Ana (part.3)
*PDV HARRY*
Je ne comprends pas.
Ça va faire deux semaines qu'il est interné à l'hôpital. On le surveille lors de ses repas, on vient dans sa chambre environ toutes les heures, ça ne sent jamais le vomis, on a fouillé ses armoires et il n'y a pas de laxatifs et sa poubelle est toujours vide.
Alors pourquoi ne prend-il pas de poids ?!
J'ai connu des anorexiques qui se faisaient vomir, certains prenaient des laxatifs en cachette, d'autres mangeaient juste avant les séances pensant que leur poids augmenterait, d'autres buvaient jusqu'à trois litres d'eau par jour pour ne pas avoir la sensation de faim mais pouvoir tout évacuer rapidement, certains filles cachaient des poids dans des endroits où elles étaient sûr que je ne pourrais pas avoir accès, si vous voyez ce que je veux dire, certains passaient leur journées à marcher dans tout l'hôpital pour éliminer le plus de calo...
Le sport ! C'est forcément ça !
Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Après, Louis n'est pas la personne qui bouge le plus, il reste toujours enfermé dans sa chambre d'hôpital...
Il faudra que je regarde ses muscles lors de la prochaine visite. C'est dangereux d'avoir une activité sportive aussi intense sans avoir un apport calorique suffisant. Il risque de s'atrophier les muscles s'il continue comme ça... Demain je lui en parlerai. En attendant je demanderai à Zayn s'il peut jeter un oeil dans sa chambre de temps en temps pour voir comment il se débrouille pour faire autant de sport sans que personne ne s'en rende compte.
J'ai envie de l'aider... J'y pense jour et nuit... Ma femme commence même à me poser des questions à propos de mon travail car je reste souvent jusqu'à tard à l'hôpital pour essayer de trouver des solutions, des moyens de le motiver à manger mais, j'ai l'impression qu'il faut que j'installe une confiance plus stable avant. C'est la première fois que je vois un de mes patients comme quelqu'un de plus... ou de moins... enfin... ce n'est pas qu'un patient.
C'est Louis.
*PDV LOUIS*
Deux foutues semaines !
Je vais mourir. Je veux mourir. C'est long... Le temps ne passe pas, les programmes à la télévision sont nuls à chier, je n'aime pas lire, les cours sont dans un tiroir et ils y resteront. Mon moral est à zéro. Voire moins mille. Li' vient de temps en temps, mes soeurs aussi, Lottie me fait la gueule car je ne veux pas "m'aider à aller mieux". Je sais qu'elle pense bien faire mais je ne me sens vraiment pas mieux en mangeant. Au contraire, à chaque repas, j'ai des nausées et envie de vomir, des crampes à l'estomac et des vertiges. Zayn m'a dit que c'était normal, car je réintroduis une plus grosse quantité d'aliments dans mon organisme qui lui, s'était habitué à en recevoir une toute petite quantité. On a beaucoup discuté avec Zayn et il est gentil, pour une personne qui me force à manger. Il m'a dit qu'une de ses soeurs avait eu le même problème que moi et qu'elle ne peut plus avoir d'enfants à cause des problèmes que sa maigreur à engendrée. Ça m'a fait bizarre au début, puis je me suis dégoûté en m'imaginant avec un ventre de femme enceinte.
Heureusement que je ne porterai jamais de gosses car c'est vraiment trop douloureux de m'imaginer comme ça.
J'ai de plus en plus mal au dos, à cause de mes exercices. Je me suis observé dans le miroir, très rapidement, ne supportant pas l'image qu'il me renvoie. J'ai un énorme bleu qui traverse toute mon échine. Ma colonne vertébrale est violette, noire tellement le bleu est intense. Par ailleurs, quand je fais mes exercices, la douleur me lance dans tout le corps, mais cette douleur me rappelle que je suis en vie et je me dis que je dois bien souffrir si je veux perdre du poids. Après tout, tous les coach sportifs le disent bien non ?
Encore aujourd'hui, cette journée à été longue. J'ai attendu ce soir, le moment de la douche, pour pouvoir être tranquille au moins vingt minutes. C'est le seul moment où je sais que personne ne va rentrer dans ma chambre et voir si je suis encore en vie ou si je n'ai pas vomis tout mon repas.
- Louis ?
Ah bah non, même là on peut pas être tranquille...
- Je suis sous la douche !
- Bien, je t'apporte ton repas, je t'attends.
Je reconnais la voix du Docteur Styles. Un frisson me parcourt tout le corps et c'est uniquement l'eau froide qui me le provoque. J'entends déjà Liam se foutre de ma gueule...
Je sors de la douche et m'habille d'un jogging et d'un tee-shirt ample. Je me regarde dans le miroir mais détourne vite les yeux. Je déteste ce reflet. Je sors de la pièce et me retrouve nez à nez avec le Docteur Styles.
- Doc.. Docteur ?
- Louis.
Je frissonne à nouveau en entendant mon prénom sortir de ses lèvres. Je déglutis et baisse les yeux.
- Ton plateau est sur la table à côté de ton lit...
- D'accord...
Je me dirige vers mon lit et il s'assoit sur la petite chaise en face de moi.
- Vous n'êtes pas habillé en blouse ?
- J'ai terminé ma journée plus tôt aujourd'hui.
- Mais vous êtes resté ?
- Je devais te donner ton plateau repas, dit-il en souriant et baissant la tête.
- Zayn aurait pu le faire, il passe toujours le soir avant que j'aille me coucher...
- Je tenais à te l'amener moi-même, me dit-il en relevant la tête et encrant ses yeux dans les miens.
- Oh...
Je rougis à sa réponse. Il est resté uniquement pour donner un plateau repas à un anorexique ? Je sais que ce n'est pas quelque chose de grandiose mais ça me touche. Il est resté pour moi alors qu'il aurait pu rentrer chez lui...
- Aller Louis, il faut manger..
Cette douce sensation dans mon ventre s'envole et une tension s'installe.
Manger.
Le docteur Styles m'amenait mon plateau tous les soirs la première semaine. Mais depuis quelques temps, il vient me voir moins souvent... C'est donc Zayn qui m'apporte mon plateau. Zayn se bat avec moi pour que j'avale quelque chose le soir, c'est le repas que je redoute le plus, car c'est celui que je réussi à éliminer le moins. Mais ce soir, le Docteur Styles est là, en face de moi... Je ne peux pas faire de caprices, je ne veux pas qu'il me voit agir comme un gosse. Je prends sur moi et commence à prendre la fourchette.
- Louis...
Je me stoppe immédiatement.
- Tu trembles...?
Je regarde ma main, effaré, et je constate que oui, elle tremble bien. Je lâche la fourchette et celle-ci tombe au sol. Je ramène ma main contre moi, la protégeant d'un danger imaginaire.
- Louis ?
Sans crier gare, une boule se forme dans ma gorge et j'ai du mal à la contenir. Elle me brûle, je la sens prête à exploser et mes yeux commencent à me piquer. D'un coup, la tension en moi devient trop forte et je lâche tout, je m'effondre en sanglots.
Bon bah pour la virilité on repassera...
Je vois le visage du Docteur se mettre à pâlir et je vois de l'hésitation dans son regard. Puis, après quelques secondes où je ne fais que pleurer et avertir tout l'étage que ma tension est sortie de ma gorge, il se lève et me prend dans ses bras. Je reste surpris mais mes larmes continuent de couler. Après quelques minutes, je commence à me calmer mais reste toujours dans ses bras.
Il sent la madeleine.
Étonnement, cette odeur sucrée m'attire au lieu de me repousser comme le ferait n'importe quelle pâtisserie. Ses longs cheveux caressent mes joues.
- Je n'avais jamais remarqué que vos cheveux étaient aussi longs...
- Ils sont généralement relevés en chignon pour une question d'hygiène.
- Vous avez toujours eu les cheveux longs ?
- En générale oui, ils étaient la plus part du temps longs mais je ne les avais jamais eu longs à ce point, dit il en les touchant.
- C'est joli..
- Mer... Merci Louis.
Je souris et continue de me calmer avec les battements de son coeur et son odeur.
- Tu te sens mieux ?
- Oui merci, dis-je en m'éloignant de son corps.
- Je sais que c'est très compliqué Louis, mais crois-moi, la nourriture t'aidera à aller mieux.
- Comment-voulez-vous que la nourriture m'aide à me sentir mieux alors que c'est justement ce qui me rend mal ?
- Tu me fais confiance ?
- Oui je pense...
- Alors mange, tu verras.
Je prends ma fourchette, prends un peu de purée et la mets à la bouche. C'est salé, pâteux et dégueulasse. Je fais une grimace au Docteur et il se met à rire.
- Oh mon dieu Louis si tu voyais ta tête ! Même toi tu rigolerais !
- C'est pas drôle ! C'est dégueulasse ce truc ! Goûte pour voir !
- Non non non Louis ! continue-t-il en rigolant.
- Aller Docteur, on ouvre grand la bouche ! dis-je en lui mettant sous les yeux une énorme fourchette de purée.
- Non Louis arrête c'est toi qui doit manger ! Ma femme m'a déjà préparer quelque chose j'en suis sûr ! Non !
Je me calme instantanément.
Sa femme ? Il est marié ?
- Euh Louis ? Est-ce que ça va ?
- Oui, oui, c'est bon je vais manger. Allez rejoindre votre femme, je ne voudrais pas vous faire perdre plus de temps.
- Mais..
- C'est bon je vais manger vous voyez ! dis-je en enfournant la fourchette de purée dans ma bouche, les larmes aux yeux.
Il me regarde, ne semblant pas comprendre mon virement de caractère et se lève doucement. J'enchaîne les fourchettes et balance mon plateau une fois l'assiette de purée terminée. Je me sens mal, j'ai la nausée et envie de vomir. Il me regarde, puis sort de la pièce.
Je cours jusqu'à la salle de bain et vomis tout ce qui se trouve dans mon estomac.
*PDV HARRY*
Je frappe à la porte de Louis mais personne ne me répond. J'entre et personne n'est dans la pièce. Je m'avance et entends l'eau de la douche couler.
- Louis ?
- Je suis sous la douche !
- Bien, je t'apporte ton repas, je t'attends.
J'attends quelques minutes, le plateau dans les mains puis m'avance dans la chambre. Son lit est défait, quelques vêtements sont éparpillés, on pourrait presque penser qu'il s'agit d'une chambre d'adolescent ordinaire. J'entends du bruit dans la salle de bain et m'approche de la porte lorsque celle-ci s'ouvre d'un coup.
- Doc... Docteur ?
- Louis.
Ses cheveux sont légèrement humide et mouillés sur les pointes.
- Ton plateau est sur la table à côté de ton lit...
- D'accord...
Il passe devant moi et une légère odeur de noix de coco embaume la pièce. J'aime bien la noix de coco, ma femme déteste ça.
- Vous n'êtes pas habillé en blouse ?
- J'ai terminé ma journée plus tôt aujourd'hui.
- Mais vous êtes resté ?
- Je devais te donner ton plateau repas, dis-je en souriant et baissant la tête.
- Zayn aurait pu le faire, il passe toujours le soir avant que j'aille me coucher...
Je sais que je ne lui apporte plus le plateau tous les soirs mais c'est parce que ma femme me fait sans cesse des crises à propos de mon travail et de mes heures tardives. Elle pense que je la trompe, que je vois quelqu'un d'autre alors qu'il n'en est rien. Notre couple s'essouffle depuis un moment, je le sens, elle le sent mais nous sommes ensembles depuis la faculté...
- Je tenais à te l'amener moi-même, dis-je en relevant la tête et encrant mes yeux dans les siens.
- Oh...
Ouais, comme tu l'as dit, oh... C'est la première fois que je vois des yeux aussi claires, aussi bleus, aussi... intenses.
- Aller Louis, il faut manger..
Je le vois déglutir et pâlir. Il fixe son assiette et je peux comprendre que cela ne donne pas trop envie de manger.
- Louis...
Il se stoppe immédiatement et me regarde.
- Tu trembles...?
Il regarde sa main, effaré, et il constate que oui, elle tremble bien. Je le vois lâcher la fourchette et celle-ci tombe au sol. Il ramène sa main contre lui, la protégeant d'un danger imaginaire. Je reste un peu surpris de ce geste.
- Louis ?
Sans crier gare, je le vois changer radicalement et il s'effondre. Il se met à sangloter très fort et des larmes inondent ses joues.
Mon dieu, quelle vision atroce.
J'hésite un peu, je ne suis pas censé agir de la sorte, cela dépasse les limites professionnelles mais le voir comme ça me rend mal. Je me lève et le prends dans mes bras. Je le sens hoqueter et je lui caresse tendrement le crâne. Après quelques minutes, il commence à se calmer mais je le tiens toujours contre moi.
L'odeur de son gel douche à la noix de coco vient me chatouiller les narines et je me surprends à approcher mon nez de son cuir chevelu pour pouvoir mieux profiter de son odeur.
- Je n'avais jamais remarqué que vos cheveux étaient aussi longs...
- Ils sont généralement relevés en chignon pour une question d'hygiène, lui dis-je en souriant un peu.
- Vous avez toujours eu les cheveux longs ?
- En générale oui, ils étaient la plus part du temps longs mais je ne les avais jamais eu longs à ce point, dis-je en les touchant.
- C'est joli..
- Mer... Merci Louis.
Je suis surpris de son compliment et ça me touche. Ma femme me répète tout le temps que je devrais les couper, que cela fait trop négligé. Ça me fait vraiment plaisir de voir que quelqu'un aime bien mes cheveux longs.
- Tu te sens mieux ?
- Oui merci, me dit-il en s'éloignant de mon corps.
- Je sais que c'est très compliqué Louis, mais crois-moi, la nourriture t'aidera à aller mieux.
- Comment-voulez-vous que la nourriture m'aide à me sentir mieux alors que c'est justement ce qui me rend mal ?
- Tu me fais confiance ?
- Oui je pense...
- Alors mange, tu verras.
Je le vois prendre sa fourchette, un peu de purée et la mettre à la bouche. Il fait une grimace et me regarde comme s'il était entrain de manger la pire chose au monde. Sa bouille dégoûtée me fait éclater de rire et je le vois rire avec moi.
- Oh mon dieu Louis, si tu voyais ta tête ! Même toi tu rigolerais !
- C'est pas drôle ! C'est dégueulasse ce truc ! Goûte pour voir !
"Goûte" ? Alors on se tutoie maintenant ? Je le vois s'approcher de moi avec sa fourchette et je me recule légèrement, toujours en rigolant.
- Non non non Louis ! dis-je, rigolant de plus belle.
- Aller Docteur, on ouvre grand la bouche ! me dit-il en approchant la fourchette de mon visage.
- Non Louis arrête c'est toi qui doit manger ! Ma femme m'a déjà préparer quelque chose j'en suis sûr ! Non !
Il se calme instantanément et je ne comprends pas vraiment cette retenue soudaine.
- Euh Louis ? Est-ce que ça va ?
- Oui, oui, c'est bon je vais manger. Allez rejoindre votre femme, je ne voudrais pas vous faire perdre plus de temps.
Donc on oublie le tutoiement...?
- Mais..
- C'est bon je vais manger vous voyez ! dit-il en enfournant la fourchette de purée dans sa bouche, les larmes aux yeux.
Je le regarde, ne comprenant vraiment pas son virement de caractère et je me lève doucement. Je le vois enchainer les fourchettes comme un boulimique en pleine crise et il balance son plateau lorsque son assiette est vide. Louis... mais pourquoi fais-tu ça ? Son regard me lance toutes les piques du monde et je me sens mal en me disant que c'est à cause de mon comportement qu'il agit comme ça.
Faible, je recule et sors de la pièce.
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