Chapitre 11

Le réveil en plein milieu de la nuit fut pire que ceux de la semaine passée. Je me sentais déboussolée alors que j'étais dans ma chambre, dans mon lit. Encore perdue dans mon cauchemar, les ténèbres m'avaient aspirée, me plongeant dans mes plus horribles souvenirs.

Les événements de la veille m'avaient certainement plus remuée que je ne voulais bien l'avouer. En quelques minutes, toute ma journée repassait dans ma tête : le retour de mes parents, ma crise d'angoisse, ma visite au studio de danse, la conversation sur Juliette – sa mère – et le message sur le répondeur, sa voix.

Je n'arrivais plus à trouver le sommeil, j'étais pleinement réveillée. Mais mon cœur peinait à retrouver un semblant de rythme ordinaire.

Je décidai alors de m'occuper, de lire pourtant ma tête ne cessait de repasser en boucle cette journée. Je me sentais enfermée dans mon propre esprit, une prison dont je ne pouvais sortir. Je changeai de place, m'installai sur mon rebord de fenêtre et me mis à contempler la lune. Nous partagions des traits communs, comme elle, j'avais une face cachée. Personne ne pouvait comprendre cette part d'ombre, cette part de souffrance. Cette partie de vous assombrie même lorsque la lumière est là...

Quand les premiers bruits se firent entendre dans la maison, je décidai d'aller prendre ma douche et me préparer. Vers neuf heures, je montrai enfin le bout de mon nez dans la cuisine prête à affronter ma famille au grand complet. En descendant, j'aperçus ma mère. Elle avait déjà dressé la table et bavardait avec Luce.

– Alors ma puce, tu ne m'as pas raconté ton rendez-vous avec Pierre. Dis-moi tout ! demanda-t-elle la voix emprunt d'excitation.

– Maman ! J'ai passé l'âge de te raconter mes rendez-vous, mais c'étai-

Ma mère et ma sœur s'arrêtèrent soudainement en se rendant compte de ma présence.

– Comme je te disais Maman, mes cours se passent à merveille. Bonjour Lilou, bien dormi ? m'interrogea-t-elle le plus naturellement possible.

Prends-moi pour une idiote Luce. Je n'aime pas les mensonges et tu le sais...

– Salut ! En fait, je voulais juste vous dire que j'allais courir. Je risque de me balader un peu après, je pense. Pour le petit-déjeuner, mangez sans moi, lâchai-je amer à cause de ce que je venais d'entendre.

Je fis demi-tour sans même attendre leur réponse. Je détestai qu'on me mente surtout quand il s'agissait d'une de mes sœurs, j'accordai beaucoup d'importance à ce qu'elles me disaient. Une part de moi était en colère pourquoi m'avait-elle menti en sachant très bien que je les avais certainement entendues. Je connaissais Luce. Je savais que c'était son côté protecteur, mais elle savait aussi que je détestais les mensonges. Pour la première fois depuis longtemps, j'étais déçue.

Je devais courir, il fallait que je me vide la tête, je ne voulais pas céder à la colère. Je remontai dans ma chambre, enfilai mon pantalon de sport, mon t-shirt et mon pull. Saisissant mon iPod et mes écouteurs, je descendis les escaliers rapidement afin de ne pas me faire arrêter sur ma lancée. Je vis leurs regards me fixer. Mais pas un mot, pas un geste, sinon j'exploserais.

Sortant de cette maison, dans laquelle je me sentais oppressée quelques minutes auparavant, l'air frais vint me fouetter le visage. Ce vent me fit le plus grand bien et me détendit aussitôt.

Je commençai à trottiner tranquillement, puis chaque foulée se fit de plus en plus grande, la musique rythmait mes pas. J'essayai tant bien que mal de me vider la tête, d'oublier, de tuer la douleur, mais ça ne fonctionnait pas. Je n'étais pas bien, ça n'allait pas mieux. J'étais juste apaisée, juste calmée.

Sans m'en rendre compte, guidée par la mélodie, j'étais arrivée dans ce bois. En levant les yeux, je vis devant moi notre cabane. Je ne bougeais plus comme si mon corps refusait d'obéir à ma tête, comme s'il n'avait pas compris que je ne pouvais pas rester là. J'observais chacun des arbres, je pouvais lire certains mots de loin : « noir », « solitude », « vide », « greffière », « danseuse », « Lucilia », « Laurianne », « Cholé », « amitié », « amour », « danser », « perte », « 25.01.14 », « Zac »...

Chacun d'eux avait eu un sens dans ma vie. Je me souvenais parfaitement de chaque inscription gravée. Des raisons pour ces différents choix, des moments qui m'ont poussée à les écrire. Pourtant en cet instant, le seul qui me faisait ressentir quelque chose, c'était son prénom. Il résonnait en moi, creusait ma plaie, me brûlait intérieurement, me brisait le cœur, me tuait à petit feu. Depuis son départ, je mourrais doucement et je n'allais pas tarder à abandonner...

Prenant conscience de ce que je venais de penser, je fis demi-tour. Tout me paraissait limpide. J'avais la réponse à toutes mes questions depuis des mois. Retraversant le bois en sens inverse, j'envisageai les jours à venir plus sereinement. En effet, je n'allais plus avoir besoin de faire semblant de supporter le lycée, mes camarades et leur regard empli de pitié. En rentrant, je ne courais plus, je devais planifier la suite. Je devais penser le plus clairement possible, que je réfléchisse sur mon avenir. Je ne pouvais plus laisser les choses telles qu'elles étaient. Tout s'assemblait dans mon esprit. La dernière pièce du puzzle allait retrouver sa place. Sur le chemin du retour, je me préparai aussi mentalement à devoir être calme avec ma famille.

En arrivant près de la porte, j'entendis des éclats de voix depuis chez moi. Collant mon oreille le long du bois froid, je ne tardai pas à reconnaître les voix de mes parents. Je n'osai pas rentrer, peur de ne pas me retrouver au bon endroit, au bon moment.

– Paul, tu ne comprends pas, elle ne va pas mieux ! cria-t-elle.

– À l'étouffer comme tu le fais, elle ne peut pas aller mieux. Elle a besoin de temps, elle a besoin qu'on respecte ce qu'elle nous demande, elle veut être seule et a qu'on la soutienne, pas qu'on la juge, répondit mon père.

Merci Papa...

– Regarde ce qui se passe en ce moment ? Elle s'est faite exclure du lycée pour bagarre, elle sort le soir pour aller voir ses copines et le reste du temps, elle est enfermée dans sa chambre. Pourquoi elle n'arrive pas à tourner la page Paul, dis-moi ? Ce n'était qu'une simple romance d'adolescence, rien qui ne vaille la peine de se mettre dans ces états-là.

Une simple romance ? Oh maman si tu savais un dixième de ce que je ressentais pour lui...

– Mais tu te rends compte de ce que tu dis ? Une simple romance ? Elle aurait donné sa vie pour lui ! Il lui a apporté l'amour, le soutien, le réconfort lors de nos absences, il a été son confident, son amoureux, son amant... Ouvre les yeux ! Il la connaissait mieux que nous !

– Paul, tu —

– Non laisse-moi finir Anne. Rien n'arrivera à remplacer son absence, encore moins ce genre de discours. Le jour où tu comprendras l'importance de sa perte, tu pourras envisager ne serait-ce qu'une seconde sa peine, mais pour le moment abstiens-toi de tout commentaire.

J'étais soufflée par ce que venait de dire mon père. Il était souvent passif à la maison, il ne disait jamais rien, il observait. Je connaissais sa bienveillance, je savais son amour, mais j'étais persuadée que lui aussi en avait assez de me voir ainsi. Mais cette fois-ci il avait pris ma défense, il me comprenait mieux que je ne le pensais...

J'étais toujours là plantée devant la maison la main sur la poignée, ne sachant pas si je devais entrer ou pas. Je ne devais pas m'énerver, je devais rentrer calmement et faire comme si je n'avais rien entendu. Il valait mieux, je ne voulais pas d'une nouvelle bagarre. Je remis mes écouteurs et rentrai dans la maison.

Mes parents se retournèrent immédiatement, je fis semblant d'enlever mon casque et vis leurs visages changer du tout au tout.

– Ta promenade s'est bien passée ma chérie ? demanda ma mère comme si de rien n'était.

Ma chérie, tu blagues maman ?

– Oui, il fait frais, mais c'était agréable.

Oui maman, moi aussi je maîtrise le mensonge à la perfection.

– J'ai pensé qu'on pourrait peut-être faire les boutiques ensemble si tu veux cet après-midi. Tu sais un truc rien que toutes les deux, proposa-t-elle le sourire aux lèvres.

Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « je veux être seule » ?

– Si tu veux, je vais me laver et on pourra y aller, acceptai-je lasse de me battre contre ma mère.

– D'accord.

Et voilà comment je me retrouvais à treize heures à errer dans les boutiques pour faire plaisir à ma mère. Nous avions dans un premier temps grignoté un bout. Malheureusement, le silence avait raison de notre relation. Elle avait tenté, je m'étais refermée. À la fin du repas, nous prîmes le chemin du centre commercial. Nous allions ainsi de magasin en magasin à la recherche de tenue pour mes sœurs et moi. Ma mère avait décidé qu'il était temps pour nous de refaire un peu de nos garde-robes respectives. Heureusement pour moi, elle se pliait plutôt bien à mes choix. Il était hors de question que je porte des robes ou encore des leggings, ce qu'elle acceptait non sans ronchonner un peu.

Elle tenta de nouveau de faire la conversation, seulement je n'avais pas grand-chose à lui dire. Ma vie se résumait à mes cours, mes courtes nuits et mes longues heures de lecture accompagnées de musique.

– Comment vont Chloé et Leïla ? Ça fait longtemps que je ne les ai pas vues à la maison, demanda-t-elle soudainement.

– Elles vont bien.

– C'est tout ? Parle-moi un peu d'elles.

– Chloé va bien, elle est toujours avec Axel, tu sais celui qui est arrivé en fin d'année. Ça a l'air de bien se passer. Quant à Leïla, elle va bien, tu la connais. Elle reste fidèle à elle-même, un rayon de soleil... Avec les cours, on se voit peu, soufflai-je déjà fatiguée par cette conversation sans intérêt.

– Oh, elle continue toujours ses leçons de piano, j'espère ? me questionna-t-elle sur Chloé.

– Je crois oui.

Je laissai le silence s'installer en espérant qu'il dure ainsi jusqu'au retour à la maison, mais ma mère en avait décidé autrement.

– Et avec Vincent ça va mieux ? D'ailleurs tu ne parles plus de Baptiste.

Oh j'ai couché avec Baptiste parce que je suis faible, détruite et qu'il est le seul à soulager ma peine. Et Vincent ? Bah je lui manque, je lui manque, mais il me hait.

– Euh sérieusement Maman ? demandai-je en m'arrêtant soudainement dans l'allée centrale.

– Mmh oui pourquoi ? dit-elle en se tournant vers moi.

– J'ai été exclue à cause de Vincent, je te rappelle. Lui et moi, c'est plus possible. Il est rongé par la colère. Il a raison. Comment peux-tu croire qu'on puisse se parler ? Et Baptiste, notre amitié avait un sens avant, mais plus maintenant.

– Pourquoi ?

Pourquoi parce qu'il était celui avec lequel je me suis consolée, parce qu'il n'arrive pas à m'en vouloir et que moi, je suis rongée par la honte...

– Je n'ai pas envie d'en parler s'il te plaît... soufflai-je en tentant de me calmer.

Elle n'ajouta rien, ce qui me soulageait quelque peu, j'avais peur de me laisser aller à ma colère si jamais elle insistait.

Après un rapide détour par un supermarché, nous rentrions enfin les mains remplies de sacs de courses. Ma mère avait clairement dévalisé la plupart des boutiques pour tenter de nous faire plaisir. Ce qui sembla fonctionner lorsque je vis les regards et les sourires de mes sœurs. Lau, qui avait déjà trouvé quelles affaires lui étaient destinées, se mit en tête de nous faire un mini défilé avec ses tenues. J'étais ravie de voir ma sœur comme ça. J'étais assise dans le fauteuil tandis que mes parents étaient sur le canapé à ma gauche et Luce sur le sofa à ma droite. Je les observai, à chacun des passages de Laurianne, ma mère donnait son petit commentaire, mon père lui faisait un signe pour valider sa tenue et Luce applaudissait. Et moi ? Moi je tentai de lui donner mon plus beau sourire. À chaque fois, elle attendait mon consentement.

En cet instant, j'avais l'impression d'être extérieure à toute cette scène comme si j'observais, comme si je n'y participais pas. J'étais devenue spectatrice de ma vie, de ma famille...

Le reste de la soirée se déroula plutôt calmement, chacun vacant à ses occupations. Mes parents devant la télé avec Lau et Luce au téléphone avec ce que je suppose être son petit ami, quant à moi, j'étais dans le salon accompagnée de ma tablette pour lire.

La fin de la semaine se déroula plutôt bien, enfin aussi bien qu'elle pouvait l'être pour moi. Je tentai de passer du temps avec mon père et il semblait apprécier les efforts que je faisais. Mes sœurs, elles, avaient décidé de profiter en restant avec ma mère. Cette dernière avait toujours besoin d'être entourée, je n'en avais jamais réellement pris conscience, mais elle faisait tout pour avoir du monde autour d'elle, et savoir ce qui se passait dans la vie de chacun.

D'ailleurs, ma mère avait même déjà commencé à planifier nos vacances de Noël et espérait que nous puissions être tous réunis pour célébrer le réveillon ensemble et aller le lendemain chez mes grands-parents. Noël me paraissait si lointain... Elle organisait déjà le menu, les invités...

– Lilou, tu veux inviter quelqu'un pour le réveillon ?

Flashback — mi-Déc. 2013
– Bon, je dois faire la liste des courses pour Noël, par contre je dois vérifier le nombre de convives, donc nous cinq, ta tante et ses deux filles...

– Lilou, tu veux inviter quelqu'un pour le réveillon ? dit Luce en me lançant un clin d'œil.

– Je pensais qu'on pourrait peut-être proposer à Zac, si vous voulez bien...

– Oh oui !

– Oh non !

Mes parents venaient tous les deux de répondre à ma proposition et bien sûr il fallait qu'il ne soit pas d'accord, ça aurait été beaucoup trop simple.

– Lilou, reprit ma mère, je pense que Noël est une fête de famille... Chloé ou Leïla pourquoi pas, mais je pense qu'il faut encore du temps pour que... ce jeune homme puisse venir, ne nous en veut pas, dit-elle en affichant son plus beau sourire pour me convaincre.

Je n'appréciais pas du tout le ton qu'elle venait d'employer ni la façon qu'elle avait de parler de lui.

– Ne pas vous en vouloir, t'en fais pas, je n'en veux qu'à toi ! Il a été plus présent que toi ces derniers temps et —

– Monte dans ta chambre Lilou-Ann, tu reviendras quand tu seras décidée à mieux me parler, vociféra ma mère.

– Ne compte pas me voir de suite alors...

Et sans un regard, je partis pleurer dans ma chambre, blessée par son refus...
Fin du flashback

– Je ne vois personne à inviter.

Je vis dans les yeux de Luce de la pitié, tout comme moi, elle se souvenait de ce qui s'était passé l'année précédente. Malgré tout, je chassai immédiatement ce souvenir, il n'y avait rien de bon à ressasser les mauvais moments, surtout pour moi.

Les jours se suivaient et se ressemblaient. Je me sentais honteuse de l'avouer, mais j'étais heureuse que ce moment arrive enfin.

– Bon les filles au moindre problème, vous m'appelez, la semaine prochaine, je suis à New York, mais vous aurez toujours un moyen de me joindre. Luce, bon courage pour la fac, dit ma mère en la prenant dans ses bras. Lilou, pas de soucis au lycée s'il te plaît, ajouta-t-elle en se tournant vers moi. Et Laurianne, n'oublie pas d'apprendre ta leçon d'histoire la semaine prochaine ! Et je vous aime mes filles.

Bien sûr Maman, donc la seule chose qui t'intéresse désormais c'est que je ne te cause pas de soucis de discipline au lycée, pathétique !

Mes parents étaient sur le départ, nous allions, enfin moi j'allais retrouver un semblant de tranquillité. Ma mère nous embrassa une à une, quand à mon père il nous prit chacune dans ses bras, prenant le temps de nous dire quelques mots à l'oreille.

– Lilou, va le voir, écoute les conseils de ton vieux père s'il te plaît. Je sais que c'est dur, mais tu en as besoin. C'est le seul qui peut soulager ta peine. Je t'aime ma chérie.

Il se détacha lentement de moi, me laissant seule avec son conseil. Je les regardai partir, toujours surprise par les mots de mon père. Il n'avait jamais vraiment rien dit sur le départ de Zac. Il s'était contenté d'être là auprès de moi. Je refermai lentement la porte, est-ce que je devais vraiment l'écouter ?

– Soirée pizza ce soir ! déclara ma grande sœur me tirant ainsi de mes pensées.

– Ça marche, lançai-je rapidement, me dirigeant vers ma chambre.

– Lilou, on peut parler avant ?

– Euh ouais bien sûr.

Elle s'installa autour de la grande table et me fit signe de prendre place à mon tour. Je m'installai alors en face d'elle, elle semblait anxieuse. J'avais eu ma dose de moment énervant ou douloureux alors j'espérais qu'elle n'avait rien de grave à me dire.

– Je ne savais pas comment t'en parler. J'ai rencontré quelqu'un Lilou.

Ça, je savais... Autre chose ?

– Il s'appelle Pierre, il était avec moi à la fac l'an passé et on est resté en contact. Et je voulais juste que tu le saches et te prévenir que je risquais de m'absenter de temps en temps.

– D'accord.

– C'est tout ? Juste d'accord ? me demanda-t-elle en haussant un sourcil.

Tu veux quoi ? Que je hurle ? Que je pleure ? Parce que toi tu as trouvé l'amour ?

– Oui, je suis contente pour toi.

– D'accord, donc vendredi j'emmène Lau chez sa copine Emma pour Halloween et moi je vais voir Pierre, ça ne te dérange pas ?

– Non t'en fais pas.

C'était sur ces dernières paroles, que nous avions passé la soirée. Je m'étais inconsciemment murée dans le silence. J'étais réellement heureuse pour elle, trouver l'amour est ce qu'il y a de plus beau, mais je ne pouvais pas oublier que ce n'était plus mon cas...



_________________________
Coucou mes petits lecteurs,

Petit chapitre en retard mais il est là :) Alors qu'en avez-pensé ?
Nous voici vraiment au sein de la famille de Lilou, j'espère que ça vous a plu !
Je sens déjà les foudres sur la maman^^

Sachez que le moment de certaines révélations arrive... J'ai tellement hâte !!!

Bisous, bisous 🖤,
L.

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