La montre (6)
Lorsque je me réveille, le matin suivant, quelque chose cloche. Je ne suis absolument pas dans la chambre que je me suis choisi la veille. Je me trouve, les bras attachés, dans une boîte de métal blanc. Je suis obligée de plisser les yeux, celui ci étant trop éblouissant.
-Jeunes joueurs, bienvenus au centre. Vous avez été emmenés ici dans votre sommeil, et maintenant que vous êtes là, le projet peut commencer.
L'air ambiant se réchauffe.
-Vous serez amenés ici, un jour sur deux, termine la voix.
Des dizaines de petits tubes semblent sortir du mur, et s'accrochent en un claquement sec à mon corps, quasiment sans douleur, ce qui me surprend. J'en ai sur la tête, les bras, les jambes, et le dos. Je sursaute et lorsque je veux en arracher un, une décharge électrique me parcourt le corps, semblant interdire toute résistance de ma part.
-N'essayez pas d'enlever les tubes. Ne désobeissez pas, où nous n'auront aucun scrupules à vous tuer.
Et nul doute qu'il en sont parfaitement capable.
Les tubes sont transparents, et je vois un liquide vert, plutôt inquiétant, filer vers moi. Je m'alarme, suffoque, et tente malgré les ordres, de me débattre.
Sohan, aussi surprenant que cela puisse être, est le premier que j'entends hurler de douleur. Quelles douleurs subit-il pour hurler à ce point ?!
Paniquée, je continue de me débattre, jusqu'à ce que des décharges m'immobilisent. Mon visage s'oriente vers le haut, et ma bouche s'ouvre sur un cri silencieux, tant la violence est forte. J'ai l'impression que mon coeur va exploser, je ne sens plus mes jambes tout au long de la décharge.
Quelques secondes après, lorsqu'ils semblent juger que c'est assez pour que je reste calme, ils cessent cette torture. Les yeux vitreux, je veux me laisser tomber à terre, sentant que mes jambes ne peuvent pas me soutenir, et les tubes, se solidifiant soudain, me maintiennent debout avec une force incroyable.
Oscar hurle à son tour, et je frémis. Sohan ne s'est pas arrêté, loin de là, mais ma tête avait réussi à l'occulter. Je tressaille de nouveau, incapable du moindre mouvement et impuissante face à cette étrange liquide vert.
Lorsqu'il entre en contact avec ma peau, il me brûle. J'ai l'impression d'avoir approché une flamme, ou de l'acide d'un peu trop près. Ma peau crépite, et une odeur de chair calcinée s'élève.
Les décharges n'étaient pas suffisantes ?
La douleur n'est pas la même que précédemment, mais elle est toute aussi forte. J'ai envie de vomir, cette odeur prend trop de place, et je n'ai plus l'impression de pouvoir réfléchir de manière logique. Je vois des étoiles, qui brouillent ma vision, et le blanc étincelant fait bientôt place au noir.
Je pense que je hurle, moi aussi, mais en réalité, je suis si loin de mon propre corps, que je n'en suis pas sûre. Je me sens faible, fatiguée, comme si j'avais pratiqué une activité physique intensive. Je me sens si faible, que si je m'endors, je pense ne jamais me réveiller.
Il ne faut pas que je m'endorme !
C'est l'évidence même, pourtant, je n'arrive pas à lutter contre cette impression d'être si loin de mon corps qu'il est impossible de le retrouver. Mes yeux se ferment doucement, et je me rends compte, qu'effectivement, je hurle à m'en déchirer la voix.
J'ai mal à la tête, mal au coeur et mal à l'âme. Je ne suis même pas sûre qu'une seule partie de mon corps ne soit pas que souffrance.
Pourquoi nous faire subir cela ?
Quel est l'intérêt d'enlever des adolescents pour les torturer ? Il doit forcément y avoir un but derrière cela, mais j'ai l'esprit trop embrumé pour pouvoir réfléchir clairement.
L'air ambiant se refroidit légèrement, et je sens que mon supplice est sur le point de s'achever.
J'ai presque l'impression qu'il fait froid, après avoir vécu une telle chaleur, et je frissonne. Les yeux fermés, je me laisse porter par ces fils, épuisée.
Je ne veux absolument pas revenir ici tous les deux jours. Comment supporter cela sans devenir fous ?
Le sorte d'oeuf dans lequel je suis s'ouvre et des gardes entrent. Je ne résiste pas, en étant incapable, lorsqu'ils me saisissent par les bras et me trainent sans ménagement dehors, j'aperçois vaguement les autres, dans le même état que moi.
On me traine au centre et je me retrouve ensuite allongée, aux côtés des autres qui se sont fait eux aussi traîner. Nous sommes tous épuisés.
-C'é...tait... Horr.... Horrible, articule d'une voix hachée Cody.
Je ne sais même pas comment il fait pour parler. Garder les yeux ouverts me demande déjà tellement d'efforts et ma langue est si lourde que parler est impossible. Alors, je me contente de hocher doucement la tête, en espérant qu'il m'ait vu.
-Chers joueurs, merci d'avoir participé. Nous sommes ravis de vous accueillir parmi nous et sommes heureux de cette collaboration. La voix métallique fait encore une fois l'intermédiaire entre la montre et nous et cela devient agaçant. Lorsque vous vous serez remis de vos émotions, vous pourrez retourner dans votre appartement. Un garde vous y conduira. Votre journée de demain sera entièrement libre à conditions que vous ne quittiez pas votre habitat.
***
Un garde en tout point similaire à celui qui nous a guidé la veille se trouve devant nous. Le trajet, par contre est bien plus rapide. Il nous ferme à clé lorsque nous sommes tous entrés et s'éclipse. Un vieil homme est là, et observe avec attention notre lieu de vie. Le silence dont nous faisons preuve est tel qu'il ne nous a pas encore entendu. Il touche, de temps en temps le bois de la table, ou la matière du canapé. Lorsqu'il se tourne enfin vers nous, l'oeil acéré, Cody s'exclame, suivant la pensée générale:
-Attendez ! La montre n'est qu'un... Vieillard ?
Celui ci sourit, presque carnassier, et si je semble être la seule à saisir le côté menaçant de son sourire, les garçons se rapprochent instinctivement tous de moi. Il s'exclame joyeusement, me troublant:
-Oh non, jeune homme ! Je ne suis qu'un vulgaire homme de ménage.
Si les garçons se détendent à cette affirmation, ce n'est pas mon cas. Quelque chose sonne faux. L'attention qu'il portait à notre lieu de vie était trop importante pour être un simple homme de ménage. Alors que le vieillard sort un balai de je ne sais où, les garçons se désintéressent. Même Oscar, qui me semble si perspicace, s'est fait avoir comme un bleu.
Je m'adosse à la table de la cuisine, et le regarde faire mine de balayer. En réalité, je n'ai pas de preuve qu'il mente, surtout que son comportement actuel est digne de ce qu'il a annoncé, mais un pressentiment ne veut pas quitter mon corps.
-Un problème, jeune fille ? Questionne-t-il, toujours de ce même ton insupportablement joyeux.
-Je m'appelle Naëlle.
Je n'ai pas voulu parler sèchement. Du moins pas particulièrement. Pourtant, c'est bien ce qu'il s'est passé. Le vieillard hausse un sourcil, surpris.
-Je ne suis pas la montre. Pas la même de me montrer une telle agressivité.
Je ricane.
-Je n'ai absolument aucune preuve que vous ne le soyez pas. Et pour moi, votre comportement est plus suspect qu'autre chose.
Il maintient cette façade de joie juvénile, et Cody pourrait lui même rougir devant tant de sentiments positifs. Cody, qui tout a l'heure m'a bluffé en se relevant le premier et en nous aidant tous à faire de même ensuite. Si mes genoux tremblent encore, j'essaye du mieux que je peux de rester forte. Tant de sentiments positifs rendrait la situation presque hypocrite.
-Vous n'êtes pas obligés de conserver cet air. Je ne suis pas dupe.
Sur ce, je quitte la pièce, fière en apparence, en tendant tout de même l'oreille. Il répond doucement, d'un air acéré:
-Tu es fûtée Naëlle. Bien trop pour ce monde.
Des frissons apparaissent sur mes bras et je grelotte légèrement. J'ai rencontré la montre, et il me laisse partir sans encombres. Même si je l'ai offensé. Si ma vie était plus qu'incertaine jusqu'ici, il est certain que je suis à présent condamnée.
____
Coucou tout le monde !
J'espère que vous allez bien ?😄 perso ça va super ! (Aujourd'hui c'était mon dernier cours, parce que demain mes profs ne sont pas là 😂😭 du coup le matin on se rejoint avec toute ma classe pour se faire un truc ensembles 😎😄)
A bientôt
Byzzz
Écrit le: 16-17-18-23-25-29/05/2021
Posté le: 10/06/2021
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