moi et un sourire malicieux étire ses traits. Sonny semble ravie de son action et de ce qu'il provoque en moi. D'une voix grave qui ne me ressemble pas, je réponds à sa dernière remarque :

- Et c'est quoi le meilleur ?
- Moi évidemment, mais tu le comprendras plus tard. Je dois filer...
- Ok, bonne soirée Sonny.
- Toi aussi Eden, au 17 alors !

Il commence à partir puis il se retourne et me crie " J'ai hâte d'être au 17!" et repart de plus belle. Je le regarde partir appuyé sur ma voiture. Je n'ai pas conscience du temps qui passe, ni du temps qui se rafraîchir avec la nuit. Je suis sur mon petit nuage, et plus intrigué que jamais par Sonny.

Mon portable vibre frénétiquement dans mon sac et c'est à ce moment-là que je me rends compte que Cheryl doit m'attendre... Elle déteste attendre la première, elle va me tuer, c'est certain ! Je démarre alors à toute vitesse et prudemment, j'essaie d'arriver le plus vite possible.
Quand j'arrive au restaurant, j'essuie les yeux noirs de reproches de Cheryl alors que je n'ai même pas encore retiré mon manteau. Je me retiens de rire devant sa tête bestiale, prête à sauter au cou et à mordre.

- J'ai une très bonne excuse !, je me précipite de lui dire.
- Dis toujours, je jugerai si elle est bonne ou pas...
- J'ai revu Sonny.

Elle manque presque de lâcher le verre qu'elle tenait et ses yeux s'agrandissent. Je sais qu'elle meurt d'envie d'en savoir plus, mais elle fait semblant de bouder.

- Tu lâches ton amie pour un homme pff...
- Allez Cheryl arrête de faire ta gamine !, je réplique avant qu'elle ne rigole.
- Raconte-moi tout ! Il est revenu à ton boulot, c'est ça ?, elle me demande alors que le serveur arrive à notre table.

Nous passons notre commande, la même depuis que nous nous connaissons... Puis vint le moment où je lui décris tout ce qu'il s'est passé. Je crois que depuis mon agression, je n'ai pas été si heureuse...
C'est triste de voir que c'est un garçon qui parvient à faire ce miracle, un garçon que je ne connais même pas bien. En tout cas Cheryl ne fais plus la tête et nous passons notre repas à faire des plans sur la comète à propos de Sonny. C'est décidé Cheryl et G m'accompagneront pour l'exposition, je n'ai franchement pas envie d'être seule surtout que Stan sera entouré de ses amis et de sa famille.

Cheryl est vraiment resplendissante depuis qu'elle est avec G, même si elle a toujours été très joyeuse et bout en train, sur son visage, on voit clairement qu'elle est heureuse et amoureuse. De ce qu'elle me dit, leur couple prend un peu plus d'importance l'un pour l'autre. Alors que Gérald avait dit qu'il fallait prendre leur temps, c'est lui qui dort toutes les nuits chez elle... C'est vrai que le bar n'est qu'à quelques mètres de chez elle, mais ça n'explique pas tout.

Lorsque nous nous quittons sur le trottoir du restaurant, je me sens plus légère. Sur le chemin jusqu'à ma voiture, j'appelle mon père pour le tenir informé de ma petite vie monotone. Une fois assise derrière mon volant, je soupire.
Tout compte fait, ma vie n'est pas si merdique et pitoyable que ça...   

Voila ce petit chapitre :)
J'espère qu'il vous plait ^^ En tout cas les deux se rapprochent lentement mais sûrement... Pensez vous que Sonny garde trop de mystère pour la belle Eden ?

On se retrouve bientôt pour le prochain chapitre, en attendant prenez soin de vous !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top