Chapitre 51


Arrivés devant la maison de Florent, je découvrais une jolie bâtisse, semblable à celle de Vincent et Zac. De l'extérieur, rien ne semblait présager qu'une soirée « vacances amoureuses » comme l'avait surnommée Leïla, se cachait derrière ses murs. C'était très calme, bien trop contraire à la bataille qui se jouait en moi. Rapidement, Vincent me tira par la main et tout s'enchaîna. Chloé sonna avant de pousser le petit portillon. Un court chemin et nous y étions. Je fus surprise d'être accueillie par une fille plus vieille que nous et de trouver une demeure entièrement décorée.

– Salut, tu dois être Chloé, je suppose. Je suis Ludivine, la grande sœur de Flo et votre chaperonne. Je dois veiller sur vous, donc Vincent la bouteille que tu caches dans ton sac, tu me la donnes, rit-elle en tendant la main.

Je haussai les sourcils, étonnée qu'elle connaisse mon meilleur ami. Je le vis sortir l'objet en question et le remettre à notre hôte. Il se tourna ensuite vers moi et s'approcha de mon oreille.

– Nos pères sont collègues donc je connais Ludivine depuis quelques années maintenant.

Tout cela expliquait mieux comment elle pouvait connaître Vincent. Sans attendre, chacun prit place dans le salon. Décoré aux couleurs de la Saint-Valentin, les invités avaient fait un réel effort vestimentaire. Nous n'étions pas très nombreux, mais suffisamment pour que je peine à trouver un endroit où m'asseoir. Par chance, je les connaissais tous, que des camarades de lycée que j'avais déjà vu en soirée.

– Tu veux boire quelque chose ? souffla Vincent me coupant dans mon observation.

J'acquiesçai et le remerciai de sa proposition. Il me fallait un petit remontant pour être sûre de pouvoir tenir le coup. Telle une spectatrice, je regardais les retrouvailles de Leïla et Arthur, la timidité surprenante de Florent envers Chloé, la séduction de certaines filles avec les amis sportifs de Vincent. Je me sentais à des années-lumière de l'ambiance festive. Assise dans un fauteuil, je tentai de faire bonne figure lorsque la fameuse Ludivine s'approcha de moi.

– Salut, on ne s'est pas vraiment présentée, donc je suis Ludivine et toi ?

– Lilou-Ann, merci pour l'accueil, c'est vraiment joliment décoré.

Elle afficha un grand sourire et prit place dans le canapé juste à côté. Je vis ses yeux me détailler de la tête aux pieds, rien de méchant, juste de la curiosité. J'en profitai pour faire de même et admirer ses beaux yeux noisette, identiques à ceux de son frère. Ses cheveux auburn encadraient son visage de façon harmonieuse, lui donnant un côté très doux. À première vue, elle ne semblait pas mécontente de devoir nous surveiller ce soir.

– Merci beaucoup. Ravie que cela plaise à quelqu'un. Je suis ravie de savoir que Vincent ait enfin trouvé chaussure à son pied, vous êtes mignons —.

– Non, non on n'est pas ensemble. Nous sommes copains, juste des amis...

La teinte rosée et son regard surpris me firent sourire. Je pouvais aisément comprendre que d'un point de vue extérieur notre relation pouvait porter à confusion. Certes nous étions très proches, mais nous ne pouvions pas partager plus. Son soutien amical m'était indispensable et je ne pouvais pas risquer de le perdre. Alors qu'elle s'apprêtait certainement à s'excuser, mon blond fit son grand retour. Je le vis hausser un sourcil en voyant la mine gênée de notre hôte.

– J'en étais sûr, je te laisse seule cinq minutes et voilà que tu effraies Lulu.

Entendant ce surnom enfantin, je ne pus m'empêcher de rire, contrairement à ma partenaire qui n'appréciait pas du tout ce rappel. Je la vis se renfrogner avant de se pencher vers moi.

– Je comprends que tu n'en veuilles pas, un casse-pied pareil, faudrait être maso ! lâcha-t-elle en m'adressant un clin d'œil.

Elle lança un baiser de la main à mon meilleur ami avant de se lever et de laisser sa place. Vincent décida de s'asseoir sur l'accoudoir et me tendit mon gobelet. Rapidement, je décidai de goûter la boisson choisie par mon blond. Cependant, je fus surprise du contenu.

– Du coca ? Juste du coca ? Tu vas me faire croire qu'il n'y a pas une seule goutte d'alcool ici ?

– Si, mais pas pour toi, me répondit-il du tac-o-tac.

Je me lançai alors dans une sorte de monologue lui expliquant qu'un petit verre me permettrait de me détendre et que je lui promettais d'être raisonnable. Je lui indiquais que de toute façon, je passai la soirée avec lui et que je voulais simplement profiter, mais ce fut peine perdue. Il était catégorique et au vu de son visage, je ne comptais même pas essayer de passer outre ses prérogatives.

Soudainement, un bruit nous tira de notre échange. Tournant la tête, je vis du verre brisé au pied de ma meilleure amie qui semblait avoir vu un fantôme.

– Putain, mais qu'est ce qu'il fout là ? lâcha Vincent.

Il n'avait pas besoin d'en dire plus pour que mon cœur tombe au fin fond de mon être. Regardant en direction de l'entrée, je le vis. Lui. Celui que j'avais évité depuis plus de quinze jours. Une bataille intérieure se jouait en moi. Je luttais entre mon affection pour lui et ma colère. Ce soir-là, il était d'une beauté à se damner. Moulé dans un pull noir, son regard émeraude ressortait encore plus. Ses cheveux bruns en bataille montraient qu'il n'avait pas forcément prévu de venir ici. Mais lorsqu'il m'aperçut, il m'acheva en mordillant sa lèvre inférieure. Mon esprit décida de reprendre le contrôle et me rappela violemment que cet homme s'était joué de moi, comme une simple marionnette.

– Je vais le faire dégager ce conna —

– Tu ne feras rien du tout. J'ai besoin de toi. Reste près de moi s'il te plaît, dis-je en posant ma main sur son bras.

Le regard embué, je fixai Vincent, espérant le faire changer d'avis. Je ne voulais pas qu'une dispute éclate. Je voulais simplement profiter. Je tentai de faire abstraction de sa présence seulement Florent l'invita à se joindre à nous. J'en déduisais donc qu'il était responsable de cette arrivée. Je soufflai, serrai la main de Vincent et tentai de me reconcentrer sur la soirée. Nous étions presque une quinzaine de personnes réunies dans le salon.

– Ça vous dit qu'on se fasse un jeu, pendant que les pizzas cuisent ? proposa notre hôte.

Personnellement me terrer dans un coin me suffisait alors j'essayai de me faire aussi petite que possible. Malheureusement pour moi tout le monde semblait ravi de participer à cette maudite activité. Chacun devait inscrire une question et deux gages sur des papiers différents. Évidemment, Ludivine veillait au grain pour que rien ne dérape, mais ce n'était pas suffisant à mes yeux.

À mon grand étonnement, tout le monde se prêtait au jeu. Un garçon de ma classe fut le premier à piocher un papier : quel est le nom de ton premier amour ? Il répondit assez rapidement. Les dix premiers tirages se déroulèrent calmement et sans encombre. Vint ensuite le tour de Leïla, elle devait nous avouer le nom de la personne qu'elle détestait le plus. Elle nous glissa le nom de son ex. Chloé dut manger une cuillère de moutarde, Vincent nous raconta sa pire expérience sexuelle et Arthur nous conta un souvenir d'enfant. Vint enfin mon tour, je piochai dans le sac le cœur battant. Quelles étaient mes bonnes résolutions pour cette nouvelle année ? Je répondis qu'avoir mon bac était mon objectif. Évidemment on me reprit sur le pluriel de la question.

– Alors, mes bonnes résolutions : me remettre au boulot pour obtenir mon bac avec mention, m'entourer de gens honnêtes et sûrs et enfin profiter de chaque instant.

Simple, efficace et clair. Ne pas s'attarder, ne pas développer, mes propos se suffisaient à eux-mêmes. Ma phrase arracha un petit sourire à mon meilleur ami qui déposa sa main sur la mienne. Le jeu se déroulait plutôt tranquillement seulement lorsque Axel piocha sa question, je sus qu'il allait briser de nouveau mon cœur.

– Quel est le nom de la personne avec laquelle tu aimerais être ? déclara-t-il.

Le timbre de sa voix me fit redresser immédiatement le visage. Ses prunelles se posèrent sur moi, me faisant détourner le regard. Il racla sa gorge avant de nous livrer sa réponse.

– Lou.

J'aurais aimé me lever, lui hurler dessus que sa trahison m'avait brisée, que je luttais constamment quand je ressentais sa présence, que je devais me battre pour ne pas sombrer.

À la place je me contentais de serrer davantage la main de Vincent et de m'adresser à lui en chuchotant.

– Ne dis rien, je t'en supplie. Je veux juste profiter de nos amis.

Je me réinstallai dans mon siège et tentai de faire abstraction de ce qui venait de se passer. Je ne voulais pas lui montrer que ce qu'il pouvait dire ou faire avait un quelconque pouvoir sur moi. Le jeu reprit son cours tranquillement, me permettant de souffler un peu. Les confessions s'enchainaient, les gages aussi. Leïla dut embrasser le garçon qui lui plaisait le plus. Elle n'hésita pas une seconde à déposer ses lèvres sur celles d'Arthur. Chloé écopa d'une dégustation de chocolat sur le torse de notre hôte. Arthur dut lécher l'oreille de son partenaire de droite. Vincent subit donc l'assaut lingual de notre ami et enfin il nous livra sans détour un de ses complexes. J'apprenais qu'il était complexé par son torse qu'il ne trouvait pas assez grand pour sa taille. Mon meilleur ami imbu et fier de lui avait donc une faille. Je déposai un baiser sur sa joue, lui assurant qu'il n'avait pas de quoi l'être. Mon tour arriva de nouveau et je dus tout simplement faire l'équilibre durant une minute. Beaucoup trop simple. Mais évidemment, le plus dur arrivait et lorsque je le vis piocher, je sentis le deuxième coup se planter doucement.

– Choisis une personne pour t'isoler cinq minutes avec elle dans la salle de bain de Flo, lit-il calmement avant de me désigner.

Mon cœur s'accéléra subitement. Être enfermée avec celui qui avait abusé de ma confiance, celui qui était entré dans la brèche, m'angoissait. Il avait été un phare quand je naviguais dans le noir. Il avait été un nouvel espoir, quand je sombrais. Il avait été un nouveau titre pour le livre que je voulais rédiger. Mais tout cela avait pris fin brutalement. Lorsque mes iris croisèrent les siens, je baissai les armes. Je n'avais même pas envie de batailler, cela ne servait à rien. J'adressai un sourire réconfortant à mon meilleur ami, qui bouillonnait sur place. Je frottai mes mains sur ma combi et me levai. Je me laissai guider par notre hôte qui ne put s'empêcher de glisser une remarque salace.

Entrant dans la pièce, je me focalisai sur la faïence ocre qui ornait les murs. J'étudiai chaque détail, comme si j'avais le pouvoir de me fondre avec eux.

– Lou, est-ce qu'on peut parler ? murmura-t-il dans mon dos.

Je hochai la tête. Je n'avais pas envie de discuter, mais j'étais enfermée alors autant jouer le jeu. Une chose était sûre, aucun mot ne sortirait de ma bouche. Je m'assis alors sur le bord de la baignoire attendant que la sentence tombe. Je le vis s'accroupir devant moi et poser ses mains sur mes genoux.

– Ne me touche pas, je t'en supplie, soufflai-je.

Il baissa le regard et enleva ses doigts du tissu qui recouvrait ma peau. Je ne voulais pas de ce contact, je ne voulais pas qu'il puisse me briser davantage. Je joignis mes mains et me concentrai sur mes ongles.

– Je suis tellement désolé, je sais que tu penses que je me suis moqué de toi, mais putain je te jure que non. J'aurais dû t'en parler, j'aurais dû te dire que je le connaissais, seulement pour la première fois depuis longtemps je me sentais entier. J'avais enfin l'impression d'être moi...

J'en avais le souffle coupé et mon silence était éloquent. Il venait de taper dans le mille et de toucher mon âme. S'il savait à quel point je comprenais, à quel point il avait été une échappatoire, à quel point je me sentais de nouveau moi à ses côtés, à quel point j'avais été prête à avancer auprès de lui. Je me mordis la lèvre, espérant lutter en vain contre les larmes qui menaçaient de couler.

– Pardonne-moi, je ne voulais pas te blesser, je voulais seulement savourer chaque instant avec toi. Je ne voulais pas tout gâcher et te faire replonger. Il y a tellement de choses que j'aimerais te dire, mais je sais que tu n'es pas prête à les entendre, que tu as besoin de temps... Sache seulement que dès que tu le voudras, je serai là pour tout te raconter...

Une première perle d'eau salée traça son sillon sur ma peau maquillée. Une ligne blanchâtre marqua mon visage, comme une fêlure qui apparaissait soudainement à la vue de tous. Je n'étais plus capable de cacher les blessures intérieures qui me rongeaient. La vue embrouillée, je perçus son corps se mouvoir pour se placer à côté de moi sur le rebord. Sa chaleur corporelle m'enveloppa délicatement pourtant rien n'y faisait. J'aurais aimé me blottir contre son torse, retrouver la douceur de ses gestes, sentir son odeur, malheureusement je devais faire une croix dessus, cela appartenait une fois encore au passé. Perdue dans mes pensées, je le vis me tendre un mouchoir.

– Je sais qu'il reste un peu de temps, mais tu préfères peut-être que je te laisse tranquille...

J'acquiesçai silencieusement. Je n'étais pas sûre de pouvoir tenir davantage auprès de lui. Il me quitta, laissant le silence et le froid reprendre possession de la pièce. Moins d'une minute plus tard, je fus rejointe par celui qui depuis des mois écoutait mes maux et tentait de les affronter à mes côtés. Sans attendre, je posai ma tête sur son épaule et laissai éclater mes sanglots. Ses doigts caressèrent doucement mes cheveux tentant de me calmer tant bien que mal.

– Je n'aurais jamais dû te laisser seule avec lui, je suis désolé.

Il ne devait pas l'être. Axel et moi étions seulement deux êtres brisés profondément attachés l'un à l'autre cherchant une ancre dans le tsunami de nos vies.

Pardonne-moi Zac, pardonne-moi d'avoir failli encore une fois...

Je me levai et essayai de réparer les dommages collatéraux provoqués par mon entrevue. J'essuyai rageusement les traces et soufflai un grand coup. Je me devais de retourner là-bas et de profiter de la soirée. Je vidai mon esprit et esquissai un sourire à l'attention de mon meilleur ami.

– Allez, viens, oublions tout ça, s'il te plaît...

Je l'entendis grogner avant de saisir ma paume et de nous guider dans le salon. Alors que je m'apprêtai à m'asseoir, Vincent me vola la place, me saisit par les hanches et me força à m'installer sur ses genoux. Positionnant ses bras autour de ma taille, il me maintenait fermement contre lui attirant au passage le regard de tous les invités.

Mais j'y fis abstraction, parce que quoi qu'il se passe, quoi qu'il arrive, la vision qu'ils avaient de moi ne changerait rien au vide abyssal qui me tordait les entrailles.

La soirée se poursuivit, seulement je décidai de ne plus participer à ce fichu jeu qui m'avait plus que bouleversée. Je ne pouvais m'empêcher de détacher mes yeux de ce garçon. J'avais beau lutter seulement son discours résonnait encore en moi... Je lui avais apporté un moment hors du temps, un répit dans son combat, une échappatoire à son deuil. Je prenais conscience des raisons qui l'avaient poussé à me mentir. Je ne pouvais pas le laisser entrer dans ma bulle, je ne pouvais pas lui pardonner, mais je comprenais... Soudainement, je sentis Vincent bouger sous mon corps, tentant vainement d'attraper un papier dans la coupole. N'y arrivant pas, je décidai de choisir pour lui. Erreur.

– Embrasse la personne qui te plaît le plus ce soir ? sourie-t-il. C'est beaucoup trop facile.

Sans me demander mon accord, il me fit pivoter face à lui et déposa sa bouche sur la mienne. La bestialité dont il faisait preuve m'obligea à m'accrocher à lui. Évidemment l'ovation des invités l'encouragea à continuer de plus belle. Je mis fin tant bien que mal à cet échange bien trop passionné pour moi. Il râla un bref instant avant de m'offrir un large sourire. Il me replaça doucement sur lui, me forçant à faire face à tout le monde. Relevant le regard, je vis les jointures des mains d'Axel se blanchir, ses maxillaires se contracter et ses iris s'assombrir. Alors que je m'apprêtai à prendre la parole, Ludivine me coupa dans mon élan.

– Bon, le jeu s'arrête là, je pense que vous avez assez profité.

Malgré le désaccord de son frère, les invités trouvèrent rapidement une autre activité. Arthur proposa de se mettre en binôme afin de vérifier si nous nous connaissons bien. Naturellement, les duos se formèrent, Leïla s'associa à son amoureux, Chloé avec Florent, Vincent et moi, quatre autres couples et enfin Axel et Ludivine. Le concept était simple, nous avions une liste de questions à laquelle il fallait répondre. Ensuite, nous testions notre partenaire. S'il donnait la bonne réponse, on gagnait un point. Les perdants devaient réaliser porter les vêtements de leur binôme et faire un défiler. Les gagnants quant à eux allaient profiter d'une semaine de viennoiseries offertes. Pour les plus gourmands, il s'agissait du Graal. Trente minutes à tester nos connaissances mutuelles, autant dire que pour certaines interrogations, il s'agissait d'une véritable découverte. J'apprenais donc que mon blond n'aimait pas la menthe, qu'il n'avait jamais skié, que sa couleur préférée était le vert et qu'il était fan de Star wars. Je lui avouais être fan de Yann Tiersen, que mon plat préféré était les lasagnes et je détestais le réglisse. Cette parenthèse à deux me fit beaucoup de bien et me permit de m'évader quelques minutes. Au vu de notre score, nous n'étions certainement pas les premiers, mais nous espérions ne pas être les derniers. Échec total pour chaque binôme. Nous étions ex aequo en dernière place avec Ludivine et Axel. Il était clair et net que je ne donnerais pas ma combi à Vincent même si l'imaginer me fit éclater de rire. Par chance, Ludivine semblait du même avis et nous fit échapper au pire. En échange, nous devions inviter les gagnants au fast food du coin. Leïla et Arthur allaient donc pouvoir manger à l'œil.

– Bon, je rappelle à certains d'entre vous que vous n'allez pas tarder et pour les autres mes parents rentrent à minuit donc cherchez un bon film, histoire de ne pas vous faire rappeler à l'ordre.

La sagesse des grandes sœurs. Certains des invités râlèrent, tandis que d'autres rangeaient les cartons de pizza avant de partir. Les filles se précipitèrent pour me demander ce qui s'était passé dans la salle de bain. Je tentais de faire bonne figure et leur expliquais que nous avions seulement échangé des banalités. Je ne voulais pas leur gâcher leur soirée en leur parlant de mes douleurs. Chloé et Leïla souhaitaient rester pour profiter de leur compagnon respectif. Par chance, Vincent décida que la soirée avait été suffisamment riche en événements pour pouvoir rentrer. En moins de vingt minutes, son père nous attendait devant. Après de brèves étreintes, nous quittions enfin la maison. Toutefois, je jetai un dernier regard et aperçus Axel, debout sur le perron, en train de fumer.

– Viens Lilou, souffla mon meilleur ami en me tirant par le poignet.

Je grimpai rapidement dans le suv de monsieur Leroy. Vincent plaça son bras sur mes épaules me permettant de me blottir contre lui. Je luttais en vain pour ne pas m'endormir pourtant après cette fête et toutes ces émotions, je finis par m'assoupir.

Ballotée de droite à gauche, je me réveillai doucement contre Vincent. J'entendis Luce le guider vers ma chambre. Me déposant sur le lit, il m'observa longuement.

– Tu es épuisée. Je suis désolé pour la soirée. Ça ne devait pas se passer comme ça, même si je ne regrette pas de t'avoir embrassé. Même à moitié endormie, tu es superbe.

Gênée par sa confession, je rougis immédiatement. Ses doigts caressèrent mon visage. Il m'adressa un sourire et s'installa à mes côtés. Observant le plafond, je tentai de me lancer.

– Vincent, il faudrait qu'on parle de ça justement...

– Je sais Lilou, dit-il en prenant ma main. Je sais ce que tu vas me dire et tu as raison.

Son corps allongé contre le mien se crispa. Nous savions tous les deux que le sujet que nous abordions allait être douloureux, mais nécessaire. Il fallait être honnête et ne plus se voiler la face.

– Je me sens bien avec toi, tu es un véritable pilier, un ami comme on en fait peu, mais j'ai été une sorte de trophée à obtenir et maintenant je suis une mission. C'est honorable de ta part, mais je ne —.

– Lilou, tu n'as rien à dire. Tu ne me dois rien. Ce soir, quand je t'ai embrassé, et putain c'était bon, j'ai su. Je me raccroche à toi parce que tu représentes un passé qui n'existe plus, mais ça ne mènera à rien.

Il avait raison. On se rattache l'un à l'autre comme une bouée de secours, pourtant nous devions tout simplement lâcher prise et apprendre à nager seuls dans cet océan. Je voulais le garder précieusement, mais en aucun cas le faire souffrir.

– Vincent, tu n'es plus obligée de me surveiller. Je vais mieux. Je vais sûrement tomber de temps en temps, mais tu n'as pas besoin d'être constamment à mes côtés. Sincèrement merci pour tout ce que tu m'apportes, mais tu as le droit de vivre pour toi et de profiter.

Il me pivota vers lui et me prit dans ses bras. Caressant mes cheveux, il nous berça.

– Je profite. Je ne suis juste pas encore prêt à avoir une vraie relation. C'est trop. Donc je suis désolé de te briser le cœur, mais nous serons seulement amis, dit-il en rigolant.

Mon meilleur ami était de retour. Je lui donnai donc un coup de poing dans les côtes, lui tirant une grimace. Profitant de notre position, il défit la fermeture éclair qui se trouvait dans le bas de mon dos.

– Descends là encore un peu et tu vas recevoir un coup de pied dans ta petite anatomie.

Il s'arrêta et ricana. Il détacha son corps du mien avant de se relever. M'adressant un grand sourire, il déposa un baiser sur mon front.

– J'y vais Lilou, sinon mon père va finir par débarquer chez toi... Bonne nuit...


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Mes petits lecteurs,

Je n'ai pas pour habitude d'exposer ma vie sur les réseaux mais je vous dois un peu de transparence.
Je sais que vous attendiez la suite (avec plus ou moins d'impatience) et je m'en excuse profondément. J'ai appris qu'en plus de voir mes histoires naître sous mes doigts, une petit crevette tant désirée allait enfin nous rejoindre dans quelques mois.
Alors entre cette merveilleuse nouvelle, la grande fatigue et un travail très prenant, j'ai du malheureusement mettre de côté l'écriture, non sans un pincement au cœur.

Maintenant pour revenir à ce chapitre, après un longue absence, j'espère que vous êtes heureux de retrouver mes petits personnages. Bref j'ai très hâte d'avoir vos avis.

Bisous, bisous 🖤,
L.

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